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Manche

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Le département de la Manche est situé dans l'ouest de la France, en Normandie. Il porte dans la numérotation administrative des départements le numéro 50.

Organisation administrative et politique

Le département est divisé en 4 arrondissements. En 2015, suite à un redécoupage territorial, les cantons passent de 52 à 27 et en 2016, les communes de 601 à 477 après la création de 42 communes nouvelles. La préfecture est Saint-Lô, et Avranches, Cherbourg-en-Cotentin et Coutances sont les chefs-lieux d'arrondissement. Le préfet est depuis le 13 mars 2017, Jean-Marc Sabathé.

La ville principale du département est Cherbourg-en-Cotentin.

La population est représentée au Parlement français par 4 députés et 3 sénateurs. Le conseil départemental de la Manche est présidé par Marc Lefèvre (DVD) depuis le 9 novembre 2017 , après la démission de Philippe Bas, élu sénateur.

La Manche dépend de la région militaire « Zone Ouest » dont le siège est à Rennes (Ille-et-Vilaine), de l'académie de Caen (Calvados), de la Cour d'appel de Caen. La Cour d'assises siège à Coutances.

Héraldique

Voir l'article détaillé Blason du département

Les armoiries départementales se décrivent ainsi :

  • « Parti ondé d'azur et de gueules à deux léopards d'or armés et lampassés d'azur l'un sur l'autre brochant sur la partition. »

Les léopards sont un rappel des armes de l'ancienne province de la Normandie. L'azur et le gueules évoquent respectivement la mer et la terre.

Ce blason a été créé par Robert Louis et n'a jamais été officialisé.

Géographie

Dimensions

Le département de la Manche s'étend sur 5 938 km² (140 x 54 km).

Presque trois fois plus long que large, le département s'étire sur 138 km du nord au sud et 59 km de l'est à l'ouest, alors que 157 km séparent les points les plus éloignés, d'Auderville (cap de la Hague) à Heussé (en limite de la Mayenne)[1].

Situation

Le département de la Manche est bordé au sud-ouest par l'Ille-et-Vilaine (région Bretagne) et au sud-est par la Mayenne (région Pays-de-Loire), ce qui lui donne une situation charnière interrégionale[1].

Il tient son nom de la mer où il s'avance en presqu'île, à l'est des Îles Anglo-Normandes d'Aurigny, Guernesey et Jersey. Il est formé par l'ancien diocèse de Coutances, le Cotentin et celui d'Avranches, l'Avranchin, ainsi qu'une petite partie du Bocage normand. Les pays traditionnels sont la Hague, le Val de Saire, le Bocage valognais, la Côte des Isles, le Plain, le Coutançais, le Saint-lois et l'Avranchin.

Son éloignement relatif de Paris (Saint-Lô, le chef-lieu, en est distant de 300 km et Cherbourg-Octeville, l'agglomération principale, de 360 km) a longtemps été considéré comme un obstacle majeur à son essor économique. La Manche était encore récemment à l'écart des grands courants de circulation et sa situation enclavée, notamment celle de Cherbourg-Octeville, en faisait, bien qu'à plus petite échelle, un finistère comparable à celui de la Bretagne. L'accroissement des échanges entre régions, l'essor du tourisme et l'entrée du Royaume-Uni dans l'Union européenne, ainsi qu'un effort de désenclavement routier et ferroviaire, ont atténué cet isolement[1].

Sa situation géographique dans la région, sa forme, doigt lancé au milieu de la mer la plus fréquentée du monde constitue sur le plan économique un potentiel qui reste, pour l'essentiel, à valoriser[1].

Géologie et relief

La Manche forme la partie orientale du Massif armoricain (terrains cristallins et sédiments de l'ère primaire), à l’exception des marais de Carentan qui relève du Bassin Parisien (terrains sédimentaires des ères secondaire et tertiaire) comme la majorité de la Basse-Normandie[2].

Le territoire départemental se compose essentiellement de la péninsule du Cotentin au nord, ainsi que d'une partie du Bocage normand.

