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Edmond-Marie Poullain

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Edmond-Marie Poullain, cameraman.

Edmond-Marie Amédée Alphonse Poullain, né à Montebourg le 24 janvier 1878 [1] et mort à Granville le 27 juin 1951 [1], est un magistrat, artiste-peintre-graveur et aquafortiste de la Manche.

Biographie

Fils d'un juge de paix, Edmond-Marie Poullain passe son enfance à Tessy-sur-Vire puis à Cherbourg. Il fait ses études secondaires au collège diocésain à Saint-Lô, puis au lycée de Caen. En 1898, il exerce la fonction de clerc chez un avoué.

C'est en 1903 qu'Edmond-Marie Poullain débarque à Paris pour y faire son droit. Il est cependant plus soucieux de réaliser son ambition artistique et s'inscrit à l'école des beaux-arts et fréquente les soirées de la Plume (revue littéraire dirigée par Karl Boès) au Caveau du Soleil d'or, place Saint-Michel, où sont organisées des rencontres d'écrivains et de jeunes artistes. C'est là que se retrouvent nombre de ceux que l'on appellera plus tard la bande à Picasso.

Très attiré par cette existence nouvelle, et convoitée de longue date, qui le libère du joug parental, Edmond-Marie Poullain, du bistrot du Père Jean à la Closerie des Lilas (où il côtoie Paul Fort) noue de grandes amitiés avec notamment Guillaume Apollinaire, Max Jacob, André Salmon, Pablo Picasso, Charles-Louis Philippe...

Dans son atelier de la rue de Seine, il aime alors à recevoir ses amis lors de soirées artistiques auxquelles prennent part de jeunes femmes peu farouches, et où l'on parle peinture et poésie. André Salmon conte dans ses Souvenirs sans fin ce que furent les réunions dans l'atelier de Poullain, de personnages comme Mécislas Golberg, Karl Edvard Diricks, Nicolas Deniker, Arne Hammer, Jean Mollet dit « le baron », le sculpteur catalan Manolo Hugué et quelques autres.

Poullain s'installe ensuite rue Broca où il fonde avec André Salmon et Jean Mollet un phalanstère d'inspiration fourriériste.

C'est un peu plus tard, en 1905, à Montparnasse, dans son atelier de la rue Campagne-Première que Poullain ébauche le portrait d'Apollinaire à moustaches. Il en réalisera deux autres, dont l'un, au fusain, se trouve au musée de Stavelot, en Belgique.

En mars 1905, il expose rue de Lille à la Galerie Prath & Magnier, en avril au Salon des Indépendants, et en juin rue Bonaparte à la galerie Pierrefort avec notamment Cirou, Diricks, Gorvel, Luce, Matisse & Manolo.

Assez vite, Edmond-Marie Poullain, qui se prétend Normand d'avant la Conquête, perçoit le « danger » que représente le cubisme, contraire à sa peinture qu'il sent menacée. Alors il renonce à l'aventure, fuit Paris un jour de 1906, se réfugiant à Vauville, au plus profond de sa Normandie ancestrale. Inscrivant sa peinture dans un régionalisme fervent, souffrant de son isolement, il regrette les moments privilégiés de ses années parisiennes.

De 1907 à 1919, il est avocat à Valognes. Il est nommé Juge de paix en 1919.

En 1911, on arrête Guillaume Apollinaire, que l'on accuse d'être à l'origine du vol de La Joconde. Contrastant avec l'attitude de Picasso, Poullain soutient son ami Guillaume, enfermé à la prison de la Santé. Il use alors de son talent juridique pour réconforter le poète. Confiant, Apollinaire lui livre certaines confidences dans des lettres de prison.

En 1912, il fonde la Société bas-normande de décentralisation artistique, dont il organise la première exposition, du 8 au 29 juin 1913 à Valognes.

Il épouse Odette Cabart-Danneville. Ils ont deux enfants, Marie-Odette en 1922 et Marthe en 1923.

En 1942, il entre dans la Résistance, intégré au réseau Marland.

En 1946, il accueille chez lui André Salmon, condamné à une période de cinq ans d'indignité nationale (condamnation très rapidement amnistiée).

Edmond-Marie Poullain n'avait pas la prétention d'être un grand peintre, mais il avait conscience de son talent. Il n'avait pas appris la peinture, il l'avait en lui.

Il est inhumé à Granville.

Plaque se trouvant sur le dernier domicile d'Edmond-Marie Poullain à Granville.
Tombe d'Edmond-Marie Poullain au cimetière de Granville.

Carrière de magistrat et d'avocat

Sélection d'expositions dans la Manche

Ce récapitulatif ne tient pas compte des expositions réalisées en dehors du département.

Hommage

Une rue de Bréhal et une autre à Tessy-sur-Vire portent son nom.

Bibliographie

  • Guillaume Apollinaire, « Le talent âpre et poétique d’Edmond Poullain », l’Intransigeant, 4 décembre 1913.
  • André Salmon, « Préface » au catalogue de l’exposition normande d'Edmond et Jeanne Poullain à la galerie Henri Manuel (22 octobre-7 novembre 1913).
  • Henri Mahaut, Edmond-Marie Poullain et notre pays, Valognes, Édition du musée régional, 1914.
  • Roger Giron, « Peintre et conteur, Edmond-Marie Poullain juge de paix de Bréhal, ami de Guillaume Apollinaire et de Picasso », Paris-Midi, 31 août 1939.
  • Laurent Clément, « Edmond-Marie Poullain n'est plus », Ouest-France, 6 juillet 1951 ; La Manche Libre, 8 juillet 1951.
  • Fernand Vatin, « Edmond-Marie Poullain, peintre et aquafortiste », Le Réveil, 20 septembre 1951.
  • André Salmon, « Edmond-Marie Poullain, l'ami des peintres et poètes parisiens », La Manche Libre, 12 février 1962.
  • Laurent Clément, « Edmond-Marie Poullain », Revue de l'Avranchin, n° 262, mars 1970.
  • Pierre Leberruyer, « Le peintre Edmond-Marie Poullain préféra la Hague à Montmartre », La Presse de la Manche, 23 mai 1975.
  • Raymond Deslandes, « Quesnel et ses amis à travers sa correspondance », Cosédia, n° 31, avril 1984.
  • Catalogue de l'exposition Edmond-Marie Poullain, Dirt. Olivier Messac, Paris Éditions Arts & Culture, 1986.
  • Olivier Messac, « Il y a 50 ans, disparaissait Edmond-Marie Poullain, chantre du Cotentin », La Presse de la Manche, 6 février 2002.
  • Olivier Messac, « Il y a 50 ans, la mort d'Edmond-Marie Poullain », La Manche libre, 6 février 2002.
  • « Edmond Marie Poullain, un avocat original », Val'Auna, n° 32, 2018

Notes et références

Liens externes