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[[Fichier:Cherbourg_cpchbg341.jpg|thumb|300px|Vue générale de la plage et casino.]]
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Les '''bains Louis-Philippe''' sont un ancien établissement de bains de mer situé à [[Cherbourg]].
Les '''bains Louis-Philippe''' sont un ancien établissement de bains de mer situé à [[Cherbourg]].


==Historique==
==Historique==
Le [[7 avril]] 1827, Louis Bernard Cuman-Solignac, un négociant qui habite un [[Hôtel Cuman-Solignac|hôtel particulier]] 5 [[Rue Christine (Cherbourg-Octeville)|rue Christine]], fonde devant M{{e}} Morin, notaire à Cherbourg, une société en commandite dans le but de créer un établissement de bains de mer, sur le modèle de celui de Dieppe (Seine-Inférieure) <ref name=Ddoc59>Olivier Jouault, « Vue des premiers bains de mer de Cherbourg, Cherbourg, 1829 », ''Didac'doc'', n° 59, mai 2015 [https://www.archives-manche.fr/_depot_ad50/_depot_arko/basesdoc/2/17714/didac-doc-59-vue-des-premiers-bains-de-mer-de-cherbourg-cherbourg-1829-.pdf ''(lire en ligne)'']. </ref>. Son intention est d'attirer à Cherbourg des touristes curieux de voir les importants travaux portuaires en cours depuis un demi-siècle tout en se donnant l'occasion de profiter de bains de mer que l'on sait désormais profitables à la santé <ref name=Ddoc59/>. Le capital de la société est fixé à {{unité|100000|francs}} divisé en actions de {{unité|200|F}} <ref name=Ddoc59/>. L'acte mentionne quatre noms. Outre M. Cuman-Solignac, on trouve MM. Nicollet, Morin et Levavasseur <ref name=Ddoc59/>.


Ouvert sous le nom de ''bains Dauphins'', en [[1828]] par M. Cuman-Solignac, négociant cherbourgeois, le premier établissement de bains de mer de Cherbourg, installé devant la [[Plage des Mielles (Cherbourg)|plage des Mielles]], s'inscrit dans la mode balnéaire des années 1820<ref name=espinosa>Carole Espinosa, ''L'armée et la ville en France, 1815-1870 : de la Seconde Restauration à la veille du conflit Franco-prussien'', éd. L'Harmattan, 2008, p. 379.</ref>.  
Le lieu d'implantation est situé à l'est de Cherbourg, sur un terrain qui va de la jetée du port de Cherbourg jusqu'à [[Tourlaville]], en bordure de la [[Plage des Mielles (Cherbourg)|plage des Mielles]] <ref name=Ddoc59/>. Le bâtiment doit mesurer {{unité|74|mètres}} de long sur {{unité|63,75|m}} de large <ref name=Ddoc59/>. Il abritera une salle de bal, une salle de jeu, une salle de billard, deux salons, un restaurant, un jardin, ainsi que des cabinets particuliers <ref name=Ddoc59/>. À l'étage, une plate-forme offrira un large panorama sur la mer <ref name=Ddoc59/>. Un télescope y sera même installé pour amplifier la perspective <ref>''Bains de mer à Cherbourg'', Impr. Boulanger, Cherbourg, 1827. </ref>.
 
Il est ouvert en [[1828]] sous le nom de ''bains Dauphins'' <ref name=espinosa>Carole Espinosa, ''L'armée et la ville en France, 1815-1870 : de la Seconde Restauration à la veille du conflit franco-prussien'', éd. L'Harmattan, 2008, p. 379.</ref>.  


Il est rebaptisé rapidement ''Bains Louis-Philippe'' à l'avènement de la Monarchie de Juillet, et le [[3 septembre]] [[1833]], accueille un bal offert par la ville à [[Louis-Philippe dans la Manche (1833)|Louis-Philippe]], roi de France en voyage officiel dans la Manche.
Il est rebaptisé rapidement ''Bains Louis-Philippe'' à l'avènement de la Monarchie de Juillet, et le [[3 septembre]] [[1833]], accueille un bal offert par la ville à [[Louis-Philippe dans la Manche (1833)|Louis-Philippe]], roi de France en voyage officiel dans la Manche.


