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== Étymologie ==
== Étymologie ==


'''Joganville au temps de la Révolution Française'''
==Géographie==
(Source : E. Bridrey, Cahiers de doléances, Tome 2, 1908).
===Topographie de Joganville au début du XIX{{e}} siècle===
;Du bourg au hameau Es Verts
Le cadastre conservé dans le grenier de la mairie date très probablement du début du XIX{{e}} siècle, époque au cours de laquelle Napoléon Ier a repris en main l'administration fortement désorganisée suite à la Révolution. Il est restauré dans les années 1920 par un atelier de cartographie situé à Dôle (Jura).
Le cadastre de Joganville offre une vue bien différente du village que nous connaissons aujourd'hui.<br>
La route principale qui traverse le village d'Est en Ouest est très sinueuse, on distingue le tracé actuel, réalisé au crayon.<br>
Le Moulin Canivet n'est pas encore doté de ses dépendances.<br>
Les hameaux Picard et Es Verts ont moins d'habitations qu'à l'heure actuelle, ce qui, nous le verrons plus bas, n'est pas forcément une évidence.
;De la Lande Magon au hameau Maupertus
Il n'y a qu'un seul bâtiment à la Lande Magon.
Le hameau Joret compte plus d'une dizaine d'édifices de toutes sortes, dont deux boulangeries et une maison flanquée d'une tour. Seules six de ces constructions, parfois amputées, restent aujourd'hui visibles.


Vers 1789, la commune compte environ 130 habitants. Le 1er mars de cette même année, 28 personnes du village se réunissent pour rédiger leurs doléances au roi de France, Louis XVI. Une quinzaine de points sont évoqués.
Auberville ne constitue pas encore une cour fermée sur tous les côtés comme c'est le cas de nos jours et plusieurs maisons aujourd'hui disparues donnent sur le chemin qui mène au bourg.


Comme beaucoup d’autres, les Joganvillais se plaignent de la répartition des impôts qui ne pèsent pas de manière identique sur chaque citoyen, mais certaines revendications sont plus spécifiques à la commune et à sa position géographique.
Le manoir de La Cour n'a pas encore d'accès sur l'actuelle route départementale 115 : on remarque très bien l'allée qui le reliait directement à l'église, en passant à hauteur du moulin.


Les habitants demandent au roi de favoriser l’agriculture. Ils veulent qu’on arrête « d’enlever les hommes les plus utiles à ce travail pour les mettre sur la mer ». Au XVIIIème siècle, les gardes côtes sont tirés au sort dans les paroisses proches des rivages. Ainsi, en 1787, Joganville fournit 10 garçons et un canonnier à la compagnie de gardes côtes de Saint Floxel. Ces jeunes gens n’ont pas l’habitude de la mer et sont donc plus vulnérables, les décès sont fréquents. Les Joganvillais  réclament également la destruction des colombiers car les pigeons ravagent les cultures. En outre, ils souhaitent pouvoir brasser et vendre leur cidre librement.
Enfin, un hameau aujourd'hui disparu est visible à l'Ouest, en haut du plan. Constitué de quelques maisons, il correspond aujourd'hui au petit bosquet que l'on aperçoit derrière La Cour depuis le cimetière. Le "chemin rural n°7" qui donnait sur l'actuelle route départementale 63e en était l'accès.


Enfin, les villageois demandent à ce que l’entretien de l’église et des presbytères ne pèse plus sur eux mais soit à la charge des curés de la paroisse. Vers 1789, la commune compte en effet deux curés et deux presbytères. Cette plainte semble cependant infondée. Les deux presbytères ont été reconstruits à neuf après 1757, l’église est entretenue par les curés, la couverture du bâtiment a d’ailleurs été refaite en 1786. Il y a donc probablement peu de frais qui pèsent sur les villageois pour l’entretien des édifices liés au culte.
==Histoire==
;Joganville au temps de la Révolution
(Source : E. Bridrey, Cahiers de doléances, Tome 2, 1908).


Comme des milliers d’autres, les doléances des Joganvillais seront examinées lors des Etats Généraux à Paris, mais les membres de cette assemblée, en particulier les représentants du Tiers Etat, oublieront très vite les revendications locales pour réclamer de profonds changements politiques.
Vers [[1789]], la commune compte environ 130 habitants. Le [[1er mars|1{{er}} mars]] de cette même année, 28 personnes du village se réunissent pour rédiger leurs doléances au roi de France, Louis XVI. Une quinzaine de points sont évoqués.
Auteur du texte : Gilles Schmitt.


Comme beaucoup d’autres, les Joganvillais se plaignent de la répartition des impôts qui ne pèsent pas de manière identique sur chaque citoyen, mais certaines revendications sont plus spécifiques à la commune et à sa position géographique.


Les habitants demandent au roi de favoriser l’agriculture. Ils veulent qu’on arrête « d’enlever les hommes les plus utiles à ce travail pour les mettre sur la mer ». Au XVIII{{e}} siècle, les gardes côtes sont tirés au sort dans les paroisses proches des rivages. Ainsi, en [[1787]], Joganville fournit 10 garçons et un canonnier à la compagnie de gardes côtes de [[Saint-Floxel]]. Ces jeunes gens n’ont pas l’habitude de la mer et sont donc plus vulnérables, les décès sont fréquents. Les Joganvillais réclament également la destruction des colombiers car les pigeons ravagent les cultures. En outre, ils souhaitent pouvoir brasser et vendre leur cidre librement.


