Actions

« Luc Dagobert de Fontenille » : différence entre les versions

De Wikimanche

Aucun résumé des modifications
Ligne 1 : Ligne 1 :
'''Luc Dagobert de Fontenille''', général de la Révolution française, est né à [[La Chapelle-en-Juger]] le 8 mars 1736 et mort à Puigcerda (Espagne) le 18 avril 1794.
'''Luc Dagobert de Fontenille''', général de la Révolution française, est né à [[La Chapelle-en-Juger]] le 8 mars 1736 et mort à Puigcerda (Espagne) le 18 avril 1794.
==Sa carrière==
Luc-Simeon Auguste Dagobert de Fontenille est issu d'une famille noble. Il entra en sevice comme sous-lieutenant. Il fut blessé dans plusieurs affaires, notamment à Clostercamp, servit en Corse, et comptait 35 ans de bons services à l'époque de la Révolution. Employé comme maréchal de camp en Italie, lors des premières guerres, il se fit remarquer par une bravoure éclatante, au col de Bronns, où il emporta le camp ennemi; à Sospello, où, avec 800 hommes seulement, il écrasa 2 000 Autrichiens; enfin au col du Negro, sur les rives de la Vesubia, et dans toutes les brillantes opérations qui amenèrent la conquête des Alpes-Maritimes et du comté de Nice. Il était alors général de division.
Envoyé à l'armée des Pyrénées-Orientales (1703), il contribua activement à la victoire remportée sous Perpignan le 17 juillet, et reçut le commandement de l'expédition de Cerdagne, pour défendre cette province du coeur des Pyrénnées contre l'invasion des Espanols et pour conserver la clef de ces montagnes, Mont-Louis, alors appelé ''Mont-Libre''. Merveilleusement rompu à cette guerre des montagnes, malgré son âge, il chasse l'ennemi du camp de la Perche, se jette dans la Cerdagne espagnole et emporte Puygcerda et Belver.
A la nouvelle que Mont-Libre est menacé par une division réunie à Olette, il prend avec lui 1 400 hommes, se porte par une marche rapide jusque sur le plateau des Llancades et tombe comme la foudre dans le bassin d'Olette, où il écrase l'ennemi. "Nous arivâmes sur eux comme des éperviers", écrit dans son rapport le vaillant représentant Cassanyes qui accompagnait l'expédition.
Appelé au commandement en chef de l'armée des Pyrénées-Orientales, il fut réduit à une sorte d'impuissance par suite des divisions entre les généraux, essuya un échec à Trouillas, et, ne pouvant faire adopter ses plans, déposa le commandement et alla reprendre sa guerre heureuse et favorite en Cerdagne. Il signala son retour par des coups de main audacieux, par d'aventureuses expéditions au coeur des vallées espagnoles, par des percées et des pointes soudaines, entraînant les soldats
fascinant ses adversaires, faisant cette guerre spéciale qui l'avait fait surnommer le ''Démon'' par les Espagnols.
Rappelé sur Perpignan, et chargé d'une diversion mal combinée vers Céret, pendant l'attaque sur Roses, il réussit mal dans son attaque, combattit les plans des représentants et des autres généraux, et s'opposa vivement à l'expédition. Ces divisions amenèrent sa destitution. Quoiqu'il fût alors miné par la maladie, il demanda l'autorisation d'aller exposer sa conduite devant le comité de Salut Public et la Convention. La franchise de son langage, son renom de bravoure et de patriotisme, les témoignages favorables venus du Midi lui donnèrent gain de cause devant la grande assemblée, si sévère envers ses généraux.
Dagobert fut renvoyé dans les Pyrénées, rapportant un plan hardi qu'il avait fait agréer à Carnot. Mais trouvant à la tête de l'armée le brave Dugommier, il se contenta de retourner dans sa Cerdagne pour y opérer de concert avec Dugommier. Malgré sa santé dé faillante, il illustra ses derniers moments par de nouveaux exploits, battit à Monteilla un corps commandé par un émigré français en conduisant à travers la neige ses soldats à l'assaut des retranchements; il chassa ensuite l'ennemi de plusieurs postes importants, poussa jusqu'à Urgel, mais dut s'arrêter dans sa course victorieuse, épuisé par une fièvre dévorante. Ramené en litière par ses soldats consternés, il data son dernier bulletin de guerre de Belver et mourut qelques jours après à Puygcerda (18 avril 1794). Son corps fut enterré. au pied de l'arbre de la liberté. Plus tard ses restes furent transférés à côté de ceux de Dugommier dans le cimetière de Perpignan.
==Le personnage==
Original dans sa personne comme dans son caractère, il marchait au feu tête nue, avec ses longs cheveux flottants qui lui donnaient l'air d'un patriarche plutôt que d'un capitaine. Ses soldats l'adoraient; il était pour eux un camarade, un père, un modèle; déjà il avait sa légende dans l'armée, et on n'était pas loin de le regarder comme invulnérable. Il n'était pas jusqu'à son nom qui ne contribuât à le rendre populaire et l'on disait plaisamment de lui que, grâce à la chanson, il avait moins à faire qu'un autre pour paraître un bon sans-culotte.
Loin de le décourager, les difficultés ne faisaient qu'attiser sa gaieté virile et son entrain. Il écrivait dans un de ses rapports : "Les généraux sont malades ou absents, les canons me font faux bond; mais ''çà ira !''" Il avait des préceptes militaires à lui, qui électrisaient le soldat, des mots qui restaient. Un jour des volontaires nouveaux-venus battant en retraite un peu trop rapidement sous les balles espagnoles, il leur cria avec sa belle humeur de héros : "Mes enfants, souvenez-vous bien qu'il faut prendre le pas ordinaire quand on tourne le dos à l'ennemi, et le pas de charge quand on lui présente la poitrine."
Sainte-Beuve écrit de lui : "Figure attachante, originale, pleine de générosité et de candeur; vieil oficier gentilhomme devenu le plus allègre et le plus jeune des généraux républicains; uniquement voué au drapeau, à la patrie; sans arrière-pensée,sans grand espoir; ne sachant trop où l'on allait mais pressé, mais avide comme tous les grands coeurs de réparer les retards de la fortune et de signaler ses derniers jours par des coups de collier valeureux et des exploits éclatants."
==Oeuvre==
''Nouvelle méthode de commander l'infanterie, combinée d'après les ordonnances des Grec et des Romains'',1973, in-8°.
==Sources==
* Ch. Dezobry et Th. Bachelet, ''Dictionnaire Général de Biographie et d'Histoire'', Delagrave, éditeur, Paris, 1880.
* Pierre Larousse, ''Dictionnaire du XIXe siècle'', Paris, 1875.


