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Speranta-Roumanie

De Wikimanche

Speranta-Roumanie est une association de la Manche, basée à Saint-Hilaire-du-Harcouët.

Histoire

Déclarée officiellement en octobre 1990, elle est née le 25 décembre 1989 à Saint-Hilaire-du-Harcouët, à la suite de ces évènements qui marquèrent, en ce temps-là, les fêtes de fin d’année. Après la chute du mur à Berlin en novembre 1989, la Roumanie se soulevait à son tour et détrônait Ceausescu qui régnait d’une main ferme sur ce pays depuis 1965. Tout le monde se souvient encore des images publiées par nos journaux télévisés à cette époque. La suite de l'histoire nous apprendra que cette révolution était peut-être moins spontanée qu'elle ne paraissait mais ceci est un autre débat.

Connaissant un couple d'amis habitant Brasov, une des principales villes située au centre du pays, au pied de la chaîne montagneuse des Carpates, avec lequel nous étions en relation depuis 1974, nous avons décidé de faire quelque chose et de partir là-bas sans trop savoir où cela nous mènerait. Nous avons téléphoné à quelques amis pour collecter des vêtements et de l'alimentation ; ceux-ci ont eux-mêmes téléphoné à d'autre amis, formant ainsi une chaîne téléphonique. Le 26 décembre, après avoir contacté la municipalité de Saint-Hilaire-du-Harcouët qui nous assurait de son soutien, notre action a été relayée par la presse et ainsi est née, sur tout le sud du département, une immense chaîne de solidarité qui nous a permis de collecter, en quelques jours, 40 m3 de médicaments, de vêtements et d'alimentation. De nombreuses personnes proposaient leur aide pour collecter, pour trier et faire les paquets. La date du départ a été fixée au 5 janvier 1990 et, à une semaine du départ, il nous fallait trouver un véhicule. Ce fut la société Europcar d’Avranches qui répondit à notre appel et qui proposa de mettre un véhicule à notre disposition. Le second chauffeur étant Michel Coupard, journaliste à Ouest-France.

Arrivés sur place, par des températures hivernales de -25°, nous nous rendions vite compte que notre collecte était une goutte d’eau devant un tel dénuement. Cependant, l’inoubliable accueil des Roumains, massés sur le bord des routes, applaudissant lorsque passait un camion d’aide, nous ont rapidement donné envie de revenir. Il nous était impossible de distribuer le contenu de nos camions directement à la population, aussi, sur le conseil de nos amis roumains, Ioan et Mariana Vlad, la distribution se fit uniquement dans les collectivités. Hôpitaux, dispensaires, cantine d’aide sociale, orphelinat de Brasov reçurent notre visite, à commencer par l’hôpital militaire qui comptait de nombreux blessés mais qui n’avait toujours pas reçu d’aide alors qu’il avait un énorme besoin en compresses, glucose etc.… C’est dans cet hôpital que nous avons reçu un accueil très chaleureux et c’est avec les médecins de cet hôpital que nous avons noué les meilleurs contacts ; c’est aussi là que, par la suite, nous stationnions nos véhicules qui étaient bien gardés la nuit.

Dès notre retour, nous organisions une nouvelle collecte, toujours avec le soutien de la municipalité de Saint-Hilaire. Cette fois, elle était mieux organisée, puisque moins dans l’urgence, mieux ciblée puisque nous avions vu et entendu les besoins des médecins. Nous eûmes la chance de pouvoir récupérer du matériel médical lourd : table d'opération, appareil d'assistance respiratoire, matériel de cabinet dentaire matériel mis au rebut parce que techniquement dépassé mais en bon état de fonctionnement et faisant parfaitement l'affaire dans un pays où tout manquait, même les seringues. Plusieurs associations de la région (en particulier une association de Saint-James), ainsi que des particuliers, nous apportèrent un soutien financier ; ce qui nous permit d’acheminer plusieurs tonnes d’alimentation. Nous collections également du matériel scolaire : livres, cahiers, crayons.

Le second départ eut lieu à la fin du mois de mars. Deux camions furent nécessaires au transport de cette collecte.

Un nouveau départ eut lieu en août 1990. De volume assez restreint, ce transport était plutôt destiné à répondre à des besoins précis en médicaments et petit matériel médical.

À la rentrée de septembre, nous décidions de constituer l’association Speranta-Roumanie qui fut officiellement déclarée en octobre 1990. Dès cette date, un cardiologue et un pharmacien vinrent en stage à l’hôpital de Saint-Hilaire pendant deux semaines.

