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Julien et Marguerite de Ravalet

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Marguerite et les amours

Julien et Marguerite de Ravalet sont les enfants de Jean III de Ravalet, seigneur de Tourlaville. Ils ont été exécutés le 2 décembre 1603 en place de Grève à Paris pour adultère et inceste.

Leur histoire

La « chambre bleue » : représentation artistique de la scène où, prétend-on, le mari surprit l'intimité des deux amants.

Julien de Ravalet naît en 1582 et Marguerite en 1586 à Tourlaville, au sein d'une famille qui compte onze frères et soeurs. Rapidement, leur complicité fraternelle mue en amour platonique, qui contraint leurs parents à les séparer. Ils envoient Julien au collège de Coutances à 13 ans. Trois ans plus tard, au retour de Julien, Marguerite, alors âgée de 14 ans, est mariée à Jean Lefèvre de Hautpitois, 45 ans, le 20 mars 1600 en l'église Notre-Dame de Tourlaville [1]. D'une famille anoblie en 1548, sa richesse provient de la charge de collecteur de l'impôt royal. Dans les derniers jours d'août 1601, Marguerite met au monde avant terme une fillette prénommée Louise, qui est baptisée le 4 septembre en l'église Saint-Malo de Valognes [1]. Elle a 14 ans et 8 mois [1].

Son mariage n'est pas heureux et elle fuit le château conjugal, pour retrouver son frère. Ils se cachent à Fougères puis à Paris. Ils sont arrêtés le 9 septembre 1603, sur demande de Jean Lefèvre, elle à l'Hostellerie Saint-Leu, 111 rue Saint-Denis, lui rue Tirechape [1]. Le procès commence le 19 septembre devant le Grand Châtelet de Paris [1]. Marguerite et Julien sont jugés pour adultère et inceste, accusations qu'ils nient. Marguerite accouche le 25 septembre, dans sa prison du Châtelet, de son deuxième enfant : un garçon prénommé... Julien [1]. Elle a 16 ans et 9 mois. Le 5 novembre, Marguerite et Julien sont reconnus coupables et condamnés à la question, qui ne sera pas finalement exécutée [1]. Les deux jeunes gens ayant fait appel, le procès vient devant la Tournelle du Parlement de Paris du 24 au 27 novembre [1]. Le 1er décembre, le frère et la sœur sont finalement condamnés à la décapitation [1]. Malgré une requête de grâce de leur père directement auprès du roi Henri IV faite le même jour, ils sont exécutés le 2 décembre 1603 au matin, en place de Grève à Paris. Le roi aurait dit, selon Pierre de l'Estoile dans son Journal du règne de Henry IV, roi de France et de Navarre, « si la femme n'eût point été mariée il lui eût volontiers donné sa grâce, mais que l'étant il ne le pouvait » [2].

Épitaphe.

Ils sont enterrés dans l'église de Saint-Jean-en-Grève de Paris, avec l'épitaphe « Ci gisent le frère et la sœur. Passant ne t'informe pas de la cause de leur mort, mais passe et prie Dieu pour leur âmes ».

Après l'exécution, leur père Jean III multiplie les actes de bienfaisance envers les pauvres et les dotations aux églises. Ainsi, fait-il construire en 1623 un couvent de Bénédictines au 32 rue au Fourdray à Cherbourg, dont Charlotte de La Vigne, sœur de son épouse, est la première abbesse. L'année suivante, la peste qui s'abat sur la ville atteint quelques sœurs et perçoit les religieuses à s'établir, temporairement puis définitivement, à Valognes, dans le couvent qui prend le titre jusqu'en 1789 de Notre-Dame-de-Protection. L'oncle des condamnés, Jean II, ancien propriétaire du château de Tourlaville et abbé de Hambye, se démet de son abbaye et de sa charge de chantre de la cathédrale de Coutances [3].

Les deux enfants de Marguerite sont confiés à la garde à ses parents [1]. Louise devint bénédictine et on ne connaît pas le sort de Julien [1].

Leur légende

Le musée Thomas-Henry de Cherbourg-Octeville abrite une peinture, Marguerite et les amours, attribuée à Pierre Mignard. Sur celui ci on voit une châtelaine entourée d'amours, mais n'en regardant qu'un, aux ailes rouge sang, est disant « un me suffit ».

Outre Jules Barbey d'Aurevilly, avec Une page d'histoire, ce drame a inspiré une pièce, ’Tis Pity She's A Whore, à l'écrivain anglais John Ford au XVIIe siècle, et à François Truffaut le projet Julien et Marguerite[4]. Mais le scénario, écrit avec Jean Gruault, est abandonné en 1973. Il est repris en 2014 par la réalisatrice Valérie Donzelli, avec Anaïs Demoustier et Jérémie Elkaïm dans les rôles principaux de Marguerite et Julien.

Bibliographie

par ordre chronologique de parution
  • Philippe du Pré, Supplice d'un frère et d'une sœur décapités en Grève pour adultère et inceste, à Paris, du Pré, imprimeur-libraire, Paris, 1604
  • François de Rosset, Des amours incestueuses d'un frère et d'une sœur et de leur fin malheureuse et tragique, 1619
  • Jules Barbey d'Aurevilly, Une page d’histoire, éd. Lemerre, 1887 (lire en ligne)
  • 'Anonyme, 'Lettres de Marguerite et de Julien, 1890 (un faux, selon Tancrède Martel [1])
  • Paul Lecacheux, Le Procès des Ravalet, Impr. Le Tual, Saint-Lô, 1911 (lire en ligne)
  • Tancrède Martel, Julien et Marguerite de Ravalet, éd. Lemerre, 1920, réédité en 1992 chez Isoète
  • Claude Pasteur, « Julien et Marguerite », Elle, n° 1056, mars 1966
  • Augustin Le Maresquier, Le Château de Tourlaville. Histoire et légende des Ravalet, éd. La Dépêche, 1969
  • Colette Piat, Julien et Marguerite. Les Amants maudits de Tourlaville, éd. Albin Michel, 1985
  • Michel Carmona, Une affaire d'inceste, Julien et Marguerite Ravalet, Librairie Académique Perrin, 1987
  • Maurice Lecœur, L'affaire de Tourlaville, éd. Delmas, 1992
  • Yves Jacob, Les Anges maudits de Tourlaville, éd. Presses de la Cité, 2004
  • Claude Charmes, Marguerite et Julien : les enfants de Tourlaville, éd. Isoète, 2007

Notes et références

  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 et 1,11 Tancrède Martel, Julien et Marguerite de Ravalet, un drame passionnel sous Henri IV, éd. Alphonse Lemerre, réédité en 1992 aux éditions Isoète.
  2. Pierre de l'Estoile, Mémoire-Journal du règne d'Henri IV, décembre 1603.
  3. Jean Fleury et Hippolyte Vallée, Cherbourg et ses environs : nouveau guide du voyageur à Cherbourg. Cherbourg : Impr. de Noblet, 1839.
  4. Julien et Marguerite, Le cinéma à quatre mains, Bibliothèque du film de Paris

Sources

Liens internes