Le [[15 juin]] [[1864]], est inauguré un [[Établissement de bains de mer de Cherbourg (1864)|nouvel établissement]], plus grand et luxueux. Œuvre de [[Dominique Geufroy]], l'établissement est composé d'un corps de bâtiment en plain-pied, et de trois pavillons à étage. L'étage du pavillon central est surmonté d'une lanterne entourée d'une galerie offrant une vue sur la mer et les environs.
La descente sur la plage est facilitée depuis la terrasse par des escaliers mobiles qui descendent sur le sable  <ref name=Ddoc59/>. Pour préserver la pudeur des baigneurs et surtout des baigneuses, de « petites voitures » permettent de traverser la plage à l'abri des regards et d'entrer directement dans l'eau <ref name=ref name=Ddoc59/>.


Il abrite un [[Casino de Cherbourg (1864)|casino]], avec salles de jeux et salons, des cabines, une salle de théâtre, et un jardin à l'anglaise, avec pelouses et massifs arborés et floraux.
Les travaux commencent en [[1828]] sous la direction de Louis Lesauvage, architecte de la ville de Cherbourg <ref name=Ddoc59/>. Trois entreprises locales sont mobilisées pour l'exécution, Lefrançois, Lanzeray et Lebuhotel <ref name=Ddoc59/>. Mais un désaccord survient rapidement entre Cuman-Solignac et Lesauvage à propos des honoraires de ce dernier, qui doit céder sa place à l'architecte Lachaise <ref name=Ddoc59/>. L'établissement fonctionne mais les travaux ne sont pas achevés ni en [[1835]] <ref>Vérusmor, ''Histoire de la ville de Cherbourg de Voisin la Hougue continuée depuis 1728 jusqu'en 1835 par Vérusmor'', Boulanger, 1835. </ref>, ni en [[1839]] <ref>Jean Fleury et Hippolyte Vallée, ''Nouveau guide du voyageur à Cherbourg'', Noblet, Cherbourg, 1839. </ref>.


Par cet établissement, Cherbourg rompt avec l'image militaire, pour arborer un visage de villégiature. Il assume un rôle à la fois de lieu de détente et espace de socialité pour la bourgeoisie manchoise<ref name=espinosa/>.  
En [[1829]], le capital de la société est porté à {{unité|150000|F}} réparti en 750 actions de {{unité|200|F}} <ref name=Ddoc59/>. La liste des actionnaires comprend cette fois 171 personnes, dont de nombreux notables locaux <ref name=Ddoc59/>.


Les bains sont ouverts du 15 juin au 1{{er}} octobre, avec des tarifs qui varient selon le nombre de personnes et de la durée du séjour. Un supplément est demandé pour pouvoir accéder aux jardins et terrasses, aux soirées dansantes (2 francs par personne) et aux bals (3 francs)<ref name=espinosa/>.  
Le [[23 mars]] [[1830]], Cuman-Soligniac annonce aux actionnaires un déficit de {{unité|52084|F}} <ref name=Ddoc59/>. Le [[16 octobre]] [[1837]], les actionnaires ayant refusé de doubler leur mise initiale, la société est dissoute <ref name=Ddoc59/>. Finalement, Cuman-Soligniac rachète toutes les actions en déshérence qui ne valent plus que {{unité|10|F}} avant de revendre l'établissement à MM. Lemière et Caillet, qui eux-mêmes feront faillite <ref name=Ddoc59/>.  


Le bâtiment, détruit durant la [[Seconde Guerre mondiale]], a laissé la place à l'ensemble appelé « les [[tours du Casino]] ». Un nouveau [[Casino de Cherbourg (1949)|casino]] ouvre en [[1949]] sur le [[Quai Alexandre-III (Cherbourg-Octeville)|quai Alexandre-III]].
L'établissement tombe en ruine <ref>Marcel Mouchel, ''Guide du touriste à Cherbourg'', Impr. Mouchel, 1858. </ref>.
 
En juin [[1864]], un [[Établissement de bains de mer de Cherbourg (1864)|nouvel établissement]], plus grand et luxueux, voit le jour en lieu et place du précédent.


{{Notes et références}}
{{Notes et références}}


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==

Version du 25 juillet 2021 à 17:52

Le casino et la plage à marée basse.
Vue générale de la plage et casino.

Les bains Louis-Philippe sont un ancien établissement de bains de mer situé à Cherbourg.

