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Liste des sémaphores de la Manche

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Sémaphore de la Hague.

Un sémaphore est un établissement de la Marine nationale chargée de la surveillance maritime, aérienne et terrestre.

Le nom désigne d'abord l'outil de transmission de signaux implanté le long de la côte sur des vigies sémaphoriques, afin de permettre une rapide réception et transmission des ordres et informations entre terre et mer, avant de couvrir l'ensemble du bâtiment dédié à cette mission.

Département maritime, la Manche compte plusieurs sémaphores en activité ou déclassés.

Historique

Les premiers systèmes de guet maritime

Sémaphore de Flamanville.

Le service de guet de la mer, mis en place à la fin du Moyen Âge pour prévenir un débarquement ennemi, est complété par la compagnie des gardes-côtes, puis organisé par Vauban[1].

Fumées, pavillons et coups de canons de canons sont les signaux d'alerte à la disposition des guetteurs[1].

1806 : La création des sémaphores

La présence britannique au large des côtes françaises sous la Révolution française et l'Empire, incite les autorités à se doter d'un réseau de transmission rapide[1].

Peu avant sa mort, en 1805, Charles Depillon conçoit un sémaphore rapide à monter et facile à transporter, destinés aux postes avancés des guetteurs en cas de guerre. Le vice-amiral Décrès, ministre de la Marine décide l'établissement d'un réseau de sémaphores en 1806 pour la Marine, plutôt que le télégraphe des frères Chappe, présenté en 1793 au Comité de Salut public, et déjà largement utilisé[2]. Contrairement aux Chappe, Charles Depillon créé un vocabulaire simplifié afin qu'une phrase exprime en un seul signal à la fois le lieu, l'objet observé, le nombre, la nationalité et les mouvements, la situation et la distance[1].

Selon F. Cabane, Depillon et le capitaine de vaisseau Louis Léon Jacob[3], en poste au fort de Granville, ont édifié un prototype en grandeur réelle du sémaphore, vers 1804, sur la Pointe du Roc[2]. Ce même Jacob est appelé à plusieurs reprises au ministère afin d'améliorer le système[2].

Dans la Manche, les vigies sont implantées à la bergerie de Maisy, la butte d'Hocfort,Ravenoville, les îles Saint-Marcouf, le fort de la Hougue, La Pernelle, Gatteville, Cosqueville, Fermanville, le fort national, Querqueville, Omonville-la-Rogue, Jobourg, Flamanville, Carteret, Portbail, Saint-Germain-sur-Ay, Pirou, Anneville, le Martinet d'Agon, Montmartin-sur-Mer, Saint-Martin-le-Vieux, Granville, Carolles et Tombelaine[1].

Les sémaphores posés en août et septembre 1806, se composent de trois ailes de 4 mètres (moitié blanche, moitié noire) avec leur cylindre, trois roues séparées, six chevilles, six goupilles, six rondelles et trois clefs, le tout étant fixé sur un mât octogonal en bois de 36 pieds [environ 12 m] au-dessus de la terre, de 9 à 12 pouces de diamètre au pied et de 6 à 9 pouces à la tête, planté en terre et fixé par des acores scellés dans le sol (car une forte tempête en octobre 1806 en a mis plusieurs à terre). L'aile centrale est fixée sur la face opposée à celle des deux autres ailes[2].

Un courrier envoyé aux préfets maritimes le 26 avril 1814, trois jours après l'armistice, ordonne le démontage des sémaphores[1]. Certaines restent cependant en service jusqu'à la fin de la guerre d'Espagne, en 1823[2].

Les vigies passent au service des Douanes qui transforme certaines en cabanes pour douaniers[1].

1850 : le rétablissement des vigies

Sémaphore de Carteret.

Un projet de réarmement, pour une surveillance tant civile que militaire, anime le ministre de la Marine qui demande en 1850 aux préfets maritimes un inventaire de l'état des vigies. S'en suivent de longs débats parlementaires sur les techniques à adopter, jusqu'aux propositions de la commission nationale du 13 août 1859 : sémaphore tournant, aux signaux représentant des phrases conventionnelles grâce au système Dépillon dont le nombre de caractère est doublé par l'usage d'une boule ou d'un disque, avec un télégraphe pour les communications entre sémaphores ou avec la préfecture maritime. Le télégraphe à cadran de Bréguet est adopté le 19 août 1859 avant d'être remplacé en 1866 par le système Morse[1].

