Établissement de bains de mer de Cherbourg (1829)
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L 'établissement de bains de mer de Cherbourg est un ancien établissement de bains de mer situé à Cherbourg.
Historique
Le 7 avril 1827, Louis Bernard Cuman-Soligniac, un négociant qui habite un hôtel particulier 5 rue Christine, fonde devant Me Morin, notaire à Cherbourg, une société en commandite dans le but de créer un établissement de bains de mer, sur le modèle de celui de Dieppe (Seine-Inférieure) [1]. Son intention est d'attirer à Cherbourg des touristes curieux de voir les importants travaux portuaires en cours depuis un demi-siècle tout en se donnant l'occasion de profiter de bains de mer que l'on sait désormais profitables à la santé [1]. Le capital de la société est fixé à 100 000 francs divisé en actions de 200 F [1]. L'acte mentionne quatre noms. Outre M. Cuman-Soligniac, on trouve MM. Nicollet, Morin et Levavasseur [1].
Le lieu d'implantation est situé à l'est de Cherbourg, sur un terrain qui va de la jetée du port de Cherbourg jusqu'à Tourlaville, en bordure de la plage des Mielles [1]. Le bâtiment doit mesurer 74 mètres de long sur 63,75 m de large [1]. Il abritera une salle de bal, une salle de jeu, une salle de billard, deux salons, un restaurant, un jardin, ainsi que des cabinets particuliers [1]. À l'étage, une plate-forme offrira un large panorama sur la mer [1]. Un télescope y sera même installé pour amplifier la perspective [2].
La descente sur la plage est facilitée depuis la terrasse par des escaliers mobiles qui descendent sur le sable [1]. Pour préserver la pudeur des baigneurs et surtout des baigneuses, de « petites voitures » permettent de traverser la plage à l'abri des regards et d'entrer directement dans l'eau [1].
L'adjudication des travaux, prononcée le 26 décembre 1827 attribue les marchés aux entreprises locales Lefrançois, Lanzeray et Lebuhotel fils [1]. Les travaux commencent à l'été 1828 sous la direction de Louis Lesauvage, architecte de la ville de Cherbourg [1]. Mais un désaccord survient rapidement entre Cuman-Soligniac et Lesauvage à propos des honoraires de ce dernier, qui doit céder sa place à l'architecte Lachaise [1]. Il faut dire que la société a acheté des terrains contigus et élargit ses prétentions : d'un bâtiment simple, prévu pour coûter {{unité|70000|}F}, on est passé à un ensemble de bâtiments pouvant atteindre pas moins de 150 000 F [1].
Le capital de la société est bientôt porté à 150 000 F réparti en 750 actions de 200 F [1]. La liste des actionnaires comprend cette fois 171 personnes, dont de nombreux notables locaux [1].
L'établissement ouvre à l'été 1829. En août, il prend le nom de Bains Dauphins à l'occasion de la visite du duc d'Angoulême venu inaugurer le bassin Charles-X.
Il est rebaptisé Bains Louis-Philippe à l'avènement de la Monarchie de Juillet, et le 3 septembre 1833, accueille un bal offert par la ville à Louis-Philippe, roi de France en voyage officiel dans la Manche.
Le 23 mars 1830, Cuman-Soligniac annonce aux actionnaires un déficit de 52 084 F [1]. Le 16 octobre 1837, les actionnaires ayant refusé de doubler leur mise initiale, la société est dissoute [1]. Finalement, Cuman-Soligniac rachète toutes les actions en déshérence qui ne valent plus que 10 F avant de revendre l'établissement à MM. Lemière et Caillet, qui eux-mêmes feront faillite [1].
Cuman-Soligniac refuse bientôt de payer les entrepreneurs, ce qui entraîne l'arrêt des travaux [1].
En mars 1831, Badoux et Thomine, deux jurisconsultes de Caen appelés à la rescousse, rendent un jugement sévère : « M. Cuman prétend qu’il tenait à l’honneur de doter sa ville d’un édifice monumental et gracieux ; d’autres pensent qu’il n’avait vu là qu’une spéculation, une affaire d’argent, et nous serions assez disposés à suivre ce dernier sentiment, qui trouve un puissant point d’appui dans le soin extrême que le directeur-gérant avait mis, lors de la rédaction des statuts, à ménager et stipuler ses propres intérêts ; mais ce n’est pas là le procès, quoi qu’on puisse dire qu’il ne soit né que quand il a fallu payer à MM. les entrepreneurs les sommes considérables dont ils étaient à découvert, et qu’on a vu que la caisse de la société était à peu près à sec » [3].
L'établissement fini par fonctionner cependant mais les travaux ne sont toujours pas totalement achevés ni en 1835 [4], ni en 1839 [5].
L'établissement tombe peu à peu en ruine [6].
En juin 1864, un nouvel établissement, plus grand et luxueux, voit le jour en lieu et place du précédent.
Notes et références
- ↑ 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 1,11 1,12 1,13 1,14 1,15 1,16 1,17 1,18 et 1,19 Olivier Jouault, « Vue des premiers bains de mer de Cherbourg, Cherbourg, 1829 », Didac'doc, n° 59, mai 2015 (lire en ligne).
- ↑ Bains de mer à Cherbourg, Impr. Boulanger, Cherbourg, 1827.
- ↑ Mémoire à consulter et consultations pour MM. Lebuhotel fils, Lanzeray et Lefrançois, entrepreneurs contre M. Cuman-Soligniac, seul directeur-gérant, responsable, solidaire et indéfini de la Société des bains de mer à Cherbourg, Imp. Boulanger, Cherbourg sd [18 juin 1831].
- ↑ Vérusmor, Histoire de la ville de Cherbourg de Voisin la Hougue continuée depuis 1728 jusqu'en 1835 par Vérusmor, Boulanger, 1835.
- ↑ Jean Fleury et Hippolyte Vallée, Nouveau guide du voyageur à Cherbourg, Noblet, Cherbourg, 1839.
- ↑ Marcel Mouchel, Guide du touriste à Cherbourg, Impr. Mouchel, 1858.