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Journal de Cherbourg

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Premier numéro.

Le Journal de Cherbourg est un ancien journal de la Manche, basé à Cherbourg.

Il paraît de 1833 à 1862.

Il est considéré comme le premier journal de Cherbourg.

Histoire

D'abord imprimé par Boulanger, Le Journal de Cherbourg est initialement une simple feuille d'annonces, qui a son bureau rue des Bastions à Cherbourg [1]. Son premier numéro paraît le dimanche 3 mars 1833.

Avec le numéro du 1er septembre 1833, il prend pour titre Le Journal de Cherbourg et du département de la Manche [1], et accroît son format. Il entend désormais, dit-il, faire profiter « des bienfaits de la presse locale » « toutes les villes, toutes les communes, et jusqu'au dernier hameau du département de la Manche » [2]. Il assure, que, n'étant « point gens de parti », son indépendance « est complète vis-à-vis des administrateurs comme vis-à-vis des administrés » [2].

Il se développe sous l'impulsion d'Alexandre-Auguste de Berruyer en un hebdomadaire au format in 4°, puis grand in folio en 1836, à l'image des titres parisiens.

S'affirmant « non politique », mais commercial, maritime, agricole, judiciaire et littéraire, ses rédacteurs s'expliquent : « Pour nous, Bas-Normands, qui préférons le positif et un bien réel à toutes les plus belles utopies, la Presse politique, en province, est le plus souvent superflue, quand elle ne sert pas à alimenter l'esprit de parti. Or, nous croirions manquer à nos devoirs de citoyens si, au moment où les passions politiques semblent près de s'éteindre, nous nous exposions à ce qu'il s'échappe de notre plume une seule ligne qui les fit revivre ou se ranimer, ne fut-ce que pour quelques instants »[3].

À partir du 10 avril 1836, il est édité par Beaufort et Lecault, imprimeurs, 9 quai du Bassin [1], et Vérusmor en prend la direction du 17 avril 1836 à septembre 1837.

À partir du 14 janvier 1838, il se politise en adoptant le camp de l'opposition constitutionnelle. Sa profession de foi affirme que le journal « a toujours appartenu à la fraction la plus avancée, celle qui veut le progrès et le bonheur de l'humanité » [1]. Son nouveau rédacteur en chef est Jean Fleury, qui restera en poste jusqu'en 1841 [4].

Il paraît à partir de 1839 les jeudis et dimanches.

En 1848, il s'oppose au prince Napoléon, candidat à la présidence de la République, « parce que Napoléon n'est qu'un nom, qu'un nom n'est pas un homme et qu'il faut un homme à la France », et s'intitule « l'Organe des vœux et des intérêts du peuple ». Est-ce son influence ? L'arrondissement de Cherbourg vote à 4 465 voix pour le républicain conservateur Cavaignac, soutenu par Alexis de Tocqueville, contre 2 325 à Louis-Napoléon Bonaparte [3].

En représailles, il est suspendu après le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte [5]. Le sous-préfet de Cherbourg s'en félicite aussitôt : « Le coup d’État, en faisant rentrer dans le néant les feuilles immondes du socialisme, nous débarrasse de cet organe avoué de l’extrême-démocratie, pamphlet ignoble qui déversait l’injure et l’outrage contre la personne du prince, son gouvernement et tous les principes sociaux » [6].

En 1857, Le Journal de Cherbourg change d'imprimeur, passant de Feuardent à Coupey [7], « un homme dévoué à l'ordre et au gouvernement », selon le préfet de la Manche le 4 novembre 1859 [7].

En juin 1861, dans son rapport sur la presse politique de la Manche, l'inspecteur général de la Librairie et de l'imprimerie Gallis écrit que le journal « a fait du républicanisme exalté depuis 1848 et s'est trouvé réduit peu à peu aux plus mineures proportions. Acheté récemment par M. Bonfils, négociant, jeune homme intelligent, légitimiste, paraissant franchement rallié, on est en droit d'attendre de bons résultats de cette feuille qui, fondée en 1833, fit de l'opposition au gouvernement de Juillet, devint socialiste en 1848, cessa de paraître pendant plusieurs mois, puis se transforma en journal commercial et littéraire » [8].

Tracassé par l'administration et concurrencé par Le Phare et La Vigie, il cesse de paraître en 1862 [3].

Rédacteurs

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 et 1,3 Gaston Lavalley, Bibliographie des journaux normands, Louis Jouan éd., 1910.
  2. 2,0 et 2,1 Le Journal de Cherbourg, 1er septembre 1833.
  3. 3,0 3,1 et 3,2 Gustave Féron, « La presse et le théâtre », Cherbourg et le Cotentin, impr. Le Maout, 1905, p. 472-474.
  4. « Une censurée de La Croix de la Manche », Le Didac'doc, n° 56, février 2015.
  5. Olivier Jouault, « Proclamation d'un sous-préfet destitué (Valognes, 24 février 1849) », Le Didac'doc', n° 48 , avril 2014.
  6. Jean Quellien et Christophe Mauboussin, Journaux de 1786 à 1944 – L’Aventure de la presse écrite en Basse- Normandie, CRL de Basse-Normandie et Cahiers du temps, 1998.
  7. 7,0 et 7,1 Le Didac'doc, n° 56, février 2015.
  8. Jean Quellien et Christophe Mauboussin, L'Aventure de la presse écrite en Basse-Normandie (Journaux de 1786 à 1944), CRL Basse-Normandie et Cahiers du temps, 1998.

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