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Chroniques Wikimanche du dimanche sur France-Bleu-Cotentin (été 2022)

De Wikimanche

Dans le cadre des quinze ans de Wikimanche, France Bleu Cotentin a diffusé chaque dimanche matin de l'été 2022, du 10 juillet au 28 août, une chronique relative à un article de Wikimanche, réalisée par Yannick Leflot et Alice Ninin.

10 juillet

Le naufrage de la Blanche-Nef

Naufrage de la Blanche-Nef (1120)
« Nous sommes en 1120 en France sous le règne de Louis VI. Quelques soixante-dix ans plus tôt, Guillaume le Conquérant battait le roi de France. Et en ce début de 12e siècle, c'est Henri Ier de Beauclerc, le quatrième fils de Guillaume qui règne sur les deux côtés de la Manche. Ça devient une habitude dans la famille, il vient d’humilier une fois de plus le roi de France à la bataille de Brémule, c'était il y a quelques mois en plein été 1119. Conséquence Louis VI est contraint de fuir et se réfugie aux Andelys.
Sur la côte du Cotentin, Henri Ier se prépare à rejoindre l’Angleterre et embarque à Barfleur avec tout le gratin normand. Le roi monte à bord de son bateau laissant son seul héritier de 17 ans, le jeune Prince Guillaume, embarquer sur la Blanche-Nef avec autour de lui la fine fleur de la société normande.
Ils sont jeunes c'est la fête à bord. La jet-set s'amuse et s’enivre avec des tonneaux de vin apportés pour le voyage. C'est Saint-Tropez dans le Cotentin.
Pris par l'ambiance l'équipage relâche sa surveillance et le navire du Prince se trouve dans la soirée assez vite distancé par le navire de son père. Pour rattraper le retard, il décide donc de couper la trajectoire par le raz de Barfleur pour pouvoir être le premier à poser le pied en Angleterre.
Malheureusement le bateau heurte un récif et coule dans la nuit au large de Gatteville. Si Guillaume put embarquer de justesse dans un petit esquif, il décida de faire demi-tour, sans doute en entendant les cris de ses proches dont sa demi-sœur. Quand il arriva à leur hauteur, les naufragés désespérés se précipitent pour monter dans le canot de sauvetage qui coulera également.
Le roi apprit la nouvelle trois jours plus tard et ne put vraiment s'en remettre. Privé d'héritier mâle, le destin de l'Angleterre est alors bouleversé lors de succession d'Henri Ier.
C'est une certaine Mathilde, sa fille, qui arriva alors sur le trône. »
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17 juillet

La dure semaine de Pierre François Trigan

Pierre François Trigan
« Nous sommes le 9 février 1808, Pierre François Trigan ne sait pas encore qu'il va connaitre la semaine la plus longue de sa vie... Ce jour, à Équeurdreville, Pierre François Trigan et Marie Joséphine Cresté sont face au notaire pour signer leur contrat de mariage. Ils doivent officiellement se marier le 16 du même mois en mairie de Cherbourg. Cela aurait pu être la plus belle semaine de leur vie... Malheureusement les choses ne vont pas tout à fait se passer comme imaginées.
Il faut savoir que du haut de ses 33 ans Pierre François est un marin aguerri mais surtout qu'il est le chef de chantier pour la construction de la grande rade, plus précisément sur ce qu'à l'époque on appelle la « batterie Napoléon ».
Or, entre la signature du contrat de mariage et le passage en mairie, le vent mauvais d'hiver passe sur son chantier le 12 du même mois. C'est une catastrophe.
Déjà, à marée haute, la tempête fait monter l'eau de 16 pieds ce qui équivaut à quasiment cinq mètres. Rapidement le chantier est envahi par la mer en furie. Des artilleurs, des ouvriers parmi lesquels on trouvait aussi de nombreux enfants à l'époque et des militaires logés sur place par commodité, sont piégés par les eaux. Ils sont en tout 263 personnes. « Aucun vieillard de ce pays ne se rappelle avoir rien vu de semblable » peut-on lire dans les chroniques de l'époque. Trigan sur place assiste au déluge impuissant. Pendant ce temps, sur la côte, les secours s'organisent. On prépare deux corvettes et un sloop et on les met à l'eau. Avancer dans cet enfer est presque impossible.
Sur le chantier englouti, Trigan, le presque marié, repère une embarcation au loin. N'écoutant que son courage et disons avec un peu d'inconscience, il se jette à l'eau en compagnie d'un militaire dont l'histoire n'a pas retenu le nom. Je vous rappelle que nous sommes en février et en pleine tempête. Ils nagent ensemble jusqu'au bateau, il est dix heures du matin. Ils réussissent à l'atteindre mais le trouvent plein d'eau. Ils vont écoper à tour de bras jusqu'à 11 heures et vont finir par réussir à revenir sur la batterie Napoléon. Ils parviennent à accoster contre ce qu'il reste de la digue et entreprennent d'embarquer les survivants. Au total, ils réussissent à ramener 38 personnes au sec mais cette tragédie de la batterie Napoléon, décimera entre 200 et 400 personnes selon les sources dont des enfants rappelons le.
Quatre jours plus tard, le courageux et miraculé Trigan se marie enfin. Reconnaissez que la semaine a en effet pu lui paraître un tantinet mouvementée…
Quant à la batterie Napoléon, on n'osera plus la nommer ainsi. On la reconstruira un peu différemment par mesure de précaution. On l'appelle aujourd'hui le fort central de la grande rade ! »
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24 juillet

