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* '''Chemin de la Londe'''  à [[Agon-Coutainville]].
* '''Chemin de la Londe'''  à [[Agon-Coutainville]].
* '''La Londe''' à [[Flottemanville]].
* '''La Londe''' aux [[Les Moitiers-en-Bauptois|Moitiers-en-Bauptois]].
* '''La Londe''' aux [[Les Moitiers-en-Bauptois|Moitiers-en-Bauptois]].
* '''La Londe''' à [[Sainte-Mère-Église]].
* '''La Londe''' à [[Sainte-Mère-Église]].

Version du 25 novembre 2011 à 11:57

La finale -lon, d'origine scandinave, apparaît dans de nombreux toponymes de Normandie, de la Manche à la Seine-Maritime, mais cet élément est absent sous cette forme du département de l'Orne. Elle a pour variante l'appellatif toponymique plus tardif londe « bois, forêt », représentant un emprunt roman au scandinave, répandu partout en Normandie.

Étymologie

Cet élément est issu de l’ancien norois lundr « petit bois, bosquet » (accusatif lund), apparenté à l'ancien suédois lunder, au suédois, norvégien et danois lund « bosquet », ainsi qu'à l'islandais lundur [1]. Il procède du germanique commun °lundaz, reposant probablement lui-même sur l’indo-européen °ln̥dʰ-, degré zéro de la racine °lendʰ- « terre ouverte, espace dégagé entre les bois » [2]. Il s'apparente ainsi au français lande < gaulois °landa- < celtique commun °landā « terre ouverte, espace libre » et à l'anglais land « terre, pays » < germanique commun °landam, reposant sur °londʰ-, le degré en o de cette racine.

Emplois

Dans les toponymes normands les plus anciens (caractérisés par l’absence d’article), on ne le trouve utilisé qu’en composition en finale, sous la forme -lon. Il est alors précédé d'un nom de personne, d'un appellatif ou d'un adjectif également scandinaves. Ce type de formation date en gros des 9e-10e siècles. Devenu par la suite appellatif roman sous la forme londe, il apparaît soit en composition de type archaïque, toujours sans article (Vindelonde à Appeville), soit, encore plus tardivement, avec l'article défini : soit seul (la Londe) ou (la Grande Londe, la Petite Londe, etc.). Quelques noms actuels en Lande peuvent aussi dissimuler d'anciennes londes. On relève en outre un certain nombre de dérivés diminutifs romans.

☞ Mêmes causes, mêmes effets : la présence scandinave prolongée en Angleterre est à l'origine dans ce pays du même emprunt, et de formations toponymiques similaires. Cet élément apparaît en emploi isolé sous les formes Lound, Lund, Lunt, et en finale sous la forme altérée -land [3].

En position finale dans les composés

Employé en position finale dans les composés les plus anciens, l’élément scandinave lundr aboutit à -lon; le premier élément est également d'origine scandinave (nom de personne ou appellatif). On relève dans la Manche deux noms de communes :

☞ Le nom de Beslon a parfois été considéré comme un toponyme en -lundr, mais cette étymologie suscite aujourd'hui beaucoup de méfiance, et diverses autres hypothèses ont été avancées.

Employé dans les composés plus tardifs, l'appellatif roman londe est à l'origine dans la Manche de trois principaux toponymes, le plus ancien étant sans article. Le premier élément n'est pas nécessairement scandinave :

Répartition de l'élément toponymique -lon / londe dans la Manche
  • La Gaslonde à Lessay.
    • Le Grand Gaslonde; le Petit Gaslonde à Lessay.
    • Chemin de Gaslonde à Lessay.
    • Rue de Gaslonde à Lessay.
  • La Ferme de Rolonde à Rauville-la-Bigot.
  • Vindelonde (Windelonda 1066/1083) à Appeville.
☞ Le château et le moulin d’Olonde à Canville-la-Rocque semblent devoir leur nom à celui de la rivière d'Olonde qui traverse la commune. Cette appellation paraît représenter un hydronyme d'origine gauloise.

En tant qu’appellatif roman tardif

Emploi non déterminé
Avec un adjectif
Dérivés

Comme la plupart des appellatifs toponymiques, la londe est à l’origine d’un certain nombre de dérivés à valeur diminutive ou expressive. On relève ainsi en Normandie les types londel, londeau, londet, londette, dont aucun ne semble attesté dans la Manche.

Notes et références

  1. Walther von Wartburg, puis Jean-Pierre Chambon, Französisches etymologisches Wörterbuch, Bâle, 1928-...., t. XVI, p. 490b; Élisabeth Ridel, Les Vikings et les mots / L'apport de l'ancien scandinave à la langue française, éditions Errance, Paris, 2009, p. 242.
  2. Julius Pokorny, Indogermanisches etymologisches Wörterbuch, Francke Verlag, Berne, 1959-1969, § 675.
  3. Eilert Ekwall, The Concise Oxford Dictionary of English Place-names (4th edition), Oxford University Press, Oxford, 1960, p. 307b.