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Léon Dufour

De Wikimanche

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Léon Dufour, né à Saint-Lô en 1856, mort en 1928, est une personnalité de la Manche, médecin de son état.

Les biberons du bon docteur

Qui, dans la Manche, se souvient encore du bon docteur Dufour, un des pionniers de la puériculture et le créateur de l’œuvre de la Goutte de Lait qui, pendant trois quarts de siècle, a permis de sauver des milliers de bébés et de jeunes mères ? Cette sommité médicale, qui fut un personnage d’exception, demeure vivante dans la mémoire des Fécampois qui lui ont consacré un musée où l’on peut voir une collection de biberons unique au monde.

Léon Dufour naît à Saint-Lô où son père est palefrenier. Il descend d’une famille de paysans dont on retrouve les origines à Montfarville. Au décès de son père en 1864, il suit sa mère au Havre et à Rouen où il commence ses études médicales avant de les poursuivre à Nancy (Meurthe-et-Moselle) comme boursier de l’État à l’École de santé publique. Il s’installe en 1881 à Fécamp (Seine-Maritime) où il passe tout le reste de sa vie. Il y épouse en 1885 la fille du propriétaire de la célèbre distillerie de la Bénédictine, Alexandre Le Grand. Il s’en sépare en 1904 pour épouser – dix-sept ans plus tard – une doctoresse en médecine.

Dès son installation, Léon Dufour se spécialise dans les accouchements à domicile… avec l’aide de son cocher qu’il a formé à l’asepsie. C’est ainsi qu’il découvre l’incroyable misère des milieux populaires victimes du manque d’hygiène contre lequel il va partir en croisade en 1889, au lendemain de sa nomination comme médecin-chef adjoint de l’hôpital de Fécamp. Il préconise le lavage des rues, l’enlèvement quotidien des ordures ménagères et la création de « tinettes » publiques. Il donne des conférences sur l’hygiène publique et, surtout, se fait l’apôtre de l’allaitement artificiel et des maternités. Les conditions d’accouchement de nombreuses mères l’ont effaré. Dans une lettre au maire, il écrit : « Les unes se voient obligées d’accoucher dans des carrières abandonnées, les autres sous des soupentes où on refuserait de loger des animaux. D’autres, pour couchure, n’ont que des feuilles de fougères (…). À cet état de choses, il n’y a qu’un remède, c’est la création d’une maternité. »

C’est en 1894 qu’il fonde un comité des œuvres de la Goutte de Lait destiné à distribuer aux enfants indigents des biberons de lait stérilisé. Depuis des années déjà, il ne cesse de dénoncer les méfaits du lait coupé et des biberons à long tube et de préconiser l’usage de la tétine. Puis, au cours des années suivantes, il fonde aussi une œuvre de maternité pour le prêt gratuit de draps et de linge aux femmes pauvres en couches, l’œuvre de bains-douches à bon marché, un ouvroir pour jeunes filles pauvres, une mutualité maternelle, des consultations pour nourrissons… et un concours annuel de bébés. L’œuvre de la Goutte de Lait, qui perdurera jusqu’en 1972, prendra une extension internationale avant même d’être reconnue d’utilité publique en 1923. Elle connaîtra un grand regain d’activité dans la France occupée de 1940-1945.

Le grand médecin humaniste qu'est le docteur Dufour s’intéresse à bien d’autres domaines que son art. Il mène aussi de longues recherches historiques souvent liées, il est vrai, à la médecine, à l’hygiène et à l’enfance. Il est aussi à l’origine de la fondation du Musée du Vieux Fécamp et, dans la même ville, du Musée de l’Enfance.

Sa mort est saluée comme celle d’un saint. L’année suivante, la municipalité de Fécamp prend l’initiative de créer une Fondation Dufour et d’ériger un monument à la mémoire de l’homme qui a consacré toute sa vie aux progrès de la puériculture.

Source

  • Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier, Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, t. 1