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Jean Marais

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Jean Marais (1991).

Jean Marais, pour l'état civil Jean-Alfred Villain-Marais, né à Cherbourg le 11 décembre 1913, mort à Cannes (Alpes-Maritimes) le 8 novembre 1998, est un acteur de cinéma et de théâtre de la Manche.

Enfance à Cherbourg

Fils d'Alfred Villain (1882-1959), né à Saint-Vaast-la-Hougue, qui exerçait comme vétérinaire quai Alexandre-III, Jean Marais est né à Cherbourg au 6 de la rue Groult aujourd'hui disparue[1].

« J'ai peu de souvenirs de Cherbourg. Je me souviens d'une grande maison un peu triste, de murs tapissés d'un papier qui imitait le cuir de Cordoue, d'une forge... [...] Devant la maison, la place d'Yvette (sic), immense à mes yeux d'enfant (elle nous était interdite), la montagne du Roule, petite colline grise à laquelle je prêtais tout le mystère que je souhaitais[2].

« Nous habitions au n° 6 de la rue Groult, près de la place Divette. Et puis mes parents se sont séparés. Ma mère m'a emmené avec elle à Paris, d'où elle était native. Je devais avoir cinq ans à l'époque. Je ne me rappelle pratiquement de rien, sauf que c'est à Cherbourg que j'ai décidé de devenir acteur. C'était peu de temps avant mon départ. J'étais allé voir Les Mystères de New York, dont Pearl White était la vedette. À la sortie, je n'avais plus qu'un seul rêve : faire du cinéma. » [3].

Jean Marais reviendra à Cherbourg pour l'enterrement de son père [3], qui demeurait rue de la Duché, et le 2 octobre 1974 pour y jouer Le Bossu sur la scène du théâtre municipal [3]. À l'entracte, le maire de Cherbourg Jacques Hébert lui remet la médaille de la ville [4].

Jean Marais, « muse » de Jean Cocteau

Jean Marais (1947).

Jean Marais se lance dans la carrière d'acteur très jeune. Il est refusé au Conservatoire et suit alors les cours d'art dramatique de Charles Dullin. À partir de 1933, il fait de la figuration dans les films de Marcel L'Herbier. La vie de Jean Marais, tant professionnelle que personnelle, va basculer en 1937 lorsqu'il rencontre Jean Cocteau. Le cinéaste lui offre les rôles qui vont lancer sa carrière et faire de lui un acteur reconnu par ses pairs (Les Chevaliers de la Table ronde, Les Parents terribles) et une vedette populaire. Ne lui manque que la reconnaissance de la critique, qui tarde à venir : durant les années noires de l'occupation, les critiques collaborationnistes n'apprécient guère l'acteur normand. Toutefois, Christian-Jaque offre à l'acteur en 1942 un rôle qui préfigurera ses futurs succès populaires dans Carmen. Son premier grand succès intervient l'année suivante : il s'agit du film de Jean Delannoy L'Éternel retour, une version moderne de Tristan et Iseult. En 1945, Jean Marais entre dans le cercle fermé des pontes du 7e art grâce à sa prestation unanimement applaudie dans le film de son ami Jean Cocteau La Belle et la bête.

« Le costume et l'épée »

Signature.

Les années 1950 marquent l'apogée de la carrière de Jean Marais. Il tourne avec les plus grands (René Clément, Yves Allégret, Jean Delannoy, Luchino Visconti, Gilles Grangier, André Hunebelle, Sacha Guitry, Jean Renoir...). Ces années sont aussi celles du changement de types de films tournés par l'acteur, qui privilégie désormais les films à costumes puis ceux de cape et d'épée. Les succès s'enchaînent : Le Comte de Monte-Christo (1953), Si Versailles m'étais conté (1953), Le Bossu (1959), Le Capitan (1960), Le Capitaine Fracasse (1960), Le Masque de fer (1962), etc. Ces films d'action, dans lesquels Jean Marais s'employait, lui convenaient à merveille. Il effectuait lui-même les cascades et son physique avantageux donnait aux réalisateurs des possibilités scénographiques presque illimitées. Dans le même registre, il tourne quelques péplums.

