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Équilbec

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L'Équilbec est un cours d'eau du département de la Manche.

Description

Ce ruisseau prend sa source sur la commune du Loreur. Il sépare Le Loreur de La Meurdraquière, Le Loreur de Ver, puis Cérences de Ver.

Après un parcours de 5,7 km, il se jette dans la Sienne sur sa rive gauche, à la limite des communes de Cérences et de Ver.

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Hydronymie

Attestations anciennes

  • Ruisseau d'Équilbec 2007 [1], 2009 [2].

Attestations indirectes

Ce nom de ruisseau est à l'origine des patronymes normands très nettement centrés sur la Manche ÉQUILBEC (le plus fréquent), variante ÉQUILBECQ; DÉQUILBEC, variante DÉQUILBECQ; LÉQUILBEC, variante L'ÉQUILBEC. On les trouve attestés au milieu du 16e siècle dans le Journal du sire de Gouberville à Brix et Négreville :

  • Philippin Equilebec 1552 [3], Philippin Equillebec 1552 [4], Philippin Esquillebec 1556 [5], 1558 [6], Philippin Équillebec 1559 [7] à Brix.
  • missire Jehan Equillebec 1553 [8], missire Jehan Dequillebec 1553 [9] à Négreville.

À leur tour, ces noms de familles ont fait l'objet de diverses fixations toponymiques dans la Manche :

  • Équilbec, hameau à Breuville : ham[eau] Equilbec 1993 [10], Hameau Equilbec 2007 [1]
  • Équilbec, hameau à Sottevast : ham[eau] Equilbec 1978, 1993 [10].
  • les Équilbecs, hameau à Brix : les Equilbecs 1993 [10], les Équilbecs 2001, 2007 [1].

Étymologie

Hydronyme d'origine scandinave, dont le deuxième élément -bec est issu de l'ancien norois bekkr « ruisseau ».

L'identité du premier élément est incertaine :

  • Une première possibilité consiste à voir dans cet hydronyme, dont la graphie la plus ancienne que nous ayons recueillie est Esquillebec au 16e siècle, un nom de personne d'origine scandinave. Dans ce cas, le candidat les plus probable est l'ancien norois Ásketill, dont la forme évoluée Áskell est attestée en ancien danois sous les formes Askil, Æskil, Eskil, en ancien suédois Askel, Æskil, en ancien norois de l'Ouest Áskell, ainsi que sous les formes latinisées Eskillus, Eschillus, Esquillus, etc. On relève également des attestations runiques de type ᚫᛋᚲᛖᛚ (askel), ᚫᛋᚲᛁᛚ (askil), ᛖᛋᚲᛁᛚ (eskil), ᛁᛋᚲᛁᛚ (iskil), etc. Équilbec signifierait alors initialement « le ruisseau d'Eskil, etc. » [11]. La difficulté vient du fait qu'en Normandie, ce nom a été très fréquemment adapté, par analogie avec les noms d'origine francique, en Anchitil, Anschitil, Anchetil, Anschetil (variantes non nasalisées Achitil, Aschitil, Achetil, Aschetil, etc.), qui ne conviennent pas phonétiquement (on attendrait alors un nom tel que °Anquetebec, °Anquetiébec, °Anctobec, etc.) [12]. Une explication consisterait à voir dans l'initiale Esquille- la trace d'un nom anglo-scandinave introduit en Angleterre avant la Conquête, sans influence normande : on y relève en effet des formes telles que Asketel, Askytel, Aschil, Aschil, etc., et surtout Eskel, Eskill, qui conviendraient parfaitement [13].
  • Une autre solution pourrait prendre en compte le fait que le ruisseau d'Équilbec matérialise presque entièrement, non seulement la limite entre les territoires de diverses communes citées plus haut, mais aussi, dans son cours inférieur, celle qui sépare les actuels cantons de Bréhal et de Gavray. Ce rôle de limite entre différentes unités territoriales pourrait être ancien, mais reste à définir (il ne semble pas correspondre pas à celle des sergenteries locales, ni des anciens doyennés, par exemple). Dans ce cas, on pourrait envisager ici l'emploi du radical skil- du verbe scandinave (ancien norois) skilja « séparer, départager » que l’on retrouve en tant qu'emprunt d'une part dans l'ancien anglais scylian, de même sens, et d'autre part dans le toponyme anglais Skilgate [Somerset; Scylget 956] « porte, passage (-get = gate) de la limite » [14], d’où pour Équilbec le sens hypothétique de « ruisseau formant une limite, une frontière ».

Notes et références

  1. 1,0 1,1 et 1,2 Carte IGN au 1 : 25.000.
  2. Cadastre moderne.
  3. Eugène Robillard de Beaurepaire et le Comte Auguste de Blangy, Le Journal du Sire de Gouberville (t. I), Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie XXXI, Caen, 1892, p. 284.
  4. Ibid., p. 285.
  5. Eugène Robillard de Beaurepaire et le Comte Auguste de Blangy, Le Journal du Sire de Gouberville (t. II), Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie XXXII, Caen, 1895, p. 286.
  6. Ibid., p. 441.
  7. Ibid., p. 532.
  8. Ibid., p. 23.
  9. Ibid., p. 47.
  10. 10,0 10,1 et 10,2 Annuaire officiel des abonnés au téléphone.
  11. Ce nom d'origine scandinave représente la combinaison des éléments Ás- « Ase, dieu guerrier » et ketill « chaudron », ce dernier terme ayant pu avoir une valeur rituelle. Par ailleurs, le mot a également eu le sens de « casque » et de « chef de guerre muni d'un casque ». Pour de plus amples commentaires sur cet élément, voir l'article Quétel / Quetel.
  12. Geirr Bassi araldsson, The Old Norse Name, Studia Marklandica, I, Olney, MD, Markland Medieval Militia, 1977, p. 8 s.v. Áskell, Ásketill; Gillian Fellows-Jensen, Scandinavian Personal Names in Lincolnshire and Yorkshire, Copenhagen, Akademisk Forlag, 1968, p. 25-32, 342, 349 s.v. Ásketill, Eskil, Ás-, -ketill; Richard Cleasby, and Gudhbrandr Vigfusson, An Icelandic-English Dictionary, 2nd ed., Oxford, Clarendon, 1957, p. 337-338 s.v. ketill; Lena Peterson, Nordiskt runnamnslexikon, Språk- och folkminnes-institutet, état du 30 septembre 2005, s.n. Áskæll / Æskæll, Ás- / Æs-, -kæ(ti)ll.
  13. P.H. Reany & R. M. Wilson, A dictionary of English Surnames, Oxford University Press, Oxford, 3rd ed., 1995, p. 16b s.v. Askell.
  14. Eilert Ekwall, The Concise Oxford Dictionary of English Place-names (4th edition), Oxford University Press, Oxford, 1960, p. 425a.

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