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Côtis-Capel

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Côtis-Capel, de son vrai nom Albert Lohier, né à Urville-Hague le 22 janvier 1915, décédé à Cherbourg le 30 octobre 1986, est un prêtre, un marin-pêcheur et un poète de la Manche, utilisant le parler dialectal de la Hague.

« Un homme debout [1] »

Né dans la Hague, dans une modeste famille de pêcheurs, au 15 du Hameau Capel à Urville, Albert Lohier évoque très jeune sa volonté de devenir prêtre. Après des études secondaires à Cherbourg, son service militaire, puis sa mobilisation en 1939, il entre au séminaire. Il est ordonné prêtre en 1942 et devient vicaire de Notre-Dame du Roule à Cherbourg. Ses activités le rapprochent des gens de la mer, et en 1950, il devient marin-pêcheur sur le chalutier Va tout en continuant son sacerdoce au sein de la Mission de la mer. En 1960, le Vatican met fin à l'expérience des prêtres-ouvriers et Albert Lohier doit « mettre son sac à terre ». Il reste cependant au service des pêcheurs en s'occupant pendant vingt ans de la coopérative de matériel de pêche Socopêche.

Albert Lohier adhère au Parti socialiste en 1971. Il devient également membre d'Amnesty International.

« Les criements des mâoves[2] »

Dès les années 1930, Albert Lohier commence à écrire dans sa langue maternelle, le parler normand de la Hague. Dès le début, il écrit sous le pseudonyme de Côtis-Capel, référence à son enfance[3]. Il s'essaye à la prose [4], mais privilégie rapidement la poésie. Pour André Dupont, « il a bien vite délaissé l'épique pour le lyrique, genre assez rare en littérature dialectale, puis pour l'intimisme et la méditation. Avec lui, la poésie en langue vernaculaire atteint à l'universel. [5] »

Un premier recueil, Rocâles, paraît en 1951. Son deuxième, À Gravage, publié en 1965, est salué par la critique et le public lui fait un succès. Trois autres recueils de poésies vont suivre. Un court roman sort l'année même de la disparition de l'auteur.

Il est considéré par beaucoup comme le plus grand poète contemporain en normand.

Sous la houlette de Fernand Lechanteur, Côtis-Capel fait partie, en 1968, des fondateurs de l'association Parlers et traditions populaires de Normandie, dont la revue [1] devenue Le Viquet publieront plusieurs articles de sa plume.

En 1972, il fonde à Cherbourg avec André Louis l'Université populaire normande du Cotentin, destinée à l'enseignement du parler normand et qu'il contribuera à animer jusqu'aux derniers mois de sa vie.

Œuvres

  • Rocâles, poèmes, 1951.
  • Naieta", poème inédit en dialecte hagard, 1952, revue Viking N°11, page 32, printemps-été 1952.
  • À Gravage, poèmes, OCEP, Coutances, 1965 ; réédition UPNC, 2005.
  • Raz-Bannes, poèmes, OCEP, Coutances, 1970.
  • Graund Câté, poèmes, OCEP, Coutances, 1980.
  • Les Côtis, poèmes, Isoète, 1985.
  • Ganache lé vuus péqueus, roman, Isoète, 1987.
  • D'aveu la maôve lé bel ouésé, choix de poèmes, UPNC, 2001.

Enregistrements

  • La première édition d’À Gravage (1965) était accompagnée de deux 33 tours (diamètre 45 tours) reprenant des poèmes lus par l'auteur et André Louis. De même, Raz-Bannes (1970) était accompagné d'un 33 tours reprenant des poèmes lus par l'auteur, André Louis et Micheline Gires.
  • Participation de Côtis-Capel au 33 tours de Pierre Guéroult, Normands. Côtis y récite un conte, « Maroteine ».
  • « Ceux de la Hague » : reportage télévisé du 26 octobre 1971. Albert Lohier y parle de sa Hague, de sa mer [2].
  • D'aveu la maôve lé bel ouésé (2001) était accompagné d'un CD reprenant des poèmes lus par des membres de l'UPNC.
  • De 1989 à 2011, le groupe Magène a mis en musique et enregistré plusieurs poèmes de Côtis-Capel sur ses différents CD. En 2010, Yannick Bonnissent a enregistré un CD, Eune teurque, entièrement consacré à Côtis-Capel.

Récompense

Bibliographie

Livres
  • Charles Cerisier, J'ai gardé le cap-Albert Lohier/Côtis-Capel, éditions Isoète, Cherbourg, 2008.
  • André Dupont, Dictionnaire des patoisants du Cotentin, notice « Albert Lohier », Publications multigraphiées de la Société archéologie et d'histoire de la Manche, n° 81, Saint-Lô, 1992.
  • Roger-Jean Lebarbenchon, Les Falaises de la Hague, Littératures et cultures populaires de Normandie (vol. 3), Centre d'Etudes Normandes, Caen, 1991.
  • Jean Mabire, Pêcheurs du Cotentin, éditions Heimdal, 1975, p. 11-43. — Récit de pêche et de vie à bord du chalutier Mimi Charlot, navire sur lequel est embarqué Côtis-Capel.
Articles
  • « Ma vie coume eun baté... », transcription d'une interview de Côtis-Capel sur France-Culture, Parlers et Traditions Populaires de Normandie, n° 71, 1986.
  • Le Viquet, numéro consacré à Côtis-Capel, n° 74, 1986.
  • Normandie Magazine, hors série « Écrivains de Normandie », 1990.
  • Céline Guénolé, « Côtis-Capel », Le Viquet, n° 113, saint Michel, 1996
  • Jean Mabire, « Les poètes Normands et l'idée nordique : Côtis-Capel », revue Heimdal n° 13, automne 1974, p. 20-22.

Notes et références

  1. Selon l'expression de l'abbé Charles Cerisier dans son homélie lors de l'inhumation de Côtis-Capel (Le Viquet n° 74).
  2. La mâove - la mouette - est l'animal symbole de Côtis-Capel qui revient régulièrement dans ses poésies.
  3. Dans son article nommé « À Gravage » (Le Viquet n° 150, 2005), Éric Marie décrit ainsi l'origine du pseudonyme : « […] située dans le hameau Capel (prononcer Capelle), la maison parentale est juchée à flanc de côtis (on appelle ainsi un côteau descendant vers la mer). C'est pourquoi les Lohier portent l’avernoum (surnom) dans le pays de côtis. On dit pour les distinguer des autres les Lohyis-Côtis et Albert se trouve donc être eun petit Côtis, eun petit Côtis du hammé Capel d'où plus tard son nom d'écrivain. »
  4. Il y reviendra pour son dernier ouvrage, Ganache lé vuus péqueus.
  5. Dictionnaire des patoisants du Cotentin, p. 113 (cf. Bibliographie).