Une fin de carrière paradoxale

Jean Marais (1991).

En 1959, Jean Marais quitte Jean Cocteau : la dernière de leurs nombreuses collaborations, le plus souvent très réussies, sera Le Testament d'Orphée. Il connait un succès populaire énorme en 1964, 1965 et 1966 avec les trois films de la série des Fantômas. Il a le premier rôle (il incarne à la fois le journaliste et Fantômas) mais Louis de Funès, l'étoile montante du cinéma français, lui vole la vedette. Affecté, il se retire de la scène cinématographique pour se concentrer sur le théâtre. Son dernier grand film est Peau d'âne de Jacques Demy en 1970.

Il ne fait ensuite que quelques apparitions épisodiques, entre autres, Parking de Jacques Demy (1985), Les Misérables de Claude Lelouch (1994) et Beauté volée de Bernardo Bertolucci (1995). Il joue au théâtre jusqu'en 1997.

Vallauris, la poterie et la peinture

Dans les années 1970, Jean Marais s'installe définitivement à Vallauris, dans les Alpes-Maritimes, et s'adonne à ses autres passions artistiques que sont la sculpture, la peinture, l'écriture et la poterie. Une des ses sculptures, honorant la mémoire de Marcel Aymé, est érigée à Montmartre devant l'ancienne demeure de l'écrivain. Il écrit ses mémoires et quelques ouvrages, notamment sur Jean Cocteau. Comme reconnaissance à sa longue carrière d'acteur, la présentation de la cérémonie des Césars 1980 lui est confiée et, surtout, il reçoit un César d'honneur pour l'ensemble de sa carrière en 1993.

Filmographie sélective

  • 1933 : Dans les rues, Victor Trivas (premier film)
  • 1933 : L'Épervier, Marcel L'Herbier
  • 1934 : L'Aventurier, Le Bonheur et Le Scandale, Marcel L'Herbier
  • 1937 : Drôle de drame, Marcel Carné
  • 1941 : Le Pavillon brûle, Jacques de Baroncelli
  • 1942 : Le Lit à colonnes, Roland Tual
  • 1943 : Carmen, Christian-Jaque
  • 1943 : L'Éternel retour, Jean Delannoy
  • 1943 : Voyage sans espoir, Christian-Jaque
  • 1946 : La Belle et la bête, Jean Cocteau
  • 1947 : L'Aigle à deux têtes, Jean Cocteau
  • 1948 : Aux yeux du souvenir, Jean Delannoy
  • 1948 : Les Parents terribles, Jean Cocteau
  • 1948 : Le Secret de Mayerling, Jean Delannoy
  • 1949 : Orphée, Jean Cocteau
  • 1950 : Le Château de verre, René Clément
  • 1950 : Les Miracles n'ont lieu qu'une fois, Yves Allégret
  • 1951 : L'Amour, Madame, Gilles Grangier
  • 1951 : Nez de Cuir, Yves Allégret
  • 1953 : Le Comte de Monte-Cristo, Robert Vernay
  • 1953 : Dortoir des grandes, Henri Decoin
  • 1953 : Julietta, Marc Allégret
  • 1954 : Si Versailles m'était conté, Sacha Guitry
  • 1955 : Futures vedettes, Marc Allégret
  • 1955 : Napoléon, Sacha Guitry
  • 1955 : Toute la ville accuse, Claude Boissol
  • 1956 : Elena et les hommes, Jean Renoir
  • 1956 : Si Paris nous était conté, Sacha Guitry
  • 1957 : Typhon sur Nagasaki, Yves Ciampi
  • 1957 : Les Nuits blanches, Luchino Visconti
  • 1959 : Le Testament d'Orphée, Jean Cocteau
  • 1960 : Austerlitz, Abel Gance
  • 1960 : Le Bossu, André Hunebelle
  • 1960 : Le Capitan, André Hunebelle
  • 1961 : Le Capitaine Fracasse, Pierre Gaspard-Huit
  • 1961 : La Princesse de Clèves, Jean Delannoy
  • 1961 : L'Enlèvement des Sabines, Richard Pottier
  • 1961 : Le Miracle des loups, André Hunebelle
  • 1961 : Napoléon II, l'Aiglon, Claude Boissol
  • 1961 : Ponce Pilate, Gianpaolo Callegari, Irving Rapper
  • 1962 : Le Masque de fer, Henri Decoin
  • 1962 : Les Mystères de Paris, André Hunebelle
  • 1963 : L'Honorable Stanislas, agent secret, Jean-Charles Dudrumet
  • 1964 : Fantômas, André Hunebelle
  • 1965 : Le Gentleman de Cocody, Christian-Jaque
  • 1965 : Fantômas se déchaîne, André Hunebelle
  • 1965 : Train d'enfer, Gilles Grangier
  • 1966 : Fantômas contre Scotland Yard, André Hunebelle
  • 1966 : Le Saint prend l'affût, Christian-Jaque
  • 1968 : Le Paria, Claude Carliez
  • 1970 : Peau d'âne, Jacques Demy
  • 1985 : Lien de parenté, Willy Rameau
  • 1985 : Parking, Jacques Demy
  • 1991 : Les Enfants du naufrageur, Jérôme Foulon
  • 1994 : Les Misérables, Claude Lelouch
  • 1995 : Beauté volée, Bernardo Bertolucci

