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Bataille de la Hougue (1692)

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La Bataille de la Hougue, peinture de Benjamin West et John Trumbull (1778).

La bataille de la Hougue a lieu les 2 et 3 juin 1692 au large de Saint-Vaast-la-Hougue et s'achève par la perte des plus beaux navires de la flotte française. Elle fait suite à la bataille de Barfleur (29-30 mai) et à la bataille de Cherbourg (1er juin).

Elle se déroule dans le contexte de la guerre de la Ligue d’Augsbourg qui voit s’affronter de 1686 à 1697 le royaume de France et une coalition réunissant l’Angleterre, l’Espagne, les principautés allemandes, les Provinces-Unies et la Suède. Cette ligue fut formée pour lutter contre la politique d’annexion menée par Louis XIV. Celui-ci vainquit cette coalition en 1697.

Contexte

Le Soleil Royal ravagé par les flammes.

Louis XIV a accueilli le roi Jacques II d’Angleterre contraint d’abandonner son trône, chassé par les partisans de Guillaume d’Orange, Stathouder des Provinces-Unies de Hollande. Louis XIV, alors confronté à la plus grande partie des royaumes européens, décide de rétablir Jacques II sur le trône d’Angleterre et par la même se dégager, dans une certaine mesure, de l’étau qui enserre la France.

Il est donc décidé d’organiser un débarquement de la marine royale sur les côtes anglaises. 50 vaisseaux sont prévus pour cette opération face à la flotte conjointe anglo-hollandaise qui peut, pour sa part, aligner 124 vaisseaux.

L'opération de neutralisation de la flotte coalisée est confiée au vice-amiral Anne Hilarion de Costentin de Tourville (1624-1701). Celui-ci, faisant face à toute une série de retards, d’imprévus, conséquence de l’impéritie de certains officiers commandant les arsenaux royaux, ne peut réunir, le 12 mai 1692, que 39 vaisseaux, rejoints ultérieurement par cinq vaisseaux de Vilette-Mursay. C’est donc à la tête d’une flotte de 44 vaisseaux, de quelques 30 000 hommes et de 3 140 canons que Tourville fait voile vers la Hougue, lieu prévu pour l’embarquement des troupes destinées au débarquement en Angleterre.

Le projet de débarquement prévoit d’établir une tête de pont à Torbay, dans le Devon, sur la côte sud-ouest de l'Angleterre, grâce aux 20 000 hommes (Français et Irlandais) convoyés par la flotte. De là, ce corps expéditionnaire doit rejoindre Londres. Le corps de cavalerie est stationné au Havre et à Honfleur. Pour permettre la traversée, il faut sécuriser la zone en interdisant l’accès à la flotte anglo-hollandaise. C’est la tâche dévolue à Tourville, à la tête d’une escadre regroupée à Brest. Tourville a prévu d’appareiller avant que les deux flottes ennemies ne puissent faire leur jonction, hors c’est déjà chose faite et Tourville l’ignore. Il lui faudra maintenant affronter une centaine de navires sous le commandement de l’amiral anglais Russel.

La bataille

Tableau de Petrus Johannes Schotel (1808-1865).

Après la bataille de Barfleur, douze vaisseaux (parmi lesquels les vaisseaux de premier rang suivant : Le Saint-Philippe, Le Magnifique, L’Ambitieux, Le Foudroyant et Le Merveilleux) mouillent près de la Hougue, la moitié près de l’île de Tatihou, l’autre derrière la pointe de la Hougue. Lors d’un conseil de guerre, il a été convenu de se battre « à l’ancre », autrement dit de défendre les vaisseaux. Mais faute de décisions claires et précises, les équipages abandonnent les navires sans les décharger des canons et autres matériels. Le 2 juin, devant Jacques II et le maréchal de Bellefonds, la flotte ennemie attaque et brûle les six premiers vaisseaux. Le lendemain, les derniers vaisseaux de l’escadre de Tourville sont détruits à leur tour.

Dès le 4 juin, Louis XIV ordonne la récupération de tous les canons perdus durant la bataille. Les pertes subies sont remplacées dès l’année suivante par 13 vaisseaux sortis des arsenaux et symboliquement de la même puissance et portant le même nom que ceux détruits lors de la bataille de la Hougue. Tourville, qui a été nommé maréchal de France cette même année, parvient à détruire les deux tiers d’un grand convoi anglais de 148 navires au large de Lagos. Il n’en est pas moins vrai que la défaite de la Hougue est cruellement ressentie par Louis XIV, qui voit ainsi son prestige atteint. Mais il a l’élégance de reconnaître à Tourville qu’il n’a fait « que suivre les ordres » malgré leur manque de cohérence.

Devant le manque flagrant d’installations propres à défendre le littoral, le pouvoir royal décide d'aménager les côtes du Cotentin, notamment en fortifiant l’île de Tatihou et par la suite en transformant Cherbourg en port de guerre. Dès 1694, les tours de Tatihou et de la Hougue sont construites par Benjamin de Combes, élève de Vauban.

Souvenirs

Le 7 mars 1833, un bateau de Saint-Vaast récupère à marée basse « deux canons et un grand nombre de boulets » [1].

Le 27 août 1954, un canon repêché par le cordier Sainte-Thérèse souvenez-vous est mis en vente aux enchères à Cherbourg, à l'Inscription maritime : il est finalement retiré de la vente, la seule enchère à 1 000 F ayant été jugée insuffisante [2].

Bibliographie

Livres
  • Bruno Robert, L'enseigne du Soleil Royal (roman), éd. P. Téqui, 2007
Articles
  • Dr E. T. Hamy, « La Bataille de la Hougue », Cherbourg et le Cotentin, Le Maout, 1905
  • Geneviève Le Blond, « Vaisseaux de Tourville autour de Saint-Vaast-la-Hougue », La Presse de la Manche, 1er et 8 octobre 1969
  • « La bataille de la Hougue », Association du tricentenaire, 32 p., 1992
  • Stéphane William Gondoin, « Du « cap Béveziers » à la rade de la Hougue, ouragans de feu sur la Manche », Patrimoine normand, n° 108, 2019

Notes et références

  1. Le Journal de Cherbourg, 31 mars 1833.
  2. « Le canon de la bataille de la Hougue n'a pas été vendu », Ouest-France, 28 août 1954.

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