Enfin, les villageois demandent à ce que l’entretien de l’église et des presbytères ne pèse plus sur eux mais soit à la charge des curés de la paroisse. A cette époque, la commune compte en effet deux curés et deux presbytères. Cette plainte semble cependant infondée. Les deux presbytères ont été reconstruits à neuf après [[1757]], l’église est entretenue par les curés, la couverture du bâtiment a d’ailleurs été refaite en [[1786]]. Il y a donc probablement peu de frais qui pèsent sur les villageois pour l’entretien des édifices liés au culte.


Comme des milliers d’autres, les doléances des Joganvillais seront examinées lors des Etats Généraux à Paris, mais les membres de cette assemblée, en particulier les représentants du Tiers Etat, oublieront très vite les revendications locales pour réclamer de profonds changements politiques.


'''Topographie de Joganville au début du 19ème siècle'''
;Joganville pendant la Première Guerre mondiale
 
   
   
En août [[1914]], lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, notre village compte 80 habitants environ. La mobilisation générale touche évidemment les hommes de la commune, dont deux conseillers municipaux, Edouard Marie et Auguste Lecaplain.


  Du bourg au Hameau Es Verts
Rapidement, le conflit fait ses premières victimes : dès le [[4 septembre]] [[1914]], Auguste Lefevre, soldat au 77{{e}} Régiment d’Infanterie Territoriale, meurt à l’hôpital maritime de [[Cherbourg]], à l’âge de 39 ans. Trois autres habitants du village connaîtront le même sort. Le [[11 juin]] [[1915]], Auguste Houet, âgé de 28 ans, meurt sur le champ de bataille à Rodincourt (Pas-de-Calais). Auguste Lorimier, militaire de carrière, né à [[Émondeville]] mais domicilié à Joganville, meurt le [[20 octobre]] [[1916]] à l’âge de 36 ans. Enfin, Désiré Houet, meurt de ses blessures à Lassigny (Oise) le [[19 août]] [[1918]], à l’âge de 29 ans.
   
   
Le cadastre conservé dans le grenier de la mairie date très probablement du début du 19ème siècle, époque au cours de laquelle Napoléon Ier a repris en main l'administration fortement désorganisée suite à la Révolution Française. Il a été restauré dans les années 1920 par un atelier de cartographie situé à Dôle, dans le Jura.
La Première Guerre Mondiale est une guerre totale : il n’y a pas que les soldats qui sont concernés, toute la population participe à l’effort de guerre, notamment au travers des réquisitions.
Le cadastre de Joganville offre une vue bien différente du village que nous connaissons aujourd'hui.
La route principale qui traverse le village d'Est en Ouest est très sinueuse, on distingue le tracé actuel, réalisé au crayon.
Le Moulin Canivet n'est pas encore doté de ses dépendances.
Les Hameaux Picard et Es Verts ont moins d'habitations qu'à l'heure actuelle, ce qui, nous le verrons plus bas, n'est pas forcément une évidence.
De la Lande Magon au Hameau Maupertus
Il n'y a qu'un seul bâtiment à la Lande Magon.
Le Hameau Joret compte plus d'une dizaine d'édifices de toutes sortes, dont deux boulangeries (103 et 94) et une maison flanquée d'une tour. Seules six de ces constructions, parfois amputées, restent aujourd'hui visibles.


Auberville ne constitue pas encore une cour fermée sur tous les côtés comme c'est le cas de nos jours et plusieurs maisons aujourd'hui disparues donnent sur le chemin qui mène au bourg.
Dès le début de la guerre, dans chaque canton est créée une commission de réception, chargée de transmettre aux communes les ordres de réquisition et les quantités globales qu’elles doivent fournir. Dans notre canton, cette commission est dirigée par monsieur Frigot de [[Saint-Floxel]]. Une fois l’ordre reçu, une commission municipale de réquisition, composée du maire et des quatre conseillers municipaux ayant obtenu le plus de voix aux dernières élections  municipales, doit se réunir pour répartir entre tous les habitants la quantité de biens exigée par l’armée. Les réquisitions les plus fréquentes dans les archives du village portent sur le foin et la paille à une époque où les déplacements se font encore surtout à cheval. En [[1917]] par exemple, la Manche doit fournir 75.000 quintaux de foin, répartis entre toutes les communes en fonction du nombre d’hectares en prairie qu’elles possèdent.


Le Manoir de La Cour n'a pas encore d'accès sur l'actuelle départementale 115 : on remarque très bien l'allée (46) qui le reliait directement à l'église, en passant à hauteur du moulin.
Cette année-là, à Joganville, 12 cultivateurs vont donc fournir 40 quintaux de foin.<br>
Les marchandises réquisitionnées à Joganville sont généralement transportées par les propriétaires eux-mêmes vers la gare de [[Montebourg]] où elles sont expédiées. Outre le fourrage, d’autres marchandises sont réquisitionnées : la laine, des bovins, « en bon état d’engraissement », des porcs, des moutons. En [[1915]], « tous les sabots couverts en bois, pointure <ref>exprimée en centimètres</ref> 27 à 32 », sont réquisitionnés.<br>
Alors que la guerre est de plus en plus difficile et que le conflit s’enlise, les réquisitions sont de plus en plus sévères pour les habitants. En août [[1918]], la totalité de la récolte de pommes de terre est réquisitionnée par l’armée, à l’exception des besoins liés au prochain « ensemencement et à la consommation domestique jusqu’à la prochaine récolte ». La même année, le Président de la commission de réception, monsieur. Frigot, rappelle à l’ordre le maire de Joganville en lui rappelant qu’une partie du foin réquisitionné par l’armée n’a pas été livrée en temps et en heure à la gare de Montebourg. Le maire lui-même est concerné, ainsi que 9 autres Joganvillais.