Le Bataille navale opposant deux navires américains

Combat naval du Kearsarge et de l'Alabama en 1864
« Nous sommes en pleine guerre de sécession aux États-Unis d'Amérique. La corvette corsaire des forces sudistes américaines le CSS Alabama écume depuis de longs mois toutes les mers du globe. En trois ans, elle a brûlé et coulé soixante-cinq bâtiments de commerce des armateurs américains. Les nordistes ne rêvent que d'une chose, voir l’Alabama par le fond. Ils la pourchassent partout jusque dans les eaux françaises, la France resté neutre dans ce conflit.
Le 11 juin 1864, l’Alabama, commandé par le capitaine Raphaël Semmes, se présente en rade de Cherbourg pour une escale technique. Informé de cette halte dans le port manchois, le consul américain, Édouard Liais, fait prévenir la frégate nordiste l'USS Kearsarge. La frégate, commandée par John Winslow, qui connait bien le capitaine Semmes car ils ont servi ensemble sur le même navire se présente devant Cherbourg. Le 14 juin il entre en rade et ressort pour surveiller un éventuel mouvement de l’Alabama. Ce qui arrive quelques jours plus tard.
Le 19 juin, l’Alabama sort du port par la passe ouest. Il est neuf heures et demie du matin. Aussitôt le Kearsarge se dirige vers la haute mer pour se préparer à la bataille hors des eaux territoriales.
Les nombreux Cherbourgeois et des touristes attirés par le casino récemment inauguré se rendent sur les hauteurs de la ville et sur les digues pour assister à la bataille. Quand la guerre devient spectacle.
Le combat s'engage.. Le Kearsarge se dirige vers l’Alabama pour tenter l'abordage. Il n'est touché par aucune des trois premières bordées. Les Sudistes lancent 370 coups de canons et touchent à 28 reprises les gréements et treize fois la coque du fédéré. De son côté il inflige 173 fois coups plus dévastateurs à son adversaire. Une heure plus tard, l¹Alabama commence à sombrer et hisse le drapeau blanc. Gravement endommagé, il coule face à la grande rade de Cherbourg.
La frégate Kearsarge, elle, « très endommagée », entre au port blessée, meurtrie mais en vainqueur tandis que l'Alabama s'installe dans les fonds marins manchois.
Son épave est découverte le 30 octobre 1984 devant Querqueville par près de 60 mètres de fond.
Cherbourg devient du même coup le seul site officiel de la guerre de Sécession hors des États-Unis. »
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31 juillet

