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Église Sainte-Cécile (Sainte-Cécile)

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L'église Sainte Cécile et la Lyre

L’église Sainte-Cécile de Sainte-Cécile est une édifice catholique de la Manche.

Histoire

Sous l'ancien régime

L’église, placée sous la protection de Sainte Cécile, protectrice des musiciens, relevait sous l’ancien régime du doyenné de Montbray et de l’archidiaconé du Val de Vire.

L’édifice était sous l’ancien régime placé sous le patronage laïc du seigneur du lieu et des propriétaires de fiefs qui achetaient ce droit en même temps que le domaine. Les familles de Husson (ou Huchon), Le Foulon, de Pontbriant, Le Porc, de la Boissière, de Montaigu (François de Montaigu marié en 1551 à Barbe Le Foulon rendra aveu à Gilles Le Marquetel, seigneur deSaint-Denis-le-Gast, pour les pescheries de Sainte-Cécile et les moulins fouleurs), de Murdrac, de Montgommery, de Poilvilain (etc.) assurèrent cette fonction de patrons présentateurs.

Cette présentation à la cure était alternative et se faisait dans un ordre prescrit par le seigneur de la châtellenie de Ducey, le propriétaire du fief de la Pelotière relevant de la seigneurie de Ducey (Saint-Pierre-du-Tronchet et Sainte-Cécile) et le propriétaire du fief de la Molière relevant de la seigneurie de Saint-Denis-le-Gast (Sainte-Cécile).

Thomas Gaalon est le nom du recteur le plus ancien connu dans cette paroisse (1278). Robert Murdrac présente et propose à l’évêque de confirmer la cure à Théophile Gaalon à une date indéterminée (XIIIe). Guillaume Murdrac présente à la cure en 1332. Thomas Le Foulon est présentateur en 1436. Floridas Le Porc présente à son tour en 1464. Gabriel de Montgommery, dont le fief de Ducey s’étend sur les paroisses de Chérencé-le-Héron, Champcervon, Boisyvon, La Chapelle-Cécelin, Sainte-Cécile, Saint-Pierre-du-Tronchet, Beslon, Husson, Saint-Martin-le-Bouillant, Aucey, Sacey, Vessey, Juilley, Bourguenolles, Le Quesnay, Langrunes, Cérences et autres lieux encore, chevalier, maréchal de camp présente en 1629 maître Lebourgeois.

Sébastien de Montaigu, chevalier, seigneur et patron de Montaigu-les-Bois, Sainte-Cécile, L'Orbehaye, Sourdeval-les-Bois,Saint-Laurent-de-Cuves) et autres terres présente maître Nicolas Colas à la cure en 1695.

Les procédures de préséance entre les trois présentateurs furent nombreuses.

André Le Dieu, curé de Sainte-Cécile enregistra au manoir seigneurial de Montaigu une fondation faite le 20 janvier 1604 par François Jean de Boisadam, sieur de la Houlandière, aux églises de Sainte Cécile et de Beslon dans laquelle il indique qu’il souhaitait être inhumé dans l’église de Sainte-Cécile ou son cimetière. Cette fondation sera complétée le 16 septembre 1612 par les mêmes personnes.

Les visites archidiaconales du Val de Vire nous apprennent qu’en 1682, l’église avait besoin de décoration et que l’on devait mettre une étoffe de soie à l’intérieur du tabernacle.

Nicolas Colas (ou Colace) est curé en 1683. Il est nécessaire de remplir les fosses dans la nef (la terre se foulait en raison des sépultures creusées fraîchement), d’aplanir l’aire et de placer des bancs bien propres. Les autres pourront servir de bois de chauffage.

Robert Larsonneur est vicaire en 1686. Il y a un contentieux important  « avec la voisine du cimetière qui ouvre constamment des brèches dans le cimetière ».

L’archidiacre fait noter à son greffier « nous avons trouvé quelques pierres amassées dans le cimetière, on nous a dit qu’on continuerait d’en amasser suffisamment pour agrandir le chœur ainsi que nous l’avions ordonné à notre précédente visite et qu’on ait à y faire travailler au printemps prochain. Il faudra beaucoup d’argent pour réaliser cette réparation ».

Nicolas Colas peut être satisfait de la visite de 1690 car le rapport dit «  que nous avons trouvé toutes choses en meilleur état. On travaille actuellement à réparer et agrandir le chœur au bout duquel il y aura une sacristie. Avons enjoint d’y continuer incessamment à y travailler ».

