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Arsenal de Cherbourg pendant la Première Guerre mondiale

De Wikimanche

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L'Arsenal de Cherbourg est connu aujourd'hui pour ses activités militaires. Il a beaucoup évolué dans l'histoire. Pendant la Première Guerre mondiale, il doit faire face à un manque de main d'œuvre, en quantité et en qualification. Entre 1910 et 1914, il y a environ 3 060 personnes à l'arsenal. L'entrée en guerre de la France provoque une augmentation un doublement des effectifs, qui atteignent alors 6 000 personnes.

La préparation à la guerre


Dès le début du siècle, des lettres expliquant la nouvelle organisation en cas de guerre sont envoyées à l'arsenal par l'État-major. Le but est simple : Cherbourg doit être capable de se défendre des attaques ennemies pour soutenir et protéger au mieux les bâtiments qui y sont accueillis.

Les mesures à prendre sont :
- réorganiser les différents services pour éviter le manque d'ouvriers pendant la mobilisation
- mettre en place une organisation de guerre
- améliorer les moyens de communication.

Début 1914 est mise en place une protection de Cherbourg, de son port et de son arsenal. En juillet 1914, la guerre est inévitable. La mobilisation est déclarée et les évènements s'accélèrent. Mais à la fin de ce mois, Cherbourg est à l'écart des préparatifs guerriers et les Cherbourgeois profitent, le temps qu'ils le peuvent, des meetings aériens, des rencontres hippiques...

On prépare alors la mobilisation. Malgré cette préparation, quelques problèmes d'organisation sont remarqués le 1er août 1914, jour de départ au front de la mobilisation. Il y a alors un grand bouleversement dans le quotidien et dans les activités du port militaire et donc de l'arsenal.

Un problème majeur : le manque de main d’œuvre

L'arsenal doit faire face à de nombreux problèmes : le manque de personnel en particulier. Il y a moins de main d'œuvre avec la mobilisation et celle qui reste est moins productive.

Le 2 novembre 1914, 31 agents du personnel technique et ouvriers des classes 1893 à 1904, gradés et non jugés comme absolument indispensables au service sont mis à la disposition de la Guerre.

Rapidement, les premiers décès d'ouvriers au front se produisent. Le 29 décembre 1914, la DCN ne reçoit aucun avis officiel sur le décès de deux ouvriers au front. Un problème économique apparaît : les ouvriers partis au front continuent de recevoir leur salaire, même s’ils sont morts, la DCN n’étant pas prévenue.

Des mesures pour pallier ce problème

La durée de la journée est portée à 10 heures. Le directeur de la DCN fait savoir que son service manque d'ouvriers de toutes spécialités. La DCN est chargée de retuber toute une série de chaudières de sous-marins. Elle ne tarde pas à faire appel aux marins du dépôt des équipages de la flotte pour compléter ses effectifs.

Le 18 mars 1915, la DCN envisage d'admettre plus d'apprentis. Sur les 175 demandés par la DCN, seuls 111 seront acceptés par l'administration. Fin octobre 1915, 389 marins travaillent aux obus et à l'outillage d'obus et 183 aux autres travaux.

On met en place un système de gratifications attribuées aux marins de l'atelier central de la flotte pour les travaux de jour et de nuit.

Les ouvriers ne recevaient aucune indemnité si ils fournissaient moins de huit heures de travail. Cette indemnité s'élevait à 0,10 franc par heure de jour et à 0,15 franc par heure de nuit. Il faut aussi savoir que cette indemnité pouvait être diminuée ou supprimée si le rendement était jugé insuffisant.

On renforce l'effectif de 100 % par rapport à celui d'avant-guerre. Parmi les solutions présentées, on amène des prisonniers de guerre, des étrangers (réfugiés pour la plupart) venant d'Europe du Nord principalement, ainsi qu'une main d'œuvre venant des colonies (ouvriers nord-africains, puis chinois). Ce sera en 1917 que la situation sera la plus difficile car l'arsenal aura alors besoin de beaucoup de personnel.

