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Jean-Mathieu-Adrien Lhermitte

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Jean-Mathieu-Adrien Lhermitte, également Jean-Marthe-Adrien L'Hermitte, dit le Brave, né à Coutances le 29 septembre 1776 et mort à Plessis-Picquet (aujourd'hui Hauts-de-Seine) le 28 août 1816 [1], est une personnalité militaire de la Manche.

Il est contre-amiral et baron d'Empire.

Biographie

Troisième fils d'un conseiller du roi au présidial du Cotentin, à Coutances, il entre dans la marine à 14 ans, comme volontaire d'honneur. Il est embarqué sur le cutter Le Pilote des Indes, dont la mission est de croiser sur les côtes de la Manche. Il est depuis quelques mois à bord de ce bâtiment lorsqu'un détachement de son équipage est désigné pour aller de nuit, dans des canots, enlever un corsaire mouillé sous l'île de Chausey. Le jeune volontaire obtient la faveur de faire partie de cette expédition. Le corsaire est enlevé à l'abordage, ramené à Granville, et le capitaine Le Tourneur consigne, dans un certificat que le jeune Lhermitte envoie à son père, les témoignages de son admiration pour l'intrépidité dont il a fait preuve.

Après avoir passé environ huit mois sur Le Pilote des Indes, il s'embarque à Brest (Finistère) en 1780 sur le Northumberland, faisant partie de l'armée navale du comte de Grasse. Lhermitte paticipe aux divers combats livrés aux amiraux Hood, Graves et Rodney, ainsi qu'à la prise de Saint-Christophe. La paix de 1783 semble le vouer au repos, mais il obtient l'autorisation de s'embarquer sur la flûte La Pintade qui a pour destination la Nouvelle-Angleterre, et avec laquelle il fait un voyage d'environ huit mois.

À son retour, il passe dans la marine de commerce. De 1784 à la fin de 1787, il fait, en qualité de lieutenant et de second capitaine, plusieurs voyages à Terre-Neuve sur les navires de Granville Le Modeste et La Surveillante. L'expérience acquise pendant ces campagnes serviront à son avancement dans la marine royale.

Il a à peine vingt-et-un ans lorsqu'il est admis comme sous-lieutenant de vaisseau sur L'Achille, se rendant aux îles du Vent et Sous-le Vent. En août 1793, il est nommé lieutenant de vaisseau et embarqué comme second sur La Résolue. Cette frégate fait partie d'une division de bâtiments légers chargée de croiser dans la Manche. Elle a divers engagements, dans lesquels elle s'empare de la frégate La Tamise. La conduite de Lhermitte dans ce combat lui mérite le commandement de la frégate capturée. Il la ramène à Brest (Finistère). Les réparations terminées, Lhermitte reçoit l'ordre de croiser sur les côtes de l'Angleterre. Pendant six mois il coule soixante bâtiments de commerce anglais et en fait rentrer avec lui à Brest quelques-uns des plus richement chargés.

Au funeste combat du 13 prairial an II, La Tamise est la frégate de l'amiral Villaret. Elle est presque toujours à portée de voix du vaisseau amiral La Montagne allant porter les ordres à transmettre aux bâtiments de l'armée. Aussi, en rentrant à Brest, elle n'est guère en meilleur état que les vaisseaux qui ont pris part au combat.

Au désarmement de cette frégate (juin 1795), Lhermitte prend le commandement de la croisière sur les côtes d'Irlande. Pendant six mois, il coule, prend et expédie quatre-vingts navires anglais et détruit une grande quantité de pêcheurs hollandais. Il va ensuite porter des équipages aux bâtiments qui se trouvent à Christiansand (Danemark).

Après avoir passé en Norvège une partie de l'hiver de 1795, il rentre à Lorient (Morbihan) avec douze bâtiments chargés de grains, qui ramènent l'abondance là où régnait la famine. Ayant reçu l'ordre de se rendre à Rochefort, il y prend le commandement de la frégate La Vertu qui dépend d'une division aux ordres du contre-amiral Sercey, destinée pour les mers de l'Inde qu'elle parcourt pendant plusieurs années, et où elle fait un grand nombre de prises.