Nous apprenons aussi en 1691 que Nicolas Colas est un prêtre religieux non réformé de l’ordre de saint Augustin.

La reconstruction du chœur avance puisqu’il est noté que « le cimetière est tout ouvert à raison des matériaux qu’il a fallu charrier pour la réfection du chœur ; mais parce qu’il n’y a plus besoin d’en faire entrer nous avons ordonné que ledit cimetière soit incessamment fermé. Le travail au chœur a été continué depuis notre dernière visite. La charpente est disposée à recevoir un lambris. On fera couvrir d’ardoises, puis faire placer les vitres. Il est fait requête à monseigneur de le bénir et d’y présenter le saint sacrement au grand autel ».

La paroisse est riche d’un second vicaire en 1693 en la personne de Louis Boulley. « On travaille a réparer la couverture de la nef, celle du chœur n’est que de paille. Ordonnons de faire travailler à celle qui est au dessus du sacra sanctorum. Il n’y a eu aucune autre augmentation puisqu’il a fallu payer la moitié de la couverture du chœur. On fera faire faire la clôture de la sacristie et faire construire une contretable au grand autel ainsi que quelques décorations aux autels de la nef ». Il n’y a aucune trace de mobilier de la contre réforme en dehors des statues de sainte Cécile et de Notre Dame.

Les couvertures de l’église « sont en bonne réparation en 1695 tant sur le chœur que sur la nef. Mais la couverture du portail est restée dans le même état. Le grand autel n’a pas de contretable, ordonnons d’y faire travailler ainsi qu’à la sacristie dont la clôture n’a pas été encore faite et de faire paver le sancta sanctorum ».

Maitre Marc Pierre Louvel est curé en 1697. Il est aidé de François Ranquetel et Robert Larsonneur, vicaires. L’archidiacre fait de nouveau consigner que « les couvertures de l’église sont en bonne réparation à la réserve de celle du chœur au-dessus de l’autel et de la sacristie qui n’est encore que de paille. Ordonnons d’y faire travailler pour la mettre en ardoises. Le seigneur de Montaigu, seigneur et patron de ce lieu promet de commander le lambris. Il sera prié de notre part de faire la charité au plus tôt pour faire faire la clôture de la sacristie ainsi que celle du « sacra sanctorum ». Mettre quelques décorations à l’autel de la sainte Vierge, faire abaisser l’autel incommode, faire faire une chaire pour donner les instructions plus propre que celle que nous avons trouvée ». Ce mobilier a disparu.

Il est constaté en 1698 que l’on travaille à réparer le côté de la couverture du chœur qui n’était que de paille et d’essente. Il est demandé de, faire redorer l’autel de Notre Dame et de lambrisser au-dessus du grand autel. On y apprend aussi que Louis Boisadam, écuyer, reconnaît avoir fait des enfants à une servante qui sera chassée.

Plusieurs visites se passent sans grand changement. Un tableau de l’Assomption est donné par le sieur Duval lieutenant criminel de Vire en 1704. Qu’est-il devenu ? La clôture de la sacristie ainsi que la pose du carreau pour l’aire du « sacra sanctorum » n’ont pas encore été réalisés. Le lambris aurait été fait et placé en grande partie sur le chœur en 1707 si l’ouvrier n’était tombé malade. Le sieur curé se plaint que les paroissiens s’assoient dans le cimetière pour y causer et traiter de leurs affaires temporelles.

L’archidiacre ordonne d’y seulement prier pour le repos des âmes de leurs parents et amis. Il n’y a toujours pas de contretable au grand autel en 1708 et il est nécessaire de faire paver le chœur du côté de la sacristie.

René Henry de Poilvilain est curé en 1720. Il est aidé par Gabriel Pischard vicaire et noble homme Étienne François de Boisadam y est prêtre habitué. Il est demandé à l’occasion de cette visite de déplacer le crucifix qui se trouve au milieu du chœur pour le placer sous les arcades du transept (disparu) et les vitres du chœur sont toutes rompues et particulièrement celle qui donne sur le maître autel. Les vitres sont toutes réparées en 1721. Il est demandé pour la première fois de faire travailler au clocher dont il faut reprendre à mortier les joints par où l’eau découle sur la charpente et dans l’église. Les réparations seront exécutées en 1723.

