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Élisa de Plinval

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Élisa de Plinval.

Élisa de Plinval, pour l'état civil Élisa L'Éguillon, née à Paris le 7 novembre 1893 [1] et morte à Gien (Loiret) le 9 octobre 1990 [2], est une personnalité politique de la Manche, guestapiste.

Biographie

Elle est la fille de Paul Émile L'Éguillon et de Henriette Guingoin.

Née dans une famille commerçante à Neuilly [3], originaire de Bricquebec [4], elle est élève des dames de Sion. Elle devient professeur de piano dans une école catholique alors qu'elle prépare le conservatoire [5].

Le 6 mai 1925 à Valognes, elle épouse le vicomte Gontran-Paul Henri Lefèvre de Plinval (Cherbourg, 23 janvier 1883-Neuilly-sur-Seine, 3 mai 1968), secrétaire général de la société des automobiles La Licorne [4]. « Ce mariage de raison permettait à Élisa d'obtenir un titre à défaut de la fortune » [4]. Ils ont un enfant, Élisabeth Lefebvre, née à Neuilly le 5 septembre 1926, morte à Bricquebec le 19 septembre 1992, 66 ans.

Elle réside au manoir de la Ramée de Bricquebec à partir de 1916 [5], propriété de son frère qui échoit à sa nièce à la mort de celui-ci en 1939. Elle attaque en justice le testament souhaitant conserver la jouissance du manoir, mais perd son procès, ce qui fait naître en elle une rancune vis-à-vis des hommes de loi [3].

Durant la Seconde Guerre mondiale, elle vit d'abord à Vannes (Morbihan), où elle a suivi son mari [4]. Elle se lie avec un officier allemand [4]. À Cherbourg, elle est chargée de coordonner les ambulancières de la Croix-Rouge pour la Défense passive [4] [5]. Elle s'installe au 4, rue de la Bucaille, dans un immeuble déjà occupé par les Allemands, dont elle se réserve le rez-de-chaussée [6].

Membre des partis fascistes Rassemblement national populaire (RNP) et Mouvement social révolutionnaire (MSR), ainsi que des Amis de la LVF (Légion des volontaires français contre le bolchevisme), elle collabore avec l'occupant, renseignant le capitaine Haberla, adjoint du Kreiskommandant et membre de la Gestapo [4][5].

À la fin de 1942, le préfet de la Manche Henri Faugère met fin à ses fonctions, ce qui lui vaut d'être radiée de la Croix-Rouge [4]. Humiliée, elle n'a de cesse de se venger. En janvier 1943, elle dénonce avec Marie-Louise Guéret, quatorze « suspects gaullistes », dont ledit préfet et le sous-préfet de Cherbourg Lionel Audigier [5], Auguste Gosnon et Théodore Verger [3]. Des arrestations suivent.

En octobre 1945, elle est condamnée à mort par la Cour de justice de la Manche, peine commuée en travaux forcés à perpétuité [5] par le général de Gaulle [3], puis encore ramenée à vingt ans de travaux forcés en juillet 1949 par le président de la République Vincent Auriol. Élisa de Plinval est interdite de séjour dans la Manche pendant vingt ans.

Élisa de Plinval est internée à la prison de Rennes (Ille-et-Vilaine). Apprenant qu'elle va bientôt être libérée, l'Association des résistants de la Manche écrit le 23 mai 1954 au président de la République René Coty pour lui demander de rapporter cette décision.

Élisa de Plinval meurt le 9 octobre 1990 à Gien (Loiret), âgée de 96 ans. Elle aurait été inhumée au cimetière de Bricquebec, sans qu'aucune trace ne puisse le prouver [3].

Bibliographie

  • Dominique Gros, La Dénonciatrice (roman), éd. Isoète, 2013

Notes et références

  1. « Fichier des personnes décédées », data.gouv.fr, Insee, année 1990.
  2. « Acte de décès n° 338/G - État-civil de Gien - Fichier des personnes décédées », data.gouv.fr, Insee, année 1990.
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 et 3,4 « La Dénonciatrice de Bricquebec », La Presse de la Manche, 1er février 2013.
  4. 4,0 4,1 4,2 4,3 4,4 4,5 4,6 et 4,7 Yves Lecouturier, Normandie Gestapo, éd. Charles Corlet, 1997, p. 59-63.
  5. 5,0 5,1 5,2 5,3 5,4 et 5,5 Michel Boivin, Les Manchois dans la tourmente de la Guerre, 1939-1945, thèse de doctorat d'État lettres et sciences humaines, sous la direction de Dominique Barjot, 13 décembre 2003.
  6. Olivier Gosnon, « Témoignage », Blog de Dominique Gros, 13 février 2013.

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