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Jérôme-Frédéric Perrette-Lamarche

De Wikimanche

Jérome Frédéric Perrette Lamarche, capitaine de vaisseau, est né à La Meauffe le 20 jullet 1779 et mort à Saint-Lô le 26 décembre 1847.

Biographie

Il entre comme mousse dans la marine militaire en 1793 et devient aspirant de 1ère classe à 21 ans. Il embarque au Havre le 12 décembre 1809, sur la corvette la Serpente, d'où il passe le 29 avril suivant sur la canonnière le Volcan. Le Volcan met à la voile avec cinq autres canonnières pour se réunir à la flottille de Boulogne. Elles sont attaquées, devant le cap Gris-Nez, par la station anglaise. Elles se défendent courageusement sous la grêle de boulets que lui lance l'escadre ennemie forte de dix-sept voiles dont quatre bâtiments de haut-bord. Elles parviennent à destination le 28 juillet.

Cette affaire n'est que le prélude d'un combat plus sérieux. Dans la nuit du 15 au 16 août, Nelson en personne tente d'enlever la ligne d'embossage de bateaux plats et de canonnières qui couvre le port de Boulogne à 500 toises en avant de la plage. L'apparition d'une multitude d'embarcations légères, se dirigeant sans bruit sur la flottille est signalée à minuit, à travers une épaisse obscurité ; nos canonnières s'entourent à l'instant de filets d'abordage. Bientôt, l'attaque commence avec une fureur incroyable. Le Volcan, qui porte le guidon du capitaine de vaisseau Pévrieux, est un des premiers assaillis. Les Anglais, culbutés avec pertes, reviennent à la charge ; la canonnière, abordée de tribord et de bâbord, de l'avant et de l'arrière, est enfin envahie. L'ennemi réussit à se rendre maître de la moitié du bord. Une lutte corps à corps s'engage sur le pont ; le combat est long et meurtrier. Il faut une heure entière pour exterminer les assaillants ou les jeter à la mer. Lamarche s'y distingue particulièrement. En récompense, il est mis à l'ordre du jour de la flottille par le contre-amiral Latouche-Tréville, et nommé enseigne de vaisseau provisoire.

Il embarque en cette qualité, le 24 juillet 1802, sur la corvette le Diligent. Après avoir parcouru les mers de l'Inde, de l'Ile de France au Malabar, du Coromandel à Java, le Diligent revient à Brest le 1er mai 1805. Sa campagne a duré plus de trois ans.

Il réarme presqu'aussitôt à Lorient, et Lamarche est de nouveau à bord comme enseigne de vaisseau titulaire, grade obtenu le 1er avril 1803. Le Diligent est une des cinq voiles composant la division de croisière aux ordres du capitaine de vaisseau Lhermite. Cette division avait parcouru les eaux des Açores, les îles du Cap-vert, la côte d'Afrique, les rives du Brésil. La prise de 50 navires de guerre ou de commerce aux Anglais avait marqué son passage. Elle était arrivée dans la mer des Antilles, lorsqu'un ouragan la surprend et la disperse. Ses bâtiments, poussés à l'aventure pendant deux jours, ne peuvent se rallier après la tempête. Ils prennent chacun une direction opposée. Le Diligent se rend à la Guadeloupe.

Après quelques jours passés au mouillage de la Basse-Terre, il remet à la voile vers la France. Bientôt un bâtiment de guerre apparait au vent. C'est la corvette anglaise le Renard, de 22 caronades. Elle poursuit la voile française et au bout de 60 heures de chasse, la capture au débouquement du canal entre Porto-Rico et Saint-Domingue, le 21 mai 1806 ; à 2 heures du matin. Le Diligent porte 14 canons et 2 obusiers ; il aurait pu, sinon triompher, du moins se défendre. Le capitaine Thévenard ne le veut pas. Il laisse amariner sa corvette sans brûler une amorce, comme un misérable transport chargé de farine ou de sucre. Le Diligent et son équipage sont conduits à la Jamaïque.

Lamarche reste prisonnier de guerre pendant 4 ans. Il est échangé le 5 novembre 1810 et embarque le 23 janvier 1811 sur la corvette la Diane, l'un des bâtiments que le contre-amiral Troude commande en rade de Cherbourg. Nommé lieutenant-de-vaisseau en 1841 il passe, le 17 juin 1812, de la corvette la Diane sur le vaisseau le Polonais, de la même division, où il se trouve encore lorsque le duc de Berry arrive de Jersey à Cherbourg par la frégate l'Eurotas, le 13 avril 1814. Le Polonais, à bord duquel le contre-amiral Troude a son pavillon, reçoit le prince en rade. La Restauration va remplacer l'Empire ; tout se métamorphose en un instant. Les hommes et les choses prennent une physionomie nouvelle. Les noms changent comme les couleurs du drapeau. Le Polonais s'appellera le Lys, et il est envoyé le 15 avril à Portsmouth, où il arrive le même jour, à quatre heures du soir, afin de s'offrir à Louis XVIII pour son passage en France.