Le relief du Nord-Cotentin est formé de hautes collines, tandis qu'au centre, entre Carentan et Lessay, s'étend une zone de dépression et de marais : le Col du Cotentin avec le Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin. Le Mortainais au sud-est forme les contreforts de la Suisse normande, avec le point culminant de la Manche, Saint-Martin-de-Chaulieu à 368 mètres. Coutances est à 25 mètres d'altitude, Saint-Lô à 33 mètres, le mont Saint-Michel atteint 75 mètres, le Nez de Jobourg 128 mètres. L'altitude moyenne est d'environ 90 mètres.

Bordé par la mer de la Manche à l'est, à l'ouest et au Nord, le département possède 330 kilomètres de côtes. Sur le rivage se succèdent les longues plages de sable (côtes orientales et baie du Mont-Saint-Michel), les côtes rocheuses au nord, agrémentées de falaises (Cap de Flamanville, Nez de Jobourg, Landemer...), et des cordons dunaires à l'ouest. Le passage de la Déroute sépare le Cotentin des îles anglo-normandes. Le raz Blanchard à l'ouest, est le plus redouté des courants marins. La côte compte de nombreuses criques et une douzaine de ports ou havres, dont les principaux sont le port militaire de Cherbourg et le port marchand de Granville. Au sud de l'île de Jersey, la France possède les Roches Douvres, les nombreux îlots rocheux et incultes de Chausey, situés en face de Granville, dont on exploitait les granits pour le pavage des rues parisiennes.

voir aussi : M. Bonnissent, Essai géologique sur le département de la Manche (lire en ligne)

Mer et cours d'eau

Le point le plus éloigné de la mer n'en est distant que de cinquante kilomètres à peine. Près d'une commune manchoise sur cinq (114 sur 601) est littorale et presque deux habitants sur cinq (38,9 %) habitent une commune riveraine de la mer. Ses 355 km de linéaire côtier développé placent la Manche au cinquième rang des départements maritimes français. La précèdent : le Finistère (795 km), le Morbihan (513 km), la Corse-du-Sud (466 km) et la Charente-Maritime (364 km)[1].

À l'exception de quelques ruisseaux du bassin de la Loire, tous les cours d'eau sont tributaires de la Manche. Les principaux sont la Vire, qui arrose Saint-Lô et se jette dans la baie des Veys, la Taute, qui arrose Carentan et forme avec la Douve, traversant de vastes marais, un bassin en éventail très ouvert du nord au sud. La Divette finit à Cherbourg, l'Hay au havre de Saint-Germain, et la Sienne au havre de Régneville, après avoir recueilli la Soulles, venue de Coutances. La Sée, rivière d'Avranches, la Sélune, où tombe la Cance, venant de Mortain, et le Couesnon, baignant Pontorson, convergent en manière d'éventail vers la baie du Mont-Saint-Michel, où ils continuent, à marée basse, leur cours à travers la grève. Le cours inférieur des rivières maritimes et les canaux de Vire-et-Taute, du Plessis et de Coutances, étaient autrefois navigables.

Voir aussi la Liste des communes de la Manche classées par leur superficie.

Démographie et occupation du territoire

voir l'article détaillé Démographie de la Manche

La Manche compte 499 287 habitants en 2015 (contre 489 500 en 2007 et 481 471 en 1999, soit une densité de 82 hab./km²). On y dénombre 477 communes.

La ville la plus importante est Cherbourg-en-Cotentin (80 616 hab), devant la préfecture Saint-Lô (19 301 hab).

voir aussi Liste des villes de la Manche classées par leur population

L'analyse de la démographie met en relief un vieillissement de la population, du fait de soldes naturel et migratoire positifs tandis que les jeunes quittent le département pour la formation et l'emploi. Du fait de l'étalement urbain, les villes de plus de 10 000 habitants perdent leur population au profit des territoires ruraux, particulièrement littoraux. L'Avranchin et le Coutançais présentent un solde positif, au dépens du Mortainais et du Plain-Cotentin. Manque de logement et ralentissement économique engendrent un flux migratoire négatif dans l'agglomération cherbourgeoise [3].

