Actions

Jean-Baptiste Élie de Beaumont

De Wikimanche

Jean-Baptiste Élie de Beaumont.

Jean-Baptiste Élie de Beaumont, (Jean Baptiste Jacques de Beaumont sur l'acte de baptême) né à Carentan le 9 octobre 1732 [1] et mort à Paris le 10 janvier 1786, est un avocat de la Manche.

Avocat en 1752, il rejoint le Parlement de Normandie, avant de rallier Paris, où il acquiert une certaine célébrité. Mais la faiblesse de sa voix le contraint à renoncer aux plaidoiries.

Avocat de Calas, ami de Voltaire

Fils du directeur des Postes de Carentan, descendant de Pierre Hélyes, anobli après la bataille de Formigny (1461)[2], cet « avocat-consultant » un peu terne a tout juste trente ans quand il fait la « une » de l’actualité judiciaire de l’époque en publiant son fameux Mémoire pour réhabiliter le nom de l’infortuné Calas  [3].

L’affaire : à Toulouse, le 13 octobre 1761, le jeune Marc-Antoine Calas, bachelier en droit, est trouvé pendu. Son père, le calviniste Jean Calas, est accusé de l’avoir assassiné pour l’empêcher de devenir catholique. La justice ne badine pas et Calas est exécuté le 10 mars 1762. Son procès avait déchaîné les passions, mais l’affaire aurait pu en rester là si Voltaire ne s’en était pas mêlé. Le patriarche de Ferney, d’abord indécis recueille chez lui deux fils du supplicié, les interroge et acquiert la conviction que Calas était innocent. Le philosophe va dès lors déployer toute son énergie pour obtenir la révision du procès. Il mobilise ses amis, prête de l’argent à la veuve et lui choisit les meilleurs avocats. Le plus connu de ces défenseurs est Jean-Baptiste Élie de Beaumont. On connaît la suite. Jean Calas sera réhabilité en 1765. Marc-Antoine Calas s'est, en réalité, suicidé [3].

Deux ans avant, Voltaire avait publié son Traité de la Tolérance, en partie inspiré par le mémoire qu’Élie de Beaumont a rédigé l’année précédente. La défense présentée par l’avocat a fortement impressionné le philosophe qui lui écrit alors : « Mes yeux ne peuvent guère lire, Monsieur, mais ils peuvent encore pleurer, et vous m’en avez bien fait apercevoir » [3].

Encouragé par Voltaire, Élie de Beaumont se charge encore de la défense de Sirven qui, pour les même raisons que Calas, est accusé à Castres d’avoir tué sa fille. Mais Sirven parvient à s’enfuir. Voltaire et Élie de Beaumont entretiennent une longue correspondance et se lient d’une grande amitié. Pourtant, les deux hommes ne se rencontrent qu’une seule fois à Paris en 1778, quelques jours avant la mort du philosophe [3].

Elie de Beaumont devient avocat général du comte de Provence en 1772 puis intendant des Finances du duché d'Angoulême, à Versailles, auprès du jeune comte d'Artois, futur Charles X. En 1777, il est confirmé dans sa noblesse [2].

Il est le grand-père du géologue Jean-Baptiste Léonce Élie de Beaumont (1798-1874), né à Mézidon (Calvados), dans le domaine de Canon, créé par l'avocat et son épouse Anne-Louise, femme de lettres [2].

Notes et références

  1. – Acte de baptême – Page 126/488
  2. 2,0 2,1 et 2,2 Jean-François Miniac, Les nouveaux mystères de la Manche, De Borée, 2011.
  3. 3,0 3,1 3,2 et 3,3 Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier, Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 1, éd. Eurocibles, Marigny, 2001.

Article connexe