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Fournée de Cherbourg (1794)

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La fournée de Cherbourg est le nom donné au renvoi devant le Tribunal révolutionnaire par le représentant du Peuple Jean-Baptiste Lecarpentier, de suspects contre-révolutionnaires en 1794 dans le district de Cherbourg. Elle s'inscrit dans une série d'arrestations du même genre dans le département appelée « fournées de la Manche ».

Jean-Baptiste Lecarpentier, par un arrêté du 27 messidor an II (15 juillet 1794), envoya, au Tribunal révolutionnaire 9 personnes domiciliées dans le district de Cherbourg, suspectes de conspiration pour cause de fédéralisme et d'aristocratie. Elles sont sauvées par la chute de Robespierre le 9 thermidor [1].

  1. Joseph-Etienne Couey du Longprě, quarante-et-un ans, négociant à Cherbourg, ancien officier municipal. Réputé libéral aux débuts de la Révolution , il est accusé d'avoir fabriqué illégalement des billets de confiance, d'avoir résidé et commercé avec l'Angleterre et à Amsterdam. Il est arrêté à Saint-Dizier (Haute-Marne) et y reste incarcéré jusqu'à son transfert à Paris le 5 thermidor, à la suite de l'arrêté de Lecarpentier du 27 messidor. Quatre jours plus tard, le régime de la Terreur est renversé, mais il doit attendre plusieurs mois pour être libéré par le Comité de sûreté générale.
  2. René Fleury, cinquante ans, né et domicilié à Cherbourg : ancien acolyte, maître d'écriture depuis la Révolution, il est arrêté pour n'avoir pas prêté serment de « maintenir la liberté et l'égalité ». Il est libéré après le 9 thermidor, par le Comité de sûreté générale.
  3. Henry-Jacques du Moncel, soixante-et-onze ans, né et domicilié à Martinvast, ex marquis et seigneur de Martinvast : riche propriétaire, adepte des idées libérales, il est garde national mais est incarcéré le 12 messidor, car riche, ancien noble, ami de Dumouriez et protecteur des prêtres réfractaires.
  4. Pierre-François de Beaudrap de Sotteville, domicilié à Sotteville : ancien officier d'artillerie, et représentant de la noblesse aux États généraux et député à la Constituante, il avait été arrêté, dès frimaire an II, pour avoir, comme membre de la Constituante, combattu l'introduction des lois égalitaires, il est relaxé le 18 vendémiaire an III.
  5. Bon-Paul-Jacques Erard de Belle-Isle, soixante-huit ans, né à Saint-Rémy-des-Landes, domicilié à Saint-Pierre-Église : marquis de Saint-Pierre-Église et lieutenant de vaisseau avant la Révolution, il est ensuite colonel de la garde nationale de son canton, emprisonné à partir d'octobre 1793 à cause de l'émigration d'un de ses fils jusqu'à l'arrêté de Lecarpentier qui le traduit devant le Tribunal révolutionnaire, mais il est relaxé par le Comité de sûreté générale.
  6. Bonne-Marie-Suzanne Lamer, soixante-onze ans, veuve du chevalier Louis-Charles-François d'Aboville, lieutenant de vaisseau, demeurant à Tollevast : arrêtée en octobre 1793 probablement à cause de l'émigration ses trois fils. Sa défense et le soutien des députés de la Manche après la chute de Robespierre, lui permet d'obtenir la relaxe auprès du Comité de sûreté générale en brumaire an III.
  7. Jean-Baptiste-Pierre-Auguste Barbou de Querqueville, ancien seigneur de Querqueville, ancien mousquetaire gris auquel on reproche d'avoir participé à la journée du 10 août 1792 en faveur de la monarchie, d'avoir aider des émigrés et des conscrits réfractaires. Il est relaxé après la chute de Robespierre.
  8. Jacques-Marie Avice de Fermanville, ancien seigneur de Fermanville : ancien lieutenant d'artillerie, père et frère d'émigrés, relaxé par le Comité de sûreté générale après le 9 thermidor.
  9. Jean-Antoine Levéel, trente-deux ans, ancien avocat à Cherbourg, cultivateur au Mesnil-au-Val : accusé d'avoir défendu des nobles et des religieux, il passe devant le Tribunal révolutionnaire, malgré la fin de la Terreur, le 25 brumaire an III, sous la présidence de Dobsent, qui l'acquitte en le maintenant en prison, en vertu de la Loi des suspects, votée le 17 septembre 1793.

Notes et références

  1. Émile Sarot, La Terreur dans le département de la Manche, Salettes, 1877.

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