Ligne ferroviaire Paris-Cherbourg
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La ligne Paris-Cherbourg est la principale ligne de chemin de fer qui traverse le département de la Manche.
Service
Elle dessert aujourd'hui Cherbourg-en-Cotentin, Valognes, Carentan, et Lison, avant de traverser le Calvados, l'Eure et l'Île-de-France, jusqu'à la gare Saint-Lazare de Paris.
La SNCF exploite cette ligne par le Corail Grandes lignes Intercités, et la ligne 1 du TER Basse-Normandie (Cherbourg-Caen-Lisieux).
Histoire
Évoquée en 1842, la ligne Paris-Cherbourg est enfin concédée en juin 1846. Mais le projet n'aboutit pas. Le 16 juin 1852, le ministre des Transports relance l'affaire et propose de concéder l'exécution de la ligne à MM. de L'Espée, Benoist d'Azy, vicomte Duchatel, Joseph Locke, ingénieur des Ponts et chaussées, etc. [1]. Le 11 septembre de la même année, un décret approuve les statuts de la Société du chemin de fer de Paris à Cherbourg [1], filiale de la Compagnie de Rouen. Les travaux débutent l'année suivante. Lors de la fusion des compagnies de chemins de fer en 1855, la concession de Cherbourg est réunie à celles de Rouen, du Havre, de Dieppe, de Saint-Germain et de la Bretagne au sein du réseau des Chemins de fer de l'Ouest [2].
Les travaux de la section Caen-Cherbourg commencent en janvier 1857 [1]. Le 14 juillet 1858 [3], cette section est mise en service. Le premier train part de Caen à 6 h. Le premier train au départ de Cherbourg part à 7 h 30 [1]. La gare de Cherbourg est inaugurée le 4 août suivant par Napoléon III. « Ce n'est qu'en février 1859 que la ligne entière fut considérée comme véritablement ouverte à l'exploitation. » [1].
En 1899, la voie est dédoublée [4].
En novembre 1963, les locomotives Diesel AIA-AIA 68 000 remplacent les Pacific-état à vapeur [5]. Elles permettent un gain d'une vingtaine de minutes entre la capitale et Cherbourg, pouvant aller jusqu'à 32 minutes (train 301), qui abaisse le trajet à 4 h 12 [5]. Les trains dits « facultatifs », dont les trains transatlantiques, restent tractés par des machines à vapeur [5].
Le 25 septembre 1970, la ligne accueille la première génération de turbotrain [6]. Jacques Baumel, secrétaire d'État aux Transports, inaugure le nouveau service [6].
Le 15 février 1974, les réservations de billets se font désormais de manière électronique [7].
Après d'importants travaux qui durent sept ans et coûtent deux milliards et demi de francs [8], les premiers trains fonctionnant à l'électricité sont mis en service en juin 1996, marquant la fin des turbotrains. L'inauguration a lieu le 29 mai à Paris. Elle est présidée par Bernard Pons, ministre de l'Équipement, et Anne-Marie Idrac, secrétaire d'État aux Transports.
Le 20 janvier 2011, la SNCF présente un « plan de renforcement de la qualité du service » pour 12 « lignes malades », parmi lesquelles figure la ligne Paris-Cherbourg [9]. Le plan de la SNCF prévoit notamment d'améliorer la régularité des horaires d'ici à deux ans.
Gares de la Manche
- entre parenthèses, la date d'ouverture.
- Cherbourg principal (Corail et TER) (1858)
- Cherbourg-Maritime (1898)
- Valognes (Corail et TER) (1858)
- Chef-du-Pont-Sainte-Mère (TER) (1858)
- Carentan (ligne Corail et TER) (1858)
- Lison (Corail et TER, correspondance pour la ligne Caen-Rennes) (1858)
Gares désaffectées
- Couville (1858)
- Fresville (1879)
- Martinvast (1858)
- Montebourg (1858)
- Sottevast (1858)
Fréquentation
En 1866, le nombre de voyageurs recensé dans les gares s'établit ainsi : Cherbourg 80 433, Valognes 39 192, Carentan 35 699, Chef-du-Pont 16 170, Martinvast 13 610, Montebourg 11 862... [10]. Le total des billets vendus dans le département s'établit cette année-là à 219 260.
Durée du voyage
En 1880, il faut « près de neuf heures, en express et quatorze heures en omnibus pour gagner Paris » [4].
En 1954, le trajet s'effectue en « plus de 5 heures » [6].
La mise en service des turbotrains, en septembre 1970, ramène le trajet à 2 h 59 [6].
Faits divers
- Dans la nuit du 27-28 juin 1927, le colonel Jacques Sauvalle, professeur à l'École de guerre, est abattu de deux balles tirées à bout portant dans le train. Son assassin William Follain, 22 ans, de Lisieux (Calvados) sera condamné à mort le 12 janvier 1928 à Caen et guillotiné le 14 avril suivant.
- Le 24 octobre 1933, le train déraille à 9 h 50 sur le viaduc de Saint-Hélier entre Conches-en-Ouche (Eure) et La Bonneville-sur-Iton (Eure) [11]. Plusieurs voitures tombent dans le Rouloir. On dénombre 33 morts et de nombreux blessés.
Hommage
Un timbre-poste de 1974 rend hommage au turbotrain TGV 001, train expérimental conçu grâce aux 5 000 000 de kilomètres de parcouru par les turbotrains de la ligne Paris-Cherbourg.
Notes et références
- ↑ 1,0 1,1 1,2 1,3 et 1,4 R. Commault, « La ligne de Paris à Cherbourg », La Vie du rail, n° 974, 13 décembre 1964.
- ↑ Henri Nicolle, De Paris à Cherbourg en chemin de fer, Guide-itinéraire contenant l'historique complet des travaux de la digue et du port de Cherbourg. Caen : Alfred Bouchard, 1860.
- ↑ ou le 17 juillet : les deux dates figurent dans le même article à des endroits différents, « La ligne de Paris à Cherbourg », La Vie du rail, n° 974, 13 décembre 1964.
- ↑ 4,0 et 4,1 Michel Hébert et Philippe Coligneaux, Cherbourg, coll. Mémoire en images, éd. Alan Sutton, 1996, p. 63.
- ↑ 5,0 5,1 et 5,2 « Paris-Cherbourg, première grande ligne "diesélisée" au départ de Paris », La Vie du rail, n° 974, 13 décembre 1964.
- ↑ 6,0 6,1 6,2 et 6,3 Jean-Jacques Lerosier, « Quand le Paris-Cherbourg mettait le turbo ! », Ouest-France, 16 avril 2013.
- ↑ « Nos années 70 », La Presse de la Manche, hors-série, novembre 2012, p. 155.
- ↑ Jacques Dufresne, Calvados, éd. Hatier, 2001.
- ↑ « La SNCF présente son plan d'urgence pour 12 "lignes malades" », AFP, 20 janvier 2011, 13 h 29.
- ↑ Annuaire du département de la Manche, 1868.
- ↑ Le Petit Journal, 25 octobre 1933.