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Eugène Debroise

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Eugène Gustave Debroise, né à Fleury le 8 septembre 1896 et mort dans cette même commune au lieu-dit La Baissinière en 1952, est une personnalité militaire de la Manche.

Biographie

Eugène Debroise est le fils aîné d’une famille de six enfants d'Ernest Albert Debroise et de Marie Léonie Gillot résidant à La Lande-d'Airou, au lieu-dit « La Caillebotière », mariés le 28 octobre 1895.

Vie familiale

Il suit sa scolarité à Fleury et devient agriculteur. Il se marie avec Germaine Élisabeth en 1921, avec laquelle il a deux enfants :

Vie militaire

Une vie de soldat de seconde classe dans l’infanterie durant la Grande Guerre

Recruté au bureau de Granville, son numéro de matricule est le 149 et il est inscrit sous le n° 14 de la liste du canton de Villedieu [1].

Le 12 avril 1915, il est incorporé au 136e Régiment d’Infanterie de la caserne Bellevue à Saint Lô, comme soldat de 2e classe et sous le matricule n° 8493.

Le Régiment a déjà quitté Saint-Lô depuis le 7 août 1914 pour arriver dans les Ardennes le 8 août.

Les 6 et 7 octobre 1914, le régiment prend position à Saint-Sauveur et Blangy pour sauver Arras de l’offensive allemande. En creusant des tranchées, des réseaux et des abris, les hommes du régiment montent la garde devant la ville qu’ils ont sauvée et résistent aux assauts répétés des allemands [2][3]

Le 23 avril 1916, Eugène passe au 25e régiment d’infanterie, au sein du 9e Bataillon, sous le matricule 117721.

Pendant l’hiver et le printemps 1916, son régiment se bat pour interdire l’accès à la vallée de la Biesme en Argonne et transforme le secteur en une organisation défensive fondée sur de nombreuses lignes de tranchées et d’ouvrages fermés.

Le jour de son départ du 136e régiment d’infanterie, le journal des marches et opérations (JMO) du régiment mentionne « l’organisation de la reprise des permissions qui avaient été suspendues depuis deux mois en raison des attaques allemandes contre Verdun, à raison de 5 % de l’effectif par rotation. » [4].

Le jour de l’arrivée d’Eugène au 25e régiment d’infanterie, le JMO du régiment mentionne « Nuit très calme. Très peu de tirs de canon. Fusillade plus nourrie, en raison sans doute de l’obscurité. Peu de coups de canon dans la journée. Aucun incident. »

Le 15 août 1916, Eugène passe au 20e Régiment d’infanterie, sous le matricule 11503.

Le jour du départ d’Eugène, le JMO du 25e Régiment mentionne « Journée calme. Pas de bombardement. »

Le même jour, le journal du 20e régiment (JMO) relate les faits ainsi : « Le 14 août, un renfort de 419 hommes venant du 9e bataillon de marche du 25e d’Infanterie est incorporé (classe 1916). »

Le jour de ses vingt ans, le 8 septembre 1916, le JMO note : « L’artillerie française fait une démonstration sur le « Torpilleur et la tranchée de Borm » et ouvre des brèches à 395 . D’après l’ordre de la Division n° 8399, une section du Régiment doit se porter sur la tranchée ennemie et la nettoyer à l’heure H. L’exécution de cet ordre à 15 h est reportée à une date ultérieure, le Colonel ayant déclaré que l’ouverture d’un passage dans nos réseaux en plein jour était une opération des plus délicates, qui, si elle pouvait être menée à bonne fin, montrerait à l’ennemi l’endroit où il devrait porter son effort, ce qui lui permettrait d’arrêter et d’écraser toute tentative de sortie de notre part. A la suite du tir de notre artillerie, nombreux tirs de représailles de la part des Allemands. »

La journée du 25 décembre 1916 semble être une journée comme les autres : « Journée calme. Tirs habituels de notre artillerie. Travaux de nettoyage et d’entretien du secteur. »

Il semble en être de même de la journée du 31 décembre 1916 : « Journée assez calme. Quelques 77 sur le boyau Rizard, quelques 105 sur l’avenue de la Grande armée. Vive riposte de nos 75. Travaux habituels et patrouilles. À 23 h, l’ennemi fait preuve d’une certaine nervosité devant le quartier Daubert. Échange de grenades, de coups de feu et de rafales de mitrailleuses, le tout sans résultat. Pertes : néant. » [5]

Le document historique du régiment relate cette période comme suit : « Verdun-Côte du poivre (19 août au 23 novembre 1916)

Après une semaine de repos à Nant-le-Grand et Nant-le-Petit, le régiment, transporté à Nixéville, remonte à Verdun, passe un jour à la Citadelle et relève le 19 août le 40e régiment d’infanterie dans le secteur de la côte du Poivre.