On fixe pour la Manche Flamanville, Jobourg, cap de la Hague, cap Lévi, pointe de la Percée et Beuzeval, Carteret, Querqueville, Saint-Aubin, la Hougue, îles Saint-Marcouf, Barfleur, île Pelée et fort central. La construction s'achève en 1862, un guetteur et un guetteur chef, civils, sont affectés à chaque sémaphores, et deux inspecteurs par arrondissement sont nommés parmi les capitaines de frégate. Les agents de service portent veste, pantalon et gilet bleu, casquette en drap, avec une ancre brodée de chaque côté du col de la veste et sur la casquette, et des boutons en cuivre ornés d'une ancre couronnée des mots « service électro-magnétique »[1].

En 1864, on affecte aux sémaphoristes une mission d'émission et la réception de messages télégraphiques privés, et leur distribution aux destinataires dans un rayon de 6 km du poste. Ils la conserveront jusqu'au début du XXe siècle. Ils ont également la charge de hisser quand nécessaire les signaux de mauvais temps par l'observation des instruments météorologiques et de surveiller les signaux de détresse. Le 7 mars 1866, on leur assigne le devoir de signaler les naufrages par un pavillon noir et de prévenir la station de sauvetage la plus proche (par télégraphe, coursier ou coup de canon) [1].

XXe siècle : la modernisation continue

Sémaphore de Barfleur. Vue du phare de Gatteville

La loi du 12 février 1897 marque la militarisation des sémaphores et de ses guetteurs, désormais assimilés à des marins vétérans.

Face au manque de visibilité, certains sémaphores sont rehaussés au début du XXe siècle, comme celui de la Hague.

Les mâts sont dotés d'une demi-aile supplémentaire et d'un second disque, afin de porter le nombre de signaux possibles de quelques centaines à plusieurs milliers. Ces mâts, dits décimaux, réalisés par la Société des forges et chantiers de la Méditerranée, sont déployés entre 1906 et 1908. Ils conduisent à l'abandon par la circulaire du 8 juin 1921 des mâts traditionnels, plus complexes dans leur lecture, et moins adaptés aux nouvelles techniques.

Les relevés météorologiques sont complétés par le calcul de l'humidité de l'air, grâce au psychromètre.

Après la Seconde Guerre mondiale, la plupart des postes sont dotés d'un radar. Des vigies sont à nouveau rehaussées dans les années 1970, comme au Cap Lévi en 1972, et de nouvelle chambre de veille sont installées, à l'instar de celle du sémaphore de Barfleur.

En 1970, les Centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage (dans la Manche, le CROSS-Ma à Jobourg), prennent la charge du déclenchement des opérations de sauvetage, tandis que le sémaphore conserve celle de la signalisation.

Liste

Sémaphore du Cap-Lévi à Fermanville.
Sémaphore de Jardeheu.

Liste des sémaphores, déclassés ou en activité, de la Manche, en suivant la côte d'est en ouest[4].

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8 et 1,9 Jean-François Détrée, Veilleurs et guetteurs , Sémaphores du Cotentin Musée maritime de l'Ile Tatihou, Point de vues et Conseil général de la Manche / Musée maritime de l’Île Tatihou, 2008
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 et 2,4 F. Cabane, Charles DEPILLON (1768-1805) : l’inventeur des sémaphores côtiers, Ifremer, Plouzané, 2007.
  3. Louis Léon Jacob (1768-1854), futur vice-amiral, préfet maritime, membre de la délégation impériale à Cherbourg en 1811, pair de France et ministre de la Marine en 1834.
  4. Sémaphores de la Marine nationale, site de la préfecture maritime de Cherbourg

Bibliographie

  • Jean-François Détrée, Veilleurs et guetteurs , Sémaphores du Cotentin Musée maritime de l'Ile Tatihou, Point de vues et Conseil général de la Manche / Musée maritime de l’Île Tatihou, 2008

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