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Discours inaugural du phare de Gatteville (1829)

De Wikimanche

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Le 17 juin 1829 dans la lettre de Cherbourg paraît le texte relatant la pose de la première pierre du phare de Gatteville qui s'est déroulée le dimanche 14 juin 1829 sur les fondations du monument.

« À la pointe de Gatteville, près le port de Barfleur, on construit en ce moment, d'après les plans et sous la direction de l'ingénieur La Rue, un monument dont le grandiose et la simplicité rappèlent ceux des Romains. Une colonne de deux cent vingt pieds portera un fanal qui est destiné a croiser avec les feux du Hâvre, distans de près de 20 lieues.

Cette colonne aura 100 pieds de plus que celle qui décore la place Vendôme. Une population considérable se trouvait réunie dimanche dernier sur le rocher destiné à recevoir ce monument. M. d'Estourmel, préfet, accompagné de M. de Frotté, Sous-préfet et de plusieurs fonctionnaires publics, a posé la pierre centrale qui pèse près de trente milliers.

Avant de placer sous ce bloc les médailles qui constatent l'époque de la fondation de cette colonne vraiment prodigieuse, le préfet a prononcé le discours que voici :

« Nous allons placer sur cette roche presque à fleur d'eau, la plus haute colonne du monde. Bravant les tempêtes, cette colonne, vraiment triomphale, surgira du sein des flots, et ne s'arrêtera dans les airs qu'à une hauteur de 220 pieds.»
« Est-il rien de plus satisfaisant pour l'humanité que l'ensemble du système auquel se rattache le monument que nous allons fonder ? Et n'oublions pas ici de rappeler qu'il est dû aux précieuses découvertes d'un homme enlevé trop tôt aux sciences dont il a étendu le domaine, à M. Fresnel, auquel cette province s'honore d'avoir donné le jour.»
D'après ce système, des feux vont s'allumer, sans la moindre solution de continuité, sur toute l'étendue du littoral du royaume qui en sera environné comme d'une éclatante auréole. Le caboteur, que ses intérêts retiennent à la vue des côtes, les parcourra sans crainte sous le feu croisé de nos phares. Ils se succéderont sur son passage, et quand un d'eux sera prêt à disparaître derrière son navire, un autre se lèvera devant lui. Mais ce n'est point assez : ces feux diversifiés entre eux feront reconnaître par leur seul aspect, les parages où ils sont placés.»
Ainsi, lorsque le voyageur revenant des extrémités du monde, perdu sur le vaste océan, au milieu des longues nuits d'hiver, appercevra tout-à-coup un de ces astres bienfaisans, la flamme lui révélera par ses éclipses ou son dégré d'intensité, le port, ou l'écueil placé devant lui. Il saura qu'il est près d'aborder les terres de France ; sans les voir il les reconnaîtra, et peut- être lira-t-il dans ces caractères de feu qu'un fortuné hazard l'a guidé en face même du toît paternel que les premiers rayons du jour vont lui faire découvrir. »

L'adjudication de ce phare fut passée le 18 juillet 1828 , pour 332 213 f. 91 c. On présume que lorsque ce monument sera terminé, le phare de Gatteville, à côté duquel on le construit, sera utilisé en l'embarquant et l'emportant en détail, soit à Carteret, soit à Jobourg, où sa hauteur sera suffisante , vu celle des falaises sur lesquelles il doit être placé. »

Sources

  • Éphémérides normandes, ou Recueil chronologique, historique et monumental de la Normandie par Grégoire-Jacques Lange.

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