Maitre Anthoine Léonor Yset est curé en 1727. Il obtient de Rome l’autorisation d’ériger une confrérie des saints anges gardiens en date du 21 juin 1727. Louis et son neveu Jacques Bouley avaient déjà donné 6 livres et 5 sols pour faire célébrer deux messes hautes à l'autel des anges gardiens, le 6 avril 1727. Cet autel et sa contretable furent détruits le 14 décembre 1728 avec un autre autel ancien consacré à Notre Dame qui possédaient l’un et l’autre des tableaux sur toile. Les deux autels qui le remplacèrent, bénis le 23 juin 1729, furent à leur tour détruits. Seules ont subsisté les statues de plâtre. Il y a nécessité de faire travailler à la réparation du portail en 1733 dont une partie de la muraille a déjà croulé. Le cimetière est diminué en 1734 où l’on a été obligé de prendre du terrain pour élargir le chemin et on travaille actuellement à le fermer de murailles.

La nef fit l’objet de travaux autour de 1748 comme l’atteste le linteau millésimé en arc surbaissé de la porte latérale mais aucun document connu ne relate ces travaux. Cette nef est éclairée de fenêtres au profil d’arc en anse de panier constitué de claveaux appareillés ce qui n’est pas le cas du chœur où les linteaux de fenêtres ont le même profil mais sont monolithes. Le curé fut très heureux en 1753 de signer le procès-verbal du visiteur concluant par ces mots « nous avons trouvé le tout en très bon état tant pour ce qui regarde l’extérieur que pour l’intérieur de l’église ».

Maitre Nicolas Joseph Loisel est curé à partir de 1778. Il était le 16e curé depuis la sortie des anglais. Laurent Barnabé Loyer le fut en 1790 suivi de Nicolas Joseph Foisil qui prêta serment de la constitution civile du clergé le 13 février 1791. La municipalité se réunissait en la nef de l’église en 1790. On était encore loin de la terreur. Le tableau des citoyens actifs de la commune et éligibles en 1790 nous révèle la présence de Laurent Barnabé Loyer, curé ; François de Saint-Germain, écuyer ; Charles Georges de Bois Adam, écuyer ; Charles Paton, meunier ; Jean Jeanne, « sacriste » [1] ; Michel Jehamme, picqueur de carreau et Marin Ligot, « paptier » [2](liste non exhaustive).

Le curé Nicolas Joseph Foisil et Guillaume François Lechaptois son vicaire déclareront le 12 janvier 1792 une restriction au serment prêté à la constitution civile du clergé en date du 13 février 1791 comme de nombreux confrères. Cette déclaration fut une profession de foi à la religion chrétienne pour laquelle ils étaient prêts à mourir car ce serment correspondait au refus de la constitution. François Lechaptois s’exilera à Jersey et reviendra en France, Nicolas Joseph Foisil sera incarcéré en 1794-1795 au Mont-Saint-Michel puis déplacé en 1796 à la prison d’Avranches puis de nouveau au Mont en 1798. Il ne survivra que quelques années après la paix religieuse retrouvée.

Au 19e siècle

Laurent Simon Jude Lemoyne fut curé entre 1804 et 1836.

Le conseil municipal vote une délibération le 9 mai 1842 pour faire construire deux immenses contreforts pour appuyer le mur septentrional du chœur et pour la confection, fourniture et réparation de bancs. Le devis s’élève à la somme de 328 francs.

L’architecte Crespin sera chargé de réaliser de gros travaux entre 1855 et 1856. Le conseil municipal décidera pour participer au financement de vendre le pressoir du presbytère (maison et ustensiles). Il faut reconnaître que les élus du moment étaient très fortement sollicités pour la remise en état de trois des six ponts enjambant la Sienne sur le territoire communal et qui avaient été emportés par la grande crue d’octobre 1852. Le curé Lehodey fit poser entre 1847 et 1853 le maître autel de marbre.

Charles André Denole fit placer en 1855-1856 les bancs du chœur et des chapelles et les stalles posées en 1859 (ce sont celles que l’on découvre encore dans le chœur, une pour le curé, l’autre pour le vicaire). Un lutrin est acheté en 1861. Une clôture de communion est posée en 1862, les petits autels redorés et deux tableaux, deux confessionnaux (il n’en subsiste plus qu’un) et la chaire (elle n’existe plus) restaurés.

