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Bibliothèque municipale Jacques-Prévert (Cherbourg-en-Cotentin)

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La bibliothèque municipale Jacques-Prévert est un équipement culturel de la Manche, situé à Cherbourg-en-Cotentin.

Elle est, par l'importance de son fonds et son rayonnement, la première bibliothèque publique du département et la deuxième de la région Basse-Normandie, après Caen (Calvados).

Histoire

La première bibliothèque municipale de Cherbourg est, comme beaucoup d'autres en France, une « bibliothèque de district », issue de la Révolution. Ces bibliothèques résultent de l'application du décret de la Convention du 8 pluviôse an II [1]. Il s'agissait pour l'Assemblée nationale d'alors « de mettre fin au pillage et à la dissémination des ouvrages confisqués sur les biens des émigrés et des communautés religieuses » [2].

Cette première bibliothèque est installée au 24, rue de la Trinité (aujourd'hui rue Tour-Carrée), dans un des locaux de l'Administration du district [1]. Elle comprend 1 850 volumes [1]. Composée de livres de théologie essentiellement, elle est peu fréquentée et disparaît avec la suppression du district en 1795 [1]. Le premier bibliothécaire nommé est Jean-Hyacinthe Pépin, prêtre assermenté de Saint-Pierre-Église [3].

En 1812, le maire d'alors, Pierre Joseph Delaville, décide de relancer l'activité de la bibliothèque en l'installant dans une des salles de la mairie [1]. Mais beaucoup des livres entreposés ont disparu. Un premier inventaire n'en dénombre plus... que 700 [1]. Le maire renonce à son projet [1].

En 1831, la ville achète les 1 600 volumes composant la bibliothèque de l’érudit local François Duchevreuil [1]. La bibliothèque municipale voit enfin le jour en 1832. Forte de 2 288 volumes, elle ouvre ses portes au public à la fin de l'année [1].

Plusieurs dotations de l'État viennent heureusement enrichir le fonds [2]. En avril 1833, l'État offre un remarquable ouvrage en 24 volumes grand in-folio de l'édition originale de la Description de l'Égypte [2]. La bibliothèque de Cherbourg serait la seule, avec celle de Grenoble, à en posséder un exemplaire complet [2].

Plusieurs donations de particuliers sont effectuées ensuite, notamment un legs de près de 3 000 ouvrages par Augustin Asselin en 1844 (avec vingt-six incunables parmi lesquels le manuscrit du IXe siècle De bello iudaico de Flavius Josephe, qui reste le plus vieux document de la bibliothèque) et un don en 1877 de Jérôme-Frédéric Bignon, maire du Rozel et héritier des bibliothécaires du roi. Ce dernier offre notamment deux livres de botanique, véritables « joyaux du fonds » [2]:

  • les 319 plantes gravées par ordre du Roi (1676)1701) : trois volumes in-folio reliés en maroquin rouge aux armes royales surmontées de l'inscription « Donné par le Roi à M. Bignon 1773 » [2]
  • les Roses par Redoute avec le texte de Thory, exemplaire sur papier chamois orné de deux « suites », l'une noire l'autre coloriée sur velin blanc. Autographes des auteurs, M. Thory mentionne : « Il n'existe que cinq exemplaires de cet ouvrage tiré sur papier. Mon ami, M. Redoute m'a fait présent de celui-ci. » [2].

La bibliothèque possède également un fonds normand, un fonds ancien consacré à la botanique et un autre au voyage.

La bibliothèque est installée dans une aile de l’hôtel de ville en 1857, dans une salle située au premier étage dont les fenêtres donnent rue de la Paix. C'est l'actuelle salle du conseil municipal.

En 1896, elle emménage au 9 de la rue Thiers (aujourd'hui rue Paul-Talluau), au-dessus d'une école maternelle. L'endroit, semble-t-il, a été soigneusement choisi. « On a trouvé un quartier plutôt calme, où l'on n'est troublé par aucun bruit ni tumulte, au centre même de la cité, et sur le passage des ouvriers qui vont à l'arsenal [1].

En 1905, des fidèles constituent la Société des amis de la bibliothèque afin d'enrichir les fonds, notamment par la création d'un fonds contemporain, et de développer le goût de la lecture chez leurs concitoyens [3].

En 1908, le prêt à domicile est officialisé[3].

En 1932, le centenaire de la bibliothèque est marqué par une exposition présentée au foyer du théâtre municipal [1].

En juin 1981, la bibliothèque emménage dans le centre culturel, prenant le nom de Jacques Prévert, mort quatre ans plutôt dans la Hague. La bibliothèque participe également au projet Normannia de bibliothèque numérique normande.

La bibliothèque ferme provisoirement ses portes le 1er octobre 2011, pour un réaménagement complet confié au cabinet Boisroux, évalué à 5 millions d'euros [4]. Elle retrouve une activité en mars 2012 dans l'ancien hôpital des armées René-Le Bas. Elle rouvre complètement le 28 novembre 2015 dans le bâtiment rénové du centre culturel, appelé Quasar.

En 2014, elle acquiert la lettre de l'impératrice Marie-Louise à Madame de Montesquiou, écrite en 1813 durant son séjour à Cherbourg.

Bibliothécaires

Bibliographie

  • Gustave Amiot, Catalogue méthodique de la bibliothèque communale de Cherbourg, 1885, 2 vol.
  • Y. Godillot, « La bibliothèque municipale de Cherbourg », Annuaire des cinq départements normands, Congrès de Cherbourg, 1953, pp. 40-41
  • Chantal Le Coutour, « La bibliothèque municipale de Cherbourg et son public au XIXe siècle », Annales de Normandie, vol. 45, n° 45-3, 1995, pp. 353-367 (lire en ligne)

Notes et références

  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 et 1,10 Émile Avoine, Centenaire de la bibliothèque municipale de Cherbourg, Impr. Périgault, Cherbourg, 1932.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 et 2,6 Marie-Madeleine Legrand, « La bibliothèque municipale de Cherbourg », Le Cotentin, éd. Manche-Tourisme, 1977, pp. 323-325.
  3. 3,0 3,1 et 3,2 Chantal Le Coutour, « La bibliothèque municipale de Cherbourg et son public au XIXe siècle », Annales de Normandie, vol. 45, n° 45-3, 1995 (lire en ligne).
  4. « La bibliothèque déménage : 6 mois de fermeture », Ouest-France, 17 septembre 2011.

Article connexe

Lien externe