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« Gestapo dans la Manche » : différence entre les versions

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Des cinq départements normands, la [[Manche]] fut sans doute, au cours de la [[Seconde Guerre Mondiale]], celui où la collaboration policière française avec les Allemands apparut la moins développée, sans organisation structurée. [Mais quelles que fussent les apparences, la collaboration contre la Résistance exista dans les faits et si le dispositif répressif du gouvernement de Vichy agissait avec une certaine indépendance c’est parce qu’il se conformait aux visées des nazis. Dans la Manche, comme ailleurs en France, des patriotes, des antifascistes, arrêtés par la police française sur ordre du préfet, enfermés souvent sans jugement dans les prisons ou les camps d’internement de l’État pétainiste, furent livrés aux Allemands qui demandaient des otages pour les déporter vers les camps de la mort (comme ceux du convoi du 6 juillet 1942 à destination d’Auschwitz). Des opérations de répression et de persécution étaient menées par la police locale et aussi par les agents des Renseignements généraux ou des «Brigades spéciales antiterroristes», dépêchés dans le département pour les «affaires» importantes. Quant aux arrestations effectuées directement par la Gestapo ou la Feldgendarmerie, nombre d’entr’elles se firent d’après des indications fournies par les autorités françaises ; en particulier, les militants communistes et syndicalistes CGT, déjà repérés avant la guerre, devaient s’attendre au pire.   
Des cinq départements normands, la [[Manche]] fut sans doute, au cours de la [[Seconde Guerre Mondiale]], celui où la collaboration policière française avec les Allemands apparut la moins développée, sans organisation structurée. [Mais quelles que fussent les apparences, la collaboration contre la Résistance exista dans les faits et si le dispositif répressif du gouvernement de Vichy agissait avec une certaine indépendance c’est parce qu’il se conformait aux visées des nazis. Dans la Manche, comme ailleurs en France, des patriotes, des antifascistes, arrêtés par la police française sur ordre du préfet, enfermés souvent sans jugement dans les prisons ou les camps d’internement de l’État pétainiste, furent livrés aux Allemands qui demandaient des otages pour les déporter vers les camps de la mort (comme ceux du convoi du 6 juillet [[1942]] à destination d’Auschwitz). Des opérations de répression et de persécution étaient menées par la police locale et aussi par les agents des Renseignements généraux ou des «Brigades spéciales antiterroristes», dépêchés dans le département pour les «affaires» importantes. Quant aux arrestations effectuées directement par la Gestapo ou la Feldgendarmerie, nombre d’entr’elles se firent d’après des indications fournies par les autorités françaises ; en particulier, les militants communistes et syndicalistes CGT, déjà repérés avant la guerre, devaient s’attendre au pire.   
Ils s’appelaient [[Roger Aumont]], Charles Passot, [[Léon Lecrées]], [[Marie Lesage]], [[Achille Mesnil]], [[Famille Bouffay|Félix Bouffay]], [[Alexandre Avoyne]], ...et beaucoup d’autres<ref name=liste> un certain nombre d’entre eux figurent ici : [[Liste des résistants PCF et FN-FTP de la Manche]]</ref >, plusieurs dizaines, fusillés ou exterminés dans les camps de concentration après avoir été ainsi dénoncés ou livrés, voilà le résultat dans la Manche de la connivence des autorités françaises avec les nazis.]
Ils s’appelaient [[Roger Aumont]], Charles Passot, [[Léon Lecrées]], [[Marie Lesage]], [[Achille Mesnil]], [[Famille Bouffay|Félix Bouffay]], [[Alexandre Avoyne]], ...et beaucoup d’autres<ref name=liste> un certain nombre d’entre eux figurent ici : [[Liste des résistants PCF et FN-FTP de la Manche]]</ref >, plusieurs dizaines, fusillés ou exterminés dans les camps de concentration après avoir été ainsi dénoncés ou livrés, voilà le résultat dans la Manche de la connivence des autorités françaises avec les nazis.]