Enfin, un hameau aujourd'hui disparu est visible à l'Ouest, en haut du plan. Constitué de quelques maisons, il correspond aujourd'hui au petit bosquet que l'on aperçoit derrière La Cour depuis le cimetière. Le "chemin rural n°7" qui donnait sur l'actuelle départementale 63e en était l'accès.
Régulièrement, le conseil municipal vote le versement d’une aide financière pour financer la guerre, de sa propre initiative ou suite à une demande faite par une association d’aides aux soldats, aux blessés ou aux réfugiés. Le [[22 novembre]] [[1914]] par exemple, une somme de 150 francs est prélevée du budget lié à l’entretien des routes et allouée aux œuvres militaires « dont 100 francs pour achat de vêtements chauds pour nos soldats et 50 francs pour secours aux réfugiés belges et français ».
Auteur du texte et des photos: Gilles Schmitt. Sources: archives de la mairie.
La guerre coûte cher, la France organise plusieurs emprunts nationaux entre [[1914]] et [[1918]], mais certains Français rechignent à échanger leur or contre un bout de papier. Les maires sont mis à contribution par les autorités pour faire changer d’avis les récalcitrants.<br>
Le [[10 avril]] [[1916]], le Préfet de la Manche écrit ainsi : ''« Entendez-vous avec le curé, avec l’instituteur, avec les personnes intelligentes de votre commune […]. Vous savez parfaitement quels sont, parmi vos concitoyens, ceux d’entre eux qui doivent posséder de l’or, ceux aussi qui, disposant de sommes importantes, les gardent chez eux. […] Vous irez les voir vous-même et ceux que vous aurez associés à votre initiative, vous leur expliquerez que, en s’isolant ainsi de tous les bons français, ils font un mauvais calcul. […] Je serais heureux, monsieur le maire, d’être tenu au courant de vos efforts et des résultats qu’ils auront donnés »''.


 
==Démographie==
 
===La population de Joganville au XIX{{e}} siècle===
'''La population de Joganville au 19ème siècle'''


Officiellement, notre commune compte 108 habitants. Si depuis une dizaine d’années la population du village augmente, nous sommes bien loin du nombre d’habitants vivant au village au milieu du 19ème siècle.
Officiellement, notre commune compte 108 habitants. Si depuis une dizaine d’années la population du village augmente, nous sommes bien loin du nombre d’habitants vivant au village au milieu du 19ème siècle.


Les premières données concernant la démographie à Joganville remontent au 18ème siècle. En 1722, 38 feux sont recensés, c’est-à-dire 38 foyers, mais il est délicat d’en déduire un nombre d’habitants. Ce n’est qu’après la Révolution Française que l’administration arrête de comptabiliser les feux, les foyers, pour compter les individus, dès lors les chiffres commencent à être plus précis. Mais les recensements restent toutefois assez sommaires, et surtout irréguliers : il y en a un en 1806, un autre en 1821, puis en 1826, mais il s’agit surtout de reprendre les informations du précédent, afin d’éviter « une opération qui entraînerait des retards et des embarras ». En 1836 est ordonné dans tout le royaume le recensement par familles et par individus, sur des listes nominatives : à partir de cette date, et cela tous les cinq ans, les recensements vont se sont succéder en France de manière précise, régulière, jusqu’en 1946 où a lieu le dernier dénombrement de ce type[1].
Les premières données concernant la démographie à Joganville remontent au XVIII{{e}} siècle. En [[1722]], 38 feux sont recensés, c’est-à-dire 38 foyers, mais il est délicat d’en déduire un nombre d’habitants. Ce n’est qu’après la Révolution que l’administration arrête de comptabiliser les feux, les foyers, pour compter les individus, dès lors les chiffres commencent à être plus précis. Mais les recensements restent toutefois assez sommaires, et surtout irréguliers : il y en a un en [[1806]], un autre en [[1821]], puis en [[1826]], mais il s’agit surtout de reprendre les informations du précédent, afin d’éviter « une opération qui entraînerait des retards et des embarras ». En [[1836]] est ordonné dans tout le royaume le recensement par familles et par individus, sur des listes nominatives : à partir de cette date, et cela tous les cinq ans, les recensements vont se sont succéder en France de manière précise, régulière, jusqu’en [[1946]] où a lieu le dernier dénombrement de ce type <ref>Philippe Pinchemel - Les listes nominatives des recensements de population, in Revue du Nord, Tome 36, n°142, avril-juin 1954, p.420 sq..</ref>
 
 
En 1832, Joganville compte 158 habitants, 169 en 1837, 140 en 1842, puis la population dépasse pour la première fois 200 personnes, atteignant 214 individus entre 1847 et 1850. Ensuite, le nombre d’habitants ne cesse de diminuer, en 1914, il n’est plus que de 80 personnes.


Extrait du dénombrement de la population de 1856 (archives de la mairie).
En [[1832]], Joganville compte 158 habitants, 169 en [[1837]], 140 en [[1842]], puis la population dépasse pour la première fois 200 personnes, atteignant 214 individus entre [[1847]] et [[1850]]. Ensuite, le nombre d’habitants ne cesse de diminuer, en [[1914]], il n’est plus que de 80 personnes.


Au 19ème siècle, les recensements sont effectués par le secrétaire de mairie. Outre le nom des habitants, on apprend aussi leur profession, leur âge et la composition de leur famille. L’enquête prévoyait aussi une case « observation », dans laquelle le maire pouvait noter des renseignements divers, comme un handicap physique ou une situation particulière, « à l’hospice pour maladie » ou « en prévention dans la maison d’arrêt ».
Au XIX{{e}} siècle, les recensements sont effectués par le secrétaire de mairie. Outre le nom des habitants, on apprend aussi leur profession, leur âge et la composition de leur famille. L’enquête prévoyait aussi une case « observation », dans laquelle le maire pouvait noter des renseignements divers, comme un handicap physique ou une situation particulière, « à l’hospice pour maladie » ou « en prévention dans la maison d’arrêt ».