La Manche reste un département fortement rural puisque 52 % de la population vit dans les campagnes (contre 20 % en France), proportion stable depuis trois décennies, car aucune commune n'est vraiment éloignée de la plupart des services qu'offre la trame très serrée des pôles de service. L'armature urbaine du département est constituée pour l'essentiel d'un réseau dense de petites villes et de gros bourgs qui participent à une irrigation fine du territoire au travers des services et des emplois qu'ils offrent à la population. Cette trame serrée de petites villes et gros bourgs s'observe parfois à l'intérieur même de certains cantons, dans lesquels deux pôles de taille à peu près comparable se disputent sporadiquement la suprématie cantonale (Quettehou / Saint-Vaast-la-Hougue ; Barneville-Carteret / Portbail ; Sainte-Mère-Église / Picauville ; Lessay / Créances ; La Haye-Pesnel / Saint-Jean-des-Champs ; Torigni-sur-Vire / Condé-sur-Vire / Saint-Amand ; Agon-Coutainville / Blainville-sur-Mer / Gouville-sur-Mer ; * Gavray / Hambye ; Bréhal / Cérences). Cette concurrence locale souvent ancienne a trouvé une cristallisation plus récente dans la coopération intercommunale [1].

On appelle les habitants de la Manche les Manchois ou les Manchots.

Climat

Avec trois façades maritimes en 330 kilomètres de côtes, le climat manchois est fortement océanique, c'est-à-dire que les hivers y sont doux et que les étés sont frais, autour de 25° C. Ainsi, la période de gel n'excède pas six jours sur les côtes et s'étend jusqu'à 54 jours dans le Saint-Lois et le Mortainais. L'amplitude thermique est entre 4° sur la côte et 7° dans les terres l'hiver, 5° à 12° l'été [4].

La pluviométrie est importante (entre 120 et 160 jours de précipitations supérieures à 1mm par an en moyenne [4]), mais varie beaucoup en fonction des terroirs, entre 700 mm sur la côte et 1 300 mm dans le bocage du sud, fréquemment sous forme de crachin.

Les forts coups de vent ou les tempêtes sont courants.

voir aussi l'article détaillé Climat de la Manche

Politique

Voir aussi l'article détaillé Politique dans la Manche

Terre rurale, le département a politiquement une tradition conservatrice, à l'exception de Cherbourg, plus ouvrière et plus à gauche. Cependant, avec le temps, le département semble de plus en plus voter conformément aux vagues électorales nationales.

Après la Seconde Guerre mondiale, le conseil général de la Manche est dominé par les élus indépendants sous les présidences d'Henri Cornat et Léon Jozeau-Marigné. Avec l'élection de Jean-François Le Grand puis la constitution de l'UMP, la plupart des conseillers se présente sans étiquette, souvent des proches du parti majoritaire qui refuse d'être encarté. Aussi, la droite dispose actuellement d'une majorité confortable [5].

L'assemblée reste dominée par les hommes âgés. La moyenne d'âge de l'assemblée est en 2008 de 58 ans et demi, contre 54 ans et 4 mois en 1994, et 57 ans et demi en 2001, augmentation parallèle à celle de l'âge des candidats : 55 ans en 2008 contre de 53 ans en 2001. Avec 20 sexagénaires et 25 quinquagénaires, près de 90 % des élus départementaux ont plus de 50 ans. Conséquence, les retraités représentent plus d'un tiers des conseillers généraux, contre 17,3 % en 1994 et 19,2 % en 2001. Les professions médicales sont également surreprésentées, avec sept vétérinaires, deux médecins et un dentiste, en activité ou à la retraite. Parmi les actifs, on trouve donc en 2008 un quart de professions libérales, dont la part se réduit au profit des cadres (24,2 %), des chefs d'entreprise (18,2 %), des employés (15,2 %), des enseignants (12,1 %) et des agriculteurs (6,1 %), ces derniers qui n'étaient plus présents dans l'assemblée depuis la décennie 1990 [5].

