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Collégiale Saint-Évroult (Mortain)

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Collégiale Saint-Évroult.

La collégiale Saint-Évroult est un édifice catholique de la Manche, situé à Mortain-Bocage.

Plan de l'église.

Histoire

Un premier édifice est construit en 1082 sur l'ordre du comte Robert de Mortain, demi-frère de Guillaume le Conquérant, à l'invitation de saint Vital. Il n'en reste que le portail roman. Il se composait seulement d'une nef d'environ 7 mètres de largeur sur 35 mètres de long [1]. À la même époque est créé le collège de Mortain dont les professeurs sont des chanoines de la collégiale.

L'église actuelle, construite en 1230 à la place de l'édifice primitif grâce à la générosité de la comtesse Mathilde de Dammartin (1202-1259), belle-fille de Philippe-Auguste [2], est réalisée par des architectes et maçons venant de Normandie et d'Île-de-France[3].

Elle est classée monument historique en 1840[4].

Architecture

Il ne reste l'église primitive que le portail roman de la façade sud. La nef est du XIIIe siècle et l'abside ne lui est postérieure que de quelques années.

Ancien état de la voûte, au début du XXe siècle.

L'aspect intérieur a été modifié en 1993 par le rétablissement de la voûte en bois, jusque-là recouverte d'un décor en plâtre qui limitait la hauteur de la nef et en dénaturait les proportions.

La nef, avec sa nouvelle voûte en bois, rétablie en 1993.

Sa nef, mesurant 9 mètres de large, possède 9 travées éclairées par des baies ogivales et fenêtres en plein cintre typiquement normand alors que ses huit gros piliers monocylindriques sur bases carrées, reliés par des arcades ogivales à chapiteaux ornés de crochets, évoquent le style « français »[1],[3]. Sans transept, à l'instar de l'ancienne cathédrale d'Avranches[5], ni triforium et déambulatoire, elle possède une chapelle absidiale[3].

Le campanile, érigé en 1809 contre le portail, est coiffé par un toit en bâtière. La tour, l'une des plus hautes de Normandie, est percée de longues baies à meneaux[3].

Le portail roman est orné de deux rangs de bâtons brisées en haut, et trois rangs de dents de scie au dessous[3].

Mobilier

Sont particulièrement remarquables les stalles du chœur et leurs miséricordes (XVe), la voûte en bois (châtaignier) en berceau (XVIIe), l'orgue de tribune, le maître-autel en marbre du Maine (1759) de René Mouller et la lampe du sanctuaire issus tous les deux de l'abbaye de Savigny-le-Vieux.

Un tableau du XVIIIe siècle, issu de l'abbaye de la Lucerne représente le pape Honorius. Un chandelier pascal porte les armes de Madame de Géraldin, abbesse de l'abbaye Blanche, de 1748 à 1766[3].

Les vitraux datent de 1954. Ils ont été réalisés par Hubert de Sainte-Marie, maître-verrier à Chartres. Ils remplacent ceux détruits en 1944 pendant les combats de libération de la ville.

En 1982, année du neuvième centenaire de la collégiale, la ville allemande de Thannhausen (Bavière), jumelée avec Mortain, offre une statue en bois polychrome de Notre-Dame, reine de Bavière.

Trésor

La salle du Trésor abrite un objet sans doute unique au monde : le chrismale [1], coffret en hêtre recouvert de cuivre datant du VIIe siècle, ainsi qu'un évangéliaire du Xe siècle et une copie du rouleau mortuaire de saint Vital du même siècle[3].

Évangéliaire de Mortain

Évangéliaire de Mortain

L'Évangéliaire de Mortain est un manuscrit de 118 pages, sur parchemin et enluminé, de la fin du Xe siècle ou plus probablement du XIe siècle [6].

Il contient les évangiles de Matthieu, Marc et Luc, ainsi qu'une copie du XVIe siècle des statuts du chapitre de la collégiale de Mortain [6].