En 1846, au moment où notre commune atteint sa population maximale, le village est divisé en cinq hameaux, 214 personnes se répartissent dans 46 maisons.
En [[1846]], au moment où notre commune atteint sa population maximale, le village est divisé en cinq hameaux, 214 personnes se répartissent dans 46 maisons.


Le « Hameau Veret » compte 2 maisons, 19 personnes y habitent, il s’agit de deux familles de cultivateurs, dont le maire adjoint de l’époque, Monsieur Folliot, âgé alors de 60 ans, père de 9 enfants.
Le « Hameau Veret » compte 2 maisons, 19 personnes y habitent, il s’agit de deux familles de cultivateurs, dont le maire adjoint de l’époque, monsieur Folliot, âgé alors de 60 ans, père de 9 enfants.


Au Hameau Picard se dressent 8 maisons. 29 personnes y demeurent. Outre le Maire, Jean Macé, qui emploie un domestique et une servante, on trouve un tisserand et plusieurs cultivateurs, dont deux emploient aussi des domestiques.
Au hameau Picard se dressent 8 maisons. 29 personnes y demeurent. Outre le Maire, Jean Macé, qui emploie un domestique et une servante, on trouve un tisserand et plusieurs cultivateurs, dont deux emploient aussi des domestiques.


Le village de l’église compte 18 maisons et 83 personnes. Aux côtés des cultivateurs et de deux meuniers, aisés et entourés de domestiques, se trouvent plusieurs familles de journaliers, un couvreur, des couturières.
Le village de l’église compte 18 maisons et 83 personnes. Aux côtés des cultivateurs et de deux meuniers, aisés et entourés de domestiques, se trouvent plusieurs familles de journaliers, un couvreur, des couturières.


Le Hameau Maupertus, aujourd’hui disparu, compte 6 foyers. C’est dans cette partie du village que se trouvent les personnes les plus pauvres de la commune : quatre des quinze habitants sont qualifiés de « très indigent et très infirme ».
Le hameau Maupertus, aujourd’hui disparu, compte 6 foyers. C’est dans cette partie du village que se trouvent les personnes les plus pauvres de la commune : quatre des quinze habitants sont qualifiés de « très indigents et très infirmes ».


Le Hameau Joret concentre 68 personnes réparties sur 12 habitations.
Le hameau Joret concentre 68 personnes réparties sur 12 habitations.


Dix ans plus tard, le dénombrement de 1856 donne une physionomie encore un peu plus précise de notre village. Il compte désormais 49 maisons, trois sont couvertes en « tuiles, ardoises ou zinc », les 46 autres en chaume. La plupart n’ont qu’un rez-de-chaussée, huit ont un étage. Il y a 98 hommes, 89 femmes, soit 187 habitants au total. Parmi eux, on trouve 32 propriétaires qui exploitent directement leurs terres, 11 fermiers qui louent les terres qu’ils cultivent, 32 journaliers ou domestiques, trois maçons ou charpentiers, trois couturières, deux meuniers, deux prêtres et une maîtresse d’école. Le Hameau Maupertus, faiblement peuplé, est encore habité, pour l’instant, nous ne savons pas à quel moment il a disparu…
Dix ans plus tard, le dénombrement de [[1856]] donne une physionomie encore un peu plus précise de notre village. Il compte désormais 49 maisons, trois sont couvertes en « tuiles, ardoises ou zinc », les 46 autres en chaume. La plupart n’ont qu’un rez-de-chaussée, huit ont un étage. Il y a 98 hommes, 89 femmes, soit 187 habitants au total. Parmi eux, on trouve 32 propriétaires qui exploitent directement leurs terres, 11 fermiers qui louent les terres qu’ils cultivent, 32 journaliers ou domestiques, trois maçons ou charpentiers, trois couturières, deux meuniers, deux prêtres et une maîtresse d’école. Le Hameau Maupertus, faiblement peuplé, est encore habité, pour l’instant, nous ne savons pas à quel moment il a disparu…


Auteur du texte et des photos: Gilles Schmitt. Sources: archives de la mairie.
En 180 ans, la population du canton de Montebourg a été divisée par deux. Canton longtemps marqué par une forte identité agricole, qui perdure aujourd'hui encore, cette évolution peut probablement s'expliquer par l'exode rural lié aux changements techniques et économiques dans le secteur primaire.
[1] Philippe PINCHEMEL, Les listes nominatives des recensements de population, in Revue du Nord, Tome 36, n°142, avril-juin 1954, p.420 sq.
 
 
 
 
'''Joganville pendant la Première Guerre Mondiale'''
   
   
En août 1914, lorsqu’éclate la Première Guerre Mondiale, notre village compte 80 habitants environ. La mobilisation générale touche évidemment les hommes de la commune, dont deux conseillers municipaux, Edouard Marie et Auguste Lecaplain.
Joganville a toujours été une des plus petites communes du canton, à l'exception notable des années [[1850]]-[[1880]], ainsi, en [[1879]]-[[1880]], sa population est plus importante que dans 8 autres communes.