Au printemps 1991, à l’invitation du collège de l'Immaculée-Conception, un groupe de jeunes lycéens de Brasov séjourne pendant un mois à Saint-Hilaire. Parmi eux, Gabriel David souffre d’une malformation du canal de l’urètre. Opéré à plusieurs reprises en Roumanie sans résultat, il sera soigné en France. La somme nécessaire étant importante, un appel est lancé qui, encore une fois, suscite un énorme élan de solidarité sur tout le Sud Manche et même au-delà puisque certaines écoles de la région de Cherbourg et des communes limitrophes d’Ille et Vilaine ont apporté leur contribution. La collecte, dépassant largement nos espérances, permit de soigner, plus tard, d’autres enfants grâce à la réserve ainsi constituée. Citons pour mémoire : l’ opération du cœur pour une petite fille de Cluj,l’ opération d’une jeune lycéenne de Brasov ayant fait une chute de huit étages dans une cage d’ascenseur et qui, depuis a retrouvé l’usage de ses jambes même si elle marche avec difficulté,le soutien financier pour une petite Française devant être opérée aux Etats-Unis…

Au printemps 1992, nous invitons une quinzaine d’enseignants de différents collèges et lycées de Brasov à participer à un stage de deux semaines. Tous enseignent le français depuis de nombreuses années mais, à une exception près, aucun ne connaît notre pays. Alliant l’utile à l’agréable, nous alternons les formations et les visites de notre région ( établissements scolaires ,entreprises, sites historiques et touristiques…..)

Par la suite, les transports, quoique réguliers, seront plus espacés puis, les difficultés douanières croissant sans cesse, il fut décidé de revoir notre façon de travailler. De plus, notre budget diminua progressivement, du fait que la Roumanie n’était plus prioritaire sur le plan humanitaire. Notre aide se limite donc désormais à deux collectivités, la première étant le sanatorium d’enfants de Brasov. Un établissement recevant une soixantaine d’enfants âgés, pour la plupart, de quelques semaines à une douzaine d’années, souffrant de maladie pulmonaire et surtout de la tuberculose. Notre action consiste à leur fournir quelques médicaments précis, introuvables en Roumanie et à apporter une aide financière pour l’achat de compléments alimentaires (laitages, fruits, légumes …) L’argent, sous contrôle d’un médecin roumain indépendant du sanatorium, est régulièrement envoyé sur place en échange des factures d’achats. Nous participons également à l’achat de petit matériel médical ou utile à la collectivité (lave-linge, électroménager). En 1984, avec l’aide d’un groupe de scouts de Villedieu, nous avons aménagé et sécurisé un terrain de jeux.

La seconde collectivité, découverte plus récemment, est l’hôpital de Tichilesti, situé dans le delta du Danube. Il s’agit en fait de la dernière léproserie d’Europe. A l’écart de tout, cet hôpital disparaîtra avec les derniers malades âgés de 45 à 70 ans. Une vingtaine de malades vivent là. Certains sont arrivés ici tout jeunes, à peine sortis de l’adolescence, ils y passeront le reste de leur vie, souvent aveugles, loin de tout, reclus parce que cette maladie, très invalidante, fait peur. Nous apportons ici une aide en médicaments et compresses stériles ainsi que des produits de désinfection.

L'association est constituée d’une vingtaine de membres, dont une bonne moitié de fidèles bénévoles de la première heure ;telle qu’elle est, elle sera inévitablement appelée à disparaître dans les années à venir et ce sera « tant mieux » pour les Roumains dont le niveau de vie s’accélère exponentiellement depuis quelques années. Or, si l’aide humanitaire n’est plus acceptable pour un pays se réclamant de l’Union européenne, il y aura malheureusement encore beaucoup de besoins, et ce pendant longtemps, pour une couche très importante de la population.

Dans les année 2000, la Roumanie apaisée, l'association ralentit son activité [1].

En février 2022, après l’entrée des chars russes en Ukraine, Guy Rouland relance les anciens de Speranta Roumanie pour une nouvelle collecte au bénéfice des Ukrainiens ; deux convois sont organisés, le premier en mars s’arrête à Siret, au nord de la Roumanie, le second, en juin rentre en Ukraine [1].

Bureau

  • Président : Guy Rouland
  • Secrétaire : Mihaela Panescu
  • Trésorière : Irène Saladin

Administration

Speranta-Roumanie
Bellevue
50220 Les Chéris
Tel : 02 33 48 08 20

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 « Guy Rouland, la solidarité au coeur », Ouest-France, 24 février 2023.

Lien externe