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Jacques Hébert.

Jacques Georges Edmond Paul Hébert, né à Falaise (Calvados) le 8 août 1920 et mort dans la même commune le 15 février 2018 [1], est une personnalité politique de la Manche.

Compagnon de la Libération, il est député de la Manche de 1962 à 1973 et maire de Cherbourg de 1959 à 1977.

Biographie

Une jeunesse dans le Calvados

Jacques Hébert est le fils de Pierre Hébert, orphelin de mère à la naissance, élevé par ses grands-parents possédant une étude de notaire à Douvres-la-Délivrande (Calvados). Germanophone grâce à une bonne allemande dans sa jeunesse, antimilitariste après s'être engagé durant la Première Guerre mondiale, électeur radical socialiste quand son entourage se rapproche de l'Action française, d'industriel, Pierre épouse Madeleine et ouvre une fonderie à Falaise (Calvados) qui fait rapidement faillite puis reprend une fabrique de brosses et balais qui prospère [2].

Le couple Hébert et ses quatre enfants s'installent à Caen (Calvados), rue Guilbert. Ces derniers sont élèves à Sainte-Marie à Caen et Jacques suit des cours privés d'allemand. Il fait un séjour linguistique en Angleterre à 15 ans chez un militaire d'origine irlandaise, proche du leader fasciste Oswald Mosley [2] où il côtoie deux membres des Jeunesses hitlériennes qui l'impressionnent, jusqu'à ce que son père lui fasse lire les théories racistes et hégémonistes du Chancelier dans la presse allemande [3].

Il commence des études en botanique et médecine à l'université de Caen dont la première année s’interrompt à la fin du printemps par le déclenchement de l'offensive allemande en mai 1940. Son incorporation devant advenir en août, il aide les chirurgiens du service du professeur Chaperon à l'hôpital de Caen. Puis, alors que les Allemands sont à Lisieux, l'évacuation de Caen est ordonnée, les Hébert partent pour Niort puis le Pays Basque [2].

Résistant parmi les FFL

Dans l'armée.

Avec son frère Bernard et un cousin, Louis Koenig, il décide de rejoindre les Forces françaises libres (FFL) à Londres sans avoir entendu l'Appel du 18 juin. Se faisant passer pour des soldats polonais, ils embarquent à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) sur un paquebot, le Batory, qui appareille le 21 juin pour Plymouth (Angleterre) [4], [2].

Ils s'engagent dans une division blindée de la Légion étrangère et sont formés au camp d'Aldershot. Le 14 juillet 1940, Jacques Hébert est choisi pour défiler à Londres puis embarque le 31 août à Liverpool, avec son frère et son cousin, sur le Pennland qui arrive au large de Dakar le 23 septembre où la France libre tente vainement de rallier l'Afrique occidentale française. La flotte se replie à Freetown, puis les troupes participent aux opérations au Cameroun. Il est blessé à la jambe au Gabon. Les frères se séparent à Douala, Jacques refusant d'intégrer l'école d'aspirant officier, ce que Bernard accepte. Il débarque à Suez le 23 avril 1941, gagne le camp de Qastina en Palestine pour participer à la campagne de Syrie durant laquelle il est à nouveau blessé et meurt son cousin. Il intègre, forcé, l'école d'aspirants à Damas. Il fait du maintien de l'ordre en Syrie et au Liban, puis rejoint la 1re compagnie de chars de combat en Égypte qui participe à l'offensive d'El Alamein, où il est brûlé accidentellement. Convalescent à Alexandrie, il retrouve son frère en Tunisie[2].

Il intègre la 2e division blindée du général Leclerc, avec laquelle il rejoint l'Angleterre en avril 1944. Lieutenant, il débarque à Sainte-Marie-du-Mont le 1er août 1944 [2] et participe alors à la bataille de Normandie comme officier de transmissions, aux libérations de Paris et de Strasbourg les 25 août et 23 novembre, puis combat en Allemagne jusqu'à Berchtesgaden, où il est blessé une nouvelle fois, finissant commandant d'un sous-groupement de chars [5].