Rapidement, le conflit fait ses premières victimes : dès le 4 septembre 1914, Auguste Lefevre, soldat au 77ème Régiment d’Infanterie Territoriale, meurt à l’hôpital maritime de Cherbourg, à l’âge de 39 ans. Trois autres habitants du village connaîtront le même sort. Auguste Houet, âgé de 28 ans, meurt sur le champ de bataille à Rodincourt (Pas de Calais) le 11 juin 1915. Auguste Lorimier, militaire de carrière, né à Emondeville mais domicilié à Joganville, meurt le 20 octobre 1916 à l’âge de 36 ans. Enfin, Désiré Houet, meurt de ses blessures à Lassigny (Oise) le 19 août 1918, à l’âge de 29 ans.
En [[2017]], Joganville compte 108 habitants.


Les réquisitions en nature
Auteur du texte et des photos: Gilles Schmitt. Sources: archives de la mairie.
La Première Guerre Mondiale est une guerre totale : il n’y a pas que les soldats qui sont concernés, toute la population participe à l’effort de guerre, notamment au travers des réquisitions.
 
Dès le début de la guerre, dans chaque canton est créée une Commission de Réception, chargée de transmettre aux communes les ordres de réquisition et les quantités globales qu’elles doivent fournir. Dans notre canton, cette commission est dirigée par M. Frigot, de Saint Floxel. Une fois l’ordre reçu, une Commission Municipale de Réquisition, composée du maire et des quatre conseillers municipaux ayant obtenu le plus de voix aux dernières    élections  municipales, doit se réunir pour répartir entre tous les habitants la quantité de biens exigée par l’armée. Les réquisitions les plus fréquentes dans les archives du village portent sur le foin et la paille à une époque où les déplacements se font encore surtout à cheval. En 1917 par exemple, la Manche doit fournir 75 000 quintaux de foin, répartis entre toutes les communes en fonction du nombre d’hectares en prairie qu’elles possèdent.
       
Cette année là, à Joganville, 12 cultivateurs vont donc fournir 40 quintaux de foin comme le montre l’état de répartition reproduit page précédente.
Les marchandises réquisitionnées à Joganville sont généralement transportées par les propriétaires eux-mêmes vers la gare de Montebourg où elles sont expédiées. Outre le fourrage, d’autres marchandises sont réquisitionnées. La laine, comme le montre l’ordre de réquisition ci-dessous, des bovins, « en bon état d’engraissement », des porcs, des moutons. En 1915, « tous les sabots couverts en bois, pointure 27 à 32 », sont réquisitionnés. (Pour les sabots, la pointure était exprimée en centimètres)
Alors que la guerre est de plus en plus difficile et que le conflit s’enlise, les réquisitions sont de plus en plus sévères pour les habitants. En août 1918, la totalité de la récolte de pommes de terre est réquisitionnée par l’armée, à l’exception des besoins liés au prochain « ensemencement et à la consommation domestique jusqu’à la prochaine récolte ». La même année, le Président de la Commission de Réception, M. Frigot, rappelle à l’ordre le Maire de Joganville en lui rappelant qu’une partie du foin réquisitionné par l’armée n’a pas été livrée en temps et en heure à la gare de Montebourg. Le Maire lui-même est concerné, ainsi que 9 autres Joganvillais.
L’argent




Régulièrement, le Conseil Municipal vote le versement d’une aide financière pour financer la guerre, de sa propre initiative ou suite à une demande faite par une association d’aides aux soldats, aux blessés ou aux réfugiés. Le 22 novembre 1914 par exemple, une somme de 150 francs est prélevée du budget lié à l’entretien des routes et allouée aux œuvres militaires « dont 100 francs pour achat de vêtements chauds pour nos soldats et 50 francs pour secours aux réfugiés belges et français ».


La guerre coûte cher, la France organise plusieurs emprunts nationaux entre 1914 et 1918, mais certains Français rechignent à échanger leur or contre un bout de papier. Les maires sont mis à contribution par les autorités pour faire changer d’avis les récalcitrants.
Le 10 avril 1916, le Préfet de la Manche écrit ainsi : « Entendez-vous avec le curé, avec l’instituteur, avec les personnes intelligentes de votre commune […]. Vous savez parfaitement quels sont, parmi vos concitoyens, ceux d’entre eux qui doivent posséder de l’or, ceux aussi qui, disposant de sommes importantes, les gardent chez eux. […] Vous irez les voir vous-même et ceux que vous aurez associés à votre initiative, vous leur expliquerez que, en s’isolant ainsi de tous les bons français, ils font un mauvais calcul. […] Je serais heureux, Monsieur le Maire, d’être tenu au courant de vos efforts et des résultats qu’ils auront donnés ».


Auteur du texte et des photos: Gilles Schmitt. Sources: archives de la mairie.
Auteur du texte et des photos: Gilles Schmitt. Sources: archives de la mairie.
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En 180 ans, la population du canton de Montebourg a été divisée par deux. Canton longtemps marqué par une forte identité agricole, qui perdure aujourd'hui encore, cette évolution peut probablement s'expliquer par l'exode rural lié aux changements techniques et économiques dans le secteur primaire.
Joganville a toujours été une des plus petites communes du canton, à l'exception notable des années 1850-1880, ainsi, en 1879-1880, sa population est plus importante que dans 8 autres communes.


En 2017, Joganville compte 108 habitants.


Auteur du texte: Gilles Schmitt. Sources: archives de la Manche.
Auteur du texte: Gilles Schmitt. Sources: archives de la Manche.

Version du 24 novembre 2020 à 23:32

Joganville est une commune du département de la Manche.

