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Cherbourg-Octeville

De Wikimanche

Cherbourg-Octeville est une sous-préfecture de la Manche. Elle se situe à l'extrémité du Cotentin, à l'embouchure de la Divette, face à Portsmouth. C'est un port militaire et marchand important. La commune est née de la fusion en 2000 de Cherbourg et Octeville, suite à un référendum local.


Commune de Cherbourg-Octeville
Arrondissement Arrondissement de Cherbourg-Octeville
(chef-lieu)
Canton canton de Cherbourg-Sud-Est,
canton de Cherbourg-Nord-Ouest,
canton de Cherbourg-Sud-Ouest
Intercommunalité Communauté urbaine de Cherbourg (CUC)
Gentilé Cherbourgeois(es)
Population 44 108 hab.
Superficie 14,26 km²
Densité Erreur d’expression : opérateur < inattendu. hab./km2
Altitude 0 m (mini) - 139m (Hameau Hérouet) m (maxi)
Code postal 50100 et 50130
N° INSEE 50129
Maire Bernard Cazeneuve

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Cherbourg vu du fort du Roule

Histoire

Étymologie

Carusburg (Cariallo ou Cariallum a l'époque des Unelles), signifierait en Scandinave "forteresse des marais".

Blason

Le blason de Cherbourg porte d'azur à la fasce d'argent chargée de trois molettes à six rais de sable, accompagnée de trois besants d'or, deux en chef, un en pointe.

La fasce d'argent chargée des molettes (étoiles) représente la ceinture de la Vierge Marie, l'une des deux patronnes de la ville. Leur nombre, comme celui des besants, évoquant la Trinité, l'autre patronne de la ville. Les besants d'or seraient l'expression du rachat des captifs, symbolisant la participation des notables cherbourgeois à la Troisième croisade.

Selon Victor Le Sens, le blason de Cherbourg serait apparu à la fin du XIIe siècle, à l'époque des Croisades. Les étoiles auraient été ajoutées au XVIIIe siècle. Sous l'Empire, il fut ajouté un franc quartier des villes de seconde classe qui est à dextre d'azur à un N d'or, surmonté d'une étoile rayonnante du même, brochant au neuvième de l'écu.

Le blason d'Octeville, utilisé comme logo jusqu'à la fusion des deux communes, est de sinople au mantel d'argent chargé de deux lettres capitales de sable "O" à dextre, "V" à sénestre, au chef de gueules à un léopard d'or armé et lampassé d'azur.

Aujourd'hui, la municipalité de Cherbourg-Octeville utilise un logo, initialement celui de Cherbourg, composé par une mouette sur une portée musicale.

Origines

Les textes antiques mentionnent Coriallo, cité des Unelles latinisé en Coriallum, que des fouilles auraient localisée dans les mielles, entre Cherbourg et Tourlaville. Toutefois, l'imprécision des sources, notamment de la Table de Peutinger, ne permet pas d'écarter des localisations proches de Beaumont-Hague ou Urville-Nacqueville.

Chef-lieu du Coriovallensis pagus, Cherbourg est rattaché au Duché de Normandie avec le Cotentin, en 933, par Guillaume Longue-Épée, puis voit débarquer en 946 le roi danois Harold, chassé de ses terres, pour aider Richard Ier de Normandie, encore mineur, contre Louis IV.

Dès le IVe siècle, il est fait mention d'un castrum sur la rive gauche de la Divette, tandis que la première évocation du château, l'un des plus important de l'époque, date de 1026. Il appartient à cette date à la dot de mariage de Richard III. Il s'agit déjà d'un des ports commerciaux les plus importants du duché, avec Caen et Rouen, échangeant essentiellement avec l'Angleterre, et une fois par an avec l'Irlande, suite au privilège donné en 1150 par Henri Plantagenet.

Une place forte

Par sa position stratégique, la ville fortifiée par Philippe le Bel est l'objet d'une lutte incessante entre Anglais et Français. Elle change ainsi durant la Guerre de Cent Ans, six fois de propriétaires, sans jamais être prise par les armes. Donnée par Jean le Bon à Charles le Mauvais, puis vendue à Richard II d'Angleterre, elle est assiégée en vain par Bertrand du Guesclin. Richard II revend la ville à Charles le Noble, qui l'échange avec Charles VI contre le comté de Nemours. En 1418, suite à un long siège, la ville se rend aux Anglais. Assiégée une fois de plus sans succès par Charles VII, Cherbourg fut définitivement rattachée à la France en 1450, suite à un accord conclu par Jacques Coeur. En raison des souffrances de la population cherbourgeoise, et contre le dépleuplement de la place forte, Louis XI exempte les habitants d'impôts en 1464, ce qui sera la règle jusqu'au règne de Louis XV.