Deux bataillons tiennent la première ligne : celui de droite, à cheval sur le Fond d’Heurias et la route de Louvemont, en liaison avec le 11e régiment d'infanterie au Bois Nawé ; celui de gauche, accroché aux pentes sud de la Côte, dont les Allemands tiennent la totalité de la crête militaire. Le bataillon de soutien occupe au sud du Ravin de Bras les Tranchées de Lille, Kitchener et Galliéni.

Ce secteur est moins agité que celui de Thiaumont.

Il possède les éléments d’une organisation défensive, mais néanmoins son occupation est des plus pénibles. Un nouvel ennemi s’y révèle : l’eau, qui jaillit en sources de toutes parts dans les tranchées et les boyaux, l’eau qui cause d’incessants dégâts que chaque nuit, il faut réparer et qui rend le séjour intenable dans les abris.

De la crête d’où il nous domine, l’ennemi règle à son gré les tirs de son artillerie dans la Plaine de Bras sur laquelle aucun mouvement ne lui échappe.

Chaque nuit, pendant plus de trois mois, les hommes partent chercher le ravitaillement que les cuisines ont préparé à Verdun et que les avant-trains apportent sur les bords du canal, près de la ferme de La Folie.

Les hommes accomplissent en silence leur rude besogne sur un terrain malaisé, sur des pistes balayées par des balles de mitrailleuses, traversant le village de Bras où rares sont les accalmies dans le tir de l'artillerie ennemie.

Du 19 août au 23 novembre, nos braves troupiers ne peuvent prendre aucun repas chaud. Pendant ces 97 jours, le régiment ne connaît d’autre repos que la faible détente créée par l’alternance des bataillons sur la position de soutien. »

Le 30 mars 1918, le JMO relate le déroulement d’un « coup de main » :

« Journée très calme et nuit très agitée par l’exécution d’un fort coup de main par les Allemands sur le CR Haudiomont.

Pendant la journée, les officiers du 1er bataillon du 20e RI exécutent la première reconnaissance du CR Haudiomont. Pendant la première partie de la nuit, ce bataillon monte relever un bataillon du 7e RI (Point d’appui Village 1ère Cie- PA central 2e Cie-PA Grand Mur 3e Cie). La relève est terminée un peu avant minuit.

Soudain à 0 h 30, c’est à dire quelques minutes seulement après l’installation de la troupe dans le nouveau secteur, un tir d’enragement de la dernière violence se déclenche et un stosstrup [6] fort de plus de 200 hommes et précédé de flammenwerfer [7] attaquent nos positions situées à l’Est du village d’Haudiomont (rue du Four à Chaux).

Bien que fatigués par une nuit de relève sous la pluie, bien qu’éperdus sur un terrain inconnu, nos hommes entraînés par leurs chefs, se précipitent bravement à leurs postes de combat et sans une minute d’hésitation, contre-attaquent l’ennemi à la grenade, en lui infligeant de très lourdes pertes. Ce dernier, surpris de la résistance acharnée des nôtres, ne tarde pas à se retirer en désordre, abandonnant des cadavres sur le terrain et un important matériel. Il y a de nombreux blessés et des disparus. »

Le 31 mars 1918, le même journal rapporte : « Journée très calme. Pertes subies au cours du coup de main de la nuit du 30 au 31 mars : Debroise Eugène, 2e Classe, 2e Cie, disparu. »

Disparu à Haudiomont, Eugène est fait prisonnier et interné au camp de Darmstadt en Allemagne, Land de la Hesse dans le centre-ouest de l'Allemagne [8].

Situé dans un vaste champ de manœuvres à quelques kilomètres de la ville de Darmstadt, le camp était constitué de grandes baraques en bois réunies en groupe de dix pouvant contenir un bataillon. Le camp était entouré d’un réseau de fils de fer et chaque bataillon (ensemble de 10 baraques) était à son tour entouré par des fils de fer [9].

Rapatrié à l’occasion de l’armistice, il arrive, en France, à la division d’infanterie du 41e régiment d’infanterie, le 17 décembre 1918.

Eugène arrive dans ce régiment, cantonné à Strasbourg, après la visite, le 9 décembre, du président de la République, Raymond Poincaré, accompagné du président du Conseil, des présidents des Chambres, des membres du Parlement, des maréchaux de France, des représentants du corps diplomatique à Strasbourg à 9 h 30. Le 41e RI, dont la devise est « Hardi Bretagne », participe au service d’honneur et d’ordre.

Après l’infanterie, une vie consacrée à la gendarmerie

Le 19 janvier 1919, il est affecté au 2e Régiment d’infanterie comme gendarme auxiliaire, dirigé une semaine plus tard (le 27 janvier 1919) sur la gendarmerie de Saint-Lô et passé le même jour à la 10e légion de gendarmerie, basée à Rennes, qui regroupe les départements d’Ille-et-Vilaine, Côtes-du-Nord et Manche.

Eugène est mis en congé illimité de démobilisation le 20 septembre 1919, 10e échelon n° 136 avec comme corps mobilisateur le 2e Régiment d’Infanterie qu’il a rejoint le 5 octobre 1919 [10] Après avoir participé à la guerre contre l’Allemagne durant la période allant du 12 avril 1915 au 20 septembre 1919, soit 53 mois, il se retire à la ferme familiale de La Lande-d'Airou.

Par décision ministérielle du 3 mars 1921 [11], il est nommé élève gendarme à cheval à la 3e légion de gendarmerie, basée à Rouen et qui regroupe les départements du Calvados, de la Seine-Inférieure et de l’Eure. Entré en solde le 1er avril 1921, il est titularisé « gendarme à cheval » le 8 septembre 1921 et prête serment le 24 septembre 1921 devant le tribunal d’instance de Neufchâtel-en-Bray (Seine-Inférieure). Marié à Germaine Élisabeth cette même année, il est affecté à la gendarmerie de Blangy-sur-Bresle.

Il est fort probable que sa Légion ait été réquisitionnée pour raisons de maintien de l’ordre lors des grèves des ouvriers métallurgistes du Havre qui aura lieu du 20 juin au 9 octobre 1922 [12]

Affecté le 14 juin 1924 à la brigade de gendarmerie de Torigni-sur-Vire, sous le commandement du chef Alexandre, il passe de nouveau à la 10e légion. Il devient gendarme à pied le 1er décembre 1927 et sous-officier de carrière le 1er avril 1928.

Autorisé par décision du général commandant le 3e corps d’armée en date du 3 octobre 1931, à se retirer dans ses foyers, en attendant la liquidation de sa pension de retraite proportionnelle, le 5 octobre 1931.

Il se retire à Fleury avec, comme corps d’affectation de réserve, la 10e légion de gendarmerie.

De nombreux rappels en tant que réserviste

Eugène est rappelé à l’activité le 24 septembre 1938 et renvoyé dans ses foyers le 5 octobre 1938.

Dans le cadre des prémices de la Seconde Guerre mondiale, il est convoqué le 11 avril 1939 à la 10e Légion de Gendarmerie en application du décret de Loi du 20 mars 1939 [13] et renvoyé dans ses foyers le 25 avril 1939.

De nouveau rappelé à l’activité le 23 août 1939, il est affecté le même jour à la 10e légion de gendarmerie et arrive au corps le jour même. Il est renvoyé définitivement dans ses foyers le 16 août 1940.

Vie civile

Fin 1931, la famille s’installe sur une ferme située à Fleury au lieu dit La Baissinière. Eugène prend les fonctions de secrétaire de mairie particulièrement sous la mandature du maire Albert Larsonneur, médecin demeurant au lieu-dit Chanteraine, élu du 6 décembre 1920 à fin 1941.

Décorations

Eugène reçoit la médaille militaire par décret du 24 décembre 1931 et selon le document scellé et enregistré sous le numéro 295 570 de la chancellerie de la Légion d'honneur.

Notes et références

  1. Archives de la Manche, Registre et matricule militaire.
  2. Historique du 136e Régiment d’infanterie, Rennes, imprimerie Oberthur 1920.
  3. « Première Guerre mondiale », Wikimanche(lire en ligne).
  4. Répertoire des journaux de marches et d’opérations (JMO) - (voir en ligne) Répertoire numérique des journaux des marches et opérations 1914-1918 sous série 26N - (télécharger) et (voir en ligne).
  5. Wikimanche, Historique du 25e régiment d’infanterie Librairie Chapelot, JMO.
  6. Troupe d’assaut
  7. Unité de lance-flamme
  8. CICR, site internet sur les prisonniers de la Première Guerre mondiale. (lire en ligne).
  9. Photos du camp Darmstadt (lire en ligne), (lire en ligne), (lire en ligne).
  10. Historique du 2e régiment d’infanterie, Henri-Charles Lavauzelle, Éditeur militaire 124, boulevard Saint Germain, 1920.
  11. Journal Officiel, 4 mars 1921, p. 2865.
  12. Patrice Rannou, Le Havre 1922 - La grande grève de la métallurgie, Paris, éditions CNT, 2011, 112 pages.
  13. Décret-loi du 20 mars 1939 relatif au maintien temporaire d’hommes libérables sous les drapeaux et modifiant la Loi du 31-03-1928 en ce qui concerne le rappel des réservistes.