Une délibération extraordinaire est votée le 25 juin 1871 suite aux plans et devis présentés par l’architecte d’arrondissement Cheftel qui fut appelé à visiter la tour de l’église afin de prévoir les réparations urgentes à faire à la tour qui se présentait couverte d’une bâtière (forme la plus courante dans la région). Le conseil reconnaît avoir pris connaissance du document. Il décide de conserver les murs reconnus solides tels qu’ils sont sauf à être nettoyés, recrépir d’un mortier de meilleur qualité et de reblanchir la pierre de taille, l’exhaussement des murs existants de 0,66 m à 1 mètre, le couronnement des murs en pierre de taille, la pose d’une jolie galerie, avec une flèche octogonale. L’adjudication passée le 5 janvier 1872 fut attribuée au sieur Drouet, entrepreneur. Elle prévoyait le commencement des travaux en mai 1872 et leur achèvement au 31 août de la même année selon le cahier des charges défini par le préfet en date du 21 décembre 1871. Il sera décidé de conserver les deux premiers étages de la tour. La différence des pierres d’angle apparaît bien.

Le maire de Sainte-Cécile reconnaît le 1er décembre 1872 « qu’à force de presser l’entrepreneur des travaux de la tour, il est parvenu à faire placer les clochetons et la galerie d’alentour, mais il a remarqué comme toutes les personnes qui voient cette construction que le corps de la flèche qui devait être faite conformément aux dimensions données par l’architecte avait trop peu de grosseur et d’élévation en raison du volume de la tour et de la galerie qui en fait le couronnement. Frappé par cette disproportion choquante à l’œil, on a été d’avis à faire grossir et élever un peu cette flèche ». Pour y parvenir le maire fait venir le sieur Jean Baptiste Drouet entrepreneur qui suivant le cahier des charges est obligé de subir les changements en plus ou moins des travaux au gré de l’administration. Le surcroît de dépenses entraîne un surcoût. Le conseil municipal reconnaît que la flèche est trop basse et trop peu volumineuse. Le conseil est d’avis qu’elle soit grossie et un peu surélevée dans une proportion convenable au plan proposé. Les travaux ne sont pas complètement achevés le 10 août 1873 et le conseil municipal fait saisir l’administration préfectorale qui propose de nommer trois experts afin de statuer. Le conseil préfectoral d’Avranches ordonnera au conseil municipal de payer le sieur Drouet auxquels s’ajouteront les frais supplémentaires d’expertises et d’honoraires. Le poinçon polygonal de la charpente de la flèche porte l’inscription suivante : « Mr Lépiney maire et Décoré / de la / L’on (abréviation de Légion d’honneur) D’Hon / neur / Ft en 1872 ». Le versant opposé porte peint l’inscription « Deno / curé ».

De nombreux autres graffiti ont été créés à la mine de crayon.

Aux 20e et 21e siècles

En 2019, on constate que la charpente s'affaisse et pousse les murs vers l'extérieur, l'association des Amis de Sainte-Cécile accompagne la commune dans un projet de restauration qui doit s'échelonner jusqu'en 2024[3].

Description

Elle présente une disposition tout à fait traditionnelle en forme de croix latine avec deux courtes chapelles au transept.

Cette particularité se retrouve à la fin XVe ou début XVIe sur les églises d’Hudimesnil, Le Guislain, La Lande-d'Airou.

Elle est fortement marquée par la fin XVIIe, chœur, et le milieu XVIIIe, nef, en dehors de la croisée du transept édifiée dans la seconde moitié du XVe dont G. Vigors en fut très probablement l’artisan et sur laquelle s’élève désormais une tour néogothique du XIXe siècle.[4]

Le porche s’élève en avant corps à l’ouest avec portail plein sud. D’origine gothique du début du XVIe l’arcade à multiples voussures en arc brisé originel a été cintrée à une période plus récente.[5] La nervure principale présente la forme d’une amande liant deux moulures concaves. Le portail intérieur en plein cintre classique est orné de deux moulures concaves.

L’autel majeur présente un travail de marbre de différentes veines de couleurs ; l’autel coffre est orné aux angles de deux griffes tandis que le triangle divin est représenté sur le devant. La porte du tabernacle est illustrée du pélican. Deux gradins sont disposés de chaque côté ainsi que deux anges adorateurs en plâtre. La contretable-écran en bois peint faux marbre isole le chœur de la sacristie. Les deux portes d’accès à cette dernière sont surmontées pour l’une du monogramme A.M. [6]et pour l’autre d’une harpe.