Au début du XVIe siècle, la ville subit trois vagues de peste (en 1504, 1514 et 1517). En 1532, Cherbourg reçoit la visite de Francois Ier. À cette époque, Cherbourg nous est décrite par Gilles de Gouberville comme une cité fortifiée de 4 000 habitants, protégée par des ponts-levis aux trois portes principales, gardées en permanence et fermées du coucher du soleil jusqu'à l'aube. À l'intérieur des remparts, le château, lui-même protégé par de larges fossés et muni d'un donjon et de douze tours, occupe le sud-est de la ville. À l'extérieur, le faubourg se tient le long de la Divette, au sud des remparts. Il est fréquenté par les matelots.

Face aux guerres de religion qui divisent la Normandie à la fin du XVIe siècle, la forteresse de Cherbourg, consolidée et fortement gardée, reste sous le pouvoir royal. Elle soutient les assauts répétés (1562, 1563 et 1574) des troupes de Montgomery appuyées par les Anglais. Celles-ci ravagent alors l'abbaye du Voeu située hors des remparts. Les bourgeois restent également fidèles au roi quand la Normandie est tenue par la Ligue catholique.

Un port militaire et commercial

En 1686, Vauban réclame, après inspection des côtes, un renforcement des fortifications. Mais ses opposants, parmi lesquels Louvois, obtiennent du Roi, trois ans plus tard, l'arrêt des travaux, et la destruction des derniers remparts afin d'éviter que les Anglais disposent en cas de débarquement réussi d'une forteresse inexpugnable. Six ans plus tard, l'amiral de Tourville ne peut donc pas se réfugier sous la protection de la ville lors de la tentative manquée de repli de la Bataille de la Hougue. Abîmés lors de la bataille de Barfleur, et sans retraite protégée, trois navires de la flotte s'échouent dans la baie de Cherbourg : le Triomphant à l'entrée du port, l'Admirable sur les Mielles, et le Soleil Royal, vaisseau amiral, sur la pointe du Hommet. Le dimanche 1er juin 1692, devant de nombreux badauds venus du Nord-Cotentin, et alors que le curé a déplacé à l'extérieur la messe, face à la bataille, les brûlots britanniques incendient les trois bâtiments. Les stocks de poudre explosent, les corps des marins et les débris jonchent la plage et les rues de la ville, tandis que le toit de la basilique de la Trinité est détruit par l'explosion du Triomphant.

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Vue du port de commerce de Cherbourg par Deligny

A l'époque de Vauban, le port de commerce se résumait en une fosse vaseuse et un quai de pierres sèches, la marée mouillant le pied de la montagne du Roule. En 1739, l'ingénieur Hüe de Caligny, directeur en chef des travaux publics de la province de Normandie, entreprend de construire un port de commerce (aujourd'hui au niveau de la Place Divette), avec une écluse. Mais il est dévasté en 1758 par une attaque anglaise. Le nouveau bassin du commerce est aménagé en 1769 et inauguré en 1775, après le détournement de la Divette et du Trottebec.

En 1776, Louis XVI charge Suffren du choix entre Cherbourg, Ambleteuse et Boulogne, pour devenir le port stratégique sur la Manche. Il s'adjoint les services, notamment de Dumouriez, futur gouverneur de la place, et La Bretonnière. Le rapport de ce dernier affirme que seul le port normand peut protéger convenablement 80 bateaux de guerre. Dépassant les projet de Vauban, il projette la construction d'une digue de 4 kilomètres de long, entre l'île Pelée et la pointe de Querqueville. Dumouriez et Decaux, chef du génie, conseillent quant à eux, une rade plus courte, reliant en droite ligne l'île Pelée et la pointe du Hommet, comme préconisé par Vauban, avec une passe centrale unique, et en mettant l'accent sur les défenses militaires. On donne finalement raison à La Bretonnière.