Version du 5 avril 2013 à 08:46

Des cinq départements normands, la Manche fut sans doute, au cours de la Seconde Guerre Mondiale, celui où la collaboration policière française avec les Allemands apparut la moins développée, sans organisation structurée. [Mais quelles que fussent les apparences, la collaboration contre la Résistance exista dans les faits et si le dispositif répressif du gouvernement de Vichy agissait avec une certaine indépendance c’est parce qu’il se conformait aux visées des nazis. Dans la Manche, comme ailleurs en France, des patriotes, des antifascistes, arrêtés par la police française sur ordre du préfet, enfermés souvent sans jugement dans les prisons ou les camps d’internement de l’État pétainiste, furent livrés aux Allemands qui demandaient des otages pour les déporter vers les camps de la mort (comme ceux du convoi du 6 juillet 1942 à destination d’Auschwitz). Des opérations de répression et de persécution étaient menées par la police locale et aussi par les agents des Renseignements généraux ou des «Brigades spéciales antiterroristes», dépêchés dans le département pour les «affaires» importantes. Quant aux arrestations effectuées directement par la Gestapo ou la Feldgendarmerie, nombre d’entr’elles se firent d’après des indications fournies par les autorités françaises ; en particulier, les militants communistes et syndicalistes CGT, déjà repérés avant la guerre, devaient s’attendre au pire. Ils s’appelaient Roger Aumont, Charles Passot, Léon Lecrées, Marie Lesage, Achille Mesnil, Félix Bouffay, Alexandre Avoyne, ...et beaucoup d’autres[1], plusieurs dizaines, fusillés ou exterminés dans les camps de concentration après avoir été ainsi dénoncés ou livrés, voilà le résultat dans la Manche de la connivence des autorités françaises avec les nazis.]

La Gestapo, très présente à Saint-Lô, Granville et Cherbourg [était en outre flanquée d’une section spéciale, le SD (Sichereitsdiesnst) qui l’assistait dans ses basses besognes. Le SD utilisait les services d’un certain nombre de Français et Françaises pro-Allemands, poussés par la cupidité et la haine], afin de rechercher les résistants et les réfractaires. Parmi ces dénonciateurs, on peut citer Albert Lenourry, la vicomtesse Élisa de Plinval, Marie-Louise Guéret, Georges Tostain, Hippolyte Degroote, Gaston Lebourgeois, Mercédès Para, Jacques Queuin , Hyacinthe Infray [ou encore Suzanne Crevon, originaire de Saint-Vaast-la-Hougue, employée à la Kriegsmarine].

Tous ces éléments contribuèrent efficacement à la répression contre la Résistance dirigée par Warzeka, Haberla, Goest ou le Feldwebel Junger, alias «Dufour», organisateur du SD. En 1944, le sous-préfet de Cherbourg et le préfet de la Manche furent inquiétés. Ce dernier, dénoncé, fut déporté en Allemagne. Des personnalités cherbourgeoises furent incarcérées à la prison de Saint-Lô où elles périrent dans la nuit du 7 juin 1944 sous un bombardement américain.

A la Libération, les cours de justice d'Avranches et de Cherbourg prononcèrent quelques condamnations à mort [à l’encontre de collaborateurs criminels], mais seules trois furent suivies d'exécution. [Quant aux policiers français compromis dans des affaires de répression contre la Résistance, ils furent très peu inquiétés dans la Manche, l’un des leurs, le commissaire Ponceau de Cherbourg ayant été promu à la Libération commissaire divisionnaire de la DST à Rouen et à ce titre, responsable de l’épuration, y compris celle de la police, dans toute la Normandie].[2]


Source

  • Yves Lecouturier, Normandie Gestapo

Voir aussi

Résistance dans la Manche

Notes et références

  1. un certain nombre d’entre eux figurent ici : Liste des résistants PCF et FN-FTP de la Manche
  2. plus de précisions dans la page : Gustave Jurczyszyn