Pendant la guerre, des femmes, des ouvriers civils âgés, des Kabyles, des étrangers (scandinaves, belges, indochinois), du personnel militaire prêté par les armées et des prisonniers de guerres sont embauchés. Le 1er avril 1917, l'effectif regroupant les femmes et les étrangers travaillant à l'arsenal était à son maximum : 1 027 personnes.


Années Immatriculés Auxiliaires Ouvriers en régie Ouvriers militaires Ouvriers étrangers Travailleurs coloniaux Ouvrières Apprentis TOTAUX
1914 2212 437 0 422 3071
1915 2049 504 21 26 17 1 444 3062
1916 1993 525 58 294 20 4 586 444 3906
1917 1909 498 53 491 10 72 950 363 4346
1918 1905 501 84 604 22 95 860 273 4344

État numérique faisant ressortir l'effectif moyen des ouvriers de la DCN par catégorie et années (période 1914-1918)


Le salaire des ouvriers pour les travaux de nuit a doublé entre 1916 et 1918, passant de 4,70 francs à 8,84 francs en 2 ans. Pour les travaux de jour, le salaire est a été multiplié par 1,5 entre 1916 et 1918. Quant à celui des ouvrières, il a été multiplié par 2,5 pour les travaux de nuit et a doublé pour les travaux de jour entre 1916 et 1918.

Avec ces augmentations, l'État Major espérait qu'il y aurait plus de travailleurs de jour et qu'ils seraient aussi plus nombreux sur les postes de nuit. Ainsi, cette mesure a permis entre autres d'augmenter la productivité de l'Arsenal.

D'autres mesures sont prises

Le décret du 25 janvier 1912 donne à l'école de Cherbourg le titre d'École technique élémentaire. De 1914 à 1919, l'école cesse d'ailleurs ses activités.

Le vice-amiral décide, le 29 Janvier 1915, que dès le 1er Février, les lumières de Cherbourg, Équeurdreville, Octeville et Tourlaville resteront éteintes à partir de la tombée de la nuit et ce pendant toute la nuit. Le but est de ne pas révéler de loin l'emplacement de ces villes. Les appareils à source lumineuse sont donc réduits au strict minimum, juste ce qu'il faut pour la circulation.

À partir du 9 octobre 1915, les militaires français et appartenant à des nations alliées ne peuvent plus entrer dans l'arsenal en dehors de leurs heures de service et uniquement par la porte du Midi les dimanches et les jours fériés. Ils sont alors conduits en groupe par des marins du 1er dépôt, désignés comme guides et ne devant pas les quitter.

La production militaire continue

Avec 41 sous-marins fabriqués jusqu'en 1914, l'arsenal de Cherbourg est désormais spécialisé dans leur construction.

Les sous-marins construits sur la période 1914/1918 sont au nombre de six : Le Néréide (lancé le 9 mai 1914, à l'arsenal dans la cale 1), L'Ariane (lancé le 5 septembre 1914), L'Andromaque (lancé le 13 février 1915, à l'arsenal dans la cale 2), Le Daphné (lancé le 25 octobre 1915, à l'arsenal dans la cale 4), Le Diane (lancé le 30 septembre 1916, à l'arsenal dans la cale 4) et Le Joëssel (lancé le 21 juillet 1917, à l'arsenal dans la cale 1).

La production industrielle a été multipliée par presque cinq entre 1915 et 1918.

Sources

  • www.payscotentin.net/chantiers_navals/arsenal_cherbourg.php : Liste des chantiers navals à L'Arsenal de Cherbourg
  • Liste des sous-marins construits à Cherbourg
  • Marlène Pillet, "Arsenal et activités associées : les industries militaires à Cherbourg, 1900/1939", thèse, volume II et annexes II, Service historique de la Marine, Cherbourg-Octeville

Liens internes

Articles réalisés dans le cadre du projet mené par le CLEMI

Cet article s'inscrit dans un projet mené par le CLEMI Basse-Normandie et le lycée Alexis de Tocqueville de Cherbourg (pour plus de détails, voir ce lien). Dans cette logique, nous vous proposons quelques articles réalisés par nos camarades :