L'assemblée ne compte que quatre femmes, l'obligation de parité se traduisant par la relégation des femmes comme suppléante. La féminisation des édiles n'est pas plus forte parmi les autres élus. Depuis la défaite d'Anne Heinis aux sénatoriales de 2001, les Manchoises sont absentes des bancs parlementaires, et aucune ne dirige une commune de plus de 3 000 habitants.

Le cumul des mandats est la règle au niveau départemental : 51,9 % des conseillers généraux sont maires, 11,5 % occupent des postes d'adjoints, 23,1 % sont conseillers municipaux. Trois des huit parlementaires de la Manche ne détiennent que ce mandat. Les législatives de 2007 ont en revanche vu le renouvellement de trois députés sur cinq, faisant passer la moyenne d'âge de 60 à 53 ans et demi [5].

En préparation du congrès de Reims, les militants socialistes de la Manche vote en faveur de la motion de la gauche du PS de Benoit Hamon (42,85 %), soutenu localement par Stéphane Travert, premier secrétaire fédéral, et les vice-présidents du conseil régional de Basse-Normandie Frédérique Heurguier et Jean-Karl Deschamps. En deuxième position arrive la motion du maire de Paris, Bertrand Delanoé (21,37 %), soutenu par Pierre Bihet, et en troisième celle de Ségolène Royal (17,51 %) alors qu'elle est en tête au niveau national (29 %) [6].

Économie

L'économie est tournée vers l'agriculture, principalement l'élevage, bovins et équins, et la culture maraîchère (Val de Saire et secteur de Lessay) et de vergers (Sud Manche). Grâce aux amendements et à l'humidité du climat, le sol, généralement granitique et schisteux, est productif en céréales, pommes de terre, prairies artificielles et naturelles. Celles-ci sont très étendues, surtout à l'est, région de calcaire et d'alluvion, mais si basse sur la baie des Veys, qu'elle a dû être protégée par la digues contre le flux de l'Océan. Il se fait dans la contrée un élevage considérable de chevaux et de bovins, dont la traditionnelle cotentine, puis normande, est réputée pour la production du lait et du beurre. Les arbres fruitiers sont très multipliés, particulièrement les pommiers et les poiriers, ce département étant un de ceux qui font le plus de cidre. Des jardins maraîchers couvrent les mielles du littoral sud-ouest, c'est-à-dire les anciennes dunes sablonneuses fertilisées par la tangue, sédiment marin riche en calcaire.

Comme la terre, la mer est ressource importante de la Manche, avec les ports de pêche côtière ou hauturière (Granville, Saint-Vaast-la-Hougue, Cherbourg), l'élevage conchylicole et myticole, la construction navale et le transport maritime marchandises et passagers (Cherbourg).

L'industrie, faiblement implantée, est localisée autour de quelques bassins spécialisés, tels que l'agglomération cherbourgeoise (chantiers navals), Sourdeval et Villedieu-les-Poêles (métallurgie), ou la péninsule de la Hague (énergie nucléaire).

Le tourisme est porté par les stations balnéaires, le Mont-Saint-Michel, les vestiges du débarquement de 1944 et depuis le débuts des années 2000, la Cité de la Mer.

Cependant, la configuration péninsulaire du département entraîne une faiblesse des réseaux de transport qui enclave une partie du territoire.

voir aussi l'article détaillé Économie de la Manche

Histoire

L'histoire du territoire de l'actuel département de la Manche est rythmée par deux millénaires de luttes de souveraineté.

En -56, les légions romaines soumettent les Unelles et les Abrincates unis par Viridovix. Sous l'empire romain, ces territoires sont intégrés à la deuxième Lyonnaise dont les sept diocèses servent de cadre à la christianisation. A partir du Ve siècle, les diocèses d'Avranches (Avranchin) et de Coutances (Cotentin) sont intégrés à la Neustrie, le « grand ouest » de l'empire franc. Ces territoires et ses littoraux sont alors des marches militaires protégeant l'empire franc contre les celtes de l'ouest et d'éventuels envahisseurs venus du Nord. Avec l'effondrement du pouvoir carolingien dans la partie occidentale de l'empire franc, nos deux diocèses deviennent un temps la possession des rois bretons tandis que le Cotentin voit débarquer les Normands de Norvège. Après que le roi carolingien Charles le Simple eût donné le comté de Rouen au chef danois Rollon par le traité de Saint-Clair-sur-Epte (911), le Cotentin ait intégré avec l'Avranchin en 933, au duché de Normandie. Après tant d'épreuves, de pillages et de destructions, ces territoires connaissent un temps de reconstruction et de renaissance économique et spirituelle stimulé par les grands chantiers monastiques programmés par le nouveau pouvoir normand : témoignent de cette époque les architectures encore grandioses des abbatiales de Lessay et du Mont-Saint-Michel.