Decaux et La Bretonnière s'opposent également sur les techniques de fondation. Le premier vante les mérites des caissons de maçonnerie de béton tandis que La Bretonnière préférerait le sabordage de vieux bâtiments de guerre et un enrochement à pierres perdues. Une troisième solution est choisie, celle d'un môle construit à partir de 90 cônes de bois remplis de pierres et de béton, reliés par des chaînes de fer, proposé par l'ingénieur Louis-Alexandre de Cessart .

Trois ingénieurs vont se succéder durant les 70 ans de l'édification des 4 000 mètres de la digue : La Bretonnière, Louis-Alexandre de Cessart et Joseph Cachin. Le premier cône est coulé le 6 juin 1784, à un kilomètre de l'île Pelée, et la rade s'emplit des 300 à 400 bateaux qui font la navette depuis le port du Becquet pour charger les pierres. Mais les quatre premiers cônes ne résistent pas aux tempêtes. Le 22 juin 1786, Louis XVI fait son seul voyage en province pour voir l'avancement des travaux et assister à l'immersion du neuvième cône de pierre. Quand en 1788, on conclut à l'échec de l'option de Cessart, les caisses sont vides, et les esprits prêts à la Révolution. On revient donc à la conception de La Bretonnière, mais avec la Révolution, Dumouriez et Cessart quittent Cherbourg. Les subsides sont coupées en 1790, et La Bretonnière contraint à la démission en 1792. Malgré la loi du 1er août 1792 décrétant la construction de l'avant-port, tous les travaux sont suspendus cette même année, et pour 10 ans.

Ville plutôt ouvrière, Cherbourg accueille favorablement la Révolution française. La ville confie sa défense et sa sécurité à un comité de 14 notables et échappe aux premières purges. En 1793, la chouanerie se propage dans le Sud-Manche et la Terreur est décrétée. Jean-Baptiste Le Carpentier est envoyé par le Comité de Salut public comme représentant du peuple le 19 septembre. Il dissout le comité et le remplace par la Commission de Surveillance aux pouvoirs répressifs élargis. Pour autant, on ne compte qu'une seule victime de la guillotine, Leroy, directeur des Postes, victime d'un procès à charge[1].

Ouvert en 1793, l’ancien Arsenal (à l'emplacement de l'actuel rue qui porte son nom) construit des bâtiments de surface à voile. Le premier, le brick La Colombe, est lancé le 27 septembre 1797 après un chantier de 3 ans. En 1803, Bonaparte décide de bâtir un nouvel arsenal à proximité du port militaire en projet, à l'ouest de la ville. Construisant des navires à voile, puis à hélices jusqu’à la fin du XIXe siècle, l'Arsenal se spécialise dès 1898, dans la construction de sous-marins.

Statue équestre de Napoléon, Armand Le Véel

En 1802, Bonaparte ordonne de reprendre les travaux de la digue sous les ordres de l'ingénieur Cachin, selon la méthode de La Bretonnière, en ménageant la partie centrale pour recevoir des canons. Il décide également le creusement de l'avant-port militaire, qu'il qualifiera de lac Moeris (inauguré le 27 août 1813 en présence de l'impératrice Marie-Louise), et la construction du nouvel arsenal. Le Premier consul veut faire de Cherbourg un des ports militaires principaux, visant l'invasion du Royaume-Uni. Pour fournir de la main d'oeuvre aux travaux, Bonaparte crée un bagne par décret du 27 octobre 1802. La Marine refusant d'employer les forçats pour la construction de la digue, ils sont attachés à l'arsenal et aux travaux de la ville. En 1803, Cherbourg est à l'abri des attaques anglaises et devient port d'attache de corsaires. Après une visite en 1811, Napoléon fait également de Cherbourg une préfecture maritime et un chef-lieu d'arrondissement de la Manche. Il prend acte ainsi du développement de la ville et lui donne une plus grande importance dans le Cotentin, face à Valognes qui était sous l'Ancien régime la principale ville de la péninsule, et sous-préfecture de la Manche jusqu'alors.

La digue ne sera terminée que sous Napoléon III, en 1853. Les bassins Charles X (commencé en 1814) et Napoléon III (commencé en 1836) du port militaire sont respectivement inaugurés le 25 août 1829 en présence du Dauphin, et le 7 août 1858 par le couple impérial. L'ampleur des travaux séculaires reçurent un écho important en France, à l'image d'Émile Zola qui écrit en 1879 dans Nana : « À Cherbourg, il avait vu le nouveau port, un chantier immense, des centaines d'hommes suant au soleil, des machines comblant la mer de quartiers de roche, dressant une muraille où parfois des ouvriers restaient comme une bouillie sanglante ».

