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Louis-Napoléon Bonaparte à Cherbourg (1850)

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L'arrivée à Cherbourg.

Louis-Napoléon Bonaparte vient en visite officielle à Cherbourg du 5 au 9 septembre 1850 pour visiter le port militaire et constater l'avancement des travaux.

Contexte

Il a 42 ans et est alors président de la République, le premier du nom, en fonction depuis un peu moins de deux ans et pour encore deux années. Il deviendra ensuite Empereur des Français et règnera jusqu'en 1870.

Portrait officiel du Président.
L'affiche officielle.

Après s'être rendu à Dijon, Mâcon, Lyon, Bourg-en-Bresse, Besançon, Colmar, Strasbourg, Nancy et Châlons, le président de la République se rend dans l'Ouest du pays, à Caen et Saint-Lô [1].

La visite

Louis-Napoléon Bonaparte arrive à Cherbourg le 5 septembre 1850 après avoir voyagé pendant deux jours en calèche. Il est accompagné d'Eugène Rouher, ministre de la Justice, le général de La Hitte, ministre des Affaires étrangères, le contre-amiral Joseph Romain-Desfossés, ministre de la Marine et des colonies et Pierre Jules Baroche, ministre de l’Intérieur.

Il est précédé de nombreux touristes, qui emplissent les auberges, pour voir les festivités, et la flotte de quatre-vingts bâtiments de l'escadre de la Méditerranée spécialement montée à Cherbourg en août, sous le commandement de l'ancien préfet maritime Alexandre Parseval-Deschênes [1].

Il est reçu vers 19 h à l'entrée de la ville par le discours du maire Joseph Ludé, nommé par le président moins d'une semaine auparavant, tenu à l'entrée de la ville, devant un arc de triomphe monumental érigée près de la montagne du Roule [1], devant l'ensemble des autorités civiles [2]. Il se rend ensuite rue des Bastions à la préfecture maritime pour une nuit de sommeil bien méritée [2].

Le lendemain, le 6 septembre, le Président reçoit les délégations officielles de six heures du matin au début de l'après-midi [1]. D'abord les représentants de la Manche à l'Assemblée nationale, puis le Conseil général, dont le président Alexis de Tocqueville fait cette déclaration :

« Vous avez sous les yeux, Monsieur le Président, dans le port de Cherbourg, le plus audacieux et le plus merveilleux ouvrage qui soit jamais sorti de la main des hommes. Ces lieux doivent vous plaire car vous y trouverez les traces de l'Empereur, de ce génie unique et inimitable, qui a remué le monde et qui, en tant de lieux, a vaincu la nature aussi bien que les hommes.
« Vous vous affligerez sans doute, avec nous,en voyant que son entreprise reste encore imparfaite, et vous jugerez, comme nous, qu'il y aurait tout à la fois de la honte et du péril à ne point terminer sur-le-champ une œuvre si grande et toujours exposée tant qu'elle n'est pas achevée.
« Votre sollicitude pour tout ce qui peut contribuer à la grandeur et à la sécurité de la France vous fera juger ainsi que le complément indispensable de ce vaste instrument de guerre est un chemin de fer entre Cherbourg et Paris. » [2].

Le président de la République répond :

« Messieurs, les désirs exprimés, vous ne pouvez en douter, m'intéressent à un haut degré, car l'œuvre de Cherbourg fait honneur à la France et aussi au génie de celui qui l'a conçue. Je sais aussi combien serait avantageux à nos intérêts commerciaux et politique le chemin de fer dont vous me parlez et je donnerai tout le concours qui dépendra de moi à son exécution. » [2] et de poursuivre, face à Tocqueville qui n'avait pas soutenu sa candidature et critiquant le gouvernement Hautpoul : « Mais il faut aussi que les représentants qui m'entourent me secondent de leurs efforts et de leur influence à l'Assemblée nationale » [1].

Le midi, le Président passe en revue les troupes de l'armée de terre et de marine, ainsi que la garde nationale.