Réuni depuis 1066 au royaume d'Angleterre par Guillaume le Conquérant, le territoire du futur département de la Manche, partie occidentale du duché de Normandie, va être intégré tout au long du XIIe siècle à l'immense ensemble féodal des Plantagenêt : ce sera un âge d'or dont témoignent encore les manuscrits du scriptorium du Mont Saint Michel conservés au Scriptorial d'Avranches ou le souvenir de l'épopée des rois normands de Sicile, originaires du Cotentin. À partir du XIIIe siècle, l'héritage Plantagenêt va être l'objet de nombreux conflits entre les couronnes de France et d'Angleterre qui sont à l'origine de la Guerre de Cent ans. Ainsi, en 1204, Philippe Auguste réintègre la Normandie au domaine royal de France, à l'exception des îles de Jersey ; Guernesey ; Sercq et Aurigny ; îles dites "anglo-normandes" qui perpétuent jusqu'à aujourd'hui, dans un particularisme culturel et institutionnel, le souvenir du duché de Normandie indépendant... Au cours de la Guerre de Cent ans, la Normandie, en raison du symbole qu'elle représente fait l'objet de luttes incessantes entre Français et Anglais. En 1339, Édouard III d'Angleterre ouvre officiellement les hostilités en débarquant à Barfleur. Après le règne réparateur de Charles V le Sage, les hostilités reprennent de plus belles au cours du XVe siècle. La Normandie est occupée pendant près de 30 ans par les troupes anglaises du Roi Henry V dans le vain espoir de faire renaître le rêve "anglo-normand"... C'est ainsi que, par sa résistance aux Anglais qui s'étaient établis à Granville, le Mont-Saint-Michel devient le premier symbole national français revendiqué comme tel par Jeanne d'Arc. En 1450, après la bataille de Formigny, les terres normandes redeviennent définitivement françaises. Néanmoins, nos territoires ne connaissent pas encore la paix et sont encore ravagés par les bandes militaires stipendiées dans le cadre de la guerre de la Ligue du Bien public (1476) qui affecte alors l'ouest français contre l'autoritarisme de Louis XI. Mais la fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle sont l'occasion d'une vigoureuse reprise économique fondée sur le commerce des foires et l'exportation des produits laitiers. Le centre ville de Saint-Lô et l'architecture de son église Notre Dame en témoignaient tout particulièrement jusqu'en 1944... Après cette « belle époque », les guerres de religion de la seconde moitié du XVIe siècle entre les protestants de Gabriel Ier de Montgommery et les catholiques de Jacques II de Matignon, puis la révolte des va-nu-pieds en 1639 contre la dureté du régime fiscal imposé en Normandie, et surtout la « seconde guerre de cent ans » maritime et quasi permanente que se livrent de nouveau Français et Anglais de Louis XIV à Napoléon en passant par les guerres et révoltes de la Révolution (fin de la "virée de Galerne" au siège de Granville, 1793) font que nos territoires connaissent une croissance en demi-teinte sous l'Ancien Régime. Néanmoins, les rivalités franco-anglaises entraînent au XVIIIe siècle le développement des deux ports : le port militaire de Cherbourg et l'activité corsaire à Granville.

Le département de la Manche est créé le 4 mars 1790, à partir d'une partie de la généralité de Caen couvrant le périmètre des diocèses de Coutances et d'Avranches. Coutances est le premier chef-lieu, rapidement remplacé par Saint-Lô en 1796. En raison de la rivalité avec l'Angleterre, L'Empire stimule le développement politique de Cherbourg, qui devient sous-préfecture à la place de Valognes et préfecture maritime.

