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Batterie Napoléon (Cherbourg)

De Wikimanche

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Plan masse.

La batterie Napoléon est un ancien ouvrage de défense du port de Cherbourg.

Elle se situe au centre de la digue du large, à l'emplacement de l'actuel fort central.

Elle est construite sur les plans de l'ingénieur Joseph Cachin (1757-1825).

Élévation sud et coupes transversales

Histoire

Plan projet de la rade de Cherbourg en 1805. La Batterie Napoléon a le repère «D», exactement au bout de la flèche indiquant le nord. Elle a été remplacée par le «Fort du Centre»

La batterie est inaugurée le 16 août 1804 [1]. Une plaque y est scellée par le général Laroche, commandant la 14e division militaire, et Louis Costaz, préfet de la Manche, en présence de Pierre Joseph Delaville, maire de Cherbourg, et Claude-Louis Rousseau, évêque de Coutances [2]. On y lit : « Monument d'utilité militaire et nautique érigé par l'Empereur Napoléon l'an Ier de son règne, et inauguré le 28 thermidor an 12, 16 août 1804, sous le ministère du vice-amiral Decrès, d'après les projets & sous la direction de G. M. F. Cachin » [2]. Un repas suit pour les officiels à 13 h dans le pavillon ouest de la batterie [2]. Une tente a été dressée à côté pour les autres convives [2]. Vingt-deux coups de canon sont tirés pour marquer l'événement [2]. À 22 h, un feu d'artifice clôt la cérémonie [2].

Le 28 mai 1805, Napoléon écrit au vice-amiral Denis Decrès :

« Donnez des ordres pour qu'on ferme la batterie Napoléon, du fort de Cherbourg, avec des palissades ou avec un mur crénelé, afin que l'ennemi ne puisse s'emparer des batteries. »

La batterie en chantier subit l'assaut des vagues, roulant le plus souvent depuis l'ouest ou le nord. Des dégâts sont infligés à celle qu'on dénomme souvent alors l'« île factice », lors des tempêtes du 11 au 23 décembre 1804, les 29 et 30 mai 1807, les 14 et 15 janvier 1808 et le 28 janvier 1808.

Tempête du 12 février 1808

Le 12 février 1808, une terrible tempête détruit le fort, tuant 202 personnes sur les 263 présentes à ce moment [3],[4].

Un conducteur de Chantier, Pierre François Trigan, par ailleurs marin aguerri, parviendra avec un soldat du 6e régiment d’artillerie à pied dont les chroniques n'ont pas retenu le nom, au prix d'exploits physiques étonnants à sauver 38 personnes de la catastrophe.

Le souvenir sera tellement douloureux que le nom lui-même de la batterie ne sera pas retenu. Le « Fort central » sera reconstruit de 1847 à 1858 avec des plans légèrement différents, et un nom qui ne rappelle pas le désastre.

Rapport du commandant sur la tempête meurtrière du 11 et 12 février 1808

Dans un rapport manuscrit à la plume de trois pages, adressé au général comte Maximilien Foy, le capitaine Antoine Truc, commandant la batterie Napoléon relate l'impressionnant ouragan qui a fait monter la mer en furie et détruit l’énorme batterie construite au milieu de la rade de Cherbourg. Le commandant y a perdu sa femme, Françoise Feltin et ses deux enfants, Charles et Jeanne. ...« des 650 personnes que nous étions à peine s'en est-il sauvé 49. La batterie bouleversée dans toute son étendue ressemblait à un monceau de décombres...» Selon ce rapport, il est fait état que la tempête a causé la mort de 246 personnes [5].

Bilan final ?

Un relevé des décès dans les registres d'état civil de Cherbourg dus à cette catastrophe est en cours dans Wikimanche. Il semble pointer vers 220 ou 230 victimes. Mais on ne sait si ces registres sont exhaustifs. Pour préciser cette macabre question, il y a probablement des disparus en mer, voire de pauvres gens noyés qui ont dérivé et sont recueillis dans d'autres communes.

Le rapport du capitaine Antoine truc semble auto-contradictoire : si sur 650 personnes, seules 49 s'en sont sorties, c'est qu'il y a 601 décès. Or le rapport conclut à 246 personnes, ce qu'on comprend difficilement.

Le Carpentier-Delavallée dit que « 400 hommes y sont péris », tandis que Vérusmor conclut lui à 202 décès.

L'enquête reste à mener. Deux-cents ou six-cents victimes, ce n'est pas la même chose.

Situation

Sur le plan de 1805, l'ouvrage est clairement désigné avec l'appellation « Batterie Napoléon » : c'est le repère « D » (majuscule), lisible dans la légende.

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Bibliographie

  • Annuaire du Département de la Manche, Volume 21, Page 533, Julien Gilles Travers, Elie fils, impr. Saint-Lô 1849. L'accident a fait plus de deux cents morts selon cette source. (lire en ligne)
  • Louis-Augustin Le Carpentier-Delavallée, « Journal des événemens les plus remarquables arrivés dans Coutances et même dans le département de la Manche autant qu’ils nous seront connus. Commencé le 1er thermidor an 4 de la République françoise ou 19 juillet 1796, vieux stile », Revue de l’Avranches, tome 30, p. 644-645.
  • Yves Murie, Ouragan sur la digue, éd. Isoète, 2003

Articles connexes

Notes et références

  1. A.-M. Perrot, Itinéraire général de Napoléon, Bistor éditeur, Paris, 1845, p. 490.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 et 2,5 « Empire français », Le Publiciste, 30 août 1804.
  3. Vérusmor, « Catastrophe de la digue de Cherbourg », Annuaire du département de la Manche, vol. 21, 1849, p. 533-535 (lire en ligne).
  4. Les chiffres varieront ensuite, jusqu'à 246 morts.
  5. « Collection Gomès: autographes, dessins, photographies, livres illustrés du XXe s. Général Comte Foy : mémoires autographes et manuscrits divers », Gazette-Drouot, enchères publiques, 16 novembre 2008.

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