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Louise Hervieu

De Wikimanche

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Louise Hervieu, née à Alençon (Orne) le 26 octobre 1878, morte à Versailles (Yvelines) le 11 septembre 1954, est un écrivain lié à la Manche.

Le Prix Femina de 1936

Elle se disait « Normande pur jus ». Quoique née à Alençon, Louise Hervieu est plus qu’une Manchoise d’adoption. Elle se sentait rattachée par toutes ses fibres à notre département.

Son père Jean-Baptiste, né à Saint-Lô où il est commis principal des postes, a épousé en 1856 une jeune fille de Bretteville-sur-Ay, Madeleine-Marie Luce, nièce de l’historien manchois Siméon Luce. Après Valognes où elle demeure quelque temps, Bretteville-sur-Ay est sa seconde patrie. Elle y vit durant la Grande Guerre, vient y passer souvent ses vacances et, à sa mort, elle lègue trente mille francs à cette commune « en souvenir de l’accueil aimable qui lui fut réservé dans la Manche ».

Très tôt, Louise Hervieu se sent frappée au sceau du malheur, celui d’une terrible maladie qu’elle croit héréditaire et qui est probablement la leucémie. Ce mal implacable a causé des ravages dans sa famille depuis plusieurs générations. Dès l’école primaire, sa mine souffreteuse lui vaut le surnom de « sang de navet » qui lui colle toute la vie à la peau, une vie qui n'est qu’un long calvaire.

Mais Louise Hervieu fait face à l’adversité dès son enfance. Adolescente, elle monte à Paris apprendre l’art du dessin. En 1905, sa première exposition au Salon des Indépendants attire l’attention sur ses talents artistiques qui lui valent la notoriété à partir de 1910. Hélas ! presque aveugle, elle doit renoncer à la peinture pour se consacrer au dessin en illustrant notamment Le Spleen de Paris et Les Fleurs du mal, de Baudelaire. Puis, sur les conseils de Colette qui lui a dit « Écris, tu peux écrire, ma Louise », elle se tourne vers l’écriture.

De ses ouvrages, Le Crime (1937), Le Malade vous parle (1943), La Rose de sang (1953) et Le Bon vouloir couronné par l’Académie française, l’histoire ne retient que Sangs (Denoël) qui lui vaut en 1936 le prix Femina. Ce roman noir et touffu, dont l’action se déroule dans le Cotentin, enthousiasme la critique de l’époque. « C’est l’œuvre la plus hallucinante jamais conçue par un cerveau de femme » écrit Paul Leroy dans la revue Les Normands de Paris. « C’est la souffrance faite femme » renchérit un autre critique qui vit dans cette histoire de quatre générations de paysans victimes d’une lourde hérédité pathologique « une eau-forte aux noirs violents ».

La gloire littéraire de Louise Hervieu est éphémère. Après avoir passé plusieurs années dans sa demeure parisienne, proche du parc Montsouris, elle finit ses jours dans un appartement où, selon ses proches, elle s’est entourée d’un décor d’un « admirable mauvais goût ».

Source

Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 3, Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier.