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Ermitage Saint-Gerbold (Gratot)

De Wikimanche

Façade
Vue extérieure du chevet

L’ermitage Saint-Gerbold à Gratot est l’un des derniers ermitages bâtis existant encore en France.

Histoire

Entre 1403 et 1418, Philippe d’Argouges, seigneur de Gratot, fait construire une chapelle dédiée à saint Gerbold. Ce saint fut en effet au VIIe siècle évêque de Bayeux, la ville d’origine des d’Argouges. Toujours propriété de cette famille au XVIIe siècle, la chapelle est transformée en ermitage entre 1619 et 1623. Un lopin de terre est même offert par un paroissien afin que l’ermite puisse cultiver son « jardin à herbes » (son potager).

Confisqué et vendu comme bien national à la Révolution, l’édifice retourne à la famille d’Argouges au début du XIXe siècle et redevient ermitage jusqu’au décès de son dernier occupant en 1830. Vendu à nouveau, ses propriétaires successifs s’en désintéressent peu à peu, ou ne trouvent pas les moyens nécessaires à sa reconstruction.

Déjà à l'abandon en 1878, l’édifice tombe en ruine. Il semble avoir, depuis sa désaffectation, servi de dépendance agricole. Peu à peu délaissé, il s’effondre progressivement, surtout sous le coup des intempéries. Plusieurs tentatives de restauration effectuées après la Seconde Guerre mondiale échouent. La voûte s’écroule vers 1947.

Sous l’impulsion de son ultime propriétaire et d’associations de passionnés, l’édifice est classé monument historique en 1995[1]. Il est acheté en 2000 par le Conseil général de la Manche, qui le fait restaurer et l’ouvre au public en 2006.

L’ermitage Saint-Gerbold de Gratot fut un équipement du réseau départemental des sites et musées de la Manche mis en place par le Conseil général jusqu'en 2019 où il devient la propriété de la commune de Gratot.

Une découverte historique

Statue restaurée de saint Gerbold, provenant de l'ermitage, exposée à Hambye

Au cours de la restauration de l'ermitage, la terre, accumulée dans la nef, est dégagée. Une statue est alors exhumée sans que personne n'ait eu connaissance de sa présence. C'est la statue du saint évêque Gerbold, qui servait aux offices dans la chapelle[2].

Elle avait probablement été enterrée par des fidèles lors de l’abandon des rites sur le site pendant la Révolution et ce pour la protéger des révolutionnaires.

La statue est présentée à l'abbaye de Hambye, dans l'exposition temporaire « Fragments d'histoire »[2].

La légende du saint guérisseur

Fêté le 4 décembre et prié pour la guérison des troubles digestifs, Saint Gerbold vécut à la fin du VIIe siècle.

Peu de témoignages attestent de son existence et son lieu d’origine est incertain. Il naît probablement dans le Calvados puis vit en Angleterre, comme intendant chez un riche seigneur. L’épouse de ce seigneur lui fait vainement plusieurs avances, et, furieuse de son indifférence, l’accuse d’avoir abusé d’elle.

Gerbold est jeté à la mer, attaché à une meule. La pierre devient par miracle une embarcation qui lui permet de rejoindre le rivage de Ver-sur-Mer, près de Bayeux. Il décide alors d’y vivre en ermite jusqu’au jour où la population, connaissant ses miracles, lui demande de succéder à l’évêque, récemment décédé.

L’austérité et la rigueur morale de son épiscopat lui valent l’inimitié des Bayeusains qui le chassent. Furieux, l’évêque jette son anneau épiscopal à la rivière, jurant qu’il ne reviendra à la tête du diocèse qu’à la condition qu’on lui rapporte l’objet perdu. Bientôt, un châtiment divin accable la population qui s’est détournée de la religion : le pays est frappé d’une épidémie de dysenterie.

Seul celui qui a quitté son siège d’évêque peut les guérir. Or, un pêcheur découvre l’anneau de Saint Gerbold dans le ventre d’un poisson. L’ermite tient sa parole. Il revient au siège épiscopal et l’épidémie cesse.

Saint Gerbold meurt en 695. Des reliques de son corps sont conservées au musée Baron Gérard de Bayeux et à l’église du Petit-Celland.

Rien n’indique qu’il soit venu à Gratot. Philippe d’Argouges lui a dédié une chapelle huit siècles plus tard probablement parce que la famille d’Argouges était originaire de Bayeux. On peut aussi supposer que la chapelle est devenue ermitage toujours en son honneur, puisqu’il a vécu plusieurs années en ermite.

Visite

Linteau de l'ermitage, exposé à l'abbaye de Hambye

Sur le site entourant l’ermitage, des panneaux évoquent la légende du saint-évêque, l’évolution du bâti, la vie spirituelle et quotidienne des ermites, ainsi que différents lieux liés à l’ermitage Saint-Gerbold ou à l’évêque de Bayeux en Basse-Normandie. Le site est en permanence ouvert à la visite libre.

L’édifice est ouvert seulement en visite guidée et à certaines périodes de l’année, dont les journées du Patrimoine. On y découvre quelques décors polychromes dans la chapelle, et l’on y visite les pièces à vivre de l’ermite.

Situation

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Bibliographie

  • Lucien Musset, « Ermitage Saint-Gerbold à Gratot », Annuaire des cinq départements normands, congrès de Coutances, 1993, pp. 7
  • Christiane Daireaux, « L'ermitage Saint-Gerbold à Gratot », Revue du département de la Manche, n° 132, 1991

Source

  • Direction des sites et musées – Conseil général de la Manche

Notes et références

  1. « Notice n°PA00110668 », base Mérimée (architecture), médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, ministère de la Culture.
  2. 2,0 et 2,1 Réseau des sites et musées du département de la Manche, Guide des expositions, saison 2006.

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