Le linteau de la fenêtre latérale au midi de la sacristie porte le millésime 1690. Les fenêtres présentent curieusement une forme en anse de panier plus adaptée au XVIIIe qu’au XVIIe où l’on préférait le plein cintre classique.

Les voûtes du chœur et de la nef sont en plâtre et bois plein cintre.

La tour est ornée d’une galerie trilobée néogothique dont les angles sont surmontés de quatre hauts pinacles aux fleurons fleurdelisés. Les pierres sont reliées par des agrafes.

La croisée et les deux chapelles du transept forment la partie la plus ancienne de l’église et la plus intéressante.

Seule la croisée du transept est voûtée sur croisées d’ogives de pierres. La chapelle du midi est éclairée par une fenêtre flamboyante (cœurs enflammés), celle du septentrion (chapelle actuelle du saint sacrement) par une fenêtre trilobée plus tardive. Quatre massifs portent les arcs brisés à deux rouleaux aux angles abattus de la croisée du transept. Ces massifs de granit portent différentes sculptures, à savoir : sur la pile sud-ouest le millésime de la construction : MIL CCCCLII (ou XX) 1452 ou 1470 (plus logique après réflexion) suivie de CLENUS ? (non déchiffré). Deux lys sont également sculptés ainsi que deux fines fleurs aux angles. Ce même pilier, dans la partie située à l’intérieur de la chapelle du midi est illustré de deux écus blasonnés ayant en meuble trois lys (deux en chef et un en pointe). Deux colonnettes engagées dans les chapelles prennent naissance sur des culots sculptés d’une effigie (dont une est particulièrement importante). Le sommier de la pile nord-ouest est illustré de deux lys et de deux quintefeuilles suivies d’une autre fleur plus importante et d’un écu blasonné aux trois lys (comme les précédents). Le travail de bûchage réalisé rend leur lecture difficile. Le massif nord-est est quand à lui illustré d’un outil de travail suivi de l’inscription «  G VIGORS » (ce pourrait être le maçon) et d’une fleurette à six pétales. Seule le massif du sud ouest a conservé son banc de pierre originel. Ils ont été détruits sur les trois autres piles. Les chapelles révèlent des modifications de maçonnerie.

La cuve baptismale (XVIIe) en granit de forme octogonale est ornée d’un écu lissé sur l’une de ses faces. Un long congé fait le lien avec la base carrée qui la porte.

Les cloches

La cloche Marie-Bertrande est refondue en l’an 1734. L’épigraphie campanaire nous apprend ceci « j’ay été bénite par maître Antoine Léonor Yset, de cette paroisse, et nommée Marie-Bertrandre par haut et puissant seigneur monsieur Sébastien de Poilvilain, seigneur, marquis de Crénay, comte de Montaigu, maréchal des camps et armées du roy, chevalier de l’ordre royal et militaire de saint Louis, seigneur et patron de Montaigu, Lorbehaye, saint Pierre et Notre-Dame-de-Crénay, Sainte Marie du bois, Sainte-Cécile et patron honoraire de Saint-Laurent-de-Cuves, La Boulouze et autres terres et seigneuries et par haute et puissante dame Marie-Bertrande de Rochefort comtesse de Ver et j’ay été refondue et augmentée de 600 aux dépens des habitants ».[7]

Cette cloche porte en médaillon l’écu ovoïde des de Poilvilain « parti d’or et d’azur ».

Deux autres cloches l’accompagnent dans le beffroi (Charlotte, Marie fondue en 1829 et Cécile, Sébastien fondue en 1990).

L'épigraphe de la cloche bénite en 1829 nous apprend ceci : « L’an 1829, j’ai été bénite par Mr Nicolas Anne De Laporte de Villedieu et nommée Charlotte-Marie par monsieur Michel de Saint-Germain capitaine de cavalerie, chevalier de la Légion d’honneur et demoiselle Marie de L’Épiney de Sainte Cécile. Lemoine, curé desservant, Rabot, vicaire. Fondue aux frais des propriétaires et habitants. Viel-Ozenne, Viel-Tétrel frères, fondeurs à Villedieu ».[8]

La troisième cloche fut fondue en 1990. Voici ce que dit l’épigraphie campanaire : « J’ai été bénite le 1er avril 1990 par le père Paul Pichard en présence de Mr l’abbé Delaby curé et de Mr Esnouf maire, MM Lemasson et Barbet adjoints de Sainte Cécile » « j’ai été nommée Cécile Sébastien par Madame Cécile Lemasson ma marraine et Sébastien Letondu mon parrain ». « Cornille-Havard fondeurs à Villedieu ».