Soigné à Mourmelon, au Val de Grâce puis à Caen, il peine à se réadapter à la paix, face au retour rapide des Français dans leur quotidien, la faiblesse de l'épuration. Il est affecté en juin 1945 au secrétariat particulier du ministre de la Guerre, époque où il épouse Marie-Jeanne. Ils partent ensemble à Tunis en novembre 1945, où il est affecté au cabinet militaire du résident général de France [2].

Député gaulliste et maire de Cherbourg

Compagnon de la Libération, il quitte l'armée en juin 1946[2] au lendemain d'un entretien avec Leclerc, et reprend ses études de médecine à Caen puis à Paris, se spécialisant dans la cardiologie [5]. Il devient médecin-chef du Centre interprofessionnel de médecine du travail de Cherbourg, où il entame une carrière politique [5].

Sous l'étiquette de l'UNR, il succède à René Schmitt comme maire en 1959 et député en novembre 1962. Là où, à la sortie de la guerre, son prédécesseur avait concentré ses efforts sur l'offre de nouveaux logements, Hébert transforme Cherbourg en poursuivant la rénovation du quartier de la Divette par l'arasement des îlots insalubres et l'élévation de la place Divette et du boulevard Robert-Schuman, en construisant le port Chantereyne et en aménageant la Plage verte, en détruisant en s'engageant dans la création de la communauté urbaine. Il engage également sa ville dans un jumelage avec Bremerhaven trois ans avant le traité signé entre Adenauer et De Gaulle.

En 2014, Benoît Hopquin, dans son livre Nous n'étions pas des héros, à propos de Jacques Hébert, écrit ceci : « Plus tard, maire de Cherbourg pendant vingt ans, Jacques Hébert recevra presque chaque semaine une lettre anonyme, pour tout et n'importe quoi. Ce rituel lui prouvera que le mal était bien ancré dans le cortex national. Autour de lui, les hommes politiques de l'avant-guerre, les chefs d'entreprise, tous ceux qui avaient louvoyé pendant l'Occupation, revenaient aux affaires. Ils refaisaient leur beurre comme l'avaient fait les gens du marché noir. C'était parfois les mêmes, d'ailleurs. »[6].

À l'Assemblée nationale, il est notamment rapporteur du budget de la Marine [5]. Se revendiquant gaulliste de gauche, il travaille avec René Capitant sur la participation. Il est malgré cela un gaulliste atypique admirant Charles de Gaulle de 1940 mais n'hésitant à s'opposer au président de 1960. Ainsi, lors du scrutin sur l'autorisation de percevoir la redevance à l'ORTF en 1967, il est le seul avec Pierre Godefroy, sur cent soixante-dix-neuf députés de l'UD-Ve République, à voter contre. Protestant contre le projet d'Infratome de stocker les déchets près de l'usine de la Hague, contre les engagements pris avant 1960, il menace par courrier Maurice Schumann, ministre chargé de la recherche scientifique, le 8 novembre : « Il est bon, monsieur le Ministre, que vous sachiez que mon collègue Pierre Godefroy et moi-même nous n'hésiterons pas à refuser la confiance au gouvernement s'il passait outre au vœu légitime des populations que nous représentons » [7]. En 1967 encore, il s'oppose à la loi Neuwirth légalisant la pilule contraceptive, dont il redoute les effets sur les enfants : « Mes chers collègues, nous avons le devoir, nous qui sommes, en tant que législateurs, responsables devant les générations futures du patrimoine biologique des Français, de ne pas autoriser la diffusion de procédés ou de produits dont les conséquences lointaines sont encore très mal connues (...). Une flambée inouïe d'érotisme entretenue et attisée par la propagande politique —aussi bien d'ailleurs de la majorité que de l'opposition— en faveur des techniques anticonceptionnelles hormonales menace notre pays. » [8]. En 1969, il s'oppose à De Gaulle et son parti, l'UDR, en se prononçant contre le projet de régionalisation. Sa prise de position fait grand bruit au plan national car il est « le seul député UNR à prôner le non publiquement » [9]. Cela lui vaut une réputation de « gaulliste autoritaire et peu orthodoxe » [10] et d'être exclu de son parti [2].