Voyages de Victor Hugo dans la Manche

Victor Hugo dans la Manche
« Nous sommes l'été 1836. Un certain Victor Hugo voyage dans la Manche en compagnie de Juliette Drouet, sa maitresse. Ce touriste pas comme les autres au regard affuté et à la plume parfois vive arrive sur le département par Pontorson... De sa première étape il écrit : « Voici la chambre où je suis censé avoir dormi : un galetas plafonné en poutres et planchéié en terre, d’énormes araignées au plafond, de très petites puces par terre. On vous sert à dîner. Comme Pontorson touche à la mer, on n’a pas de poisson, on vous sert un gigot à demi rongé. Et puis on se couche, et le lendemain matin on paye cinq francs, non pour avoir mangé, mais pour avoir été mangé. La carte dit : en Normandie, mais la saleté dit : en Bretagne ». Voila qui justement est dit.
La suite de son voyage le fit passer par le Mont Saint-Michel qui même si il put séduire l'écrivain par endroit, ne fut pas épargné par son jugement. Précisons quand même qu'à l'époque le mont était aussi une prison : « J’étais hier au Mont-Saint-Michel. j’y ai fait un affreux déjeuner. Une vieille aubergiste a trouvé moyen de me faire manger du poisson pourri au milieu de la mer ». Toujours des problèmes avec la nourriture locale semble t-il cependant il ajoute : « Le Mont-Saint-Michel est pour la France ce que la grande pyramide est pour l'Égypte. Il faut la préserver de toute mutilation. Il faut que le Mont-Saint-Michel reste une île ». Ouf ! Un compliment.
Après une étape par Granville, à Coutances, à Saint-Jean-de-Daye et à Barneville, où a priori il ne mangea pas mieux qu'ailleurs l'écrivain passe par Les Pieux et Cherbourg, où la rade aussi grande soit elle ne l'émut pas non plus : « Je déteste toutes ces maçonneries dont on caparaçonne la mer. Dans ce labyrinthe de jetées, de môles, de digues, de musoirs, l’océan disparaît comme un cheval sous le harnais. Vive Étretat et le Tréport ! Plus le port est petit, plus la mer est grande ». S'en suivit une étape à Carentan puis à Saint-Lô où là encore l'homme de lettre eut peu de mots sympathiques.
Plus de 150 ans plus tard, le 5 octobre 2019, le Conseil départemental de la Manche inaugure une « Route Victor-Hugo » qui permet, au moyen de neuf bornes interactives, de suivre l'écrivain dans sa découverte de la Manche. L'homme aussi grincheux soit il savait écrire... Mais heureusement les guides gastronomiques, eux, n'existaient pas encore... »
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7 août

Une personnalité particulière et le fiasco de Knysna

Jean-Louis Valentin
« Nous sommes le dimanche 20 juin 2010 à Knysna en Afrique-du-Sud
La coupe du monde de football connait un épisode inédit et désastreux pour l'image du football français.
Suite à l'exclusion de Nicolas Anelka de l'équipe qui aurait proféré des insultes contre Raymond Domenech le sélectionneur de l’époque. Les joueurs menés par le capitaine de l'équipe, Patrice Évra, décide de ne pas reprendre l'entrainement et s'enferme dans le bus qui les transportait...
Un manchois est prit dans cette tourmente... Il s'appelle Jean-Louis Valentin..
Cet homme politique fut aussi en 2005, membre de la Fédération française de football (FFF), pour mener la campagne de Michel Platini à la tête de l'UEFA. Il en devient même le directeur général délégué en septembre de cette même année. Ses missions de l'époque, soigner le dossier de candidature de la France pour l'organisation de l'Euro 2016, et la modernisation des stades sur le territoire français.
C'est à ce titre qu'il est sur place en 2010 et qu'il assiste à toute cette scène invraisemblable.
Il dira plus tard « En apercevant les joueurs sortir du car avec leurs baskets, j'ai tout de suite compris qu'il allait se passer quelque chose. L'atmosphère était étrange. J'ai vu de loin Domenech avec Évra. Je n'entendais rien mais on comprenait bien qu'il y avait de l'orage dans l'air. En me rapprochant du groupe, j'ai appris que les joueurs refusaient de s'entraîner. »
Insupportable pour lui, il décide donc de démissionner de son poste...
Il a expliqué sa réaction en déclarant : « Pour moi, porter le maillot tricolore a un sens. Comprenant que je n'avais plus rien à faire ici, m'estimant bafoué, en ayant par-dessus la tête de jouer les tampons, j'ai spontanément annoncé mon départ »
Le 17 août 2010, il est convoqué par la commission de discipline de la FFF pour s'expliquer sur l'affaire en qualité de témoin.
À la sortie de son entrevue, il déclare à la presse : « J'ai senti les joueurs sincèrement désolés, marqués et meurtris par ce qui s'était passé, ils étaient conscients qu'il y a eu un dérapage collectif. Je crois que maintenant il faut savoir tourner la page et passer à autre chose.. »
Aprés différents mandats à la région ou à la Communauté d'agglomération du Cotentin, il annonce en septembre 2019 qu'il arrête la politique pour se consacrer à son métier d'avocat au barreau de Paris.
Cet épisode a singulièrement marqué la carrière de Jean-Louis Valentin mais également celle de Wikimanche
4 325 visites, c'est le nombre maximum de visites journalière pour la page consacrée à Jean-Louis Valentin mais c'est aussi le record absolu de fréquentation pour un article depuis la création de Wikimanche. Un record toujours à battre. »
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14 août