[[Catégorie:Personnalité militaire de la Manche|Fontenille, de Luc Dagobert]]
[[Catégorie:Personnalité militaire de la Manche|Fontenille, de Luc Dagobert]]

Version du 13 décembre 2007 à 12:43

Luc Dagobert de Fontenille, général de la Révolution française, est né à La Chapelle-en-Juger le 8 mars 1736 et mort à Puigcerda (Espagne) le 18 avril 1794.

Sa carrière

Luc-Simeon Auguste Dagobert de Fontenille est issu d'une famille noble. Il entra en sevice comme sous-lieutenant. Il fut blessé dans plusieurs affaires, notamment à Clostercamp, servit en Corse, et comptait 35 ans de bons services à l'époque de la Révolution. Employé comme maréchal de camp en Italie, lors des premières guerres, il se fit remarquer par une bravoure éclatante, au col de Bronns, où il emporta le camp ennemi; à Sospello, où, avec 800 hommes seulement, il écrasa 2 000 Autrichiens; enfin au col du Negro, sur les rives de la Vesubia, et dans toutes les brillantes opérations qui amenèrent la conquête des Alpes-Maritimes et du comté de Nice. Il était alors général de division.

Envoyé à l'armée des Pyrénées-Orientales (1703), il contribua activement à la victoire remportée sous Perpignan le 17 juillet, et reçut le commandement de l'expédition de Cerdagne, pour défendre cette province du coeur des Pyrénnées contre l'invasion des Espanols et pour conserver la clef de ces montagnes, Mont-Louis, alors appelé Mont-Libre. Merveilleusement rompu à cette guerre des montagnes, malgré son âge, il chasse l'ennemi du camp de la Perche, se jette dans la Cerdagne espagnole et emporte Puygcerda et Belver.

A la nouvelle que Mont-Libre est menacé par une division réunie à Olette, il prend avec lui 1 400 hommes, se porte par une marche rapide jusque sur le plateau des Llancades et tombe comme la foudre dans le bassin d'Olette, où il écrase l'ennemi. "Nous arivâmes sur eux comme des éperviers", écrit dans son rapport le vaillant représentant Cassanyes qui accompagnait l'expédition.

