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Louis Taupin de Magnytot

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Louis Maurice Taupin de Magnytot ou Magnitot, né à Paris le 30 janvier 1757, mort le 18 avril 1823, est un préfet de la Manche.

Biographie

Employé au bureau de l'Intendance de 1777 à 1780[1], puis aux ministères de la Marine et des Affaires étrangères, il est au bureau du garde des Sceaux, Lamoignon, à la veille de la Révolution[2].

Il épouse le [[15 mai]) 1788 Louise ou Lise de Lesseps, tante de Ferdinand de Lesseps. De cette union naissent Amélie, qui épouse Georges de Pourtalès, Adrien et Élise Taupin de Magnytot.

Il est nommé commissaire du Roi aux îles du Vent pour pacifier les Antilles, le 24 janvier 1791[1]. Félicité pour son succès[2], il revient à La Rochelle le 17 janvier 1792. Il est ensuite sous-chef aux colonies de mai à septembre de cette même année, et est réformé en qualité de chef[1].

Accusé sous la Terreur avec le ministre Lacoste, mais sauvé par la chute de Robespierre[2], il est réintégré chef du bureau des Colonies le 2 août 1795 mais démissionne dès le 10 octobre [1].

Retiré de la vie publique, il est nommé préfet de la Manche par décret du 2 mars 1800, grâce à Lebrun et au soutien de plusieurs personnalités dont l'amiral Plévile Le Pelley[2].

Il arrive à Saint-Lô le 22 et consacre son premier mois à concevoir la liste de fonctionnaires à nommer, avec l'aide de l'ingénieur en chef du département Pitrou et de Nicolas Frémin de Beaumont. Mais une autre liste est constituée par Charles François Caillemer, et intégralement reprise pour les nominations des sous-préfets, conseillers de préfecture, maires et adjoints des villes de plus de 5 000 habitants, au détriment du préfet qui n'est suivi que pour les conseillers d'arrondissement et pour son secrétaire général, Pierre Louis Clément étant préféré à Jérôme Costin soutenu par Caillemer. Mais ces rivalités font tarder la prise de fonction de l'administration, ce dont Magnytot se plaint officiellement[2].

Ses premières actions sont pour faire cesser les réquisitions illégales de l'armée dans le sud-Manche, demander au gouvernement les fonds pour les services publics dont les hospices et visiter le département[2].

Mais l'attitude du préfet choque les plus révolutionnaires : il répond favorablement à un mémoire d'un ancien noble Jean Philippe d'Auxais critiquant calendrier révolutionnaire, impôts et intolérance religieuse, il rencontre le clergé insermenté et l'ancienne noblesse... Les notables saint-lois le soupçonne également de vouloir faire de Coutances le chef-lieu du département. Le préfet fait alors l'objet d'une campagne de pétitions, de dénonciations et de calomnies. Le soutien du troisième Consul Lebrun ne freine pas la cabale que traduit le rapport sur l'état de la Manche, à charge contre le préfet[2] :

« Le citoyen Magnytot est fortement accusé par les citoyens Engerran, Bitouzé-Lignères, et par les auteurs des réponses). Il est défendu par le citoyen Perrée, tribun. Les chefs d'accusation sont d'avoir attaqué les institutions républicaines, particulièrement dans l'établissement des foires et marchés, d'avoir accordé toute protection aux prêtres insoumis, d'avoir donné une réponse favorable à un mémoire de l'ex-comte de Montfarville, qui accusait le calendrier républicain d'absurdité, et qui traitait de tyranniques les lois qui exigent des prêtres un acte de soumission aux lois. On reproche enfin au citoyen Magnytot de s'entourer exclusivement des émigrés et de leurs parents. »[2]

Le pouvoir l'affecte à de nouvelles missions non encore déterminés en février 1801, mais Xavier de Ménard refusant de lui succéder, le conseil général demande de replacer Magnytot à la tête du département, provoquant une nouvelle vague d'opposition en avril. Jean-Pierre Bachasson de Montalivet est nommé préfet et Magnytot, intégré au Conseil des prises depuis le 20 mars, quitte le département que le 16 juillet[2],[1].

Son successeur écrira à son propos le 7 vendémiaire an X « Je n'ai vu dans la généralité de ses actes que des mesures sages, modérées et faites pour remplir essentiellement vos vues, pour faire aimer le gouvernement »[2].

Mais Gabriel Houël écrit : « Il est difficile d'expliquer pourquoi, avec des qualités aimables, (il) ne réussit pas mieux. On pourrait plutôt en trouver la raison dans l'ascendant qu'il laissa prendre sur lui à des étrangers, que dans des formes quelquefois impérieuses, positives au(x)quel(les) on (n')était plus accoutumé ; au demeurant, après une courte gestion, il fut au moins une fois d'accord avec les habitants (de Saint-Lô) pour fêter la veille de son départ. » [3]. Les Saint-Lois lui reprochent d'avoir pris un arrêté le 26 juin 1800 pour que soit élevée à Coutances plutôt que chez eux une colonne départementale destinée à honorer les morts pour la patrie [4].

Il est envoyé à Tobago comme préfet colonial le 2 juin 1802 puis à Saint-Domingue le 8 mars 1803, quittant Tabago le 14 juin. Il quitte Saint-Domingue le 14 novembre 1803 et se rend aux États-Unis. Parti de New-York le 20 septembre 1804, il débarque à Bordeaux le 31 octobre [1].

Membre de la Légion d'honneur le 6 juillet 1804, il est fait chevalier le 14 juin 1814. Il reçoit un traitement de 5 000 francs le 23 septembre 1804, porté à 6 000 francs le 13 juin 1814 [1].

Le roi lui accorde une pension annuelle de 5 000 francs sur la caisse des Invalides le 21 mars 1816 [5].

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 et 1,6 Dossier de la Légion d'honneur, Cote LH/2572/11, base Léonore
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6 2,7 2,8 et 2,9 François de Lannoy, « Après la Révolution : les débuts de l'Administration préfectorale dans la Manche », Annales de Normandie, vol 39, numéro 39-4, 1989.
  3. Gabriel Houël, Histoire de la ville de Saint-Lô.
  4. R. Hélie, « Le préfet Lerat de Magnytôt et la colonne départementale dans la Manche en l'an VIII », Société d'archéologie et d'histoire naturelle du département de la Manche, vol. 41 et 42, 1929-1930.
  5. Ordonnance du roi accordant à Louis Maurice Taupin de Magnitot, ancien administrateur en chef à Saint-Domingue, une pension annuelle sur la caisse des Invalides (21 mars 1816), Archives nationales d'outre-mer.