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Cormeray

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L'église de Cormeray
Localisation de l'ancienne paroisse de Cormeray sur la carte de Normandie de Guillaume de l'Isle (1716).

Cormeray est une ancienne commune de la Manche, attachée aujourd'hui à Pontorson.

Toponymie

Attestations anciennes

Étymologie

L'interprétation de ce toponyme retenue par un certain nombre de spécialistes depuis près d'un siècle est aujourd'hui contestée.

  • Auguste Longnon [31] range Cormeray parmi les dérivés du nom du cormier (sorbier domestique), sans toutefois citer de formes anciennes. Il est suivi en cela par Albert Dauzat [32], qui cite les formes de 1369 et 1412, puis par Adigard des Gautries et Lechanteur [33] et enfin Ernest Nègre [34], qui citent en outre la première attestation ci-dessus.
  • Auguste Vincent [35] ne reprend pas cette analyse, mais n'en propose aucune autre.
  • Marie-Thérèse Morlet [36] ne mentionne pas plus ce nom, ce qui signifie soit qu'elle admet l'explication traditionnelle de Cormeray (qui n'a donc pas sa place parmi les toponymes contenant un nom de personne), soit qu'elle considère l'origine de ce nom comme incertaine.
  • François de Beaurepaire [6], au vu des différentes attestations anciennes disponibles, qui sont exclusivement en Crom- du 11e au 15e siècle, puis alternent avec des formes en Corm- du 15e au 18e siècle, conteste cette interprétation. Il voit plutôt dans ce nom une formation gallo-romane en -(I)ACU à partir d'un élément indéterminé, et l'apparente à Crosmières (Sarthe; de Cromeriis 1090), Cormery (Loir-et-Cher) et Cormery (Indre-et-Loire; Cormeriacensis 1155). Dans cette hypothèse, la forme actuelle en Corm- serait attribuable à une métathèse tardive, et sans doute à l'attraction des autres toponymes dérivés de celui du cormier.
  • René Lepelley [37] ne s'exprime pas à ce sujet, n'ayant étudié que les noms de communes actuelles.

L'explication traditionnelle postule soit une formation gallo-romane °CORMARĒTU, dérivé collectif en -ĒTU de °CORMARIU, lui-même tiré du gaulois hypothétique °corma « sorbier, cormier ; fruit », soit un dérivé roman plus tardif mais de même valeur, issu de l'ancien français cormier < °CORMARIU + suffixe collectif -ei, -ai < -ĒTU, manifestant une forme dialectale de l'Ouest. Il faut dans ce cas invoquer une métathèse persistante corm- > crom- (que rien ne motive apparemment) jusqu'au 15e siècle, puis un rétablissement progressif de la forme originelle corm- par la suite. Une telle évolution n'est pas impossible, mais sa probabilité semble relativement faible.

La proposition de François de Beaurepaire, en revanche, est affaiblie par le fait que l'on ne sait à quoi rattacher l'éventuel radical Cromer-. Il existe certes quelques anthroponymes gaulois en Crom- ou Crum- [38], mais ils semblent reposer sur un élément crū- « sang » [39], avec un ū long, qui générerait nécessairement une initiale romane en °Cru-. En outre, aucun d'entre eux ne convient quant à la forme.

Il semble donc plus prudent, à l'heure actuelle, de considérer l'origine de Cormeray comme incertaine, l'explication traditionnelle se heurtant à l'apparente incompatibilité des formes anciennes, et la proposition de François de Beaurepaire restant trop dans le vague.

Histoire

En 1621, Gabriel II de Montgommery échange avec le roi Louis XIII la place de sûreté de Pontorson contre trente mille écus et une nouvelle charge. Cela entraîne la fermeture du temple de Pontorson qui rouvre à Cormeray. Par un arrêt du Conseil d'État du 12 septembre 1626, le roi autorise les réformés de Pontorson à se recueillir au village de Cormeray, sur la propriété de Gabriel de Hauteville, seigneur du lieu. Cormeray devient l'une des onze églises du colloque du Cotentin. Le 26 novembre 1662, Olivier Bence, vicaire de la paroisse, incendie le temple de Cormeray; il est condammné à être étranglé en 1664; son effigie est exécutée à Rouen.[40]

L'édit de Fontainebleau révoquant l'édit de Nantes, en 1685, un membre de la famille Vivien de la Champagne, lieutenant-général du bailliage d'Avranches fait démolir le temple sur ordre du roi.[41] Il ne reste rien de ce temple.

Elle fusionne en 1815 avec Macey avant de reprendre son indépendance en 1848.