Les vitraux

L’église avait été entièrement pourvue de vitraux produits le maître verrier Charles Lorin de Chartres. Gérard Hermet et Mireille Juteau, peintres verriers, successeurs de Charles Lorin, dont l’atelier avait été fondé en 1863, nous ont aimablement communiqués un dossier complet sur la production de leur prédécesseur.

Une correspondance est entretenue entre le curé et Charles Lorin à partir de 1920. Elle concerne les neuf fenêtres de l’église. Le maître verrier invite le curé à voir le travail qu’il avait réalisé à Montbray où dit-il « il fit placer il y a quelques années une dizaine de fenêtres en ornementation grisaille avec buste ».

Le maître verrier accuse réception de la commande le 8 mai 1922 comprenant 7 fenêtres en ornement grisaille avec buste (780 francs x 7= 5 460 francs et 2 fenêtres en grisaille avec médaillon (2 000 francs). La pose des vitraux commença à la fin du mois de mai 1923.

Les sujets retenus concernaient :

  • Dans le chœur (1-2 face nord ; 9-10 face sud) :
- n°1 : Saint Mathieu
- n°2 : Saint Luc
- n°9 : Saint Marc
- n°10 : Saint Jean
  • Les chapelles (3 au sud et 8 au nord) :
- n°3 : À nos morts de la grande guerre et saint Michel, archange et Jeanne d’Arc
- n°8 : Saint Victor et combattants de la grande guerre
  • La nef  (4-5 au sud de la nef et 5-6 au nord):
- n°4 : Sainte Famille (offert par Albéric Vivier)
- n°5 : Sainte Agnès
- n°6 : Sainte Anne
- n°7 : Notre-Dame de Lourdes (offert par Henri Mocquet- Duval)

Le curé régla le solde qui restait dû en juin 1923. La maîtresse vitre n’était pas posée : plus large et plus haute, le curé se fit hésitant sur le choix entre grisaille et mosaïque en couleur, d’un coût plus élevé. C’est ce choix qui l’emportera. Ce vitrail fut expédié, comme précédemment les autres, en caisse et à petite vitesse par le chemin de fer le 17 juin 1923. Il fut posé le samedi 12 juillet 1923.

Les vitraux d’après guerre

(l’auteur est inconnu)  La nef est éclairée par une nouvelle série de quatre vitraux (ces vitraux sont une production d’après guerre, consécutive aux bombardements qui ont soufflés l’œuvre intégrale de Charles Lorin) illustrés (Art décoratif) des thèmes suivants :

- Saint Pierre (pri pontif) premier pape ;
- Saint Paul (fiat epistol). Vous remarquerez les initiales «  S.P.Q.R. » (senatus populusque romanus : le sénat et le peuple romain) ;
- Saint Pie X pape portant la tiare (pape entre 1903 et 1914) à moins que ce ne soit Jean XXIII (portrait peu convainquant) ;
- Saint Louis (roi Louis IX) rex : roi ;

Vitraux des chapelles

Ils sont pour celle du nord :

  • géométriques modernes ;

pour celle de la Chapelle du midi :

  • à la grande fenêtre flamboyante représente le Chrisme XP (Christos (en grec)) et A et Ω (alpha et omega).

pour celle du chœur :

  • Les vitraux du chœur ont été maintenus consacrés aux quatre évangélistes :
- Saint Mathieu (in lo tempore) et l’homme ailé (généalogie du Christ);
- Saint Jean (in principio fiat) et l’aigle (au commencement était le verbe);
- Saint Luc (et verbum caro) et le taureau des sacrifices anciens dans le temple ;
- Saint Marc (dixit Jesus) avec le lion (la voix qui crie dans le désert).

Le grand vitrail oriental représente celle qui protège l’église dudit lieu : sainte Cécile. L’œuvre est signée du maître verrier Charles Lorin de Chartres en 1924. C’est le seul vitrail qui subsiste de sa production en cette église.

Les statues

Il ne subsiste plus de statues médiévales. Deux statues anciennes de saint Benoît abbé bénédictin ou saint Jacques (redécouvert en 1929 sous l’escalier de la tour), en pierre et une autre attribuée à saint Roch de même nature mais mutilée (sans tête et avec un seul pied), existaient encore en 1928. Elles ont depuis lors quitté l’église. Dommage, car même mutilées elles sont de beaux témoignages du passé et tout autant porteuses de méditation.