En juin 1971, ce caractère trempé l'amène à mettre sèchement en cause les journalistes locaux dans le bulletin municipal, leur reprochant de ne « présenter au maximum à leurs lecteurs qu'un sommaire des décisions prises [lors des conseils municipaux] et un résumé des propos échangés au cours de la discussion » [11] . Les rédactions de La Presse de la Manche et d'Ouest-France répliquent dans un communiqué commun - une première - que s'il est vrai « qu'ils ne peuvent matériellement donner un compte rendu intégral des séances », ils soutiennent qu'en retenant « l'essentiel » des discussions, « ils aident leurs lecteurs à se faire une libre opinion des affaires traitées » [11].

Affecté par la mort de sa fille, Jacques Hébert laisse le combat des élections législatives de 1973 à son adjoint centriste Charles Dumoncel, qui s'incline face à Louis Darinot (PS).

Il ne se représente pas non plus aux municipales de 1977. Pour lui succéder, Charles Dumoncel s'allie à l'ancien ministre Hubert Germain, face à l'ambition affichée par Jean Vaur, qui renonce sans approuver ce ticket. À la tête de la liste de gauche, Louis Darinot recueille 55,8 % des suffrages du premier tour. En mal d'héritier politique, la droite locale peine depuis à trouver une figure emblématique pour s'imposer face aux socialistes aux élections municipales.

Retiré de la vie publique, il reprend sa carrière de médecin du travail jusqu'à la retraite en 1982 puis se retire dans une maison de retraite au centre de Caen à la mort de sa femme [2]. Il meurt le 15 février 2018 à Falaise, âgé de 97 ans [3].

Mandats

Œuvres

  • Des hommes libres, Les Cahiers du temps, 2015

Distinctions

  • Grand officier de la Légion d'honneur [12]
  • Compagnon de la Libération
  • Croix de guerre 1939-1945
  • Médaille coloniale avec agrafes « Libye » et « Tunisie »
  • Médaille commémorative 1939/45
  • Médaille des services militaires volontaires dans la France libre
  • Presidential Unit Citation (USA)
  • Officier du Nicham Iftikar

Hommage

Une place de Cherbourg, inaugurée de son vivant en septembre 2015, célèbre sa mémoire.

Notes et références

  1. «  Acte de décès n° 64 - État-civil de Falaise - Fichier des personnes décédées », data.gouv.fr, Insee, année 2018.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6 2,7 2,8 et 2,9 Benoît Hopquin, Nous n’étions pas des héros, Calmann Lévy, 2014.
  3. 3,0 et 3,1 Benoît Hopquin, « Le compagnon de la Libération Jacques Hébert est mort », Le Monde, 16 février 2018, (lire en ligne).
  4. Jean-Jacques Lerosier, « Le Compagnon Hébert raconte son mois de juin 1940 », Ouest-France, 17 juin 2010.
  5. 5,0 5,1 5,2 et 5,3 Fiche biographique sur le site internet de l'Ordre de la Libération (lire en ligne).
  6. Benoît Hopquin, Nous n'étions pas des héros, Calmann-lévy, 2014, p 45.
  7. René Moirand, « Les parlementaires du Cotentin protestent contre le projet de stockage de déchets radio-actifs au cap de La Hague », Le Monde, 17 novembre 1967.
  8. « 50 ans après, on a interrogé un des plus farouches opposants à la loi Neuwirth légalisant la pilule contraceptive », Huffington Post, 9 février 2017 (lire en ligne).
  9. Jean Quellien, Les Élections dans la Manche, éd. Ocep, 1973, p. 152.
  10. Michel Dumont, Le Quotidien de Paris, 17 novembre 1972.
  11. 11,0 et 11,1 « Les journalistes cherbourgeois répliquent au Dr Hébert », ACP, 26 juin 1971, 10 h 15.
  12. « Légion d'honneur : Jacques Hébert fait grand officier », La Presse de la Manche, 4 octobre 2016.

Articles connexes

Lien externe