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Armand Le Véel

De Wikimanche

Portrait d'Armand Le Véel.

Armand Jules Le Véel, né à Bricquebec le 27 janvier 1821 [1] et mort à Cherbourg le 26 juillet 1905 [2], est un sculpteur de la Manche.

Son œuvre la plus célèbre est la statue équestre de Napoléon Ier, inaugurée à Cherbourg en 1858. Il fut également collectionneur averti d'antiquités.

Biographie

Autoportrait.
Statue équestre de Napoléon Ier à Cherbourg.

Fils de commerçants, il est l'aîné d'une famille modeste de 13 enfants. Au collège de Valognes à partir de 1830 pour faire ses humanités, puis à celui de Cherbourg, il révèle un intérêt pour le dessin. Mais à seize ans et demi, ses parents l'envoient comme commis épicier à Rouen, où il passe trois ans, sans y trouver le goût du commerce.

Le 14 décembre 1840, à 19 ans, il s'installe à Paris pour exercer son art, sans ressource. Il vit d'emplois divers, et fabrique pour les frères Susse des produits pour la confection des statuettes de plâtre en vogue à l'époque.

Il rencontre le sculpteur Auguste Poitevin, élève de François Rude, qui le fait entrer en 1845 dans l'atelier du maître, ancien de l'atelier de David d'Angers. Il y côtoie Frémiet et Carpeaux. Il réalise ses premières œuvres, une série de six statuettes de personnages en plâtres dédiés à l'histoire de France dont Le Ligueur, Le Huguenot, et Le Représentant du peuple aux Armées, dit Vox populi, censuré.

Enrôlé le 24 février 1848 sur la barricade de la rue de Rivoli, il est proclamé commandant, recevant avant de le congédier Odilon Barrot, puis pénètre parmi les premiers dans le Palais des Tuileries.

Il reprend ses créations en 1850, soutenu par une subvention annuelle de 600 francs versée pendant trois par le conseil général de la Manche et doublée par le conseiller général de Canisy, Félix Samson-La Valesquerie. Au terme de cette pension, l'assemblée départementale lui commande un buste en marbre de l'amiral de Tourville.

En 1852, le conseil municipal de Cherbourg décide d'édifier une statue de Napoléon. Le Véel fait une proposition début 1853, qui n'aboutit finalement que le 25 avril 1855. Entre temps, dans un atelier prêté par la direction des Beaux-Arts sur l'île aux cygnes, il s'exerce aux statues équestres avec deux Charlemagne et un Bonaparte en Italie.

Le 18 août 1857, il sert inopinément de guide à Victoria, reine d'Angleterre qui fait une visite privée à Bricquebec [3].

L'inauguration de la statue le 8 août 1858 (gravure de Gaildreau).

Le 21 juillet 1858, la statue de Napoléon arrive par le train à l'occasion de la visite de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie, que Le Véel avait rencontrée en 1852, quand elle n'était que Mademoiselle de Montijo, et qu'il devait faire son buste. Le couple impérial est venu pour l'inauguration de la ligne Caen-Cherbourg, le lancement du Ville de Nantes, et l'immersion du bassin du port militaire. Mais l'inauguration de la statue n'est pas un souhait de Napoléon III, qui engage un rapprochement diplomatique avec le Royaume-Uni. Elle est donc reléguée au dernier jour du séjour impérial, une fois la reine d'Angleterre repartie. Ce qui devait être le sacre de Le Véel est donc rapidement expédié, et le statuaire n'est pas décoré de la Légion d'honneur, contrairement à ses espoirs et à ceux du maire Joseph Ludé.