En 1830, Charles X est détrôné et fuit la France à bord du Great Britain, qui appareille à Cherbourg, laissant la place à la Monarchie de Juillet. En parallèle des travaux du port, la ville se développent. Elle est devenue le centre politique du Nord-Cotentin depuis 1811. L'afflux d'ouvriers et de militaires pour le port lui donne également un poids démographique et économique. De nouveaux quartiers naissent dans les faubourgs, à l'image du Roule, quartier populaire et ouvrier, à cheval sur la Divette, qui s'industrialise avec la raffinerie de soude à varech Courmerie et Cie, la scierie Launey et les carrières. Y apparaissent alors le Jardin public et une salle de patronnage, tandis que les industriels se bâtissent de riches maisons sur le flanc de La Fauconnière. Les rues du centre-ville sont pavées et assainies, des voies sont percées, telle la place des Halles en 1859, des bâtiments s'élèvent, comme le théâtre, l'hôtel de ville et les halles aux poissons, un musée est créé, les sociétés savantes éclosent.

Dans ces années, Cherbourg peut être considérée comme bonapartiste. Reconnaissante envers l'Empereur d'avoir fait de Cherbourg un port d'importance primordiale, la ville devait s'appeler Napoléonbourg avant que la défaite de Waterloo n'empêche la réalisation du projet. En 1831, les électeurs choisissent le colonel de Briqueville, fidèle colonel des dragons napoléoniens, comme représentant à la Chambre des députés, lui offrant à sa mort en 1844, des obsèques populaires et finançant l'année suivante un buste présent sur les quais. Le 8 décembre 1840, c'est aussi une foule enthousiaste qui accueille la Belle Poule, lors du retour des cendres de Napoléon en France. Première escale depuis le départ des reliques impériales de Saint-Hélène, Cherbourg organise une cérémonie d'hommage durant laquelle la place du Rampart, gagnée sur la mer est baptisée place Napoléon. Celle-ci est agrémentée en 1858, par une statue équestre de Napoléon, inaugurée par Napoléon III, venu pour ouvrir la ligne ferroviaire reliant Cherbourg à Paris.

En 1905, Cherbourg accueille une exposition internationale. Première escale du Titanic en 1912, Cherbourg a son heure de gloire dans l'épopée des transatlantiques. Les paquebots britanniques partant de Southampton y font escale avant de traverser l'Atlantique. Trop gros pour accoster, les premiers doivent mouiller dans la rade, des transbordeurs faisant la navette. Pour accueillir au mieux les escales, la Chambre de commerce fait construire un port en eau profonde, conçu par Paul Minard, et une nouvelle gare maritime imposante. En 1929, la gare maritime accueille 985 escales et 300 000 passagers. Dans l'Entre-deux-guerres, un train spécial amène en trois heures les passagers partant vers les États-Unis depuis Paris, directement à la grande gare maritime de Cherbourg. En 1922, les compagnies White Star Line, Cunard Line et Red Star Line commandent à René Levavasseur l'Hôtel Atlantique (aujourd'hui siège de la Chambre de commerce et d'industrie) pour accueillir les émigrants. Mais le nombre de quotas américains d'émigration est réduit à cause de la crise de 1929, le nombre des émigrants passant de 41 000 à 8 000 entre 1922 et 1935. La légende transatlantique est alimentée pendant plus d'un demi-siècle par les majestueux paquebots que sont le Queen Mary, le Queen Elizabeth et le Normandie, et par ses passagers, stars d'Hollywood (Liz Taylor et Richard Burton, Orson Welles, Rita Hayworth, Charlie Chaplin...) et artistes européens (Salvator Dali, Fernandel, Greta Garbo…)

Le port accueille également plusieurs grands chefs d'État : la reine Victoria y débarquait régulièrement; le 5 octobre 1896, le Tsar Nicolas II est accueuilli par le président Félix Faure. Le tsar devait revenir à Cherbourg le 31 juillet 1909, accueilli par le président Fallières.

