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Le Canada et la Manche

De Wikimanche

Drapeau du Canada.

Le Canada a une relation ancienne avec la Manche.

Histoire des relations

Plaque commémorative au Mont-Saint-Michel.

Le 8 mai 1532, au Mont-Saint-Michel, Jean Le Veneur, abbé du Mont-Saint-Michel présente Jacques Cartier à François Ier. Le roi de France charge à cette occasion le navigateur malouin de reconnaître les rives du Canada[1].

Même si le Cotentin et l'Avranchin n'ont pas fourni le plus de colons, en comparaison d'autres régions françaises de l'Ouest, comme le Perche et le Poitou, plusieurs des premiers explorateurs et conquérants de la Nouvelle-France sont originaires du département de la Manche. On compte parmi eux la famille Chapdelaine, originaire de Plomb.

Dès le XVIe siècle, des Granvillais pêchent la morue à Terre-Neuve.

Parmi les pionniers, on note Guillaume de Bricqueville qui a fondé plusieurs comptoirs en Acadie, et surtout Jean Nicollet, coureur de bois et interprète débarqué au Canada en 1618, négociant de fourrure pour le compte des compagnies françaises, explorateur de la région du lac Michigan, négociateur des alliances françaises avec les nations indigènes. On compte aussi le récollet Nicolas Viel, assassiné par les Indiens en 1625, année où Jean de Brébeuf est envoyé en Nouvelle-France pour évangéliser les Hurons et les Neutres avant d'être tué par les Iroquois. Il est le saint patron du Canada depuis 1940.

Ensuite, Marie-Catherine de Saint-Augustin, embarque pour le Québec en 1648 au sein de la communauté des Hospitalières de Dieppe de l'Hôtel-Dieu de Québec, Philippe Mius d'Entremont fonde la baronnie de Pobomcoup en 1651, tandis qu'Hector de Callières (1646-1703) est nommé gouverneur de Montréal en 1684 puis gouverneur-général de la Nouvelle-France de 1698 à 1703.

Suite au traité d'Utrecht de 1713, aux négociations duquel participe l'abbé de Saint-Pierre, et qui prévoit entre autres, la cession d'une partie de l'Acadie aux Britanniques contre un droit de pêche exclusif au large de Terre-Neuve, le frère du prélat, Louis-Hyacinthe Castel, comte de Saint-Pierre et marquis de Crèvecœur et de Kersilis obtient en 1720 le monopole de la pêche, de la construction navale, du commerce et de l’agriculture sur l’île Saint-Jean, contre l'envoi de cent colons français la première année, puis cinquante annuellement [2].

Jean-François Gaultier, envoyé en 1742 comme médecin de l'Hôtel-Dieu de Québec, étudie les plantes du Canada pour l'Académie royale des Sciences.

Avec le développement de la pêche à la morue, certains normands viennent travailler au large de la Gaspésie, et parfois s'y installent. Ainsi, le capitaine granvillais Michel Mahiet s'associe à Joseph Cadet à Mont-Louis, et deviendra seigneur de ce fief. De même, pour son établissement qu'il créé en 1752 à Gaspé, le grenoblois Pierre Revol emploie 300 pêcheurs originaires du diocèse de Coutances, de Granville et d'Avranches [3].

En 1758, les Anglais déportent des Acadiens de l'île Royale et de l'île Saint-Jean à Cherbourg, où ils demeurent au lendemain de la Révolution française.

Suite à la Révolution française, plusieurs prêtres réfractaires émigrent et poursuivent leur ministère au Québec et en Acadie, à l'image de Gabriel Champion, François Lejamtel et François-Gabriel Le Courtois.

Alexis de Tocqueville et Gustave de Beaumont, durant leur voyage d'études aux États-Unis en 1831, visitent le Bas-Canada. Débarqués à Montréal le 23 août, ils arrivent à Québec le 25 à bord du vapeur John-Molson. Le 31, ils repartent à Montréal avec le Richelieu, et regagnent les États-Unis le 2 septembre [4].

En 1864, le canton de Cherbourg est créé au Québec, avant de donner son nom aux municipalités de Saint-Jean-de-Cherbourg et Saint-Thomas-de-Cherbourg.

En 1870, le sculpteur cherbourgeois Louis-Victor Fréret est engagé au Canada par Robert Forsyth. Il y meurt pendant son séjour à Montréal, en 1879 [5].

En 1889, Charles Savary meurt au Canada où il s'est réfugié et a obtenu la nationalité canadienne.

Affiche de la Canadian Pacific pour un voyage au départ de Cherbourg.

