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La '''bataille de Barfleur''' se déroula dans le contexte de la guerre de la Ligue d’Augsbourg (La guerre de la Ligue d’Augsbourg vit s’affronter de [[1686]] à [[1697]] une coalition réunissant l’Angleterre, l’Espagne, les principautés allemandes, les Provinces-Unies et la Suède, face au royaume de France. Cette ligue fut formée pour lutter contre la politique d’annexion menée par Louis XIV. Celui-ci vainquit cette coalition en [[1697]]). La marine royale fut opposée aux marines hollandaise et anglaise. La bataille de Barfleur eut lieu les 29 et 30 mai [[1692]], et fut suivie par la bataille de Cherbourg (1er juin) et la [[Bataille de la Hougue|bataille de la Hougue]] (2-3 juin).
La '''bataille de Barfleur''' se déroula dans le contexte de la guerre de la Ligue d’Augsbourg (La guerre de la Ligue d’Augsbourg vit s’affronter de [[1686]] à [[1697]] une coalition réunissant l’Angleterre, l’Espagne, les principautés allemandes, les Provinces-Unies et la Suède, face au royaume de France. Cette ligue fut formée pour lutter contre la politique d’annexion menée par Louis XIV. Celui-ci vainquit cette coalition en [[1697]]). La marine royale fut opposée aux marines hollandaise et anglaise. La bataille de Barfleur eut lieu les 29 et 30 mai [[1692]], et fut suivie par la bataille de [[Cherbourg]] (1er juin) et la [[Bataille de la Hougue|bataille de la Hougue]] (2-3 juin).


==Contexte==
==Contexte==
Louis XIV avait accueilli le roi Jacques II d’Angleterre contraint d’abandonner son trône, chassé par les partisans de Guillaume d’Orange, Stathouder des Provinces-Unies de Hollande. Louis XIV, alors confronté à la plus grande partie des royaumes européens, décida de rétablir Jacques II sur le trône d’Angleterre et par la même se dégager, dans une certaine mesure, de l’étau qui enserrait la France.
Louis XIV avait accueilli le roi Jacques II d’Angleterre contraint d’abandonner son trône, chassé par les partisans de Guillaume d’Orange, Stathouder des Provinces-Unies de Hollande. Louis XIV, alors confronté à la plus grande partie des royaumes européens, décida de rétablir Jacques II sur le trône d’Angleterre et par la même se dégager, dans une certaine mesure, de l’étau qui enserrait la France.


Il fut donc décidé d’organiser un débarquement sur les côtes anglaises. 50 vaisseaux étaient prévus pour cette opération face à la flotte conjointe anglo-hollandaise qui pouvait, pour sa part, aligner 124 vaisseaux.
Il fut donc décidé d’organiser un débarquement sur les côtes anglaises. Cinquante vaisseaux étaient prévus pour cette opération face à la flotte conjointe anglo-hollandaise qui pouvait, pour sa part, aligner 124 vaisseaux.


Pour se faire, il fallait neutraliser la flotte coalisée, cette opération fut confiée au vice-amiral, [[Anne-Hilarion de Costentin de Tourville]] ([[1624]]-[[1701]]). Celui-ci, faisant face à toute une série de retards, d’imprévus, conséquence de l’impéritie de certains officiers commandant les arsenaux royaux, ne put réunir, le 12 mai 1692, que 39 vaisseaux, rejoint ultérieurement par 5 vaisseaux de Vilette-Mursay. C’est donc à la tête d’une flotte de 44 vaisseaux, de quelques 30000 hommes et de 3140 canons que Tourville fit voile vers la Hougue, lieu prévu pour l’embarquement des troupes destinées au débarquement en Angleterre.
Pour se faire, il fallait neutraliser la flotte coalisée, cette opération fut confiée au vice-amiral, [[Anne-Hilarion de Costentin de Tourville]] ([[1624]]-[[1701]]). Celui-ci, faisant face à toute une série de retards, d’imprévus, conséquence de l’impéritie de certains officiers commandant les arsenaux royaux, ne put réunir, le 12 mai 1692, que 39 vaisseaux, rejoint ultérieurement par 5 vaisseaux de Vilette-Mursay. C’est donc à la tête d’une flotte de 44 vaisseaux, de quelques 30 000 hommes et de 3 140 canons que Tourville fit voile vers la Hougue, lieu prévu pour l’embarquement des troupes destinées au débarquement en Angleterre.