Chrismale de Mortain

Le chrismale de Mortain est un coffret du VIIe siècle, en bois de hêtre revêtu de cuivre repoussé et doré, avec un couvercle en forme de toit à deux pans. Sur cet objet, destiné à porter l'Eucharistie, on peut distinguer un ange aux ailes déployées, deux oiseaux et un Christ pantocrator entre les archanges Michel et Gabriel. Une petite fenêtre a été ouverte dans le couvercle du coffret à la fin du XIXe siècle, lorsqu'on a fait du chrismale un reliquaire.

L'inscription en caractères runiques : QUE DIEU AIDE EADA QUI FIT CE KIISNEEL situe l'origine de cet objet dans le Nord de l'Angleterre, où le chrismale était porté par des moines irlandais[7].

Reliquaire de Guillaume Firmat

Le crâne de Guillaume Firmat est exposé dans un reliquaire sur un autel qui lui est dédié.

Visites

Pendant la saison touristique, visite commentée le mardi à 10 h (durée 45 mn). Gratuit. S'inscrire à l'office de tourisme 02 33 59 19 74.

Bibliographie

  • Henri Moulin, Dissertation historique et archéologique sur l'église collégiale de Mortain, impr. A Lebel, Mortain, 1865
  • Abbé Auguste Laveille, « L'église de Mortain », La Normandie monumentale et pittoresque, édifices publics, églises, châteaux, manoirs, etc....Manche, partie 2, éd. Lemasle & Cie, Le Havre, 1899, p.293-306 (lire en ligne)
  • Victor Gastebois, « L'Église collégiale », Le vieux Mortain, tome 1, p. 113-162 (lire en ligne)
  • Gaston des Fontaines, L'église collégiale de Mortain, éd. La collégiale, Mortain, 1939
  • Yves Delaporte, Inventaire des archives de la collégiale de Mortain, Archives départementales de la Manche, juillet 1948 (lire en ligne)
  • Léon Blouet, « La collégiale Saint-Évroult de Mortain, son architecture, ses stalles, son trésor », Éditions de la Collégiale, Mortain, 1958
  • Yves Delaporte, « L'église collégiale Saint-Évroult », Art de Basse-Normandie, n° 12, spécial Mortain, hiver 1958-1959, p. 20-26
  • Alain Landurant, « La collégiale Saint-Évroult de Mortain », Revue Heimdal, 1982
  • A. Landurant, « Les enluminures du livre des évangiles de la collégiale Saint-Évroult de Mortain », Revue du département de la Manche, n° 96, 1983
  • Claude Groud-Corday, « L'ouverture du tombeau de saint Firmin, patron secondaire de la collégiale Saint-Évroult de Mortain ( 1er juin 1621) », Revue de l'Avranchin, tome 95, juin 2018, p.149-152

Administration

Adresse : place de la Collégiale
50140 Mortain-Bocage
Tél. 02 33 59 19 74

Notes et références

  1. 1,0 1,1 et 1,2 Site internet de la Ville de Mortain, consulté le 11 novembre 2012 (lire en ligne).
  2. Sophie Droullours et Michel Hébert, Mortain et son canton, éd. Charles Corlet, 2011.
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 3,4 3,5 et 3,6 Michel Hébert et André Gervaise, Églises de la Manche, éditions Charles Corlet.
  4. « Notice n°PA00110522 », base Mérimée (architecture), médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, ministère de la Culture.
  5. François Saint-James, Erik Follain et David Nicolas-Méry, « La cathédrale Saint-André d'Avranches, Renaissance d'un édifice perdu », Patrimoine normand, n° 93, avril-mai-juin 2015.
  6. 6,0 et 6,1 « Sauvegarder un ouvrage rare », Manche Mag', n° 55, janvier-mars 2017.
  7. « Notice n°PM50000733 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture.

Articles connexes

Liens externes