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Luc Dagobert de Fontenille

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Le général Dagobert.

Luc Dagobert de Fontenille, né à La Chapelle-en-Juger le 8 mars 1736 et mort à Puigcerda (Espagne) le 18 avril 1794 (29 germinal an II), est une personnalité militaire de la Manche, général de la Révolution française.

Il est le fils de Gabriel Dagobert (1695-1755) et de Jeanne Élisabeth Campain (-1777).

Carrière

Luc-Simeon Auguste Dagobert de Fontenille est issu d'une famille noble. Il entre en service comme sous-lieutenant. Il est blessé dans plusieurs affaires, notamment à Clostercamp, sert en Corse, et compte 35 ans de bons services à l'époque de la Révolution. Employé comme maréchal de camp en Italie, lors des premières guerres, il se fait remarquer par une bravoure éclatante, au col de Bronns, où il emporte le camp ennemi ; à Sospello, où, avec 800 hommes seulement, il écrase 2 000 Autrichiens ; enfin au col du Negro, sur les rives de la Vesubia, et dans toutes les brillantes opérations qui amenent la conquête des Alpes-Maritimes et du comté de Nice. Il est alors général de division.

Envoyé à l'armée des Pyrénées-Orientales (1703), il contribue activement à la victoire remportée sous Perpignan le 17 juillet, et reçoit le commandement de l'expédition de Cerdagne, pour défendre cette province du cœur des Pyrénées contre l'invasion des Espagnols et pour conserver la clef de ces montagnes, Mont-Louis, alors appelé « Mont-Libre ». Merveilleusement rompu à cette guerre des montagnes, malgré son âge, il chasse l'ennemi du camp de la Perche, se jette dans la Cerdagne espagnole et emporte Puygcerda et Belver.

À la nouvelle que Mont-Libre est menacé par une division réunie à Olette, il prend avec lui 1 400 hommes, se porte par une marche rapide jusque sur le plateau des Llancades et tombe comme la foudre dans le bassin d'Olette, où il écrase l'ennemi. "Nous arrivâmes sur eux comme des éperviers", écrit dans son rapport le vaillant représentant Cassanyes, qui accompagnait l'expédition.

Appelé au commandement en chef de l'armée des Pyrénées-Orientales, il est réduit à une sorte d'impuissance par suite des divisions entre les généraux, essuie un échec à Trouillas, et, ne pouvant faire adopter ses plans, dépose le commandement et va reprendre sa guerre heureuse et favorite en Cerdagne. Il signale son retour par des coups de main audacieux, par d'aventureuses expéditions au cœur des vallées espagnoles, par des percées et des pointes soudaines, entraînant les soldats fascinant ses adversaires, faisant cette guerre spéciale qui l'a fait surnommer « Le démon » par les Espagnols.

Rappelé sur Perpignan, et chargé d'une diversion mal combinée vers Céret, pendant l'attaque sur Roses, il réussit mal dans son attaque, combatt les plans des représentants et des autres généraux, et s'oppose vivement à l'expédition. Ces divisions amenent sa destitution. Quoiqu'il soit alors miné par la maladie, il demande l'autorisation d'aller exposer sa conduite devant le comité de Salut Public et la Convention. La franchise de son langage, son renom de bravoure et de patriotisme, les témoignages favorables venus du Midi lui donnent gain de cause devant la grande assemblée, si sévère envers ses généraux.

Dagobert est renvoyé dans les Pyrénées, rapportant un plan hardi qu'il a fait agréer à Carnot. Mais trouvant à la tête de l'armée le brave Dugommier, il se contente de retourner dans sa Cerdagne pour y opérer de concert avec Dugommier. Malgré sa santé défaillante, il illustre ses derniers moments par de nouveaux exploits, bat à Monteilla un corps commandé par un émigré français en conduisant à travers la neige ses soldats à l'assaut des retranchements; il chasse ensuite l'ennemi de plusieurs postes importants, pousse jusqu'à Urgel, mais doit s'arrêter dans sa course victorieuse, épuisé par une fièvre dévorante. Ramené en litière par ses soldats consternés, il date son dernier bulletin de guerre de Belver et meurt quelques jours après à Puygcerda (18 avril 1794). Son corps est enterré au pied de l'arbre de la liberté. Plus tard, ses restes sont transférés à côté de ceux de Dugommier, dans le cimetière Saint Martin de Perpignan.

Le personnage

Original dans sa personne comme dans son caractère, il marchait au feu tête nue, avec ses longs cheveux blancs flottants qui lui donnaient l'air d'un patriarche plutôt que d'un capitaine. Ses soldats l'adoraient; il était pour eux un camarade, un père, un modèle; déjà il avait sa légende dans l'armée, et on n'était pas loin de le regarder comme invulnérable. Il n'était pas jusqu'à son nom qui ne contribuât à le rendre populaire et l'on disait plaisamment de lui que, grâce à la chanson, il avait moins à faire qu'un autre pour paraître un bon sans-culotte.

Loin de le décourager, les difficultés ne faisaient qu'attiser sa gaieté virile et son entrain. Il écrivait dans un de ses rapports : « Les généraux sont malades ou absents, les canons me font faux bond; mais « çà ira ! » Il avait des préceptes militaires à lui, qui électrisaient le soldat, des mots qui restaient. Un jour des volontaires nouveaux-venus battant en retraite un peu trop rapidement sous les balles espagnoles, il leur crie avec sa belle humeur de héros : « Mes enfants, souvenez-vous bien qu'il faut prendre le pas ordinaire quand on tourne le dos à l'ennemi, et le pas de charge quand on lui présente la poitrine. »

Sainte-Beuve écrit de lui : « Figure attachante, originale, pleine de générosité et de candeur; vieil officier gentilhomme devenu le plus allègre et le plus jeune des généraux républicains; uniquement voué au drapeau, à la patrie; sans arrière-pensée,sans grand espoir; ne sachant trop où l'on allait mais pressé, mais avide comme tous les grands cœurs de réparer les retards de la fortune et de signaler ses derniers jours par des coups de collier valeureux et des exploits éclatants ».

Publication

  • Nouvelle méthode de commander l'infanterie, combinée d'après les ordonnances des Grecs et des Romains,1973, in-8°.

Hommage

La rue du Général-Dagobert à Saint-Lô honore sa mémoire, ainsi qu'un monument à Mont-Louis (Pyrénées-Orientales).

Sources

  • Ch. Dezobry et Th. Bachelet, Dictionnaire Général de Biographie et d'Histoire, Delagrave éditeur, Paris, 1880.
  • Pierre Larousse, Dictionnaire du XIXe siècle, Paris, 1875.

Bibliographie

Article connexe