Les événements n'apportent aucun changement à la position de Lamarche. Il reste sur le Lys, fait un voyage aux Antilles et ne débarque qu'en janvier 1815.

Après une année de service à terre à Lorient, il embarque comme lieutenant de la frégate l'Hermione. Il fait une campagne de 10 mois au Portugal et au Brésil, puis il revient à Lorient.

La corvette l'Uranie, sous le commandement du capitaine de frégate Louis de Freycinet doit partir pour un voyage scientifique autour du globe. Lamarche est choisi pour être du voyage. L'expédition part le 17 septembre 1817. Madame de Freycinet, jeune femme de 23 ans, veut accompagner le commandant, son mari. La veille de l'appareillage, elle se rend à bord, déguisée en matelot et elle ne reprendra ses habits féminins qu'à Ténérife.

Le but de l'expédition est de déterminer la figure du globe, le magnétisme terrestre dans l'hémisphère australe et de faire des observations sur les questions météorologiques. La géographie occupe un rang secondaire ; cependant il donne sur cette science d'importants résultats, ainsi que sur les mœurs et les langues des insulaires de la Polynésie. L'Uranie arrive au mouillage du Cap-de-Bonne-Espérance le 7 mars 1818 et à celui de la baie des Chiens-Marins, sur la côte occidentale de la Nouvelle-Hollande, le 12 septembre suivant.

L'expédition explore la terre d'Endracht, l'île de Dirck-Hatich's, le hâvre Hamelin, la presqu' île de Péron, jette l'ancre devant Coupang le 18 octobre, se porte sur Amboine, parcourt les Moluques, touche à Rawak, visite la Nouvelle-Guinée, les îles Anachorètes, celles de l'Amirauté, les Carolines, les Mariannes, relâche à Guam le 19 mars 1819, atterrit le 5 août à Owhée, l'une des îles Sandwich, passe en vue des îles du Danger, découvre l'île Rose, traverse l'archipel des Amis, reconnait les îles Howe et fait relâche au Port-Jakson à la Nouvelle-Hollande le 18 novembre. Elle reprend la mer au bout d'un mois, franchit la pointe australe de la Nouvelle-Zélande le 7 janvier 1820, poursuit sa route à l'est, se trouve en vue du cap de la Désolation et des côtes de la Terre-de-Feu le 5 février, puis double le cap Horn.

Le temps est affreux. L' Uranie se réfugie dans la baie du Succès, à l'entrée du détroit de Le Maire. Mais un ouragan fait dériver le bâtiment. Il faut gagner les îles Malouines ou Falkland. Le 14 février on arive à la Baie-Française, mais la corvette heurte une roche sous-marine qui ouvre ue voie d'eau. On met les embarcations à la mer. L' Uranie échoue sur la plage dans la baie Pernetti, le 15 à 3 heures du matin. Il n'y a pas de victimes et les instruments de l'expédition sont sauvés.

Des avaries amènent dans la même baie le trois-mats américain le Mercury. Freycinet l'affrète et l'achète, au nom du gouvernement. Arrivé à Montevideo, le 8 mai, Freycinet change le nom du Mercury en celui de la Physicienne. Le 13 novembre, après une courte relâche à Cherbourg, il entre au Havre où sont déchargées ses précieuses collections.

Au retour de cette belle expédition, Lamarche est promu capitaine de frégate et attaché au port de Cherbourg Après avoir commandé successivement la corvette d'instruction la Zélée, puis la Bayadère, et la frégate la Clorinde de 58 canons, il prend à Cherbourg, le 1er mars 1830, le commandement de la frégate la Melponème de 60 bouches à feu et participe à l'expédition d'Alger. Il a son guidon sur la Melponème jusqu'au 27 octobre 1830, date à laquelle se termine son service en mer.

Pendant les onze mois suivants il est employé à Cherbourg, comme directeur des mouvements du port, puis comme major de la marine. Il prend sa retraite le 6 septembre 1842 et se retire à Saint-Lô où il mourra le 26 décembre 1847.

Œuvres

  • Extrait d'un Dictionnaire du vieux langage, ou patois du pays.
  • Projet d'établissement d'une Colonie de condamnés aux îles Malouines.

Source

Vérusmor, Annuaire du département de la Manche, 1848, imprimerie D'Élie fils, rue des Prés, 5, Saint-Lô.