Ancêtre d’internet, le télégraphe Chappe

Télégraphe Chappe dans la Manche
« Nous sommes en 1791, et en cette fin de 18e siècle un certain Claude Chappe invente le télégraphe Chappe, un moyen de télécommunication visuelle qui a été utilisé dans la Manche entre 1799 et 1852.
Claude Chappe voit le jour à Noël, le 25 décembre 1763 à Brûlon dans la Sarthe.
Il commence ses études au collège de Joyeuse, à Rouen, puis au Collège Royal de la Flèche.
Aprés avoir été prêtre et étudié la mécanique et la physique sur Paris, il retourne dans son pays natal.
Avec ses quatre frères, Ignace, Pierre-François, René et Abraham ils décident de développer un système pratique de stations de relais sémaphore.
Il permettait de transmettre des messages codés grâce à des tours ou des clochers éloignés de dix à quinze kilomètres.
Chaque poste était surmonté d'un mât avec deux bras articulés qui étaient manœuvrés par des employés.
On les appelait des « stationnaires. Ils manipulaient ces bras selon un code bien précis. Ces codes étaient lus à distance avec des lunettes par d'autre stationnaires qui faisait suivre... et en 1791, les premiers messages sont envoyés avec succès entre Paris et Lille.
Une des principales lignes du télégraphe Chappe passaient par la Manche.
Les lignes Paris-Brest, Avranches-Nantes et Cherbourg-Avranches traversaient le département d'est en ouest et du nord au sud et faisaient alors d'Avranches un centre de télégraphie.
Il fallait, lorsque le temps était favorable, 3 min 56 s pour qu'un signal parti de Cherbourg arrive à Paris.
Ce système révolutionnaire fut largement copié dans les autres pays européens mais disparut peu à peu au profit du télégraphe électrique...
Quant à Claude Chappe il connut une fin de vie tragique.
Il aurait été victime d'une dépression causée par ses rivaux qui affirmaient qu'il avait plagié des systèmes de sémaphores militaires. il se suicide le 3 janvier 1805 en se jetant dans un puits sans savoir que son nom resterait inscrit dans le grand livre des télécommunications. »
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21 août

