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Les Forçats de la route (1924)

De Wikimanche

Albert Londres, né le 1er novembre 1884 à Vichy, décédé le 16 mai 1932 dans l'océan Indien, est un journaliste et écrivain français qu'un lien ténu lie à la Manche.

Et les ″Forçats de la route″ naquirent à Coutances

S’il est vrai que le lien entre la Manche et Albert Londres, l’un des plus grands journalistes internationaux de la première partie du XXe siècle, est très ténu, il est incontestablement à l’origine de l’une des légendes les plus fortes – sans doute la plus forte ? du Tour de France : la naissance des ″Forçats de la route″ au Café de la Gare à Coutances.

C’est la raison pour laquelle cette histoire d’abandon de coureurs qui aurait pu n’être qu’anecdotique, est devenue symbolique. De quoi s’agit-il ? 3 coureurs, Henri et Francis Pelissier et Maurice Ville, unanimement reconnus pour leur talent – le premier nommé a gagné le Tour en 1923 – mais aussi pour leurs fréquents coups de gueule notamment à l’égard des organisateurs, s’aperçoivent en ce début de Tour 1924 qu’ils vont être dominés par un jeune prodige, Ottavio Bottechia.

Au cours de l’étape Cherbourg-Brest, ils abandonnent prétextant un problème de règlement qu’ils jugent abusif, et s’arrêtent au Café de la Gare à Coutances. Albert Londres, journaliste au Petit Parisien, journal concurrent de l’Auto, organisateur de l’épreuve, qui est pourtant déjà arrivé à Granville, flaire le ″bon coup″, revient à Coutances et les rejoint attablés au Café de la Gare . Les Pelissier lui racontent leurs malheurs et vident leur sac au propre comme au figuré (ils montrent la cocaïne et les pilules qu’ils prennent pour ″tenir″ !).

Albert Londres qui rentre de Cayenne et vient d’écrire un best-seller de l’époque ″Au bagne″, titre ″Les Forçats de la route″. Son article entre dans la légende du Tour… (cet article est reproduit in extenso dans l’excellent hors série du journal l’Équipe « 100 ans de Tour de France »).

Les organisateurs ne décolèrent pas de ce qu’ils considèrent comme une manipulation à leur encontre. Il est certain que cette page de l’histoire du Tour en particulier et du sport en général, est un exemple frappant des rapports presse-organisateurs-concurrents à l’occasion d’une grande organisation, tout particulièrement au temps où la presse écrite est toute puissante. Les temps n’ont d’ailleurs pas beaucoup changé lorsqu’en 1998, en pleine affaire de dopage, le journal Le Monde pousse le bouchon aussi loin et demande même l’arrêt du Tour de France. Autre temps, mêmes mœurs…

À noter que le Café de la Gare à Coutances, lui, n’a pas survécu à sa légende et a été rasé en 1998.

Source

Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 3, Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier, ISBN 2914541171

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