Cormeray fusionne ensuite avec Pontorson le 1er janvier 1973 (mise en application de l'arrêté de fusion-association du 19 décembre 1972), en même temps qu'Ardevon, Beauvoir, Boucey, Curey, Moidrey et Les Pas. Beauvoir reprend cependant son autonomie le 1er janvier 1989 (arrêté du 30 décembre 1988).

Démographie

Évolution démographique depuis 1793 (Sources : Cassini [42] et INSEE [43])
1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851 1856
133 149 185 {{{1 821}}} {{{1 831}}} {{{1 836}}} {{{1 841}}} {{{1 846}}} 185 150
1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896 1901 1906
152 151 136 139 124 103 102 98 126 123
1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954 1962 1968 1975
128 95 100 95 102 97 90 89 78 {{{1 975}}}
1982 1990 1999 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
{{{1 982}}} {{{1 990}}} {{{1 999}}} {{{2 006}}} {{{2 007}}} {{{2 008}}} {{{2 009}}} {{{2 010}}} {{{2 011}}} {{{2 012}}}
2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022
{{{2 013}}} {{{2 014}}} {{{2 015}}} {{{2 016}}} {{{2 017}}} {{{2 018}}} {{{2 019}}} {{{2 020}}} {{{2 021}}} {{{2 022}}}
De 1962 à 1999 : Population sans doubles comptes. Depuis 2006 : Population municipale.


Administration

Circonscriptions administratives avant la Révolution

Circonscriptions administratives depuis la Révolution

Les maires

Liste des maires
Période Identité Parti Qualité Observations
.......-....... ....
1793-1815 François Debieu
1815-1848 ....... fusion avec Macey
1849-1857 François Louis Debieu décédé en exercice le 29 janvier 1857
1857-1861 Michel Étienne Faguais
1861-1904 Michel Faguais
1904-1905 Jean-Marie Faguais
1905-1928 Victor Desgranges
1929-1935 François Besnard
1936-1950 François Faguais
1951-1958 Émile Desgranges
1959-1983 Marcel Faguais maire délégué depuis le 1er janvier 1973
1983-20015 Alexandre Macé maire délégué
2001-2014 Lucien Faguais maire délégué
2014-actuel Frédéric Dupré maire délégué
Sources : État civil de 1790 à 1892 - De 1892 à nos jours : 601 communes et lieux de vie de la Manche
Toutes les données ne sont pas encore connues.


Religion

Circonscriptions ecclésiastiques avant la Révolution

Patronage

  • Dédicace de l'église paroissiale : Notre-Dame.
  • Patron (présentation) : patron laïc, le seigneur du lieu; vers 1480, il s'agissait de Bertrand de Claquino, en raison de terres acquises de Robert de Bruconis [5].
  • Fête patronale : ?

Lieux et monuments

Personnalités liées à la commune

Naissances

Bibliographie

  • Eugène Jarnoüén, « L'église protestante et le prêche de Cormeray », Pontorson, cité normande, Rennes, 1932

