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== Histoire ==
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====Cinq siècles dans la famille d'Argouges====
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Au XIII{{e}} siècle, la famille d'Argouges, originaire du Bessin, s'installe sur la paroisse de Gratot par le mariage, vers 1237, de Guillaume d'Argouges et Jeanne de Gratot. On ne sait pas s'il existe déjà des bâtiments sur le site de l'actuel château, ou si Guillaume et Jeanne ont démarré la construction. Le château se transmet dans la famille d'Argouges de père en fils.  
Au XIII{{e}} siècle, la famille d'Argouges, originaire du Bessin, s'installe sur la paroisse de Gratot par le mariage, vers 1237, de Guillaume d'Argouges et Jeanne de Gratot. On ne sait pas s'il existe déjà des bâtiments sur le site de l'actuel château, ou si Guillaume et Jeanne ont démarré la construction. Le château se transmet dans la famille d'Argouges de père en fils.  


Au château du XIV{{e}} encore fortifié succède au XV{{e}} une construction dont subsistent aujourd'hui la tour ronde et la tour à la fée.  
Au château du XIV{{e}} encore fortifié succède au XV{{e}} une construction dont subsistent aujourd'hui la tour ronde et la tour à la fée.  


Au XVII{{e}} s, la seigneurie est érigée en marquisat et le château devient résidence de plaisance après création d'une maison seigneuriale entre les deux tours, élargissement des douves et aménagement du jardin à la Française. Jean Antoine d'Argouges, dernier marquis de Gratot, meurt en [[1777]] sans héritier. Un inventaire très complet est dressé chez notaire et détaille le château pièce par pièce ; il permet d'imaginer la vie fastueuse au château au XVIII{{e}} siècle, mais des intempéries entrainent le ravage des récoltes et mettent à mal la bonne fortune du marquis qui peine à entretenir son domaine.  
Au XVII{{e}} s, la seigneurie est érigée en marquisat et le château devient résidence de plaisance après création d'une maison seigneuriale entre les deux tours, élargissement des douves et aménagement du jardin à la Française. Jean Antoine d'Argouges, dernier marquis de Gratot, meurt en [[1777]] sans héritier. Un inventaire très complet est dressé chez notaire et détaille le château pièce par pièce ; il permet d'imaginer la vie fastueuse au château au XVIII{{e}} siècle, mais des intempéries entrainent le ravage des récoltes et mettent à mal la bonne fortune du marquis qui peine à entretenir son domaine.  


====Le déclin====
====Le déclin====
À plusieurs reprises, le dernier marquis vend des terres et, en [[1771]], il cède le château en viager à [[Ange François de Talaru de Chalmazel]], évêque de Coutances. Mais en [[1773]], Bon Luc du Homméel, apparenté à la famille d'Argouges, revendique la propriété, obtient gain de cause et reprend le viager engagé par l'évêque. Après la mort du marquis, son épouse ne reste que quelques semaines avant de se retirer dans un couvent à Bayeux.
À plusieurs reprises, le dernier marquis vend des terres et, en [[1771]], il cède le château en viager à [[Ange François de Talaru de Chalmazel]], évêque de Coutances. Mais en [[1773]], Bon Luc du Homméel, apparenté à la famille d'Argouges, revendique la propriété, obtient gain de cause et reprend le viager engagé par l'évêque. Après la mort du marquis, son épouse ne reste que quelques semaines avant de se retirer dans un couvent à Bayeux.
   
   
Le château passe ensuite de main en main et entame un long déclin <ref name=Cotentin>Élie Guéné (dir.), ''Le Cotentin'', éd. Manche-Tourisme, 1977, p. 172. </ref>.. Au début du 20{{e}} siècle, il est totalement abandonné et se dégrade peu à peu <ref name=Cotentin/>. Il est un temps la propriété de l'éditeur manchois [[Alphonse Lemerre]].  
Après 15 génération d'Argouges<ref name=voyage/>, le château passe ensuite de main en main et entame un long déclin <ref name=Cotentin>Élie Guéné (dir.), ''Le Cotentin'', éd. Manche-Tourisme, 1977, p. 172. </ref>. En 1805, un incendie le ravage.<ref name=voyage/>. Il est un temps la propriété de l'éditeur manchois [[Alphonse Lemerre]], puis de son fils, Désiré<ref name=voyage/>. Au début du 20{{e}} siècle, il est totalement abandonné et se dégrade peu à peu <ref name=Cotentin/>.  
 