L’église possède une très jolie « sainte Cécile » en bois polychrome (XVIIe ou XVIIIe siècle). La jeune fille joue d’un orgue portatif. La statue de Notre Dame de même nature est du XVIIe. La Vierge tient un cœur enflammé de l’amour divin dans sa main droite (un second exemplaire est connu dans le Val de Sienne à Notre-Dame de Morigny. Elles font penser au travail missionnaire de Saint Jean Eudes.

Les autres statues sont en plâtre moderne, dont une sainte Thérèse-de-l’enfant-Jésus bénie le 17 janvier 1929, un saint Michel archange et une Jeanne d’Arc, bénites le 13 octobre 1912.

Les platetombes

De nombreuses personnes furent inhumées dans l’église. Un acte de BMS révèle que « mardi matin 24e d’octobre 1619, dans le chœur de l’église, a été inhumé le corps de noble et discrète personne Pierre Marc Louvel, bachelier de Sorbonne, prêtre curé de cette paroisse, mort le dimanche précédent sous les 11 heures du matin, âgé de 59 ans et 1 mois ».

Parmi les plate-tombes conservées dans l'église, nous notons la présence de :

  • ci gist le corps de Jacques LOLIE F Massé décédé le 30 de juin 1719. Le registre BMS permet d’apprendre curieusement la mention de fils masle. [9] Cette pierre réemployée porte une inscription plus ancienne.
  • 16 (47 ou 42) a donné LX (60) sous de rente pour 12 messes.

Maître André Vimont prêtre décédé le 12 de mars 1717.

If funéraire

L’if séculaire, selon l’expression du bulletin paroissial de mars 1929, existait encore en 1929 lors de l’accueil de monseigneur Louvard, évêque de Coutances et Avranches car ce dernier fit allusion au joli cocher et à l’if séculaire. L’arbre a été abattu par la suite.

Sources documentaires

  • Les visites archidiaconales du Val de Vire (XVIe-XVIIIe) sont visibles aux archives diocésaines ;
  • Le dossier « P » de Sainte-Cécile, idem ;
  • Les conférences ecclésiastiques dites de Mgr Bravard, 1866-1867, idem ;
  • Deux dossiers en 300 J 505 aux Archives départementales de la Manche à Saint-Lô ;
  • Quelques exemplaires de bulletins paroissiaux « L’écho de Sainte Cécile »et le « Petit semeur  de Sainte Cécile et Saint Maur des Bois » 1927-1934, idem ; soit aux archives diocésaines ou départementales ;
  • Bulletin « L’Écho de Sainte-Cécile », mensuel, 1934 ;
  • Registres de délibérations municipales à la mairie de Sainte-Cécile ;
  • Monographie de l’abbé Bouvet, curé vers 1980-1986 ; non consultée ;
  • Monographie de l’association S.V.P.V.S. sur l’église éditée en août 2002 ;
  • Inventaire après décès de Gabriel de Poilvilain, curé, au notariat en 5E 16315 et 5E 16732.
  • Revue de l’Avranchin , tome XIX, 1920-1921, épigraphie de la cloche ;
  • Manuscrits « mémorial » et « livre paroissial » n’ont pas été trouvés ;
  • Les archives de la paroisse qui se trouvaient dans le grenier du presbytère en ont été retirées en 1973, sous la municipalité d’Émile Lecharpentier, après le décès de l’ancien curé, l’abbé Maurice, et avant l’arrivée de l’abbé Paul Coquelin à la fin août 1973.

Notes et références

  1. Sacristain.
  2. Papetier
  3. « Le poids des ans pèse sur l'église de Sainte-Cécile », Ouest-France, 3 mai 2019.
  4. Outil de taille de la taille gravé dans le sommier en granit de la croisée du transept, côté nord-est.
  5. XVIIe ou XVIIIe siècles.
  6. Ave Maria.
  7. Voir RA. Tome XIX.
  8. La transcription est difficile compte-tenu du décalage des lignes de l’épigraphie. Noter les initiales « Mr » pour « monsieur » ce qui se vérifie sur de nombreuses cloches. Cet emploi est une erreur compte-tenu de son sens anglais.
  9. Mâle (enfant de sexe masculin)

Liens internes

Liens externes