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Abbaye Notre-Dame (Hambye)

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L'abbaye d'Hambye.

L’abbaye Notre-Dame de Hambye est une abbaye bénédictine de la Manche, fondée au XIIe siècle sur les bords de la Sienne à Hambye.

« Peut-on rêver église plus romantique ? Son architecture aérienne sacrifie à la pure verticalité. Tout est élan, envol, prière. Peut-on rêver église plus monastique ? » [1].

Histoire

Fondation de l'abbaye

Fondée en 1147 [2] par le seigneur et baron du lieu, Guillaume II Paynel pour le salut de son âme [3], conseillé par Algare, évêque de Coutances[4]. La terre qu'il donne pour sa construction est située près de la Sienne, l’abbaye de Hambye est élevée en un siècle.

Prospérité

Sous l'impulsion des « moines gris », moines bénédictins venus de la congrégation de Tiron dans le Perche, Notre-Dame de Hambye connaît alors une période florissante. Les donations affluent : rentes, dîmes, terres, églises avec leurs revenus...

Le 9 août 1250, lors de la visite d'Eudes Rigaud, archevêque de Rouen, elle abrite dix-sept moines et possède seulement six cents livres de revenu [5]. Jean II de Ravalet porte le revenu à 4 500 livres et il fait ajouter la salle capitulaire et le cloître [5].

Cet âge d'or dure jusqu'au XVe siècle[3].

Déclin

Le déclin s'amorce au XVIIe siècle [3]. La seigneurie de Hambye est transmise au siècle suivant par Jeanne Paynel à son mari, Louis d’Estouteville, glorieux défenseur du Mont Saint-Michel. Elle passe ensuite aux Orléans-Longueville, puis aux Matignon-Grimaldi, princes de Monaco. Tombée en décadence à partir du XVe siècle, soumise au régime de la Commende en 1548, la communauté monastique s’éteint en 1784.

L'abbaye devient bien national en 1790 et le mobilier est dispersé au feu des enchères. Les bâtiments conventuels sont dédiés à l'activité agricole, et l'église est vendue en 1810 sur décret impérial : elle sert alors de carrière de pierres, tout comme le cloître. Un décret du 20 mars 1856 l'érige toutefois en succursale [6].

Vers 1900.

Restauration et protection

Ce n'est qu'à partir de 1902 que l'édifice est classé monument historique [7].

En 1933, Eugène Niobey fonde l’association des Amis de l’abbaye de Hambye, et organise les premières fouilles qui mettent au jour les tombeaux de Louis d'Estouteville et son épouse Jeanne Paisnel.

En 1956, des particuliers, les époux Élisabeth et Auguste Beck, rachètent une partie des bâtiments. En 1964, les élus du Conseil général de la Manche votent l'acquisition du reste de l'abbaye : l'église en ruine, la porterie et la maison des frères convers. L'action conjuguée de la famille Beck et du département sauve l'abbaye [3].

Les uns et les autres entreprennent alors des travaux de restauration pour lui rendre sa beauté.

Le site de l'abbaye et ses abords dans la vallée de la Sienne, d'abord inscrit en 1970, est classé en septembre 1987[8].

Aujourd’hui, l’abbaye de Hambye appartient au réseau départemental des sites et musées de la Manche mis en place par le Conseil départemental. Les bâtiments conventuels demeurent une propriété privée.

Le 15 juin 2015, le prince Albert II de Monaco visite l'édifice[9].

Visite

L’accès au monastère se fait par la porterie. Sa double entrée est surmontée de l’écusson des Painel. La cellule du frère portier, petite pièce voûtée en berceau, existe toujours. À l’étage, se trouve la salle d’accueil et d’auditoire où l’abbé rendait la justice.

Située à l’ouest dans l’enclos monastique, la cour des étrangers est un espace de transition entre le monde extérieur des laïcs et la clôture monastique réservée aux moines. C’est aussi un espace de production et de travail, principalement pour les convers.