Point stratégique de l'Occupation et de la Libération

Les Allemands arrivent le 17 juin 1940 dans les faubourgs de Cherbourg. Durant deux jours, le port devient le « Dunkerque normand », où les soldats anglais rembarquent à la va-vite. Le fort de l'Est de la digue est détruit par la marine française. Le 18 au soir, les derniers combattants se rendent. Le lendemain, Erwin Rommel reçoit la reddition de la place des mains du préfet maritime, le vice-amiral Le Bigot.

Quatre années plus tard, Cherbourg est l'objectif principal des 4e, 7e et 79e régiments américains débarqués à Utah Beach. Seul port en eau profonde de la région, sa libération devait permettre d'avoir un base logistique pour le débarquement du matériel nécessaire à la libération de l'Europe. En prévision d'une importante attaque, 14 000 Cherbourgeois sont déplacés, envoyés notamment dans le Loiret, lors de la seconde évacuation de la ville en mai 1944. Le 21 juin, le VIIe Corps de Joseph Lawton Collins est à l'entrée de la "forteresse de Cherbourg". Les forces allemandes, dirigées par le lieutenant-général von Schlieben, s'élèvent à 21 000 hommes, souvent faibles et mal entrainés. L'amiral Hennecke, en charge du port militaire, donne l'ordre de dynamiter le port pour qu'il ne puisse pas servir aux Alliés. Les hommes de Collins entrent dans la ville le 22 juin. Ils sont confrontés à une vive résistance et des combats de rue nombreux. Collins conquiert le 25 juin la montagne du Roule, contraignant le général Karl von Schlieben, l'amiral Hennecke et 37 000 soldats à se rendre officiellement le 26 à 16h.

À l'occasion du 14 juillet 1944, la place du Château devient place de Gaulle, tandis que le quai de l'Ancien Arsenal est nommé quai Lawton Collins, général du VIIe corps américain. En deux mois, les troupes du génie américaines et françaises remettent en état le port complètement rasé par les Allemands et les bombardements. Les premiers liberty ships accostent au quai de France. Dès lors, et jusqu'à la victoire de 1945, le débarquement journalier des approvisionnements et du matériel militaire fait de Cherbourg le plus grand port du monde. Le trafic y sera le double du port de New York. L'essence traverse la Manche via le pipe-line sous-marin PLUTO (Pipe Line Under The Ocean).

Le 24 décembre 1944, le cargo belge Léopoldville, chargé de 2 237 soldats américains de la 66e division d'infanterie, les Black Panthers, est torpillé par un sous-marin allemand, au large de Cherbourg. On dénombre 763 morts et 493 disparus. Cherbourg est citée à l'ordre de l'armée le 2 juin 1945, et rendue à la France par les Américains le 14 octobre.

La reconstruction

Le besoin de reconstruction de la ville est restreint, puisque les destructions se sont principalement limitées au port militaire et à ses alentours, comme l'abbaye du Voeu. Les Trente Glorieuses voient un développement de Cherbourg. Le port Chantereyne, gagné sur la mer, la place Divette et le boulevard Schumann créés à l'emplacement des anciens champs de foire, et le grand ensemble des Provinces, sur les hauteurs de La Fauconnière à Octeville, modifient la physionomie de la ville, qui se densifie.

A partir des années 1990, l'identité maritime de l'économie de Cherbourg souffre. Le plan Joxe en 1992 porte un coup grave [2], en imposant une réduction drastique des effectifs de l'Arsenal, accompagné du transfert de la Flotille du Nord (FLONOR) vers Brest. Dès lors, le poids de l'armée ne cessera de diminuer, avec le départ de l'école d'administration de la Marine pour Toulon et la fermeture de l'hôpital maritime.