Le XIXe siècle voit l'industrialisation du département qui garde cependant une identité profondément rurale. Le travail des forges se développe, et l'industrie agro-alimentaire fondée sur l'élevage et les produits laitiers émerge et s'exporte grâce à l'arrivée du chemin de fer. Les ports se développent ; Granville devient au début du XXe siècle l'un des tous premiers ports français pour la pêche à la morue de Terre-Neuve. Cherbourg grâce à sa rade artificielle et à son port en haut profonde devient l'escale continentale des grandes lignes de paquebots anglaises pour le Nouveau Monde attirant des trains bondés de prétendants au rêve américain dans le Nord Cotentin. En 1912, Cherbourg sera d'ailleurs le dernier port continental touché par le Titanic... avant son naufrage.

Les tragiques événements de la Seconde Guerre mondiale vont soudainement et violemment précipiter dans la grande Histoire et une certaine "modernité" ces territoires normands passablement endormis... L'armée allemande fortifie les côtes de la Manche à partir de 1940 avec le mur de l'Atlantique. En juin 1944, la bataille de Normandie se joue en partie sur la côte est du Cotentin, à Utah Beach, puis avec l'opération Cobra. Avec de nombreuses communes détruites à 80 % ou 90 % par les bombardements "stratégiques" des forces alliées faisant plusieurs milliers de victimes civiles, (comme Saint-Lô, appelée « capitale des ruines » par feu Mgr Bernard Jacqueline). Les années 1945-1960 sont synonymes de nouvelles épreuves celles du rationnement, des logements provisoires et surtout d'une reconstruction pas toujours bien réalisée ni bien perçue (à Saint Lô notamment). Pourtant, l'espoir est grand, après tant d'années de privations et de souffrances, de pouvoir goûter aux joies de la vie et du confort modernes... Coutances accueille à nouveau temporairement le siège de la préfecture, dans l'attente de la reconstruction de Saint-Lô. On peut considérer qu'à partir des années 1965, l'effort de reconstruction était achevé faisant des villes de la Manche, les villes les plus modernes de la France d'alors. Le département connaît aussi une modernisation agricole donnant naissance à une agro-industrie pas aussi intégrée qu'en Bretagne. La décentralisation industrielle des années 1960/1970 permet d'accueillir à Cherbourg et à Saint-Lô des industries de main d'œuvre qui ne résisteront pas hélas à la crise des années 1980/1990 marquée par l'ouverture européenne et mondiale. Ainsi, le département garda-t-il une forte identité rurale et maritime et ses paysages encore relativement préservés lui permettent d'être aujourd'hui attractif dans une économie fondée sur les services et le tourisme. De la fin des années 1960 date aussi la spécialisation industrielle du Nord Cotentin dans le nucléaire (arsenal des sous-marins de Cherbourg ; usine de retraitement de la Hague et centrale électrique de Flamanville) avec ses avantages (emplois qualifiés ; arrivée de nouvelles populations; haute technologie) mais aussi ses inconvénients (pollution symbolique ou réelle liée à la radioactivité)... Enfin depuis les années 1970/1980, le littoral de la Manche s'affirme comme l'un des tous premiers centres de production conchylicole et ostréicole françaises...

En 1945, à la Libération, le général de Gaulle nomme un commissaire de la République commun aux cinq départements normands : Manche, Orne, Calvados, Seine-Maritime et Eure. En 1956, le département de la Manche a été intégré arbitrairement à la région programme d'action territoriale de « Basse-Normandie » dans le cadre de la première phase de la politique de décentralisation. En 1972, et surtout depuis les lois Defferre des années 1980, la région est devenue un nouvel échelon territorial de la République française. Avec l'intégration européenne et l'ouverture au monde, la concurrence des territoires s'accroît, d'où la création d'une entité régionale normande suffisamment cohérente et forte pour être à la hauteur des défis de l'avenir (conserver ici des éléments de souveraineté économique et politique). D'aucuns penchent pour l'intégration du département de la Manche dans le cadre d'une néo-région « Grand ouest ».

voir l'article détaillé Histoire du département de la Manche

Santé

voir Santé dans la Manche.

