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Couvent des dominicains (Le Mesnil-Garnier)

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Plan du Château du Mesnil-Garnier en relation avec le Bourg et le couvent. Les dimensions sont prises sur le cadastre de 2022, sur lequel on a superposé le cadastre napoléonien de 1823. Le couvent est surligné en rouge.

Le couvent des dominicains du Mesnil-Garnier est un ancien établissement religieux de la Manche.

Histoire

Thomas II Morant, baron du Mesnil-Garnier, de Courcelles et d'Estreville, seigneur de Champrepus, conseiller d'État et privé du Roi, fils aîné du premier baron du Mesnil-Garnier en 1607, souhaite fonder un couvent près de son château du Mesnil-Garnier, alors petit bourg à la lisière de la forêt de Gavray. Propriétaire d'un hôtel particulier parisien, rue de Jouy, il connaît la réforme des Jacobins que porte le père Sébastien Michaelis dans le couvent de la rue Saint-Honoré et décide de confier à ceux-ci l'établissement[1].

Par l'acte de fondation du 1er avril 1620, signé au couvent de l'Annonciation à Paris et scellé le 19 juin, les Dominicains s'installent et élèvent les bâtiments du couvent entre 1630 et 1645. Jean de Réchac, témoin de l'époque, précise que l'« Église est dédiée à Saint Thomas d'Aquin, et fort belle, et spacieuse, garnie des plus beaux ornemens que l'on puisse voir ez catedrale. Le couvent est baty presque tout de pierres de taille, accompagné d'un cloître, d'une librairie bien fournie et de toutes ses officines : outre la fondation et construction du couvent, ledit Seigneur à û tant de piété, que pour l'entretien des Religieux, il leur a donné tous les ans deux mille livres de rente, sur des terres Seigneuriales dont il s'est défait entre leurs mains »[1]. Les pierres viennent des carrières d'Hambye ou Saint-Michel-de-Montjoie.

L'église conventuelle, que Morant voulait aussi grande que celle des Prêcheurs de Coutances et aussi richement ornée que la cathédrale, accueille les religieux dans le chœur, les fidèles dans la nef et comporte également des chapelles latérales, dont l'une est attitrée à la famille Morant. Le clocher est situé sur le côté. L'église, sous le vocable et patronage de saint Thomas d'Aquin, le patron du fondateur, est dédicacée et l'autel consacré en 1654 par l'évêque de Coutances, Claude Auvry[1].

Thomas Morant dote la communauté d'ouvrages ornés de ses armes sur les reliures, équipe le vestiaire et la cuisine. Les religieux disposent également d'une ferme, d'un vivier à poisson et de rentes. Trois ou quatre prêtres devaient venir à la fondation, puis jusqu'à sept prêtres, deux convers et quatre clercs une fois les bâtiments construits. Le seigneur fondateur, omniprésent dans l'organisation de la communauté, meurt en 1651[1]. Les années suivantes sont marquées par des difficultés financières.

Le père François Penon, prieur du couvent du Mesnil-Garnier en 1653 et 1654, devient vicaire général de la Congrégation en 1663.

En juillet 1669, le père Antoine Chesnois, prieur de Toul, est sanctionné pour avoir protesté contre une nomination et envoyé au Mesnil-Garnier jusqu'en 1673. Il y écrit, à la demande de curés locaux, Le petit missionnaire de la campagne chrétienne, ou Instructions chrestiennes pour les peuples de la campagne, divisée en la campagne innocente, la campagne savante, la campagne spirituelle. François-Dominique de Musset assume plus tard la charge de prieur.

En 1699, le prieur reçoit la responsabilité du Tiers-Ordre dominicain de Villedieu-les-Poêles fondé en 1685.

Durant les quatre premières décennies du XVIIIe siècle, la communauté dominicaine est formée de six ou sept pères et deux frères convers qui se consacrent à l'office, à l'étude de l'Écriture Sainte et des sciences sacrées, à la prédications et le catéchisme.

« L'hospice d'aliénés »

Face à la faiblesse des nouvelles vocations et à de nouvelles difficultés financières, les dominicains accueillent en 1734, puis à partir de 1757, des malades atteints d'affections mentales. Confiés par lettre de cachet et ordre du Roi ou à la demande des familles, la trentaine de pensionnaires qui vivent dans un régime de liberté, sont pour un tiers ecclésiastiques et deux tiers laïcs, contre une moyenne nationale d'un quart d'ecclésiastiques. En 1766, l'évêque Talaru de Chalmazel déclare à une commission nationale préférer conserver le couvent du Mesnil-Garnier et fermer celui de Coutances. Mais d'une douzaine de dominicains, le nombre de pères tombe de quatre à trois fin 1786, à la suite du départ du père Jacques Villaume pour le couvent de Coutances. Consacré aux malades, leur temps ne permet plus de prêcher à l'extérieur[1].

Le père Florentin Vannequé est dernier prieur du couvent, qui est fermé par les autorités révolutionnaire en 1790. La municipalité demande alors à l'Assemblée nationale de conserver la maison des dominicains comme hôpital et l'ancien prieur comme directeur de l'établissement[1].

L'église conventuelle est détruite en 1793, les tombes profanées, mais le clocher et les bâtiments conventuels subsistent et sont cédés au citoyen Guillaume Laurent[2]. L'asile est ensuite dirigé par le prêtre Le Moyne, jusqu'à sa mort en 1859[1].

L'hospice est fermé et les murs vendus, le petit-fils du propriétaire faisant raser tous les bâtiments après sa mort, entre 1868 et 1870[1].

La ferme dite « le Couvent », du XIXe siècle, conserve le souvenir de l'établissement religieux. Le cimetière communal accueille la sépulture du dernier directeur de l'hospice, Le Moyne. Un retable de Saint-Sacrement de l'ancienne église conventuelle orne l'église paroissiale du Mesnil-Garnier, et un tableau a été transféré dans celle du Mesnil-Amand. La bibliothèque municipale de Coutances, installée dans l'ancien couvent des dominicains de Coutances conserve des livres de la bibliothèque conventuelle[1].

Situation

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Bibliographie

  • Jean Frémin, « L'histoire du couvent dominicain du Mesnil-Garnier, dans le Cotentin », Annales de Normandie, 45e année n°4, 1995. (lire en ligne).
  • Marc-Alphonse Forget, « Le Mesnil-Garnier, son château et son couvent, les hommes qui ont fait son histoire  », Viridovix, n° 33, 2015.

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7 et 1,8 Jean Frémin, « L'histoire du couvent dominicain du Mesnil-Garnier, dans le Cotentin », Annales de Normandie, 45e année n°4, 1995. (lire en ligne).
  2. Adjudication des bâtiments du couvent du Mesnil-Garnier, au profit de Guillaume Laurent, document 2 J 1169, Archives départementales de la Manche.