Liste des maires

Liste des maires de Cherbourg-Octeville
Période Identité Parti Qualité
2001 - (-) Bernard Cazeneuve PS Juriste
mars 2000 - 2001 Jean-Pierre Godefroy PS Ouvier
Pas de données antérieures puisque fusion de 2 communes
Liste des maires de Cherbourg
Période Identité Parti Qualité
1980- 2000 Jean-Pierre Godefroy PS Ouvrier
1977- 1980 Louis Darinot PS Pharmacien
1959- 1977 Jacques Hébert UNR Médecin
1954- 1959 René Schmitt PS Enseignant
1953- 1954 René Rosette Opticien
1947- 1953 Edmond Soufflet
1944- 1947 René Schmitt PS Enseignant
1939- 1944 Paul Renault
1935- 1939 Léon Noël
1927- 1935 Jules Lebrettevillois
1926- 1927 Charles Livor
1912- 1926 Albert Mahieu Parti radical Négociant
1911- 1912 Charles Delagarde
1903- 1910 Albert Mahieu Parti radical
1900- 1903 Charles Renault
1892- 1900 Emmanuel Liais Astronome
1887- 1892 Charles Moll
1884- 1887 Emmanuel Liais Astronome
1882- 1884 Paul Emile Gosse
1878- 1882 Jean Mahieu Négociant
1865- 1878 Joseph Liais
1850- 1865 Joseph Lude
1846- 1849 Julien Morin
1833- 1845 Nicolas Noël-Agnès Juge
1830- 1833 Paul Honoré Javain Colonel
1815- 1830 Nicolas Collard
1800- 1815 Pierre Joseph Delaville Medecin
1792- 1798 Augustin Asselin Antiquaire
1791- 1792 Demons, sieur de Garantot
1789- 1791 Jean Collas, chevalier de Gassé
Liste des maires d'Octeville
Période Identité Parti Qualité
mars 1995- 2000 Bernard Cazeneuve PS juriste
1989- 1995 André Poirier
1983- 1989 Gabriel Soria
1979- 1983 Georges Jourdam
1959- 1979 Jean Tesson
1947- 1959 Louis Jourdam
1945- 1947 Michel Lair
1939- 1945 Louis Jourdam
1935- 1939 Armand Lamache
1932- 1935 Emmanuel Demast
1929- 1932 Paul Lelong
1919- 1929 Charles Lereverend
1917- 1919 Gustave Letellier
1904- 1917 Alexandre Dumoncel
1900- 1904 Louis Besselière
Les données antérieures ne sont pas encore connues.

Personnalités liées à la commune

Économie

Petit port de pêche, Cherbourg voit une industrie se développer sous le règne de Louis XIV, grâce à deux manufactures, l'une de draps et de tanneries à Cherbourg, l'autre de glaces et de miroirs, à Tourlaville, par Colbert.

Si les travaux de la rade du XIXe siècle font croître les atouts du port de commerce, Cherbourg est, au début du XXe siècle, avant tout un port militaire. L'arsenal et la Marine représente un poumon économique de la ville et du Nord-Cotentin. Le port de commerce est modeste, exportant des mulets pour les Antilles et la Réunion, des produits alimentaires locaux vers la Grande-Bretagne (beurre, salaisons, oeufs, bestiaux...), des produits chimiques à base de soude extraite du varech, du granit des carrières avoisinantes, et important bois et fers du Nord, goudrons, chanvre, et denrées provenant des Colonies. Mais à cette époque le port embrasse l'épopée transatlantique. Les escales des équipages de la Marine et des passagers de paquebots offrent un moyen de promouvoir et de diffuser les produits locaux dans le monde.

L'industrie cherbourgeoise de l'époque est spécialisée dans la construction navale, ainsi que dans la confection de dentelles et la fabrication de cordage. La fin du XIXe siècle a également vu Cherbourg développer une industrie aéronautique, avec la société de Félix du Temple, reprise plus tard par Félix Amiot, autre pionnier de l'aviation pour fonder la Société aéronautique de Normandie.

Ces dernières années, le trafic transmanche passagers s'est affaibli. P&O ayant abandonné les liaisons avec Cherbourg, seul deux compagnies assuraient des liaisons transmanche : Britany Ferries vers Portsmouth et Irish Ferries vers Rosslarre. Cette situation dura jsqu'en 2005, et, depuis, 4 compagnies assurent des laisons depuis le port : - HD ferries vers Jersey & Guernesey - Irish ferries et Celtic Link ferries vers Rosslare - et toujours Brittany ferries vers l'Angleterre, Portsmouth et Poole, en complément avec Condor Ferries

La perte des livraisons de Toyota, depuis l'ouverture de l'unité de Valenciennes a quant à elle sérieusement affaiblit le port de commerce.

Transports

Cherbourg-Octeville est l'extrémité ouest de la route nationale 13 et de la ligne Paris-Cherbourg du Réseau ferré de France. Jusqu'en 1945, un tramway assurait une correspondance entre le train et la station balnéiare d'Urville-Nacqueville. À partir de 1933 et jusqu'en 1990, le train poursuivait sa course jusqu'à la gare maritime de Cherbourg, actuelle Cité de la Mer. Le tue-vaques desservait depuis Cherbourg le Val de Saire entre 1911 et 1950.