Le château intéresse peu les érudits normands du XIXe siècle : absent des écrits de [[Charles de Gerville]], il est représenté par [[Joseph Le Dieu]] dans deux dessins du logis, brièvement évoqué par le chanoine [[Émile Pigeon]] en 1898, et décrit par [[Joseph Couraye du Parc]] l'année suivante dans ''La Normandie monumentale et pittoresque'', accompagné de deux photographies de Jean-Eugène Durand. En 1910, [[Émile Sarot]] lui consacre la première étude<ref name=voyage>Exposition « Voyage archéologique dans la Manche », Archives départementales de la Manche, 2017.</ref>.


====Le sauvetage====
====Le sauvetage====
En [[1925]], Jean Tiphaigne ([[1887]]-[[1954]]), fermier qui exploitait les terres du château, rachète le site pour le sauver de la ruine<ref name = RG>René Gautier et 54 correspondants, ''[[601 communes et lieux de vie de la Manche]]'', 2014, p. 44.</ref>. Son petit fils, Jean-Pierre ([[1948]]-[[2006]]) fonde le centre d'animation du château de Gratot et lui donne une nouvelle vie<ref name = RG/>. C'est en [[1968]], alors qu'il n'est plus qu'une ruine, qu'est entreprise sa restauration par une équipe de bénévoles <ref name=Cotentin/>. Le [[7 octobre]] [[1971]], Jean-Pierre Tiphaine reçoit le prix du concours « Chefs d’œuvre en péril  » dans le cadre de l'émission de télévision du même nom, pour le sauvetage du château.
En [[1925]], Jean Tiphaigne ([[1887]]-[[1954]]), fermier qui exploitait les terres du château, rachète le site pour le sauver de la ruine<ref name = RG>René Gautier et 54 correspondants, ''[[601 communes et lieux de vie de la Manche]]'', 2014, p. 44.</ref>. [[Paul Le Cacheux]], archiviste départemental, souligne son intérêt historique et architectural, motivant la [[Société d'archéologie et d'histoire de la Manche]] à réclamer le classement au titre des monuments historiques qui n'intervient qu'en 1970<ref name=voyage/>.
 
Le petit-fils de Jean Tiphaigne, Jean-Pierre ([[1948]]-[[2006]]) fonde le centre d'animation du château de Gratot et lui donne une nouvelle vie<ref name = RG/>. C'est en [[1968]], alors qu'il n'est plus qu'une ruine, qu'est entreprise sa restauration par une équipe de bénévoles <ref name=Cotentin/>. Le [[7 octobre]] [[1971]], Jean-Pierre Tiphaine reçoit le prix du concours « Chefs d’œuvre en péril  » dans le cadre de l'émission de télévision du même nom, pour le sauvetage du château.


Le château de Gratot est partiellement classé [[monument historique]] depuis [[1970]] ; sont protégés les ruines des façades et toitures des communs avec la poterne d'entrée ainsi que les douves<ref>{{Mérimée|PA00110422}}</ref>.
Le château de Gratot est partiellement classé [[monument historique]] depuis [[1970]] ; sont protégés les ruines des façades et toitures des communs avec la poterne d'entrée ainsi que les douves<ref>{{Mérimée|PA00110422}}</ref>.

Version du 20 juillet 2022 à 21:57

Vue ancienne, du sud-ouest.

Le château de Gratot est un monument historique de la Manche, situé à Gratot.

Histoire

Cinq siècles dans la famille d'Argouges

Au XIIIe siècle, la famille d'Argouges, originaire du Bessin, s'installe sur la paroisse de Gratot par le mariage, vers 1237, de Guillaume d'Argouges et Jeanne de Gratot. On ne sait pas s'il existe déjà des bâtiments sur le site de l'actuel château, ou si Guillaume et Jeanne ont démarré la construction. Le château se transmet dans la famille d'Argouges de père en fils.

Au château du XIVe encore fortifié succède au XVe une construction dont subsistent aujourd'hui la tour ronde et la tour à la fée.

