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Henri Faugère

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Henri Joseph Marie Alain Faugère, né à Lanquais (Dordogne) le 6 juillet 1900 [1] et mort à Ychoux (Landes) le 21 juin 1970 [1], est un haut fonctionnaire, collaborateur avec l'occupant allemand pendant la Seconde Guerre mondiale.

Il est préfet de la Manche de 1942 à 1944.

Carrière

Henri Faugère, après avoir été, entre deux guerres, sous-préfet [2], chef du secrétariat particulier de Georges Bonnet, ministre des Travaux publics en 1933, puis secrétaire général du Finistère et de la Seine-Maritime, est nommé préfet de le département le 12 mai 1942 [3] et arrive dans la Manche le 16 juin suivant [4].

Ayant prêté serment au maréchal Pétain, il applique les lois antirépublicaines de Vichy, les lois antijuives [5][6] et les lois sur le STO [7]. Le 26 juin 1942, il demande au commissaire principal Henri Laniez des RG de Saint-Lô, spécialiste départemental de la traque des résistants, d’enquêter sur une tentative d’incendie de matériel allemand à Coutances [8] : l’affaire Jurczyszyn fait son chemin, les Allemands se chargeront des mises à mort…

À partir de la fin de 1942, les hauts fonctionnaires du gouvernement de Vichy ont des raisons de s’inquiéter pour leur avenir : débarquement allié en Afrique française du Nord (AFN), développement de l’opposition intérieure, défaite de la Wehrmacht sur le front Est en février 1943... Marcel Leclerc dans son livre La Résistance dans la Manche note, dans un chapitre sur le noyautage des administrations publiques, que dès « octobre 1942 », (mais pas avant l'été 1943 selon d'autres sources[9]. Concernant la Manche, la date « octobre 1942 » sort d’une interprétation abusive du texte de Marcel Leclerc[10].)  : « à Saint-Lô, ce nouveau réseau est sous la direction du chef de division Endelein à la préfecture avec le concours de Jean Duriau, chef de contrôle des prix, et de Henri Liébard, ingénieur des Ponts et Chaussées. Le nouveau préfet, Henri Faugère, couvre leur activité clandestine ». Henri Faugère est arrêté par les troupes d’occupation le 14 mai 1944 [4] à la suite de la découverte de son nom sur une liste de 13 préfets, ayant d'ores et déjà accepté de faire don de leur personne pour servir un nouveau gouvernement formé à la Libération [3][11][7] (son prédécesseur Gaston Mumber figure également sur cette liste). Il est alors éloigné comme « personnalité otage » en Tchécoslovaquie, au château d’Eisenberg, qui n'a rien d'un camp de concentration [7].

Après la Libération, c'est au service de gouvernements d'une époque marquée par la guerre froide, la répression coloniale, les grèves brisées par une violence policière extrême, que l’ancien préfet du régime de Vichy trouve sa place. Nommé préfet de la Charente-Maritime en 1945, il est ensuite préfet de la Loire (en 1947), inspecteur général (1948) de l’administration en mission extraordinaire pour la IVe région (Bordeaux), conseiller technique auprès de Jules Moch [12], puis de Henri Queuille, respectivement ministres de l’Intérieur en 1947 et 1950, avant d’être nommé, la même année, conseiller d’État [3].

Après avoir exercé pendant deux ans la présidence de la commission régionale des Landes de Gascogne, il est, en 1966, admis à la retraite. Nommé conseiller d’État honoraire, il se retire à Ychoux dont il est maire pendant un an, non sans être revenu à Saint-Lô, en ruines, pour se recueillir sur la tombe de son ami Lionel Audigier, sous-préfet de Cherbourg de 1942 à 1944, tué par les bombardements alliés, dans la prison de Saint-Lô [3].

Distinctions

  • Médaille commémorative 1914-1918 [13].
  • Officier du mérite maritime en 1933.
  • Officier de l'instruction publique en 1947 pour « services rendus à l'éducation nationale ».
  • Sa croix de commandeur de la Légion d'honneur lui est remise le 17 mai 1956 au palais de l'Élysée.

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 Naissance : « Acte 7 » — Archives de la Dordogne — (NMD) Lanquais 1900 (5 E 224/21) — Vue : 5/8.
  2. De Bazas, Langon, Saint-Amand, Saint-Omer et Guingamp.
  3. 3,0 3,1 3,2 et 3,3 René Gautier (dir.), Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 4.
  4. 4,0 et 4,1 Archives départementales de la Manche, cote 129 J, Fonds Marcel Leclerc, 1939-1987.
  5. Didac’doc n°33 « Arrestations de Juifs », Archives départementales de la Manche.
  6. Docu’Manche n°2 « Les juifs manchois dans la Tourmente, 1939-1945 », Archives départementales de la Manche, 17 avril 2018.
  7. 7,0 7,1 et 7,2 Jean- Claude Barbier.Qu’est-ce qu’un préfet déporté ? Destins contrastés des préfets de Vichy déportés., site internet (lire en ligne).
  8. Archives départementales de la Manche (la Résistance : 1580W 2/464).
  9. Noyautage des Administrations Publiques-NAP (Musée de la Résistance en ligne)
  10. Marcel Leclerc, La Résistance dans la Manche, réseaux et mouvements, juin 1940-août 1944, Cherbourg, Éditions La Dépêche,1980.
  11. Parmi lesquels des préfets que le Gouvernement provisoire voulait faire révoquer à la Libération, les Allemands ayant mélangé les listes.
  12. Jules Moch, responsable de la répression sanglante des grèves de mineurs de 1948.
  13. Il s'était engagé en 1918 et s'était même blessé au pied après une chute de cheval.