Ses plus grands succès au cinéma sont : Le Comte de Monte Cristo (7,78 millions d'entrées), Si Versailles m'était conté (6,98 millions), Le Bossu (5,84 millions), Napoléon (5,41 millions), Le Capitan (5,17 millions), Au yeux du souvenir (4,55 millions), Fantomas (4,49 millions), Carmen (4,27 millions), Fantomas se déchaîne (4,16 millions), La Belle et la bête (3,77 millions)...

Hommages

Timbre-poste Jean Marais (2012).

Pour marquer le dixième anniversaire de sa disparition, Paris inaugure le 26 avril 2008 une place Jean-Marais. Cette place se situe dans le quartier de Montmartre, entre la place du Tertre et l'église Saint-Pierre. Jean Marais a longtemps habité ce quartier : il avait acquis à la fin des années 1970 un studio situé 22 rue Norvins (17e arrondissement), dans une résidence devenue aujourd'hui une cité d'artistes.

Lors du changement de noms de certaines voies, le 23 juin 2000, après la fusion de Cherbourg-Octeville, le conseil municipal décide de donner le nom de Jean Marais à l'ancienne rue Victor-Hugo de Cherbourg.

Une vente aux enchères de ses souvenirs organisée le 28 avril 2009 à l'hôtel Drouot à Paris atteint une valeur globale de 600 000 €. Il y a là quelque 500 pièces parmi lesquelles sa correspondance avec Jean Cocteau, des toiles peintes par le comédien et des objets personnels [5]. Une nouvelle vente aux enchères, de 300 objets personnels cette fois, a lieu le 25 mars 2017 à Antibes (Alpes-Maritimes) et rapporte 275 000 € [6].

Philatélie

En octobre 2012, un timbre-poste est édité en son honneur. Il est tiré à 8 millions d'exemplaires.

Bibliographie

Œuvres

  • Mes quatre vérités, Éditions de Paris, 1957
  • Histoires de ma vie, Ramsay, 1986, (avec une centaine de poèmes de Jean Cocteau)
  • Mes métamorphoses : 60 ans de théâtre et de cinéma, Éditions de La Martinière, 1996

Sur Jean Marais

  • Les Ancêtres cotentinais de l'acteur Jean Marais, 71 p., 1984

Notes et références

  1. Yves Lecouturier, Demeures célèbres de Normandie, Orep, Cully, 2010.
  2. Jean Marais, Histoires de ma vie, éd. Albin Michel, 1975.
  3. 3,0 3,1 et 3,2 Roland Godefroy, interview de Jean Marais, La Presse de la Manche, 3 octobre 1974.
  4. Nos années 70, La Presse de la Manche, hors série, novembre 2012, p. 143.
  5. Ouest-France, 29 avril 2009.
  6. « La succession de Jean Marais s'arrache aux enchères », Le Figaro, 26 mars 2017.

Lien interne

Liens externes