Le projet de débarquement prévoyait d’établir une tête de pont à Torbay (ville de la côte sud-ouest (Devon) de la Grande-Bretagne ) grâce aux 20000 hommes (Français et Irlandais) convoyés par la flotte. De là, ce corps expéditionnaire devait rejoindre Londres. Le corps de cavalerie était stationné au Havre et à Honfleur. Pour permettre la traversée, il fallait sécuriser la zone en interdisant l’accès à la flotte anglo-hollandaise. Comme nous l’avons dit plus haut, c’est la tâche qui fut dévolue à Tourville, à la tête d’une escadre regroupée à Brest. Tourville avait prévu d’appareiller avant que les deux flottes ennemies  ne puissent faire leur jonction, hors c’était chose faite et Tourville l’ignorait. Il lui faudrait maintenant affronter une centaine de navires sous le commandement de l’amiral anglais Russel.
Le projet de débarquement prévoyait d’établir une tête de pont à Torbay (ville de la côte sud-ouest (Devon) de la Grande-Bretagne ) grâce aux 20000 hommes (Français et Irlandais) convoyés par la flotte. De là, ce corps expéditionnaire devait rejoindre Londres. Le corps de cavalerie était stationné au Havre et à Honfleur. Pour permettre la traversée, il fallait sécuriser la zone en interdisant l’accès à la flotte anglo-hollandaise. Comme nous l’avons dit plus haut, c’est la tâche qui fut dévolue à Tourville, à la tête d’une escadre regroupée à Brest. Tourville avait prévu d’appareiller avant que les deux flottes ennemies  ne puissent faire leur jonction, hors c’était chose faite et Tourville l’ignorait. Il lui faudrait maintenant affronter une centaine de navires sous le commandement de l’amiral anglais Russel.


==La bataille==
==La bataille==
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Le 29 mai, à l’aube, les deux flottes adverses se rencontrèrent au large de Barfleur. 44 vaisseaux côté français et environ 90 côté anglo-hollandais. Tourville aurait put renoncer à l’affrontement, mais il supporte mal la défiance dont il semble être la victime de la part de Louis XIV et Pontchartrain, qui pensaient Tourville peu motivé. Suivant donc à la lettre les instructions en date du 26 mars, dont il était porteur, il fit hisser au grand mât du navire-amiral, le [[Soleil Royal]], le pavillon « laisse arriver ». Cependant aucune des deux flottes ne se décida à ouvrir le feu ; curieusement, c’est presque par hasard que le combat s’engagea, un canonnier hollandais, peut-être trop nerveux, tira deux ou trois coups de canon contre le Saint-Louis. Cet « incident » déclencha l’embrasement des deux flottes, il était 10 heures du matin et la bataille allait durer douze heures !
Le 29 mai, à l’aube, les deux flottes adverses se rencontrèrent au large de [[Barfleur]]. 44 vaisseaux côté français et environ 90 côté anglo-hollandais. Tourville aurait put renoncer à l’affrontement, mais il supporte mal la défiance dont il semble être la victime de la part de Louis XIV et Pontchartrain, qui pensaient Tourville peu motivé. Suivant donc à la lettre les instructions en date du 26 mars, dont il était porteur, il fit hisser au grand mât du navire-amiral, le ''[[Soleil Royal]]'', le pavillon « laisse arriver ». Cependant aucune des deux flottes ne se décida à ouvrir le feu ; curieusement, c’est presque par hasard que le combat s’engagea, un canonnier hollandais, peut-être trop nerveux, tira deux ou trois coups de canon contre le Saint-Louis. Cet « incident » déclencha l’embrasement des deux flottes, il était 10 h du matin et la bataille allait durer douze heures !


Dès la fin du combat et après avoir fort malmené la flotte ennemie (tous les témoignages de l’époque, tant anglais que français, cite comme un exemple la façon dont les équipages français se sont tenus au feu), devant des forces toujours très supérieures en nombre, le vice-amiral décida de se replier sur Saint-Malo afin d’y rencontrer la flotte de l’amiral d’Estrées.  
Dès la fin du combat et après avoir fort malmené la flotte ennemie (tous les témoignages de l’époque, tant anglais que français, cite comme un exemple la façon dont les équipages français se sont tenus au feu), devant des forces toujours très supérieures en nombre, le vice-amiral décida de se replier sur Saint-Malo afin d’y rencontrer la flotte de l’amiral d’Estrées.  