Historique

Le 7 avril 1827, Louis Bernard Cuman-Solignac, un négociant qui habite un hôtel particulier 5 rue Christine, fonde devant Me Morin, notaire à Cherbourg, une société en commandite dans le but de créer un établissement de bains de mer, sur le modèle de celui de Dieppe (Seine-Inférieure) [1]. Son intention est d'attirer à Cherbourg des touristes curieux de voir les importants travaux portuaires en cours depuis un demi-siècle tout en se donnant l'occasion de profiter de bains de mer que l'on sait désormais profitables à la santé [1]. Le capital de la société est fixé à 100 000 francs divisé en actions de 200 F [1]. L'acte mentionne quatre noms. Outre M. Cuman-Solignac, on trouve MM. Nicollet, Morin et Levavasseur [1].

Le lieu d'implantation est situé à l'est de Cherbourg, sur un terrain qui va de la jetée du port de Cherbourg jusqu'à Tourlaville, en bordure de la plage des Mielles [1]. Le bâtiment doit mesurer 74 mètres de long sur 63,75 m de large [1]. Il abritera une salle de bal, une salle de jeu, une salle de billard, deux salons, un restaurant, un jardin, ainsi que des cabinets particuliers [1]. À l'étage, une plate-forme offrira un large panorama sur la mer [1]. Un télescope y sera même installé pour amplifier la perspective [2].

Il est ouvert en 1828 sous le nom de bains Dauphins [3].

Il est rebaptisé rapidement Bains Louis-Philippe à l'avènement de la Monarchie de Juillet, et le 3 septembre 1833, accueille un bal offert par la ville à Louis-Philippe, roi de France en voyage officiel dans la Manche.

La descente sur la plage est facilitée depuis la terrasse par des escaliers mobiles qui descendent sur le sable [1]. Pour préserver la pudeur des baigneurs et surtout des baigneuses, de « petites voitures » permettent de traverser la plage à l'abri des regards et d'entrer directement dans l'eau [1].

Les travaux commencent en 1828 sous la direction de Louis Lesauvage, architecte de la ville de Cherbourg [1]. Trois entreprises locales sont mobilisées pour l'exécution, Lefrançois, Lanzeray et Lebuhotel [1]. Mais un désaccord survient rapidement entre Cuman-Solignac et Lesauvage à propos des honoraires de ce dernier, qui doit céder sa place à l'architecte Lachaise [1]. L'établissement fonctionne mais les travaux ne sont pas achevés ni en 1835 [4], ni en 1839 [5].

En 1829, le capital de la société est porté à 150 000 F réparti en 750 actions de 200 F [1]. La liste des actionnaires comprend cette fois 171 personnes, dont de nombreux notables locaux [1].

Le 23 mars 1830, Cuman-Soligniac annonce aux actionnaires un déficit de 52 084 F [1]. Le 16 octobre 1837, les actionnaires ayant refusé de doubler leur mise initiale, la société est dissoute [1]. Finalement, Cuman-Soligniac rachète toutes les actions en déshérence qui ne valent plus que 10 F avant de revendre l'établissement à MM. Lemière et Caillet, qui eux-mêmes feront faillite [1].

L'établissement tombe en ruine [6].

En juin 1864, un nouvel établissement, plus grand et luxueux, voit le jour en lieu et place du précédent.

Notes et références

  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 1,11 1,12 1,13 1,14 1,15 1,16 et 1,17 Olivier Jouault, « Vue des premiers bains de mer de Cherbourg, Cherbourg, 1829 », Didac'doc, n° 59, mai 2015 (lire en ligne).
  2. Bains de mer à Cherbourg, Impr. Boulanger, Cherbourg, 1827.
  3. Carole Espinosa, L'armée et la ville en France, 1815-1870 : de la Seconde Restauration à la veille du conflit franco-prussien, éd. L'Harmattan, 2008, p. 379.
  4. Vérusmor, Histoire de la ville de Cherbourg de Voisin la Hougue continuée depuis 1728 jusqu'en 1835 par Vérusmor, Boulanger, 1835.
  5. Jean Fleury et Hippolyte Vallée, Nouveau guide du voyageur à Cherbourg, Noblet, Cherbourg, 1839.
  6. Marcel Mouchel, Guide du touriste à Cherbourg, Impr. Mouchel, 1858.

Voir aussi