Religion

voir aussi l'article détaillé Religions dans la Manche

Le territoire départemental est couvert par le diocèse de Coutances et Avranches, issu de la réunion des anciens diocèses d'Avranches et de Coutances, qui dépend de l'archevêché de Rouen. Le siège épiscopal est situé à Coutances.

Les protestants de la Manche dépendent du consistoire de Caen.

La religion catholique est largement majoritaire dans la Manche. Selon un sondage de Ifop [7], plus de 75 % des Manchois se déclaraient proches du catholicisme.

Le département a vu de nombreuses abbayes se construire à partir du IXe siècle. Celle du Mont-Saint-Michel demeure lieu de pèlerinage important

Atteint comme le reste de la France par la baisse de la pratique religieuse catholique et la crise de vocation pour la prêtrise, on compte aujourd'hui un prêtre pour dix clochers.

Plus de 20 % des Manchois se disent sans religion. Les musulmans représentent moins de 1 % de la population.

Voir aussi :

Bibliographie

Voir aussi Bibliographie de la Manche
par ordre chronologique de parution
  • Edmond de L'Hommedé, Un département français sous la monarchie de juillet - Le conseil général de la manche et Alexis de Tocqueville, éd. Boivin, Paris, 1933.
  • Collectif, La Manche, éd. Delmas / Conseil général de la Manche, Bordeaux, 1956.
  • Collectif, Les circonscriptions administratives de la Manche - 1790-1966, Publ. Société d'Archéologie et d'Histoire de la Manche, Saint-Lô, 1966.
  • Élie Guéné et Pierre Leberruyer (Dir.), La Manche, éd. Paul Bellée, Coutances, 1967.
  • Élie Guéné et Pierre Leberruyer (Dir.), La Manche - La Presqu'île du Cotentin, éd. Office départemental de Tourisme de la Manche, Saint-Lô, 1968.
  • Élie Guéné (Dir.), La Manche - Bocage Saint-Lois et Pays de Coutances, éd. Manche-Tourisme, Saint-Lô, 1970.
  • Élie Guéné (Dir.), La Manche - L'Avranchin et le Mortainais, éd. Manche-Tourisme, Saint-Lô, 1972.
  • André Dupont, Histoire du département de la Manche, 9 vol., éd. OCEP, Coutances, 1975-1989.
  • Élie Guéné (Dir.), La Manche au passé et au présent, éd. Manche-Tourisme, Saint-Lô, 1977.
  • Élie Guéné et Pierre Leberruyer (Dir.), Mémento du département de la Manche, éd. Manche-Tourisme, Saint-Lô, 1981.
  • Michel de La Torre, Manche : l'art et la nature de ses 599 communes, Paris, éd. Nathan, 1985, 92 p.
  • François de Beaurepaire, Les noms des communes et anciennes paroisses de la Manche, éd. Picard, Paris, 1986.
  • Maurice Lantier, Le dernier siècle de l'Ancien régime dans le futur département de la Manche, CRDP Caen, Caen, 1986.
  • Élie Guéné et Pierre Leberruyer (Dir.), Tout sur le département de la Manche, Manche-Tourisme & N° spécial de la Revue du département de la Manche, Saint-Lô, 1987.
  • Maurice Lantier, Doléances pour la Manche, éd. CDDP Manche, Saint-Lô, 1989.
  • Michel Boivin, La Manche 1940-1944, éd. Ouest-France, Rennes, 1994.
  • Michel Boivin et Vincent Corbrion, La Manche libérée, éd. Corbrion, Condé-sur-Vire, 1994.
  • Michel Boivin et Bernard Garnier, Les Victimes civiles de la Manche dans la bataille de Normandie : 1er avril-30 septembre 1944, CRHQ / CNRS / éd. du Lys, Caen, 1994.
  • Michel Boivin, La Manche occupée, éd. Corbrion, Condé-sur-Vire, 1995.
  • Collectif, Manche (encyclopédie), éd. Christine Bonneton, Paris, 1996.