Les échanges se sont poursuivis au cours du XXe siècle : Charles Birette est envoyé au Québec au début du siècle, Clément Rosset enseigne la philosophie à Montréal entre 1965 et 1967, Angèle Delaunois, romancière née en 1946 à Granville est naturalisée canadienne, Jean Vinet, né en Gaspésie en 1961, dirige La Brèche à Cherbourg jusqu'en 2011.

La Canadian Pacific, compagnie transatlantique nationale, fait escale à Cherbourg, entre Southampton et Québec, de 1922 à 1939, liaisons reprises après Seconde Guerre mondiale par la Greek Line [6]. Depuis Cherbourg, d'autres compagnies desservent également Halifax, Québec ou Montréal.

Depuis 2015 , Nicolas Lenoir, originaire de la Manche, dirige à Montréal une société d'importation de fromages au lait cru[7].

Culture et jumelages

Le conseil général de la Manche a développé un partenariat avec les îles de la Madeleine, et deux communes de la Manche sont jumelées avec des municipalités québécoises : Coutances-La Pocatière et Granville-Rivière-du-Loup.

Culturellement, le groupe Mes souliers sont rouges s'est inspiré notamment du folklore québécois et acadien. Cette culture, issue du brassage des origines des colons français, parmi lesquels des normands, tient également une place privilégiée dans des festivals tels Les Virées francophones de La Glacerie et Les Traversées de Tatihou.

Références onomastiques

Toponymes

Il existe dans la Manche (et ailleurs en Normandie) plusieurs toponymes comportant le nom de Canada, sans que l'on puisse déterminer s'il s'agit d'une référence ou d'un hommage à ce pays, ou de l'altération d'une forme antérieure, sans aucun rapport.

Il ne semble en revanche pas y avoir de doute en ce qui concerne le suivant :

Hydronymes

Le lac Charles-Savary (province de Québec) perpétue la mémoire de Charles Savary (1845-1889), natif de Coutances, émigré et mort au Canada [12].

Odonymes

Bibliographie

par ordre chronologique de parution
  • Alexis de Tocqueville et Claude Corbo, Regards sur le Bas-Canada, Typo, 2003
  • Remy de Gourmont, Les Canadiens de France, Firmin-Didot, sd
  • Paul de Gibon, « L'émigration du Pays de Granville au Canada. La colonie de l'ile royale en 1752 », Le Pays de Granville, 1910 (lire en ligne)
  • Joseph Toussaint, « Coutançais pionniers du Canada », Semaine religieuse de Coutances et d'Avranches, n° 19, 1967, p. 289-294
  • René Le Tenneur, Les Normands et les origines du Canada français, éd. Ocep, 1973
  • « À propos de l'émigration manchoise vers le Canada », Société d'archéologie de la Manche, Mélanges, 16e série, n° 74, 1987-89
  • Laurent Bouvier, Les Biards Canada, auto-édité, 2022

Notes et références

  1. Plaque commémorative, fondue par Cornille-Havard de Villedieu-les-Poêles, datée du 27 mai 1984, près du parvis de l'église Saint-Pierre du Mont-Saint-Michel
  2. Lieu historique national du Canada de Port-la-Joye- Fort-Amherst, Parc Canada, 2009.
  3. Gilbert Pilleul, Les premiers Français au Québec, Archives & Culture, 2008, p. 72.
  4. Claude Corbo, « Alexis de Tocqueville et le Bas-Canada en 1831 », Encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique française, 2007.
  5. Ross Fox, « Design, Presentation Silver and Louis-Victor Fréret (1801-18979) in London and Montreal », Silver Society of Canada, vol. 16, 2013, p. 6-30 (lire en ligne).
  6. Frédéric Patard, Cherbourg, port du Titanic et des transatlantiques, La Presse de la Manche, 2011.
  7. « Ce Normand fait aimer le lait cru aux Canadiens », Ouest-France, 2 août 2019.
  8. Cadastre napoléonien, Archives départementales de la Manche.
  9. Nomenclature des hameaux, écarts et lieux-dits de la Manche, INSEE, 1954.
  10. 10,0 10,1 et 10,2 Annuaire officiel des abonnés au téléphone.
  11. 11,0 et 11,1 Carte IGN au 1 : 25 000.
  12. Natural Resources Canada, site internet (voir en ligne)
  13. Boucherville est une ville québécoise de l'agglomération de Longueil, fondée sur les rives du Saint-Laurent en 1667 par le Percheron Pierre Boucher.

Articles connexes