La Compagnie des transports de Cherbourg (CTC) a été créée en 1896, desservant par un tramway la place de Tourlaville et la place du Château à Cherbourg. La desserte s'allonge jusqu'à 16,5 kilomètres, de Tourlaville à Urville. Après l'occupation allemande et le bombardement du dépôt de tramways, les bus prennent la succession, et il faut attendre 1962 pour que le réseau dispose de plusieurs lignes. À partir de 1976, la Communauté urbaine de Cherbourg prend en charge la compétence des transports en commun. Filiale de Keolis, la CTC prend le nom de Zéphir bus en 1991[3].

Éducation

L'ancien collège, très important, est devenu en 1886 un lycée baptisé Victor Grignard (filière générale et STT, Classes préparatoires scientifiques). Cherbourg-Octeville dispose de deux autres lycées publics d'enseignement général, le lycée Jean-François Millet (filière générale, prépa santé, classes préparatoires littéraires) et le lycée Alexis de Tocqueville (filière générale, technique, professionnelle et enseignement supérieur -BTS-), ainsi qu'un lycée aquacole.

Sur le pôle universitaire, installé sur les hauteurs d'Octeville, sont installés l'École d'ingénieurs de Cherbourg, l'IUT Cherbourg-Manche (qui accueille environ 1000 étudiants en formation continue ou initiale à travers 4 départements DUT, 4 licences pro, 1 DU, 1 DECF et 1 DAEU), ainsi que 2 antennes de l'Université de Caen (UFR de Sciences et UFR des Langues vivantes étrangères)

L'école de cinéma IMC Normandie s'est installée, à la suite de l'EICAR sur le site de l'ancien hôpital maritime, tandis que l'École Supérieure des Beaux-Arts se situe dans la zone des bassins.

L'Institut national des sciences et techniques de la mer (Intechmer) est implanté à Tourlaville.

Vestiges de l'importance de l'armée dans la ville, Cherbourg-Octeville accueille l'École des applications militaires de l'énergie atomique (EAMEA) et l'École des fourriers (situé à Querqueville).

Culture

Façade du théâtre à l'italienne de Cherbourg

Cherbourg-Octeville est le principal centre culturel de la Manche.

Elle est le siège de plusieurs sociétés savantes, dont la Société nationale académique de Cherbourg créée 1755, et la Société nationale des sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg créée en 1851, ainsi qu'au XIXe siècle, la Société artistique et industrielle de Cherbourg, fondée en 1871.

La création et la diffusion du spectacle vivant sont assurés par Le Trident, regroupant le théâtre à l'italienne, le théâtre d'Octeville et le Vox, labélisé scène nationale, et par le Centre régional des arts du cirque (CRAC) de La Brèche.

Cherbourg accueille également un musée de la Libération, au fort du Roule, le Musée d'Art Thomas Henry, et le Muséum d’ethnographie, d’histoire naturelle et d’archéologie du parc Liais. La ville de Cherbourg dispose depuis 1983 d'une artothèque. Le Point du Jour, centre d'art contemporain consacré à la photographie, devrait ouvrir dans la zone des bassins en 2008.

La Biennale du 9e Art expose des auteurs de bandes-dessinées (Enki Bilal en 2002, François Schuiten et Benoît Peeters en 2004, André Juillard en 2006). Cherbourg-Octeville organise également un festival des arts de rue, Charivarue, et le Festival du livre et de la bande dessinée de jeunesse.

Outre l'Institut des métiers du cinéma de Normandie, l'enseignement artistique est également présent à travers l'École régionale des Beaux-Arts et l'École municipale de musique.

Cinéma

Depuis 1985, le cinéma joue un rôle important dans la vie culturelle locale avec le festival des cinémas d'Irlande et de Grande-Bretagne et le Cinemovida (Festival des cinémas d'Espagne et Amérique latine). De nombreux films ont été tournés en tout ou partie à Cherbourg, dont les fameux Parapluies de Cherbourg (1964).

En 2003, l'école de cinéma EICAR s'est implantée dans les anciens bâtiments de l'hôpital maritime. Après trois années de pertes et un passif estimé à 1,5 million d'euros, elle a été placée en liquidation judiciaire en septembre 2006, remplacée le mois suivant, sous l'impulsion d'anciens professeurs de l'EICAR, par l'IMC Normandie.