  • Collectif, L'art de la fin du Moyen Âge (1380-1520) dans les diocèses de Coutances et Avranches, Saint-Lô, éd. Les cahiers culturels de la Manche, 1998.
  • Christine Étienne, Les Chemins de pèlerinage dans la Manche, éd. Ouest-France, Rennes, 1999.
  • Maurice Lecœur, Michel Besnier et Norbert Girard, La Manche entre Bretagne et Cotentin, éd. Isoète, Cherbourg, 2001.
  • Société nationale académique de Cherbourg, Le Cotentin et la Manche au XXe siècle, éd. Isoète, Cherbourg, 2001.
  • Michel Boivin, Les Manchois dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale, 6 vol., éd. Eurocibles, Marigny, 2004.
  • Corinne et Gilles Targat, Les Couleurs de la Normandie : La Manche, éd. Pélican, Montpellier, 2004.
  • Alain-François Lesacher et Bruno Colliot, La Manche, une aventure humaine, éd. Ouest-France, Rennes, 2006.
  • Lénaïc Gravis, Les Grandes affaires criminelles de la Manche, éd. De Borée, Romagnat, 2007.
  • Patrick Fissot, Arnaud Digard et René Gautier, Les Manchois dans la Grande guerre, Mémorial 14-18, éd. Eurocibles, Marigny, 2008.
  • Jean-François Miniac, Les mystères de la Manche, éd. De Borée, Romagnat, 2009.
  • Patrick Courault, Jérôme Goutier, Yves Murie, Maurice Lecœur et Eric Jardin, La Manche vue du ciel - Le Cotentin, éd. Isoète, Cherbourg, 2010.
  • Patrick Courault, Michel Pinel, Philippe Denier d'Aprigny, Eric Degive et Yves Murie, La Manche vue du ciel - Centre et Sud, éd. Isoète, Cherbourg, 2012.
  • Guillaume Levéel, La Révolution dans les communes de la Manche, 1789-1799, éd. CGH Coutances, Coutances, 2011.
  • Collectif, Manche en Normandie (encyclopédie), éd. Christine Bonneton, Paris, 2011.
  • Jean-François Miniac, Les nouveaux mystères de la Manche, éd. De Borée, Romagnat, 2011.
  • Alexandre Lebaindre et Michel Boivin, La formation du département de la Manche... et deux siècles plus tard ?, Eurocibles, Marigny, 2011.
  • Francis Cormon, Au-dessus de la Manche, éd. des falaises, Rouen, 2011.
  • Jean-François Miniac, Les nouvelles affaires criminelles de la Manche, éd. De Borée, Romagnat, 2012.
  • Collectif, Manche - Été 44 - l'album photos, éd. La Presse de la Manche, Cherbourg, 2013.
  • Collectif, Les Manchois et la Grande guerre, éd. La Presse de la Manche, Cherbourg, 2014.
  • René Gautier, 601 communes et lieux de vie de la Manche, éd. Eurocibles, Marigny, 2014.
  • Collectif, La Manche des écrivains, éd. Alexandrines, Paris, 2015.
  • Beatrice Rudloff, Manche : 100 lieux pour les curieux, éd. Christine Bonneton, Paris, 2016.

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 et 1,5 « I - A - 1 - Quelques traits essentiels », Manche - Carte d'identité, Direction départementale des territoires et de la mer de la Manche (Service de l'analyse territoriale et du développement durable - unité veille études et prospective, [s.d.]
  2. « I - A - 2 - La géologie », Manche - Carte d'identité, op. cit.
  3. Guillaume Ballard, « 489 500 habitants vivent dans la Manche », Ouest-France, 16 janvier 2008.
  4. 4,0 et 4,1 Caractéristique du département de la Manche, Météo France.
  5. 5,0 5,1 et 5,2 Michel Boivin, « Les conseils généraux prennent des rides », La Manche Libre, 2 juin 2008.
  6. Christian Lerosier, « Les socialistes manchois ne suivent pas le national », Ouest-France, 8 novembre 2008.
  7. La Vie, décembre 2006

Voir aussi