Au mois de septembre 1796, elle se rend à Poulo-Pinang (Indes orientales) lorsque, à l'entrée du détroit de Malacca (Malaisie), elle rencontre deux vaisseaux anglais de 74 canons. Dans le combat, La Vertu soutient seule, pendant près d'une demi-heure, le feu de l'un de ces vaisseaux. Lhermitte se dispose à l'aborder, quand une volée des plus meurtrières vient le dégréer et empêcher son projet. Toutefois, il continue à combattre et ce n'est que sur les ordres de l'amiral Sercey qu'il se retire du feu, remorqué par La Cybèle. Les deux vaisseaux anglais sont forcés de se retirer.

Au retour de la division à l'Île de France (aujourd'hui Île Maurice), Lhermitte prend le commandement de La Preneuse. Jamais frégate ne mérita mieux son nom. Au mois d'avril 1798, Lhermitte doit se rendre à Mangalore (Inde) pour y reconduire les ambassadeurs que Tippou-Saëb avait envoyés au gouverneur de l'Île de France afin de réclamer des secours contre les anglais. Arrivé à la hauteur de Tellitchéry, il découvre deux vaisseaux de la compagnie anglaise, mouillés sous la protection des forts. Il les attaque et les force d'amener pavillon, après une heure de résistance. Ces bâtiments étaient armés de trente-six canons chacun, ils avaient à bord 400 Européens, et portaient 500 hommes de troupe. Il expédie ses deux prises pour l'Île de France, et prend la route de Mangalore. N'y trouvant pas le sultan, il met les passagers à terre et six heures après il fait route pour Batavia.

Quelques jours après y arrive La Brûle-Gueule ayant à bord l'amiral Sercey, et les deux frégates se dirigent immédiatement vers Sourabaya, où l'amiral s'établit. Lorsqu'il y est installé, Lhermitte veut faire transporter chez lui les drapeaux anglais pris à Tellitchéry. Cela donne lieu à une révolte : l'équipage de La Preneuse s'oppose au débarquement de ces drapeaux en disant qu'ils sont la propriété de la frégate qui les a conquis. Secondé par ses officiers, Lhermitte tombe à coup de sabre sur les plus mutins et met les chefs aux fers. Tout rentre dans l'ordre, les drapeaux sont débarqués et portés à leur destination. Il convoque un conseil de guerre et cinq matelots sont condamnés à mort et fusillés.

Après un court séjour à Sourabaya, La Preneuse et La Brûle-Gueule reçoivent l'ordre de croiser dans le détroit de l'Est et dans l'archipel de Chine. Quarante bâtiments anglais sont détruits pendant cette campagne de trois mois. Au retour de ces frégates à Soubaraya, l'amiral Sercey passe sur la Preneuse et elles font route pour l'Île de France; en mai 1799, elles sont sur le point d'y entrer lorsqu'elles ont connaissance d'une division anglaise, forte de trois vaisseaux, une frégate et un brick. La brise qui vient du large favorise les Anglais et ils sont bientôt en mesure d'attaquer les deux frégates. Celles-ci sont cependant parvenues à la rivière Noire, où, aidées par un grand nombre d'embarcations venues à leur secours, elles sont sous le feu d'une grêle de boulets et de mitraille. Arrivées au fond de la baie, elles s'y embossent, et Lhermitte, ayant débarqué de la frégate sept pièces de 18, établit à la pointe est de la passe un fort grâce auquel pendant trois semaines il tient les Anglais en échec. Ceux-ci abandonnent et gagnent le large. La Preneuse et La Brûle-Gueule entrent à l'Île de France, acclamées par les habitants.