La saga des Hauteville en Italie et en Sicile

Tancrède de Hauteville et Famille de Hauteville (Hauteville-la-Guichard)
« Nous sommes aux alentours des années 980-990, un certain Tancrède de Hauteville voyait le jour et d'une certaine façon la Sicile actuelle aussi.
Ce seigneur de la Manche était dit on originaire de Hauteville-la-Guichard, bien que rien ne permette de le déterminer formellement.
Réputé bon guerrier, Il aurait tué d'un seul coup d'épée un sanglier qui chargeait le duc de Normandie Richard II, lors d'une partie de chasse.
Il reçoit alors un titre de baron et la tête de dix hommes armés.
Il aura 12 fils et assez peu d'argent pour les établir.
Aussi, plusieurs de ses rejetons, adulte devenus, alléchés par des récits merveilleux et par l'appât du gain, décidèrent d'aller tenter l'aventure vers les terres ravagées par les Sarrasins
C'est le cas du sud de l'Italie et la Sicile. L'empire Byzantin (Pouilles et Calabre), les Arabes (Sicile) et les Lombards se partagent la région.
Et il se trouve que les Vikings (ou Normands) ont à l'époque très bonne réputation comme mercenaires.
Guillaume l'ainé des Tancrède emmène avec lui ses deux frères Drogon et Onfroy et se met donc au service des Byzantins. Mais rapidement nos normands trouvent leur salaire médiocre au regard des services qu'ils offrent.
Mécontents, ils se retournent contre leurs employeurs et décident désormais de combattre pour leur propre compte. Plutôt efficaces, ils finissent par chasser les byzantins des pouilles et Guillaume est nommé comte de Pouilles en 1043.
L'histoire des normands rois de Sicile commence
À la mort de Guillaume, en 1046, son frère Drogon lui succède. Il est assassiné, le 10 août 1051.
Son frère Onfroy prend sa suite et devient le chef des Normands d'Italie.
D'autres fils de Tancrède vont se rendre en Italie avec des troupes supplémentaires et la famille de Hauteville va ainsi rester une famille très puissante en Italie jusqu'à la fin du 12e siècle : le fils de Roger Bosso, Roger II de Sicile, devient même roi de Sicile en 1130.
Le musée Tancrède à Hauteville-la-Guichard raconte leur épopée.
Allez faire un tour également dans le jardin d'inspiration médiévale qui l'entoure.
Si vous tendez l'oreille, vous pourrez entendre au loin le cliquetis des épées qui remontent du passé.
Un passé glorieux né d'un modeste seigneur manchois qui ne se doutait pas en tuant ce sanglier, que sa modeste lignée deviendrait royale et italienne. »
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28 août

Les Glaneuses de Jean-François Millet

Les Glaneuses
« Nous sommes en 1857.... un des plus célèbres tableaux du peintre Jean-François Millet vient d'être achevé par l'artiste.
Bon nombre d'entre vous ont en mémoire cette image affichée en couverture sur le calendrier des postes accroché dans la cuisine.
On y voit trois paysannes normandes, on les devines assez pauvres, elles sont courbées dans un champ en pleine moisson, le tout dans un cadre pastorale assez pittoresque. L'origine de cette image est un célèbre tableau de Jean-François Millet, peintre impressionniste né en 1814 à Gréville-Hague, lui-même fils de cultivateur.
Avant de devenir peintre, il a d'ailleurs passé son enfance dans la ferme familiale et à travaillé ensuite au côté de son père dans les champs jusqu'à l'âge de 18 ans.
Il dépeint ici avec beaucoup de précision ces femmes qu'il a pu croisé et qui pratiquait ce que l'on appelait le droit de glane, c'est à dire le droit coutumier de récupérer les denrées laissées dans le champs après la récolte (ce n'est donc pas du vol).
On voit qu'elle ont réussi à glaner quelques miséreux boisseaux, on ne voit guère d'épi de blé à leur pied. Sur le tableau la femme de gauche avec un bonnet bleu doit se plier pour apercevoir une poignée de grains à ramasser. Cela a l'air tellement pénible qu'on on ne peut qu'éprouver de l'admiration pour ces femmes dignes et courageuses.
On distingue dans le fond de la scène les ouvriers et les paysannes qui sont eux en pleine moisson avec un banneau où l'on charrie les veillottes (ou vuillottes) comme on le dit en patois. Millet a sans doute peint le régisseur à l'écart qui est à cheval, et qui surveille ses travailleurs. Comme un clin d'œil, on voit une nuée d'étourneaux dans le ciel qui va bientôt se poser dans le champ indiquant que les glaneuses n'ont plus beaucoup de temps pour leur besogne.
Toute la scène semble vivante, précise et traduit bien l'époque et ses difficultés.
Jean-François Millet est l'une des gloires du département de la Manche.
Vous pouvez voir sa statue monumentale devant l'église de Gréville-Hague, comme assis sur un muret de nos champ de la Hague, les sabots aux pieds.
Une statue qui a elle aussi son histoire.
Quant au tableau en question il date de 1857 et, preuve que l'homme a du talent, il est aujourd'hui conservé au musée d'Orsay. ».
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