Au XVIIe s, la seigneurie est érigée en marquisat et le château devient résidence de plaisance après création d'une maison seigneuriale entre les deux tours, élargissement des douves et aménagement du jardin à la Française. Jean Antoine d'Argouges, dernier marquis de Gratot, meurt en 1777 sans héritier. Un inventaire très complet est dressé chez notaire et détaille le château pièce par pièce ; il permet d'imaginer la vie fastueuse au château au XVIIIe siècle, mais des intempéries entrainent le ravage des récoltes et mettent à mal la bonne fortune du marquis qui peine à entretenir son domaine.

Le déclin

À plusieurs reprises, le dernier marquis vend des terres et, en 1771, il cède le château en viager à Ange François de Talaru de Chalmazel, évêque de Coutances. Mais en 1773, Bon Luc du Homméel, apparenté à la famille d'Argouges, revendique la propriété, obtient gain de cause et reprend le viager engagé par l'évêque. Après la mort du marquis, son épouse ne reste que quelques semaines avant de se retirer dans un couvent à Bayeux.

Après 15 génération d'Argouges[1], le château passe ensuite de main en main et entame un long déclin [2]. En 1805, un incendie le ravage.[1]. Il est un temps la propriété de l'éditeur manchois Alphonse Lemerre, puis de son fils, Désiré[1]. Au début du 20e siècle, il est totalement abandonné et se dégrade peu à peu [2].

Le château intéresse peu les érudits normands du XIXe siècle : absent des écrits de Charles de Gerville, il est représenté par Joseph Le Dieu dans deux dessins du logis, brièvement évoqué par le chanoine Émile Pigeon en 1898, et décrit par Joseph Couraye du Parc l'année suivante dans La Normandie monumentale et pittoresque, accompagné de deux photographies de Jean-Eugène Durand. En 1910, Émile Sarot lui consacre la première étude[1].

Le sauvetage

En 1925, Jean Tiphaigne (1887-1954), fermier qui exploitait les terres du château, rachète le site pour le sauver de la ruine[3]. Paul Le Cacheux, archiviste départemental, souligne son intérêt historique et architectural, motivant la Société d'archéologie et d'histoire de la Manche à réclamer le classement au titre des monuments historiques qui n'intervient qu'en 1970[1].

Le petit-fils de Jean Tiphaigne, Jean-Pierre (1948-2006) fonde le centre d'animation du château de Gratot et lui donne une nouvelle vie[3]. C'est en 1968, alors qu'il n'est plus qu'une ruine, qu'est entreprise sa restauration par une équipe de bénévoles [2]. Le 7 octobre 1971, Jean-Pierre Tiphaine reçoit le prix du concours « Chefs d’œuvre en péril  » dans le cadre de l'émission de télévision du même nom, pour le sauvetage du château.

Le château de Gratot est partiellement classé monument historique depuis 1970 ; sont protégés les ruines des façades et toitures des communs avec la poterne d'entrée ainsi que les douves[4].

Les parties remarquables sont, entre autres, la tour d'angle des 13e et 14e s., dite « Tour à la fée » en raison d'une légende locale, la tour ronde du 15e s., les communs du 16e s. et le pavillon du 18e s.

Le château est entouré de douves en eau alimentées par la fontaine à la Fée.

Visites et animations

Exposition dans les combles des communs.

Toute l'année, de 10 h à 19 h.

Exposition permanente Huit siècles de vie.

En été : expositions artistiques temporaires de peinture, sculpture et photographie.

Depuis 2002, le premier week-end d'août : exposition-vente « À propos de jardin ».

Depuis 2013 : camp Viking quelques jours en été

Situation

Côté sud en 2019.
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Bibliographie

  • Joëlle et Jean-Pierre Tiphaigne, Le château de Gratot, éd. Collet, 1969
  • Lucien Musset, « Château de Gratot », Annuaire des cinq départements normands, congrès de Coutances, 1993, pp. 9-10

Administration

Tél. 02 33 45 18 49
Courriel : contact@chateaugratot.com

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 et 1,4 Exposition « Voyage archéologique dans la Manche », Archives départementales de la Manche, 2017.
  2. 2,0 2,1 et 2,2 Élie Guéné (dir.), Le Cotentin, éd. Manche-Tourisme, 1977, p. 172.
  3. 3,0 et 3,1 René Gautier et 54 correspondants, 601 communes et lieux de vie de la Manche, 2014, p. 44.
  4. « Notice n°PA00110422 », base Mérimée (architecture), médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, ministère de la Culture.

Lien interne

Lien externe