Le bâtiment des convers était réservé aux frères convers qui n’étaient pas des moines. Ils avaient prononcé des vœux simples et s’employaient essentiellement aux travaux manuels et agricoles. Construit parallèlement à celui des moines, il est transformé à partir du XVIe siècle en logis abbatial pour l’abbé commendataire. Sa façade, fortement remaniée, garde une très belle porte en plein cintre à double archivolte, qui s’ouvrait sur un couloir permettant l’accès au cloître. Au rez-de-chaussée se trouvait le réfectoire des frères convers. Cet espace est aujourd’hui dédié aux expositions temporaires. Les convers avaient leur dortoir à l’étage (accès par l’escalier extérieur) et pouvaient se rendre à l’église par une petite ruelle située entre l’abbatiale et le mur du cloître. La petite salle, ancienne cellule du maître des convers, possède une cheminée en plâtre du XVIIe siècle.

Comme dans la plupart des abbayes bénédictines, les bâtiments conventuels sont composés de deux bâtiments parallèles directement adossés à l’église et d’un troisième perpendiculaire aux deux premiers. L’ensemble entourait le cloître. L’aile ouest est occupée par le logis des convers et par la cuisine. L’aile est, située dans le prolongement du transept sud de l’église, était réservée aux moines. Le rez-de-chaussée comprend différentes salles à usage domestique ou religieux, l’étage était occupé par le dortoir des moines. Le réfectoire des moines, aujourd’hui disparu, fermait la galerie sud du cloître. Il a été démonté en partie au XVIIe puis au XIXe siècle. Des celliers étaient aménagés sous le réfectoire. Au sud, un ensemble de bâtiments agricoles(porcherie, pressoir, charreterie et étables) ferme la cour. Un portail, situé entre la cuisine et les étables, fermait cette cour strictement réservée aux moines.

Le service de cuisine était assuré par les moines et des convers, nommés chaque semaine. La cheminée est l’élément le plus important, occupant tout un pan de mur. La portée du linteau est de 3,90 m en forme d’arc surbaissé et composé de deux rangs superposés de claveaux. Une dalle d’égout rudimentaire a été aménagée dans l’épaisseur du mur, côté cour, pour évacuer les eaux usées. Transformée en commun et en écurie après la Révolution, elle a été restaurée dès les années 1960.

À l’origine, la salle des moines qui date du XIIe, à deux nefs et voutée d’arêtes s’allongeait vers le sud avec une travée supplémentaire. Les moines pouvaient s’y réchauffer aux heures les plus froides de l’hiver. A l’instar de nombreuses abbayes, le chauffoir se confond avec le scriptorium où se pratiquaient l’étude des textes et la copie des manuscrits.

Sous la fenêtre, un potager maçonné, rappelle que cette salle a également servi de réfectoire pour les derniers moines. Le potager, aujourd’hui très en hauteur, avait été aménagé au niveau du sol plusieurs fois rehaussé en raison des infiltrations d’eau. La salle a retrouvé son niveau d’origine après de longs travaux de restauration entre 1963 et 1966.

Le parloir est une petite pièce rectangulaire à pilier central et à quatre voûtes d’arêtes qui devait servir à la fois de parloir et de salle des morts pour les veillées funèbres. Les murs et les voûtes ont été recouverts d’un enduit peint d’un côté de fleurs de lys noires et de l’autre, de fleurs brun-rouge à cinq pétales. Les peintures sont datées du XIIIe siècle.

Lieu de prière et de méditation pour les moines, le cloître facilitait également la circulation et la distribution entre les différentes salles. Il occupait l’espace entre l’église, l’aile des convers, le logis des moines et le réfectoire. Il était formé d’un jardin entouré de quatre galeries couvertes.

Le cloître a été démonté et les colonnes dispersées dans les années 1830-1840.

En 1989, des fouilles archéologiques, entreprises dans les galeries sud et ouest, ont mis au jour des sépultures et une partie de l’ancien mur bahut sur lequel repose aujourd’hui deux colonnes d’origine et quelques copies.

Chaque matin, les moines se réunissaient dans la salle du chapitre pour la lecture d’un chapitre de la règle de saint Benoît et traiter des affaires courantes de l’abbaye. Le chapitre des coulpes, confession des fautes, s’y déroulait une fois par semaine.