Un banquet de six cents soixante couverts est offert par la municipalité dans les salles des gabarits de l'arsenal à 15 heures. Lors du toast, Joseph Ludé, maire, y déclare : « Monsieur le Président, dans une récente occasion, vous teniez ce langage : je ne voyage pas dans le but d'imposer aux villes des dépenses extraordinaires, mais pour m'informer des vœux et des besoins des populations. Cherbourg plus qu'aucune autre ville mérite que ces besoins soient étudiés et pris en considération. Ici, ce ne sont pas des intérêts de cité qui sont en jeu, ce sont des intérêts essentiellement nationaux... » [2]. Il se plaint au passage de la lenteur des travaux du port et demande, comme Tocqueville quelques heures plus tôt, l'ouverture d'une ligne de chemin de fer vers Paris.

Louis-Napoléon Bonaparte répond « s'il y a une ville en France qui doive être napoléonienne et conservatrice, c'est bien Cherbourg. Napoléonienne par reconnaissance et conservatrice par la saine appréciation de son véritable intérêt » [2].

Le 7 septembre débute par des joutes navales sans la présence du Président qui visite l'hospice puis, l'après-midi, l'arsenal où on lui présente les dalles ayant recouvert la tombe de son oncle à Sainte-Hélène, puis il inspecte les navires mouillés en rade, dont le Friedland. Il termine la journée en parcourant la grande dique [2]. Un bal est donné le soir dans la salle d'espadage au chantier à bois. Le prince ouvre le bal aux bras de Mme Noël. Un quadrille d'honneur est dansé par M. de Tanlay, préfet de la Manche, Mme de Charnisay, femme du sous-préfet, Ludé, Mme Le Maistre, du général Carréard, et Mme de Gueydon [1].

Le 8 septembre, Louis-Napoléon assiste à une messe à bord du Friedland et continue la visite des vaisseaux interrompue la veille [2]. L'après-midi, il assiste à une parade navale : « quatre mille coups de canons furent tirés et cinquante embarcations armées de guerre se livrèrent à divers exercices dont un simulacre d'attaque contre la frégate Descartes » [2]. Morel-Fatio et Gudin, invités pour l'occasion par le directeur général des Musées nationaux, peignent ces scènes.

Le soir, un banquet est servi à bord du Friedland au cour duquel le Président s'adresse plus spécialement aux marins [2].

Le 9 septembre, à huit heures et demi du matin, le Président quitte Cherbourg pour Le Havre après une haie d'honneur militaire de la préfecture maritime au faubourg du Roule [1].

Les suites de la visite

De retour à Paris, Louis-Napoléon Bonaparte fait rapidement reprendre les travaux de la digue et du creusement du troisième bassin dans le port militaire [2]. Le 8 juillet 1852, l'Assemblée nationale adopte le projet de la ligne de chemin de fer Paris-Cherbourg. Des crédits sont votés pour achever la construction du port des Flamands, de magasins à poudre et de la pyrotechnie du Nardouet [2]. En décembre 1853, Louis-Napoléon Bonaparte, devenu empereur, annonce à l'Assemblée nationale que les travaux de la grande digue sont terminés [2].

Face aux critiques de main mise bonapartiste dans la presse et l'administration et de propagande politique organisée par l'entourage du « Prince président », Le Phare de la Manche écrit le 12 septembre : « On répand de nouveau des bruits obscurs sur de prétendus projets d'ovations bonapartistes, formés par des hommes dévoués au président, pour le jour de la rentrée à Paris. Ils n'ont rien de sérieux ; c'est une suite de la tactique révolutionnaire suivie depuis longtemps et beaucoup trop connue pour mériter quelque attention et produire quelque crainte, même dans les esprits le plus timorés. » [1].

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 et 1,7 Jean Fouace, Cherbourg, port aux princes, éd. Isoète, 2001.
  2. 2,00 2,01 2,02 2,03 2,04 2,05 2,06 2,07 2,08 2,09 2,10 2,11 et 2,12 Jean Le Jeune, Documents historiques sur le vieux Cherbourg et sa région, éd. La Dépêche, 1981.

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