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Gustave Heslouin

De Wikimanche

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Gustave Geoges Joseph Heslouin, né à Saint-Hilaire-du-Harcouët le 5 mai 1880, est une personnalité économique de la Manche.

L’affaire des « pare-balles »

Au début du siècle dernier, le Saint-Hilairien Gustave Heslouin est au centre d’une affaire qui a un retentissement national et même international. Il s’agit de la troublante affaire dite des « pare-balles » que relate en 1965 l’historien local Claude Cheval dans la Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville [1].

Alors qu’il est tout jeune chef de cabinet du préfet du Finistère, Gustave Heslouin effectue au début de l’année 1905 plusieurs voyages en France et à l’étranger pour faire connaître la découverte d’un Breton, un certain Brélivet, maire de Locronan (Finistère), qui a mis au point un tissu d’une solidité à toute épreuve pour protéger les arbres fruitiers contre les bestiaux [1].

Flairant la bonne affaire, Gustave Heslouin rachète son invention à monsieur Brélivet et s’associe avec un ancien fabricant de papier et un ingénieur des poudres pour perfectionner la trouvaille et en faire un gilet pare-balles composé d’une plaque de métal en acier chromé recouverte de plusieurs couches du fameux tissu [1].

Les premiers essais se révélent, dit-on, fort concluants car la nouvelle cuirasse résiste aux balles des fusils Lebel. Gustave Heslouin propose d’abord le gilet protecteur au ministère de la Guerre qui déclina l’offre. Il a en revanche plus de succès auprès des Russes en guerre contre le Japon. Il est reçu par le ministre de la Guerre russe puis par le tsar Nicolas II en personne. Un fabuleux contrat est signé en février 1905. Contre une somme de plus de deux millions de roubles, Heslouin s’engage à fournir cent mille « pare-balles » à l’artillerie russe. Et il est bien précisé que chaque cuirasse ne doi pas excéder le poids de 4,100 kg [1].

À Saint-Hilaire-du-Harcouët, Heslouin transforme une ancienne minoterie en usine pour la fabrication des gilets [1]. Venus pour la plupart de Fougères, quatre-cents ouvriers sont recrutés [1]. Et les ateliers tournent bientôt à plein régime. Il faut même embaucher cent cinquante ouvriers supplémentaires. Hélas, la visite, en juin, d’un officier supérieur de l’artillerie russe ruine brutalement les espoirs de Gustave Heslouin [1]. Cet officier découvre immédiatement que les cuirasses pèsent plus lourd que prévu et que les poids des balances sont revêtus d’un faux poinçon [1]. Les Russes déposent plainte auprès du parquet de Mortain. Gustave Heslouin perd son procès deux ans plus tard [1]. Et les Russes ont perdu la guerre contre les Japonais.

L’usine des « pare-balles » ferme ses portes en septembre 1905 [1]. Le stock des gilets y reste jusqu’en 1914 [1]. Gustave Heslouin parvient à le vendre à l’armée française, mais les poilus rechignent à utiliser ces « cuirasses » trop encombrantes [1]. Il reçoit pourtant une nouvelle commande de plusieurs millions de francs un an plus tard [1]. Elle est exécutée aux États-Unis. On perd ensuite la trace de Gustave Heslouin…

Notes et références

  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 1,11 et 1,12 Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 3, Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier.

Voir aussi