L’équilibre des proportions, la finesse des décors sculptés et l’élégance font de cette salle un des chefs d’œuvre de l’architecture gothique normande du XIIIe siècle. Deux nefs séparées par un épi central de colonnes en granit ouvrent sur la galerie du cloître par deux grandes baies en arc brisé et aux multiples voussures. Il ne reste que quelques traces du décor peint qui ornait autrefois chaque travée de la salle. Les décors et enduits ont été redécouverts et restaurés entre 1994 et 2002. Seule la scène du Lavement des pieds (fresque-XIIIe) sur le mur nord était encore visible.

La sacristie communiquait directement avec l’église par une porte aujourd’hui murée. On y rangeait les objets et vêtements liturgiques utilisés lors des offices. Cette salle étroite, toute en longueur est voûtée en berceau plein cintre et ornée de décors peints, restaurés en 2003.

L’église abbatiale, construite pour la plus grande partie entre la deuxième moitié du XIIe et le XIIIe siècle, présente un bel exemple d’architecture gothique primitive. En 1810, par décret impérial, elle est vendue et transformée en carrière de pierre. La façade et une partie de la nef sont abattues. Deux colonnes du chœur sont également déposées. L’église se détériore et le chœur menace de s’effondrer. Orientée, elle reprend le plan traditionnel en forme de croix latine. Le chœur présente un style simple et élégant. Il est composé de deux travées et d’un rond-point. Cinq chapelles rayonnantes (fin XIIe) s’ouvrent sur le déambulatoire. L’élévation est composée de trois niveaux : les grandes arcades, le niveau intermédiaire percé des petites fenêtres des combles et les fenêtres hautes ornées d’un trilobe. Le chœur a fait l’objet d’une grande campagne de restauration en 2009 et 2010.

Au nord du transept, la chapelle Saint-Michel, voûtée d’une croisée d’ogive, est surmontée par une tribune seigneuriale. À l’entrée on peut voir un chapiteau historié (XVe) représentant une scène de chasse. À la croisée, la tour carrée culmine à 30 mètres et servait de clocher. Réservée aux frères convers, la nef ne sera achevée qu’au tout début du XIVe siècle. Très étroite et très élancée, elle était à l’origine plus longue. Une partie de la première travée ainsi que la façade ont été détruites en 1820. En 2011, les bases de la façade ont été dégagées lors d’un chantier de fouilles archéologiques.

L’abbaye de Hambye est un équipement du réseau des sites et musées départementaux mis en place par le Conseil départemental de la Manche. Les bâtiments conventuels sont privés.

L'abbaye de Hambye en images

Autour de l'abbaye

Une randonnée pédestre est organisée aux abords de l'abbaye : longue de 45 kilomètres, la randonnée des deux abbayes relie l'abbaye de Hambye et l'abbaye de La Lucerne, l'arrivée étant jugée à La Haye-Pesnel. Des circuits de différentes longueurs sont organisés pour satisfaire à tous niveaux. Les communes de Hambye, de La Meurdraquière, du Mesnil-Drey, et de La Lucerne-d'Outremer sont les communes associées à cette randonnée, en plus de La Haye-Pesnel.

Expositions

  • Juillet-août 2001 : Les amants de Tourlaville. Exposition de photographies en référence à la légende des Ravalet.
  • Avril-octobre 2006 : Fragments d'histoire, initiation à la sculpture médiévale. Présentation de la statue du saint évêque Gerbold, retrouvée sous la nef de l'Ermitage Saint-Gerbold de Gratot au cours de restaurations [10].
  • 2010 : Jacques Le Chevalier (1896-1987). Idées de lumière : décorateur, peintre, graveur, maître verrier, il a exercé ses dons d'artistes dans de nombreux domaines.
  • 2009-2012 : De la prière aux champs. La vie économique et spirituelles des abbayes.
  • 2013 : Allan Langmead. Cette exposition est le fruit d’une rencontre, d’un dialogue entre l’artiste et le lieu. Les œuvres sont une réponse à l’esprit du lieu, à son architecture, ses jeux de lumière ainsi qu’aux effets du temps et de l’histoire. L’artiste utilise entre autres des matériaux locaux : ardoise, pierre, torchis et objets trouvés.
  • Depuis 2011, Chute de pierres, 200 ans de sauvegarde et de restauration : l'exposition raconte les deux derniers siècles de l’histoire de Notre-Dame de Hambye, de son démantèlement partiel à l’époque révolutionnaire jusqu’à la restauration actuelle du monument. De nombreuses photographies et documents anciens, des archives sonores sont présentés autour d’objets archéologiques et de dépôt lapidaire.
  • Depuis 2013, Toiles de Hambye, un art populaire local méconnu : à mi-chemin entre art et artisanat, douze toiles de Hambye de la première partie du XIXe siècle sont présentées comme de véritables œuvres d’art plastique. L’exposition permet de comprendre le rôle de ces toiles comme protection et décor des lits-alcôves. De nombreux objets et une riche iconographie démontrent l’influence de l’art populaire normand dans leur composition graphique.