La ville dispose d'un parc de 18 salles de cinéma, réparties sur deux établissements, dont un labellisé Art et essai.

Odéon
5 salles. Suite à l'ouverture de multiplexe CGR, le retrait de la Soredic, qui exploitait le Club 6 (rue de la Paix) depuis 1983 et l'Odéon (rue Foch) depuis 1991, a entraîné en 2004 la fermeture du premier, et la reprise de ce dernier cinéma de centre-ville, labellisé Art et essai, par Fadila Chambelland, ancienne gérante salariée. 90 000 entrées en 2006. La façade de l'ancien café du Grand balcon, devenu ensuite cinéma Le Central, est de style second Empire, avec cariatides et guirlandes de fleurs.
Méga CGR
12 salles. Ouvert en 2003 près du boulevard maritime avec 2 557 fauteuils. 400 000 entrées en 2006.
Omnia
1 salle. Salle historique exploitée par Pathé, située rue de la Paix, elle a été rachetée dans les années 1990 par la municipalité, et n'accueille plus que de rares événements. Les fresques intérieures de R. Lecoq, représentant Éole et Vulcain, ont été distinguées en 2006 par le label « Patrimoine 20e siècle » du ministère de la Culture[4].

Justice

Depuis l'instauration par Napoléon Ier d'un tribunal de première instance par le décret du 19 juillet 1811 à Cherbourg, la ville est l'un des trois pôles judiciaires principaux de la Manche, avec Coutances et Avranches.

La ville accueille aujourd'hui un Tribunal de grande instance (arrondissement de Cherbourg-Octeville), un Tribunal d'instance (cantons de Beaumont-Hague, Cherbourg Nord-Ouest, Cherbourg Sud-Est, Équeurdreville-Hainneville, Octeville, Les Pieux, Saint-Pierre-Église et Tourlaville), un Conseil de prud'hommes et un tribunal de Commerce.

Monuments

  • Abbaye du Voeu
  • Rade de Cherbourg
  • L'église de la Trinité : édifice de style néogothique, à l'exception du portail et de la tour. A l'intérieur, douze chapelles latérales, la chaire et le maître-autel sculptés par Fréret.
  • Statue de Napoléon Ier : Oeuvre d'Armand Le Véel en bronze, sur un piédestal de granit de Diélette, d'une hauteur totale de 10 mètres.

Notes

  1. Jean-Claude Cloarec, "L'Affaire Leroy", La Manche Libre, 7 juillet 2007
  2. [1] Pierre Agudo, "Cherbourg ne veut pas finir en rade", L'Humanité, 27 juin 1992
  3. "La Compagnie des transports de Cherbourg fête ses 110 ans !", Journal de la Communauté urbaine de Cherbourg, n°35, septembre 2006
  4. "Le patrimoine cherbourgeois distingué", Cherbourg-Octeville, n°117, février 2007

Sources

Héraldique
  • Essai historique sur le Blason de Cherbourg Extrait des Mémoires de la Société impériale académique de Cherbourg, Victor Le Sens, Cherbourg : Bedelfontaine et Syffert, 1860 Disponible sur Normannia
Histoire
  • Site de la ville de Cherbourg-Octeville
  • Cherbourg, Site de Christian Leroy
  • Cherbourg, in Les cinq ports militaires de la France, Fr. Desplantes, Limoges : Ardant, 1891. Disponible sur Normannia
  • Cherbourg sous l'empereur Napoléon III : notice historique sur Cherbourg, Paris : Dentu, 1858. Disponible sur Normannia
  • Essai historique sur le Blason de Cherbourg Extrait des Mémoires de la Société impériale académique de Cherbourg, Victor Le Sens, Cherbourg : Bedelfontaine et Syffert, 1860 Disponible sur Normannia
  • Quels sont les hommes qui ont exercé le plus d'influence sur la création d'un arsenal maritime à Cherbourg et en particulier quelle part doit être attribuée à Vauban dans les projets relatifs à la fermeture de la rade, Extr. de Séances du congrès scientifique de France, tenu à Cherbourg en septembre 1860, M. Bazan, Cherbourg : Auguste Mouchel, 1860. Disponible sur Normannia
  • La digue de Collignon qui ferme la grande rade de Cherbourg à l'est La Digue de Collignon
Administration


Voir aussi

Lien externe