Commune de Joganville Coordonnées géographiques de la mairie Logo-Mairie.png
49° 28' 9.56" N, 1° 20' 57.24" W (OSM)
Arrondissement Cherbourg-Octeville
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Canton Valognes
Ancien canton Montebourg
Intercommunalité CA du Cotentin
Gentilé Joganvillais(es)
Population 94 hab. (2021)
Superficie 2,87 km²
Densité 33 hab./km2
Altitude 13 m (mini) - 34 m (maxi)
Code postal 50310
N° INSEE 50258
Maire Gilles Schmitt
Communes limitrophes de Joganville
Saint-Floxel Saint-Floxel Saint-Floxel, Saint-Marcouf
Écausseville Joganville Émondeville
Émondeville Émondeville Émondeville


Infrastructure et occupation des sols en 2018.

Étymologie

Géographie

Topographie de Joganville au début du XIXe siècle

Du bourg au hameau Es Verts

Le cadastre conservé dans le grenier de la mairie date très probablement du début du XIXe siècle, époque au cours de laquelle Napoléon Ier a repris en main l'administration fortement désorganisée suite à la Révolution. Il est restauré dans les années 1920 par un atelier de cartographie situé à Dôle (Jura).

Le cadastre de Joganville offre une vue bien différente du village que nous connaissons aujourd'hui.
La route principale qui traverse le village d'Est en Ouest est très sinueuse, on distingue le tracé actuel, réalisé au crayon.
Le Moulin Canivet n'est pas encore doté de ses dépendances.
Les hameaux Picard et Es Verts ont moins d'habitations qu'à l'heure actuelle, ce qui, nous le verrons plus bas, n'est pas forcément une évidence.

De la Lande Magon au hameau Maupertus

Il n'y a qu'un seul bâtiment à la Lande Magon. Le hameau Joret compte plus d'une dizaine d'édifices de toutes sortes, dont deux boulangeries et une maison flanquée d'une tour. Seules six de ces constructions, parfois amputées, restent aujourd'hui visibles.

Auberville ne constitue pas encore une cour fermée sur tous les côtés comme c'est le cas de nos jours et plusieurs maisons aujourd'hui disparues donnent sur le chemin qui mène au bourg.

Le manoir de La Cour n'a pas encore d'accès sur l'actuelle route départementale 115 : on remarque très bien l'allée qui le reliait directement à l'église, en passant à hauteur du moulin.

Enfin, un hameau aujourd'hui disparu est visible à l'Ouest, en haut du plan. Constitué de quelques maisons, il correspond aujourd'hui au petit bosquet que l'on aperçoit derrière La Cour depuis le cimetière. Le "chemin rural n°7" qui donnait sur l'actuelle route départementale 63e en était l'accès.

Histoire

Joganville au temps de la Révolution

(Source : E. Bridrey, Cahiers de doléances, Tome 2, 1908).

Vers 1789, la commune compte environ 130 habitants. Le 1er mars de cette même année, 28 personnes du village se réunissent pour rédiger leurs doléances au roi de France, Louis XVI. Une quinzaine de points sont évoqués.

Comme beaucoup d’autres, les Joganvillais se plaignent de la répartition des impôts qui ne pèsent pas de manière identique sur chaque citoyen, mais certaines revendications sont plus spécifiques à la commune et à sa position géographique.

Les habitants demandent au roi de favoriser l’agriculture. Ils veulent qu’on arrête « d’enlever les hommes les plus utiles à ce travail pour les mettre sur la mer ». Au XVIIIe siècle, les gardes côtes sont tirés au sort dans les paroisses proches des rivages. Ainsi, en 1787, Joganville fournit 10 garçons et un canonnier à la compagnie de gardes côtes de Saint-Floxel. Ces jeunes gens n’ont pas l’habitude de la mer et sont donc plus vulnérables, les décès sont fréquents. Les Joganvillais réclament également la destruction des colombiers car les pigeons ravagent les cultures. En outre, ils souhaitent pouvoir brasser et vendre leur cidre librement.

Enfin, les villageois demandent à ce que l’entretien de l’église et des presbytères ne pèse plus sur eux mais soit à la charge des curés de la paroisse. A cette époque, la commune compte en effet deux curés et deux presbytères. Cette plainte semble cependant infondée. Les deux presbytères ont été reconstruits à neuf après 1757, l’église est entretenue par les curés, la couverture du bâtiment a d’ailleurs été refaite en 1786. Il y a donc probablement peu de frais qui pèsent sur les villageois pour l’entretien des édifices liés au culte.

Comme des milliers d’autres, les doléances des Joganvillais seront examinées lors des Etats Généraux à Paris, mais les membres de cette assemblée, en particulier les représentants du Tiers Etat, oublieront très vite les revendications locales pour réclamer de profonds changements politiques.

Joganville pendant la Première Guerre mondiale

En août 1914, lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, notre village compte 80 habitants environ. La mobilisation générale touche évidemment les hommes de la commune, dont deux conseillers municipaux, Edouard Marie et Auguste Lecaplain.

Rapidement, le conflit fait ses premières victimes : dès le 4 septembre 1914, Auguste Lefevre, soldat au 77e Régiment d’Infanterie Territoriale, meurt à l’hôpital maritime de Cherbourg, à l’âge de 39 ans. Trois autres habitants du village connaîtront le même sort. Le 11 juin 1915, Auguste Houet, âgé de 28 ans, meurt sur le champ de bataille à Rodincourt (Pas-de-Calais). Auguste Lorimier, militaire de carrière, né à Émondeville mais domicilié à Joganville, meurt le 20 octobre 1916 à l’âge de 36 ans. Enfin, Désiré Houet, meurt de ses blessures à Lassigny (Oise) le 19 août 1918, à l’âge de 29 ans.

La Première Guerre Mondiale est une guerre totale : il n’y a pas que les soldats qui sont concernés, toute la population participe à l’effort de guerre, notamment au travers des réquisitions.

