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Buffalo Bill à Cherbourg (1905)

De Wikimanche

Affiche promotionnelle.

Buffalo Bill à Cherbourg

Contexte

Buffalo Bill.

Le Buffalo Bill's Wild West est un spectacle conçu autour de William Frederic Cody (1846-1917), alias Buffalo Bill, qui parcourt les États-Unis et l'Europe à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Il célèbre et magnifie les exploits du célèbre éclaireur américain et donne en représentation les mythes de la conquête de l'ouest américain. Différentes versions sont montées à partir de 1883 et jusqu'après la mort du cowboy. Le spectacle est présenté en France en 1889, à l'occasion de l'exposition universelle de Paris. Il revient de nouveau en France en 1905, où il reste sept mois, le temps de présenter son spectacle à Paris pendant deux mois et de visiter une grosse centaine de villes le reste du temps. Il est à Saint-Lô le 8 juin et le lendemain à Cherbourg. Buffalo Bill a alors 56 ans.

Deux représentations

Cherbourg-Éclair, 3 juin 1905.

Le Buffalo Bill's Wild West arrive à Cherbourg le 9 juin à 5 h 30 [1]. Le convoi arrive en train, puis en voitures à cheval depuis la gare [2]. On compte à l'arrivée « plus de 40 voitures de matériel, trainées chacune par six vigoureux chevaux » [1]. L'installation se fait sur la plaine de Chantereyne, « avec un ordre admirable et dans le silence » [1]. De nombreux Cherbourgeois viennent assister au montage du chapiteau. Les Peaux-Rouges, campés au fond du terrain, près de la douve d'enceinte de l'arsenal, suscitent, bien sûr, « une légitime curiosité » [1].

Deux représentations sont données, l'une à 14 h, l'autre à 20 h. Le chapiteau est installé sur ce qu'on appelle alors la plaine de Chantereyne, à l'extrême ouest de la place Napoléon.

Les prix d'entrée vont de 1,50 F pour les places de deuxième série assises jusqu'à 8 F pour les places en loges. Les places de première série sont vendues 2,50 F et les places réservées 4 F et 5 F. Les enfants jusqu'à 10 ans paient demi-tarif.

Heureusement que les organisateurs ont prévenu que le spectacle aurait lieu quelque soit le temps car la pluie tombe toute la journée « sans discontinuer » et redouble d'intensité en soirée [3]. La foule est au rendez-vous : « jamais on n'avait pu une telle affluence », s'exclame Cherbourg-Éclair, qui a vu des cultivateurs accourir « de toutes les communes des environs » [3]. Un témoin américain affirme que « des milliers de personnes ont été refoulées aux deux représentations » [4].

La publicité affirme qu'il s'agit de la « seule exhibition au monde qui soit inimitable » et qu'elle est « unique en son genre ». Et c'est vrai que les moyens déployés sont énormes puisque chaque représentation mobilise 800 hommes et 500 chevaux.

Après l'exécution de l'hymne national américain, un grand défilé ouvre le spectacle, où se mêlent cowboys et Peaux-Rouges, qui sont l'attraction du jour... Buffalo Bill à cheval, « le dernier survivant des grand éclaireurs », ferme la marche, saluant la foule avec son chapeau.

Le spectacle qui comprend pas moins de vingt-quatre tableaux se poursuit avec une exhibition de cavaliers, une manœuvre d'artillerie, un match de football joué par des chevaux, la présentation du Poney Express, la reconstitution d'un convoi d'immigrants, avec une attaque indienne, des exercices équestres, des lanceurs de lasso mexicains avec leur champion Vincent Oropezza, la reconstitution grandiose de la célèbre bataille de Little Bighorn de 1876, où le général Custer trouva la mort sous les flèches des Sioux, l'éblouissante démonstration d'adresse au tir de Johnny Baker, la reconstitution d'attaques indiennes contre une diligence et la hutte d'un colon, et différentes démonstrations de combats et de parades militaires. Curieusement, une présentation de sports de combat arabes et japonais et de cavalerie cosaque viennent s'intercaler dans le programme.

L'importance des moyens est bien au rendez-vous. Le spectacle lui-même est de toute beauté et véritablement impressionnant. Il y a du rythme, des couleurs, des cris, de la fumée et les coups de feu sont incessants. Le public est littéralement subjugué et ressort les yeux pleins d'étoiles.

Le soir, la Compagnie des tramways met en service des trains supplémentaires pour assurer le retour des spectateurs jusqu'à Querqueville et Tourlaville [1].

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 et 1,4 « Buffalo Bill's », Cherbourg-Éclair, 9 juin 1905.
  2. Et non en bateau, contrairement à ce qu'affirme Jean-François Hamel, Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 2, éd. Eurocibles, sous la direction de René Gautier.
  3. 3,0 et 3,1 « Buffalo Bill's », Cherbourg-Éclair, 10 juin 1905.
  4. Charles Eldrige Griffin, Four Years in Europe with Buffalo Bill, McCracken Library, 1908, p. 60.

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