Le navire-amiral, le [[Soleil Royal]], trop éprouvé, est abandonné au passage de Cherbourg et Tourville fit hisser sa marque sur l’Ambitieux. Cette manœuvre, qui nécessitait le passage du Raz Blanchard, commença bien. Dans la nuit du 30 au 31 mai, 22 vaisseaux, sur les 35 réunis par Tourville, réussirent à passer le raz et purent ainsi se réfugier à Saint-Malo, cependant le reste de l’escadre commença à dériver, par la force du courant, à l’opposé de la direction souhaitée. La cité malouine étant désormais inaccessible, il ne leur restait plus qu’un endroit où s’abriter : la Hougue.
Le navire-amiral, le ''Soleil Royal'', trop éprouvé, est abandonné au passage de Cherbourg et Tourville fit hisser sa marque sur l’Ambitieux. Cette manœuvre, qui nécessitait le passage du [[Raz Blanchard]], commença bien. Dans la nuit du 30 au 31 mai, 22 vaisseaux, sur les 35 réunis par Tourville, réussirent à passer le raz et purent ainsi se réfugier à Saint-Malo, cependant le reste de l’escadre commença à dériver, par la force du courant, à l’opposé de la direction souhaitée. La cité malouine étant désormais inaccessible, il ne leur restait plus qu’un endroit où s’abriter : la Hougue.


Très éprouvés par la bataille l’Admirable et le Triomphant rejoignent le [[Soleil Royal]] et s’échouèrent sur les plages de Cherbourg qui ne disposait alors d’aucune fortification. N’ayant aucun soutien, les trois vaisseaux essayèrent vainement de repousser les attaques de 25 vaisseaux ennemis. Las, ils furent tous incendiés le 1er juin par les brûlots anglais.
Très éprouvés par la bataille 'Ll’Admirable'' et ''Le Triomphant'' rejoignent le ''Soleil Royal'' et s’échouèrent sur les plages de Cherbourg qui ne disposait alors d’aucune fortification. N’ayant aucun soutien, les trois vaisseaux essayèrent vainement de repousser les attaques de 25 vaisseaux ennemis. Las, ils furent tous incendiés le 1er juin par les brûlots anglais.


===Bibliographie===
===Bibliographie===
*''L'enseigne du Soleil Royal. roman'' / Bruno Robert ; ill., Daniel Lordey. - Paris : P. Téqui, 2007 - (collection Défi ; 25). ISBN 978-2-7403-1386-2
* Bruno Robert, ''L'enseigne du Soleil Royal''. roman, P. Téqui, 2007 ISBN 978-2-7403-1386-2
 
[[Catégorie:Histoire de la Manche]]

Version du 24 avril 2008 à 07:06

La bataille de Barfleur se déroula dans le contexte de la guerre de la Ligue d’Augsbourg (La guerre de la Ligue d’Augsbourg vit s’affronter de 1686 à 1697 une coalition réunissant l’Angleterre, l’Espagne, les principautés allemandes, les Provinces-Unies et la Suède, face au royaume de France. Cette ligue fut formée pour lutter contre la politique d’annexion menée par Louis XIV. Celui-ci vainquit cette coalition en 1697). La marine royale fut opposée aux marines hollandaise et anglaise. La bataille de Barfleur eut lieu les 29 et 30 mai 1692, et fut suivie par la bataille de Cherbourg (1er juin) et la bataille de la Hougue (2-3 juin).

Contexte

Louis XIV avait accueilli le roi Jacques II d’Angleterre contraint d’abandonner son trône, chassé par les partisans de Guillaume d’Orange, Stathouder des Provinces-Unies de Hollande. Louis XIV, alors confronté à la plus grande partie des royaumes européens, décida de rétablir Jacques II sur le trône d’Angleterre et par la même se dégager, dans une certaine mesure, de l’étau qui enserrait la France.