Administration

Adresse : Route de l'Abbaye
50450 Hambye
Tél. 02 33 61 76 92
Fax : 02 33 61 99 91
Courriel : musee.hambye@manche.fr

Horaires d'ouverture
  • Avril à juin et septembre : 10 h-12 h et 14 h-18 h
  • Juillet et août : 10 h-18 h
  • Fermeture le mardi (sauf en juillet-août et le 1er mai)
Tarifs 2018
  • Adulte : 5,50 € ; enfant (7-18 ans) : 2,50 € ; tarif réduit : 4 € ; tarifs groupes, pass famille (16 €), carte de fidélité (8 €)

Situation

L'abbaye est bâtie est au bord de la Sienne.

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Bibliographie

par ordre chronologique de parution
Livres
  • Eugène Niobey, Histoire de Hambye. L'abbaye, 1940, réédité par Le Livre d'histoire en 2019.
  • Élisabeth Beck, L'Abbaye de Hambye, Office départemental du tourisme de la Manche, 1967
  • Claudine Mussawir, Abbaye de Hambye, d'ombres et de lumière, éd. Orep, 2021
Articles
  • Bernard Beck, « L'abbaye de Hambye et l'Angleterre », Études Normandes, n° 189, 1966, p. 131-133 (lire en ligne)
  • Lucien Musset, Bernard Beck, Élisabeth Beck,« L'abbaye Notre-Dame de Hambye », Art de Basse-Normandie, n° 44, 1968
  • Bernard Beck, « Historique de l'abbaye et description archéologique », Art de Basse-Normandie, n° 4, 1968
  • Élisabeth Beck, « Le sort de l'abbaye de Hambye, de la Révolution à nos jours », Art de Basse-Normandie, n° 44, 1968
  • Yves Nédélec, « Abbaye de Hambye », Annuaire des cinq départements normands, congrès de Saint-Lô, 1977, pp. 15-16
  • Jean-Louis Cuche, « La vie d'une femme résolue, au XXe siècle, dans une abbaye », Revue de l'Avranchin et du Pays de Granville, t.87, fasc.422, mars 2010, p.55-100.
  • Stéphane William Gondoin, « L'abbaye d'Hambye, vigie du bocage normand  », Patrimoine Normand, n° 103, 2017

Notes et références

  1. Bernard Beck, « Églises et abbayes du Cotentin », Le Cotentin, éd. Manche-Tourisme, 1977, p. 151.
  2. ou 1145 selon d'autres sources
  3. 3,0 3,1 3,2 et 3,3 Sites et musées du département de la Manche, « Abbaye de Hambye XIIe-XIIIe siècles », Brochure d'information, 2017.
  4. A. Lair, « L'abbaye de Hambye », Mémoires de la Société académique du Cotentin, t. 14,1898, p.3 (lire en ligne)
  5. 5,0 et 5,1 Tancrède Martel, Julien et Marguerite de Ravalet, un drame passionnel sous Henri IV, éd. Alphonse Lemerre, 1920, réédité en 1992 aux éditions Isoète, p. 42.
  6. Le Journal de l'arrondissement de Valognes, 25 avril 1856.
  7. « Notice n°PA00110427 », base Mérimée (architecture), médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, ministère de la Culture.
  8. Dreal de Basse-Normandie, « Site classé n° 50029 », Caen, septembre 2013 (lire en ligne)
  9. Ouest-France, 16 juin 2015.
  10. Réseau des sites et musées du département de la Manche, Guide des expositions, saison 2006.

Lien interne

Lien externe