En août 1799, La Preneuse part croiser dans les parages du cap de Bonne-Espérance, visite la baie de Saint-Augustin (île de Madagascar). Le 4 septembre au soir, Lhermitte soutient dans la baie de Lagos un combat contre cinq bâtiments anglais. Un mois après, La Preneuse en soutient un autre contre un vaisseau de 64. Mais en revenant de l'Île de France, elle est attaquée par deux vaisseaux. Lhermitte ne pouvant faire usage que de ses canons de retraite juge sa perte inévitable. Il débarque blessés et malades et essaie d'envoyer à terre une partie de son équipage. Resté à bord avec ses officiers, il amène son pavillon, après avoir sabordé la frégate. Des embarcations anglaises viennent en prendre possession, mais les batteries de terre tirent sur elles, ce qui force les Anglais à l'abandonner. Le capitaine de La Preneuse et son état-major sont transportés à bord de L'Adermant dont le capitaine les reçoit avec les égards dûs à leur courage. Lhermitte est l'objet des attentions du commodore Botham.

Au bout de vingt-quatre heures, un canot français monté par un aide-de-camp du gouverneur de l'Île de France, se présente en parlementaire et demande la mise en liberté sur parole de Lhermitte. Le commodore Botham accepte. Lhermitte revient en France en octobre 1801. Il est nommé capitaine de vaisseau de première classe. En avril 1802, il prend à Lorient le commandement du vaisseau de 74 Le Brutus. Il le conduit à Brest où il prend le nom de L'Impétueux. Il passe ensuite au commandement du vaisseau L'Alexandre, puis du Vengeur vaisseau à trois ponts.

Vers la fin de 1805, l'empereur ordonne l'armement à Lorient d'une division composée du vaisseau Le Régulus, des frégates La Cybèle et Le Président et de deux corvettes. Le commandement en est confié au capitaine Lhermite. Il a carte blanche. Il lui est seulement demandé de prolonger sa campagne en se ravitaillant avec ses prises.

Le 31 octobre, la division quitte Lorient pour les Açores. Elle y trouve une mer très grosse et une brume épaisse. Lhermitte quitte ces parages pour les îles du cap Vert. Il y est depuis quelques jours lorsqu'il a connaissance de dix-sept bâtiments. Il s'empare des quatre plus gros qu'il expédie pour Bayonne. Ils faisaient partie d'un convoi parti de Cork pour la Jamaïque. Du cap Vert, il part pour Santiago. Après avoir pris la corvette anglaise La Favorite, de dix-huit canons et douze caronades de douze et avoir fait un grand nombre de prises, il mouille le 4 mars 1806 à l'Île au Prince. Ayant reconnu l'île de l'Ascension, Lhermitte se dirige sur San Salvador au Brésil, où il mouille, le 28 mars, avec six bâtiments anglais capturés. Il vend ses prises et avec le produit se ravitaille. En un an, il a détruit ou pris cinquante bâtiments ennemis portant ensemble 229 canons et ayant à bord 1 570 hommes.

En janvier 1807, Lhermitte est fait contre-amiral, puis créé baron d'Empire. Le 6 juin, il est nommé préfet maritime à Toulon (Var). En 1814, Louis XVIII décore Lhermitte de la croix de Saint-Louis et le désigne pour aller prendre à Messine la duchesse d'Orléans. Il porte son pavillon sur le vaisseau La Ville de Marseille, à bord duquel Louis-Philippe prit passage. Il est nommé commandeur de la Légion d'honneur. À son retour, il reprend ses fonctions de préfet ; mais sa santé est altérée par ses longues et pénibles campagnes. Au mois de décembre 1815, il est admis à la retraite et se fixe à Plessis-Picquet. Il y meurt le 28 août 1816.

Source

Biographie universelle ancienne et moderne.

Hommage

Une rue de Coutances perpétue sa mémoire.

Notes et références

  1. en 1826, selon René Le Texier, Coutances, histoire et description, éd. Ocep, 1973, p. 71.