Il fut donc décidé d’organiser un débarquement sur les côtes anglaises. Cinquante vaisseaux étaient prévus pour cette opération face à la flotte conjointe anglo-hollandaise qui pouvait, pour sa part, aligner 124 vaisseaux.

Pour se faire, il fallait neutraliser la flotte coalisée, cette opération fut confiée au vice-amiral, Anne-Hilarion de Costentin de Tourville (1624-1701). Celui-ci, faisant face à toute une série de retards, d’imprévus, conséquence de l’impéritie de certains officiers commandant les arsenaux royaux, ne put réunir, le 12 mai 1692, que 39 vaisseaux, rejoint ultérieurement par 5 vaisseaux de Vilette-Mursay. C’est donc à la tête d’une flotte de 44 vaisseaux, de quelques 30 000 hommes et de 3 140 canons que Tourville fit voile vers la Hougue, lieu prévu pour l’embarquement des troupes destinées au débarquement en Angleterre.

Le projet de débarquement prévoyait d’établir une tête de pont à Torbay (ville de la côte sud-ouest (Devon) de la Grande-Bretagne ) grâce aux 20000 hommes (Français et Irlandais) convoyés par la flotte. De là, ce corps expéditionnaire devait rejoindre Londres. Le corps de cavalerie était stationné au Havre et à Honfleur. Pour permettre la traversée, il fallait sécuriser la zone en interdisant l’accès à la flotte anglo-hollandaise. Comme nous l’avons dit plus haut, c’est la tâche qui fut dévolue à Tourville, à la tête d’une escadre regroupée à Brest. Tourville avait prévu d’appareiller avant que les deux flottes ennemies ne puissent faire leur jonction, hors c’était chose faite et Tourville l’ignorait. Il lui faudrait maintenant affronter une centaine de navires sous le commandement de l’amiral anglais Russel.

La bataille

Le 29 mai, à l’aube, les deux flottes adverses se rencontrèrent au large de Barfleur. 44 vaisseaux côté français et environ 90 côté anglo-hollandais. Tourville aurait put renoncer à l’affrontement, mais il supporte mal la défiance dont il semble être la victime de la part de Louis XIV et Pontchartrain, qui pensaient Tourville peu motivé. Suivant donc à la lettre les instructions en date du 26 mars, dont il était porteur, il fit hisser au grand mât du navire-amiral, le Soleil Royal, le pavillon « laisse arriver ». Cependant aucune des deux flottes ne se décida à ouvrir le feu ; curieusement, c’est presque par hasard que le combat s’engagea, un canonnier hollandais, peut-être trop nerveux, tira deux ou trois coups de canon contre le Saint-Louis. Cet « incident » déclencha l’embrasement des deux flottes, il était 10 h du matin et la bataille allait durer douze heures !

Dès la fin du combat et après avoir fort malmené la flotte ennemie (tous les témoignages de l’époque, tant anglais que français, cite comme un exemple la façon dont les équipages français se sont tenus au feu), devant des forces toujours très supérieures en nombre, le vice-amiral décida de se replier sur Saint-Malo afin d’y rencontrer la flotte de l’amiral d’Estrées.

Le navire-amiral, le Soleil Royal, trop éprouvé, est abandonné au passage de Cherbourg et Tourville fit hisser sa marque sur l’Ambitieux. Cette manœuvre, qui nécessitait le passage du Raz Blanchard, commença bien. Dans la nuit du 30 au 31 mai, 22 vaisseaux, sur les 35 réunis par Tourville, réussirent à passer le raz et purent ainsi se réfugier à Saint-Malo, cependant le reste de l’escadre commença à dériver, par la force du courant, à l’opposé de la direction souhaitée. La cité malouine étant désormais inaccessible, il ne leur restait plus qu’un endroit où s’abriter : la Hougue.

Très éprouvés par la bataille 'Ll’Admirable et Le Triomphant rejoignent le Soleil Royal et s’échouèrent sur les plages de Cherbourg qui ne disposait alors d’aucune fortification. N’ayant aucun soutien, les trois vaisseaux essayèrent vainement de repousser les attaques de 25 vaisseaux ennemis. Las, ils furent tous incendiés le 1er juin par les brûlots anglais.

Bibliographie

  • Bruno Robert, L'enseigne du Soleil Royal. roman, P. Téqui, 2007 ISBN 978-2-7403-1386-2