Le Véel met cette absence de distinction sur le compte de son passé de révolutionnaire en 1848. Pourtant, il est décoré en 1863. Il est plus probable que son caractère peu négociant avec les pouvoirs, s'absentant par exemple quand l'empereur visite son atelier, où refusant de faire évoluer ses projets en fonction des remarques des commanditaires, n'ait pas favorisé son appartenance aux milieux officiels et les commandes publiques. Il reçoit toutefois plusieurs commandes de plâtres, bronzes, et statues de pierre, particulièrement dans son département. Il réalise notamment un Tancrède de Hauteville en pierre pour la cathédrale de Coutances, et des bronzes de Jeanne d'Arc. En 1870, il est l'un des onze membres de la commission chargée sous la présidence de Courbet, de sauver les œuvres d'art d'un Paris au bord d'être assiégé par les Prussiens, et refuse que l'on démolisse la colonne Vendôme.

Il se retire en septembre 1882 à Cherbourg, et cesse de créer. Après avoir offert plusieurs œuvres à la ville dont elle prend la charge de la fonte, il est nommé conservateur du musée Thomas-Henry, et milite pour que les collections trouvent abri dans un nouveau bâtiment dédié. Le 7 mai 1899, il assiste à Orléans à l'inauguration de la statue équestre de Jeanne d'Arc qu'il a offerte à l'évêché.

Retiré rue du Maupas à Cherbourg, il meurt le 26 juillet 1905. En signe de deuil, la statue de Napoléon est voilée d'un crêpe noir [4].

Armand Le Véel lègue sa collection d'œuvres d’art et d’antiquités (tapisseries, armes, mobilier…) à la ville de Cherbourg, exposée pendant un demi-siècle dans le pavillon Ouest du théâtre, avant d'être regroupée avec ses œuvres, au sein du musée Thomas-Henry. Plusieurs de ses œuvres sont également exposées au musée des beaux-arts de Bordeaux. Cachée pour échapper aux occupants, la statue de Jeanne d'Arc à Orléans est malheureusement mutilée lors de bombardements en 1944 et n'a pas été restaurée.

Ami de Jules Barbey d'Aurevilly, il s'était marié en 1855 à Eugénie Feuchère, fille du sculpteur Jean-Jacques Feuchère.

Sources

  • Cherbourg-Octeville Magazine n° 109, juin 2005, p. 10.
  • Annonce de l'exposition au musée d’art Thomas-Henry, 2005, sur ville-cherbourg.fr.

Œuvres écrites

  • Armand Le Véel, Jeanne d'Arc au point de vue de sa représentation, Susse Frères, Paris, 1871.
  • Armand Le Véel, « Histoire d'une statue », Cherbourg et le Cotentin, Le Maout, 1905
  • Armand Le Véel, « Une vie d'artiste sous le Second Empire », Mémoires de la Société nationale académique de Cherbourg, vol. 20, 1914
  • Armand Le Véel, La statue de Napoléon à Cherbourg, Cahiers culturels de la Manche, 1995

Hommage

Bibliographie

  • Léon Favier, « Le statuaire Armand Le Véel », in Mémoires de la Société nationale académique de Cherbourg, vol. 21, 1924.
  • Gustave Mouty, « Armand Le Véel », texte d'une conférence de 1950, in La Voix du donjon, n° 6 à 20, 1995-1999.
  • Armand Le Véel, de cape et d’épée (catalogue de l’exposition), Musée Thomas-Henry de Cherbourg-Octeville, éd. Le Vent qui passe, 2005
  • Jean-Pierre Le Goupillot, « Armand Le Véel et la statue équestre de Napoléon à Cherbourg - Repères chronologiques », in La Voix du donjon, n° 87, 2015.
  • Jean-Pierre Le Goupillot, « Aristide Frémine, Armand Le Véel et Napoléon », 1re partie, in La Voix du donjon, n° 87, 2015, 2me partie, in La Voix du donjon, n° 88, mars 2016.

Notes et références

  1. - Acte de naissance n° 23 - Page 276
  2. - Table décennale - Page 378/431.
  3. Philippe Bertin, Le Cotentin : ce pays comme une île, éd. Ouest-France, 1996.
  4. « L'Empereur en deuil », Cherbourg-Éclair, 28 juillet 1905.

Liens internes

Lien externe