Notes et références

  1. Confirmation par Richard II d'une charte présumée perdue de Guillaume Longue-Épée, datant de 933/942; cf. Marie Fauroux, Recueil des actes des ducs de Normandie (911-1066), Mémoire de la Société des Antiquaires de Normandie XXXVI, Caen, 1961, p. 21, § 8 et n. 11.
  2. Marie Fauroux, op. cit., p. 161, § 49.
  3. Comptes du Diocèse d’Avranches, dressés en 1369/1370 et 1371/1372, in Auguste Longnon, Pouillés de la Province de Rouen, Recueil des Historiens de France, Paris, 1903, p. 142C, 149C.
  4. Pouillé du Diocèse d’Avranches, 1412, in Auguste Longnon, op. cit., p. 154A.
  5. 5,0 et 5,1 Pouillé du Diocèse d’Avranches, ~1480, in Auguste Longnon, op. cit., p. 170A.
  6. 6,0 et 6,1 François de Beaurepaire, Les noms de communes et anciennes paroisses de la Manche, Picard, Paris, 1986, p. 104.
  7. Jean Bigot sieur de Sommesnil, État des paroisses des élections de Normandie, 1612/1636 [BNF, ms. fr. 4620].
  8. Roles par généralités et élections des paroisses de France et de leur imposition aux tailles, 1677 [BNF, cinq cents Colbert, ms. 261 f° 229 à 275].
  9. Dénombrement des généralités de 1713 [BNF, ms. fr. 11385, f° 1 à 132].
  10. Guillaume de l'Isle, Carte de Normandie, Paris, 1716.
  11. Bernard Jaillot, Le Gouvernement général de Normandie divisée en ses trois généralitez, Paris, 1719.
  12. G. Mariette de la Pagerie, Carte topographique de la Normandie; feuille 3 : Fougères, Vire et Avranches, 1720 [BNF, fonds Cartes et Plans, cote Ge DD 2987 (1009, III) B].
  13. L. Brion de la Tour, Recueil des Côtes Maritimes de France, Desnos, Paris, 1757, carte n° 9-15.
  14. G. Robert de Vaugondy, Carte du gouvernement de Normandie, Paris, 1758.
  15. Carte de Cassini.
  16. Site Cassini.
  17. Bulletin des lois de la République française, Imprimerie Nationale, Paris, 1801-1870.
  18. Dictionnaire universel, géographique, statistique, historique et politique de la France, impr. Baudouin, libr. Laporte, vol. II (COA-H), an XIII (1804), p. 55a.
  19. Louis Du Bois, Itinéraire descriptif, historique et monumental des cinq départements de la Normandie, Mancel, Caen, 1828, p. 427.
  20. J. G. Masselin, Dictionnaire universel de géographie physique, commerciale, historique et politique du Monde Ancien, du Moyen Age et des Temps Modernes comparées / Dictionnaire universel de géographie, t. I, Auguste Delalain, Paris, 1830, p. 355b.
  21. Dictionnaire géographique universel ou description de tous les lieux du globe sous le rapport de la géographie physique et politique, de l’histoire, de la statistique, du commerce, de l’industrie, etc., etc., Sociétés de Paris, Londres et Bruxelles pour les publications littéraires, Bruxelles, 1837, t. I, p. 353a.
  22. cartes d’État-Major (relevés de 1820 à 1866, mises à jour jusqu’à 1889; Basse-Normandie cartographiée entre 1835 et 1845).
  23. Annuaire de la Manche (1829), Statistique de l'arrondissement d'Avranches, p. 147.
  24. Abbé Auguste Lecanu, Histoire du diocèse de Coutances et d'Avranches depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours; suivie des actes des saints et d'un tableau historique des paroisses du diocèse, impr. de Salettes, Coutances, t. II, 1878, p. 286.
  25. Carte de la Manche, in Adolphe Joanne, Géographie du département de la Manche, Hachette, Paris, 1889.
  26. Auguste Longnon, Pouillés de la Province de Rouen, Recueil des Historiens de France, Paris, 1903.
  27. Atlas de Normandie, Caen, 1962.
  28. Anne Vallez, Pierre Gouhier, Jean-Marie Vallez, Atlas Historique de Normandie II (économie, institutions, comportements), Université de Caen, Caen, 1972.
  29. Annuaire officiel des abonnés au téléphone.
  30. Carte IGN au 1 : 25 000.
  31. Auguste Longnon, Les noms de lieux de la France, Paris, 1920-1929, p. 626, § 2971.
  32. Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Larousse, Paris, 1963, p. 212a.
  33. Jean Adigard des Gautries & Fernand Lechanteur, « Les noms de communes de Normandie », in Annales de Normandie XIX (1969), § 770.
  34. Ernest Nègre, Toponymie Générale de la France, Droz, Genève, t. I, 1990, p. 281, § 4055
  35. Auguste Vincent, Toponymie de la France, Bruxelles, 1937.
  36. Marie-Thérèse Morlet, Les noms de personnes sur le territoire de l’ancienne Gaule du VIe au XIIe siècle, Paris, CNRS, t. III (les noms de personnes contenus dans les noms de lieux), 1985, p. 363a.
  37. René Lepelley, Dictionnaire étymologique des noms de communes de Normandie, Caen, Presses Universitaires de Caen / Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, 1993.
  38. Xavier Delamarre, Nomina celtica antiqua selecta inscriptionum (Noms de personnes celtiques dans l’épigraphie classique), Errance, Paris, 2007, p. 78b/c cite Cromatius, Crumelonia et Crummus.
  39. De l'indo-européen °kreuə- « chair crue; sang répandu ».
  40. Service éducatif des Archives départementales de la Manche, Didac'Doc n°3, novembre 2009
  41. Jean-Jacques Desroches, «Histoire du Mont Saint-Michel et de l'ancien diocèse d'Avranches: depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours », Volume 2, éd. Mancel, Caen, 1838, p.284
  42. Population avant le recensement de 1962
  43. INSEE : Population depuis le recensement de 1962