Dès le début de la guerre, dans chaque canton est créée une commission de réception, chargée de transmettre aux communes les ordres de réquisition et les quantités globales qu’elles doivent fournir. Dans notre canton, cette commission est dirigée par monsieur Frigot de Saint-Floxel. Une fois l’ordre reçu, une commission municipale de réquisition, composée du maire et des quatre conseillers municipaux ayant obtenu le plus de voix aux dernières élections municipales, doit se réunir pour répartir entre tous les habitants la quantité de biens exigée par l’armée. Les réquisitions les plus fréquentes dans les archives du village portent sur le foin et la paille à une époque où les déplacements se font encore surtout à cheval. En 1917 par exemple, la Manche doit fournir 75.000 quintaux de foin, répartis entre toutes les communes en fonction du nombre d’hectares en prairie qu’elles possèdent.

Cette année-là, à Joganville, 12 cultivateurs vont donc fournir 40 quintaux de foin.
Les marchandises réquisitionnées à Joganville sont généralement transportées par les propriétaires eux-mêmes vers la gare de Montebourg où elles sont expédiées. Outre le fourrage, d’autres marchandises sont réquisitionnées : la laine, des bovins, « en bon état d’engraissement », des porcs, des moutons. En 1915, « tous les sabots couverts en bois, pointure [1] 27 à 32 », sont réquisitionnés.
Alors que la guerre est de plus en plus difficile et que le conflit s’enlise, les réquisitions sont de plus en plus sévères pour les habitants. En août 1918, la totalité de la récolte de pommes de terre est réquisitionnée par l’armée, à l’exception des besoins liés au prochain « ensemencement et à la consommation domestique jusqu’à la prochaine récolte ». La même année, le Président de la commission de réception, monsieur. Frigot, rappelle à l’ordre le maire de Joganville en lui rappelant qu’une partie du foin réquisitionné par l’armée n’a pas été livrée en temps et en heure à la gare de Montebourg. Le maire lui-même est concerné, ainsi que 9 autres Joganvillais.

Régulièrement, le conseil municipal vote le versement d’une aide financière pour financer la guerre, de sa propre initiative ou suite à une demande faite par une association d’aides aux soldats, aux blessés ou aux réfugiés. Le 22 novembre 1914 par exemple, une somme de 150 francs est prélevée du budget lié à l’entretien des routes et allouée aux œuvres militaires « dont 100 francs pour achat de vêtements chauds pour nos soldats et 50 francs pour secours aux réfugiés belges et français ».

La guerre coûte cher, la France organise plusieurs emprunts nationaux entre 1914 et 1918, mais certains Français rechignent à échanger leur or contre un bout de papier. Les maires sont mis à contribution par les autorités pour faire changer d’avis les récalcitrants.
Le 10 avril 1916, le Préfet de la Manche écrit ainsi : « Entendez-vous avec le curé, avec l’instituteur, avec les personnes intelligentes de votre commune […]. Vous savez parfaitement quels sont, parmi vos concitoyens, ceux d’entre eux qui doivent posséder de l’or, ceux aussi qui, disposant de sommes importantes, les gardent chez eux. […] Vous irez les voir vous-même et ceux que vous aurez associés à votre initiative, vous leur expliquerez que, en s’isolant ainsi de tous les bons français, ils font un mauvais calcul. […] Je serais heureux, monsieur le maire, d’être tenu au courant de vos efforts et des résultats qu’ils auront donnés ».

Démographie

La population de Joganville au XIXe siècle

Officiellement, notre commune compte 108 habitants. Si depuis une dizaine d’années la population du village augmente, nous sommes bien loin du nombre d’habitants vivant au village au milieu du 19ème siècle.

Les premières données concernant la démographie à Joganville remontent au XVIIIe siècle. En 1722, 38 feux sont recensés, c’est-à-dire 38 foyers, mais il est délicat d’en déduire un nombre d’habitants. Ce n’est qu’après la Révolution que l’administration arrête de comptabiliser les feux, les foyers, pour compter les individus, dès lors les chiffres commencent à être plus précis. Mais les recensements restent toutefois assez sommaires, et surtout irréguliers : il y en a un en 1806, un autre en 1821, puis en 1826, mais il s’agit surtout de reprendre les informations du précédent, afin d’éviter « une opération qui entraînerait des retards et des embarras ». En 1836 est ordonné dans tout le royaume le recensement par familles et par individus, sur des listes nominatives : à partir de cette date, et cela tous les cinq ans, les recensements vont se sont succéder en France de manière précise, régulière, jusqu’en 1946 où a lieu le dernier dénombrement de ce type [2]

En 1832, Joganville compte 158 habitants, 169 en 1837, 140 en 1842, puis la population dépasse pour la première fois 200 personnes, atteignant 214 individus entre 1847 et 1850. Ensuite, le nombre d’habitants ne cesse de diminuer, en 1914, il n’est plus que de 80 personnes.

Au XIXe siècle, les recensements sont effectués par le secrétaire de mairie. Outre le nom des habitants, on apprend aussi leur profession, leur âge et la composition de leur famille. L’enquête prévoyait aussi une case « observation », dans laquelle le maire pouvait noter des renseignements divers, comme un handicap physique ou une situation particulière, « à l’hospice pour maladie » ou « en prévention dans la maison d’arrêt ».

En 1846, au moment où notre commune atteint sa population maximale, le village est divisé en cinq hameaux, 214 personnes se répartissent dans 46 maisons.

Le « Hameau Veret » compte 2 maisons, 19 personnes y habitent, il s’agit de deux familles de cultivateurs, dont le maire adjoint de l’époque, monsieur Folliot, âgé alors de 60 ans, père de 9 enfants.

