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Un semeur

De Wikimanche

Un semeur (1850), huile sur toile, 101.6 x 82.6 cm, exposé au Museum of Fine Arts de Boston.

Un semeur est un tableau de Jean-François Millet.

Il en existe deux versions presque identiques, l'une exposée au Museum of Fine Arts à Boston (États-Unis), l'autre exposée au Yamanashi Prefectoral Museum of Art à Kofu (Japon).

Jean-François Millet vendit le premier tableau en 1851 au peintre américain William Morris Hunt et l'autre à son ami Alfred Sensier.

Histoire

Récemment installé à Barbizon, Jean-François Millet le peint en 1850.

Selon Alfred Sensier, Millet choisit de placer ce paysan dans un paysage haguais.

« En effet, le premier Semeur de Millet est un jeune homme à l'allure sauvage, vêtu d'une vareuse rouge et de culottes bleues, les jambes enveloppées de tresses de paille et le chapeau dévasté par les intempéries. Ce n'est point un homme de Barbizon, c'est un jeune gars de Gréville, qui, d'un pas fier et grave, accomplit sa tâche sur les terres escarpées des falaises, au milieu de nuées de corbeaux qui l'abattent sur le grain. — C'est lui, c'est Millet qui se ressouvient de son premier état, et qui se retrouve sur le terrain natal. Plus tard, il fit plusieurs dessins ou pastels d'un semeur ayant bien le cachet de la famille barbizonnienne. Le geste est moins superbe, l'homme est plus affaissé, comme ceux de la race des environs de Paris, et, pour qu'on n'en puisse douter, Millet y a mis, pour cadre, le vrai portrait du paysage, la vieille tour de la plaine de Chailly.
« Le premier Semeur (1850) fut exécuté de verve, avec un emportement furieux ; mais, arrivé à la fin de sa tâche, Millet s'aperçut, comme Michel-Ange pour ses statues, que la matière lui manquait : la toile était trop courte. Il refit sa figure en calquant exactement les lignes du dessin, et enfanta le frère jumeau qui parut à l'exposition ouverte à la fin de 1850. »

Millet envoie ce tableau et un autre, les Botteleurs, au Salon installé en 1850 au Palais-Royal.

Un semeur connaît un grand succès critique. Théophile Gautier écrit :

« Le Semeur, de M. J.-F. Millet, nous rappelle, comme impression, les premières pages de la Mare au Diable, de Georges Sand, sur le labourage et les travaux rustiques… La nuit va venir, déployant ses voiles gris sur la terre brune; le semeur marche d'un pas rythmé, jetant le grain au sillon, et il est suivi d'un vol d'oiseaux picoreurs ; de sombres haillons le couvrent ; sa tête est coiffée d'une sorte de bonnet bizarre; il est osseux, hâve et maigre, sous cette livrée de misère, et pourtant la vie s'épand de sa large main, et, avec un geste superbe, lui, qui n'a rien, répand sur la terre le pain de l'avenir.
« Au revers du coteau, un dernier rayon de lumière laisse voir une couple de bœufs arrivés au bout de leur sillon, forts et doux compagnons de l'homme, dont un jour la récompense sera la boucherie. Cette lueur est le seul clair du tableau baigné d'une ombre triste et ne présentant aux yeux, sous un ciel de nuages, qu'une terre noire fraîchement écorchée par le soc.
« De tous les paysans que l'on a envoyés au Salon cette année, le Semeur est de beaucoup celui que nous préférons. Il y a du grandiose et du style dans cette figure au geste violent, à la tournure fièrement délabrée, et qui semble peinte avec la terre qu'il ensemence. »