Appelé au commandement en chef de l'armée des Pyrénées-Orientales, il fut réduit à une sorte d'impuissance par suite des divisions entre les généraux, essuya un échec à Trouillas, et, ne pouvant faire adopter ses plans, déposa le commandement et alla reprendre sa guerre heureuse et favorite en Cerdagne. Il signala son retour par des coups de main audacieux, par d'aventureuses expéditions au coeur des vallées espagnoles, par des percées et des pointes soudaines, entraînant les soldats fascinant ses adversaires, faisant cette guerre spéciale qui l'avait fait surnommer le Démon par les Espagnols.

Rappelé sur Perpignan, et chargé d'une diversion mal combinée vers Céret, pendant l'attaque sur Roses, il réussit mal dans son attaque, combattit les plans des représentants et des autres généraux, et s'opposa vivement à l'expédition. Ces divisions amenèrent sa destitution. Quoiqu'il fût alors miné par la maladie, il demanda l'autorisation d'aller exposer sa conduite devant le comité de Salut Public et la Convention. La franchise de son langage, son renom de bravoure et de patriotisme, les témoignages favorables venus du Midi lui donnèrent gain de cause devant la grande assemblée, si sévère envers ses généraux.

Dagobert fut renvoyé dans les Pyrénées, rapportant un plan hardi qu'il avait fait agréer à Carnot. Mais trouvant à la tête de l'armée le brave Dugommier, il se contenta de retourner dans sa Cerdagne pour y opérer de concert avec Dugommier. Malgré sa santé dé faillante, il illustra ses derniers moments par de nouveaux exploits, battit à Monteilla un corps commandé par un émigré français en conduisant à travers la neige ses soldats à l'assaut des retranchements; il chassa ensuite l'ennemi de plusieurs postes importants, poussa jusqu'à Urgel, mais dut s'arrêter dans sa course victorieuse, épuisé par une fièvre dévorante. Ramené en litière par ses soldats consternés, il data son dernier bulletin de guerre de Belver et mourut qelques jours après à Puygcerda (18 avril 1794). Son corps fut enterré. au pied de l'arbre de la liberté. Plus tard ses restes furent transférés à côté de ceux de Dugommier dans le cimetière de Perpignan.

Le personnage

Original dans sa personne comme dans son caractère, il marchait au feu tête nue, avec ses longs cheveux flottants qui lui donnaient l'air d'un patriarche plutôt que d'un capitaine. Ses soldats l'adoraient; il était pour eux un camarade, un père, un modèle; déjà il avait sa légende dans l'armée, et on n'était pas loin de le regarder comme invulnérable. Il n'était pas jusqu'à son nom qui ne contribuât à le rendre populaire et l'on disait plaisamment de lui que, grâce à la chanson, il avait moins à faire qu'un autre pour paraître un bon sans-culotte.

Loin de le décourager, les difficultés ne faisaient qu'attiser sa gaieté virile et son entrain. Il écrivait dans un de ses rapports : "Les généraux sont malades ou absents, les canons me font faux bond; mais çà ira !" Il avait des préceptes militaires à lui, qui électrisaient le soldat, des mots qui restaient. Un jour des volontaires nouveaux-venus battant en retraite un peu trop rapidement sous les balles espagnoles, il leur cria avec sa belle humeur de héros : "Mes enfants, souvenez-vous bien qu'il faut prendre le pas ordinaire quand on tourne le dos à l'ennemi, et le pas de charge quand on lui présente la poitrine."

Sainte-Beuve écrit de lui : "Figure attachante, originale, pleine de générosité et de candeur; vieil oficier gentilhomme devenu le plus allègre et le plus jeune des généraux républicains; uniquement voué au drapeau, à la patrie; sans arrière-pensée,sans grand espoir; ne sachant trop où l'on allait mais pressé, mais avide comme tous les grands coeurs de réparer les retards de la fortune et de signaler ses derniers jours par des coups de collier valeureux et des exploits éclatants."

Oeuvre

Nouvelle méthode de commander l'infanterie, combinée d'après les ordonnances des Grec et des Romains,1973, in-8°.

Sources

  • Ch. Dezobry et Th. Bachelet, Dictionnaire Général de Biographie et d'Histoire, Delagrave, éditeur, Paris, 1880.
  • Pierre Larousse, Dictionnaire du XIXe siècle, Paris, 1875.