Au hameau Picard se dressent 8 maisons. 29 personnes y demeurent. Outre le Maire, Jean Macé, qui emploie un domestique et une servante, on trouve un tisserand et plusieurs cultivateurs, dont deux emploient aussi des domestiques.

Le village de l’église compte 18 maisons et 83 personnes. Aux côtés des cultivateurs et de deux meuniers, aisés et entourés de domestiques, se trouvent plusieurs familles de journaliers, un couvreur, des couturières.

Le hameau Maupertus, aujourd’hui disparu, compte 6 foyers. C’est dans cette partie du village que se trouvent les personnes les plus pauvres de la commune : quatre des quinze habitants sont qualifiés de « très indigents et très infirmes ».

Le hameau Joret concentre 68 personnes réparties sur 12 habitations.

Dix ans plus tard, le dénombrement de 1856 donne une physionomie encore un peu plus précise de notre village. Il compte désormais 49 maisons, trois sont couvertes en « tuiles, ardoises ou zinc », les 46 autres en chaume. La plupart n’ont qu’un rez-de-chaussée, huit ont un étage. Il y a 98 hommes, 89 femmes, soit 187 habitants au total. Parmi eux, on trouve 32 propriétaires qui exploitent directement leurs terres, 11 fermiers qui louent les terres qu’ils cultivent, 32 journaliers ou domestiques, trois maçons ou charpentiers, trois couturières, deux meuniers, deux prêtres et une maîtresse d’école. Le Hameau Maupertus, faiblement peuplé, est encore habité, pour l’instant, nous ne savons pas à quel moment il a disparu…

En 180 ans, la population du canton de Montebourg a été divisée par deux. Canton longtemps marqué par une forte identité agricole, qui perdure aujourd'hui encore, cette évolution peut probablement s'expliquer par l'exode rural lié aux changements techniques et économiques dans le secteur primaire.

Joganville a toujours été une des plus petites communes du canton, à l'exception notable des années 1850-1880, ainsi, en 1879-1880, sa population est plus importante que dans 8 autres communes.

En 2017, Joganville compte 108 habitants.

Auteur du texte et des photos: Gilles Schmitt. Sources: archives de la mairie.



Auteur du texte et des photos: Gilles Schmitt. Sources: archives de la mairie.



L'évolution du nombre d'habitants dans le village



Auteur du texte: Gilles Schmitt. Sources: archives de la Manche.

Démographie

L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793.
À partir du 21e siècle, les recensements réels des communes de moins de 10 000 habitants ont lieu tous les cinq ans, contrairement aux autres communes qui ont une enquête par sondage chaque année[3]. En 2021, la commune comptait 94 habitants.

Évolution de la population depuis 1793  modifier
1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851 1856
130138232207158169140214170187
1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896 1901 1906
178163158146153146131133136105
1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954 1962 1968 1975
8088808273889510210177
1982 1990 1999 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
697184737068788999108
2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 -
11110910810610911211210394-
De 1962 à 1999 : population sans doubles comptes. Depuis 2006 : population municipale.
Sources : Cassini [4] et INSEE [5]


Administration

Circonscriptions administratives avant la Révolution

Les maires

Liste des maires depuis 1945
Période Identité Parti Qualité Observations
1945-1951 Arsène Langlois .
1951-1977 Eugène Leveziel .
1977-2001 Édouard Marie SE agriculteur fils du précédent [6]
2001-2008 Marc Duchemin SE agriculteur
2008-actuel Gilles Schmitt SE enseignant
Sources : De 1944 à nos jours : 601 communes et lieux de vie de la Manche.
Pour les données antérieures, dérouler la boîte ci-dessous.


Mairie

Horaires d'ouverture
Jours Matin Après-midi Coordonnées de la mairie (Pour envoyer un mail et signaler une erreur cliquez ici)
Lundi - -
La mairie (2018)
La mairie (2018)

Adresse : 8, rue de la Mairie
50310 Joganville

Tél./Fax : 02 33 21 58 96
Courriel : Contacter la mairie
Site internet : Officiel
Commentaire :
Source : Annuaire Service-Public (6 octobre 2020)

Mardi 9 h 30 - 11 h 30 -
Mercredi - -
Jeudi - -
Vendredi - -
Samedi - -


Religion

Circonscriptions ecclésiastiques avant la Révolution

Circonscriptions ecclésiastiques actuelles

Lieux et monuments

Personnalités liées à la commune

Notes et références

  1. exprimée en centimètres
  2. Philippe Pinchemel - Les listes nominatives des recensements de population, in Revue du Nord, Tome 36, n°142, avril-juin 1954, p.420 sq..
  3. Au début du 21e siècle, les modalités de recensement ont été modifiées par la loi no 2002-276 du 27 février 2002, dite « loi de démocratie de proximité » relative à la démocratie de proximité et notamment le titre V « des opérations de recensement », afin de permettre, après une période transitoire courant de 2004 à 2008, la publication annuelle de la population légale des différentes circonscriptions administratives françaises. Pour les communes dont la population est supérieure à 10 000 habitants, une enquête par sondage est effectuée chaque année, la totalité du territoire de ces communes est prise en compte au terme de la même période de cinq ans. La première population légale postérieure à celle de 1999 et s’inscrivant dans ce nouveau dispositif est entrée en vigueur au 1er janvier 2009 et correspond au recensement de l’année 2006.
  4. Population avant le recensement de 1962
  5. INSEE : Population depuis le recensement de 1962
  6. Édouard Gilles Marie (1898-1975) maire de 1935 à 1945

Liens externes